Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > « En Palestine : Permis de tuer »

Commentaires superflus (ndlr)

« En Palestine : Permis de tuer »

Mercredi, 6 mars - 17h26

mercredi 6 mars 2013

============================================

<

Source : FoulExpress :

"Voici un texte de notre correspondante au Caire, Leila Yadjar, qui nous livre ici une analyse sans concession à propos d’un conflit qu’elle a pu observer de près, grâce à des voyages directement dans les territoires occupés et des témoignages de terrain."

Par Leila Yadjar

"Un peu partout dans le monde arabe , les peuples aspirent à se libérer de leurs chaînes et à sortir de leur enclave, à la recherche d’une vie meilleure.

Ils souhaitent influencer leur destin et décider de leur orientation politique en s’émancipant de dirigeants totalitaires, espérant ainsi accéder, nous dit-on, à la « démocratie ».

Dans le monde occidental, ces mouvements populaires sont salués, encouragés, aidés (avec un engagement plus ou moins prononcé, selon les intérêts géostratégiques de chacun), soutenus, armés, financés.

Les chefs d’état les plus influents, entourés d’autres têtes pensantes, interviennent et se rencontrent régulièrement pour de grands et coûteux meeting. Çà et là, ils décident des aides allouées à ceux qu’ils nomment « les opposants » aux régimes en place. Ils organisent la formation des principaux partis d’opposition, les légitiment et leur procurent une reconnaissance internationale.

Les grandes puissances pensent avoir unanimement compris ces populations désespérées, à bout de souffle et à bout de force, qui n’ont parfois plus que la violence à opposer à la violence.

Ces citoyens résistent à l’oppresseur, comme l’ont fait, avant eux, d’autres victimes en colère, sans distinction géographique.

Que ce soit en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Syrie, en Algérie, au Maroc ou au Qatar, jamais les chefs d’état des principales puissances mondiales occidentales n’ont qualifié de « terroristes » les peuples qui se soulevaient.

Jamais ils n’ont critiqué les attaques perpétrées par les résistants, face aux mauvais traitements infligés par leurs gouvernements.

Jamais ils n’ont osé condamner un peuple privé de sa souveraineté, de ses droits les plus élémentaires, de sa dignité, de sa liberté. D’ailleurs qui aurait pu qualifier de « terroristes » un peuple qui réclame justice.

Jamais ils n’ont assuré les gouvernements en place de leur amitié et de leur soutien, mais plutôt les sommèrent-ils de partir, quand bien même ils avaient été leurs alliés par le passé.
Ils les aidèrent à quitter le pays et, parfois, facilitèrent leur exécution sur la place publique.

La Palestine est cette exception qui confirme la règle : le seul endroit qui ne soit ni un état, ni un pays, mais un « territoire ». Nous sommes au XXIe siècle…

Aucune grande puissance ne dénonce réellement les injustices faites aux Palestiniens, ni ne salue la résistance de ce peuple, ni ne les arme, ni ne les finance.

Au contraire. C’est dans une parfaite indignation qu’une partie de la Communauté Internationale a accueilli l’annonce de Mahmoud ABBAS (alors Président de « l’Autorité Palestinienne ») de demander l’adhésion de ce que l’on nomme « les Territoires Palestiniens » en tant qu’état observateur à l’ONU et celle de l’UNESCO d’inscrire à son patrimoine certains sites archéologiques palestiniens.

Les sanctions ne tardèrent pas à tomber, lorsque ces « Territoires » furent timidement admis à l’ONU.

Petite question naïve : Quelle différence y a-t-il entre un rebelle tunisien, libyen ou syrien et un rebelle palestinien ?

Réponse : Les uns étaient dirigés par des dictateurs dénués de pitié, motivés par l’appât du gain et le goût du pouvoir, les autres sont occupés par un état colonial qui, sans guère plus de pitié, prive un peuple entier de ses droits essentiels.

Qu’ils soient qualifiés de terroristes, activistes ou islamistes, les Palestiniens sont dépeints comme des êtres haineux.

Mais ne nous y trompons pas. Seuls ceux qui n’ont jamais mis un pied en Palestine et en Israël se laissent berner par ces analyses simplistes. Les autres peuvent témoigner des exactions du pouvoir israélien sur le peuple palestinien et des conditions de vie misérables auxquelles il doit faire face.

Les Palestiniens sont occupés à l’intérieur même de ce qu’il reste de leur terre. Outre les traitements inhumains qui leur sont infligés, ils sont spoliés, assiégés, affamés, privés de soins médicaux, d’eau, d’électricité…

Ils sont censurés et rationnés à tous les niveaux. Humainement, sentimentalement, économiquement, politiquement.

Non, le peuple palestinien n’est pas un peuple habité par la haine des juifs.Il se bat contre un gouvernement raciste auquel l’humanisme fait cruellement défaut et non contre un peuple ou contre une religion.

Non, le peuple Palestinien n’est pas un peuple terroriste.
C’est un peuple qui résiste bon gré mal gré face à un voisin qui multiplie les massacres, les violences, les humiliations, les intrusions sur son sol.

Un voisin dont l’arrogance lui donne le droit de mener cyniquement une politique coloniale comme bon lui semble, en toute impunité et en s’autorisant la violation constante et rituelle du droit international.

Le même Etat qui n’hésite pas à frapper des civils : Israël.

Ce qui se passe à Gaza dépasse l’entendement et reflète tout à fait le mode opératoire du gouvernement israélien. Des femmes, des hommes des enfants emprisonnés à ciel ouvert, sans aucune issue ni porte de sortie. Tout est verrouillé, tout leur est interdit.

Chut ! Silence on tue ! Ne vous affligez pas ô habitants du monde !

Nous ne décimons pas des êtres humains, il s’agit là de terroristes et de graines de terroristes. Ne pensez pas que nous sommes cruels, nous protégeons notre peuple et le vôtre. Nous nettoyons la planète. Ne priez pas pour eux, ce ne sont pas des hommes, tout juste des bêtes enragés, des jeteurs de pierres.

Certes des civils meurent du fait du blocus et des exactions, mais, comme l’a déploré l’amiral Avichay Adraee, porte-parole de Tsahal : « Il y a toujours des victimes civiles en temps de guerre… ».

Nous sommes en règle. Nous avons le permis de tuer !

Loin de condamner les actions terroristes continues de l’état sioniste sur les territoires palestiniens, la communauté internationale, États-Unis et Grande-Bretagne en tête, réitèrent leur amitié et leur soutien inaliénable aux Israéliens, encourageant de fait la poursuite de ces violations incessantes.

Il est vital que chacun prenne ses responsabilités et s’acquitte de son devoir de faire régner le droit et la justice. Finis les systèmes à deux poids deux mesures, le soutien inconditionnel des grandes puissances et l’impunité zéro.

Il est plus que temps que les instigateurs de la tragédie palestinienne réparent leurs erreurs passées et rendent à ce peuple le droit d’exister et de vivre et qu’ils effacent, comme ils l’ont fait en 1947, face au poids de leur culpabilité, la honte de cette injustice."