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Paix et Justice au Moyen-Orient - Analyse N° 9

Syrie : une guerre sans merci oppose les Etats-Unis aux Russes et aux Iraniens

Jeudi, 16 août 2012 - 21h

jeudi 16 août 2012

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Certains attendent impatiemment le jour et l’heure du déclenchement d’un conflit armé entre les Etats-Unis et l’Iran, alors que la guerre opposant les Etats-Unis à la Russie et l’Iran fait rage, devant nos yeux, en Syrie. Le but recherché par les Etats-Unis en Syrie a été exprimé par Mme Clinton, ministre américaine des affaires étrangères, lors de sa visite en Turquie : « casser les liens entre l’Iran, le Hezbollah et la Syrie »(1), principal obstacle à l’hégémonie planétaire sans partage des Etats-Unis.

C’est ainsi que, selon les dires du secrétaire général de l’ONU, la Syrie est devenue le théâtre d’un conflit par procuration entre grandes puissances. La revue de presse qui suit montre bien que la guerre en Syrie dépasse largement le cadre national et revêt un caractère international.

A en croire les médias occidentaux, les tâches sont bien partagées entre les puissances militaires occidentales et leurs obligés locaux. Les Américains s’occuperaient de « matériel de communication, renseignement, et activités de la CIA qui, à partir de la Turquie, s’efforcerait d’identifier des groupes « fiables » en Syrie »(2).

Dans le jargon américain, groupes « fiables » signifie des groupes au service des intérêts américains. La journaliste relève bien que « l’axe principal choisi désormais pour valoriser l’engagement occidental va être l’aspect « humanitaire »-les guillemets sont de la journaliste- ce qui n’est pas sans rappeler le traitement de la guerre de Bosnie. » Autrement dit, la Syrie, après la Yougoslavie. Il est logique de penser qu’après Damas, Téhéran sera la prochaine cible.

Sous la supervision de la CIA, les insurgés syriens ont déjà « libéré » des villages du nord de la province, disposant ainsi d’une « profondeur stratégique », leur permettant de s’approvisionner en armes et en combattants(3). Selon le New York Times, certains groupes rebelles-fiables !!!- auraient reçu tout récemment des premières livraisons de missiles antiaériens thermo-guidés. »(3)

De son côté, la Turquie a massé 2600 soldats et 170 véhicules et blindés à quelques kilomètres de sa frontière. Le premier ministre turc a même qualifié la Syrie de « pays ennemi »(4). Selon l’un des commandants de l’Armée syrienne libre (ASL) : « la Turquie est entrée dans une guerre secrète mais sans merci contre Damas. »(4)

La Jordanie, autre obligé local du néocolonialisme, se met de la partie et provoque des incidents armés à la frontière syrienne.

La tension ne cesse de croître au Moyen-Orient. En effet, Téhéran a rétabli le visa pour les ressortissants turcs et mis en garde la Turquie contre une aventure militaire en Syrie.

Avec l’intervention médiatisée de Bernard Henry Lévy (BHL) dans le conflit, la « profondeur stratégique » des insurgés s’agrandit. L’émissaire itinérant et va-t-en-guerre du néocolonialisme, mécontent de l’envoi d’un « groupe médico-chirurgical militaire » français en Jordanie, pousse à une intervention militaire en Syrie.

L’arrestation des 48 Iraniens présumés « gardiens de la révolution », montre l’implication directe de l’Iran dans le conflit.

Le peuple syrien se trouverait ainsi devant un choix : la « démocratie néocolonialiste » proposée par les Etats-Unis ou la dictature médiévale de la charia prônée par la république islamique. Les médias occidentaux ne parlent jamais des vrais révolutionnaires syriens-pourtant ils existent- indépendants des puissances étrangères-donc non « fiables »- qui se battent pour une Syrie souveraine dotée d’un régime démocratique respectueux d’un état de droit.

Dans les conditions actuelles où l’insurrection est écrasée sous le poids de l’intervention des puissances étrangères, une Syrie libre et indépendante de toute ingérence étrangère peut-elle exister un jour ? La question mérite d’être posée.

Une chose est sûre : la guerre sera longue et aucune partie-occidentale ou orientale-ne lâchera facilement la proie syrienne. C’est le rapport de force, sur le terrain, qui décidera de l’issue finale.

Le comité de rédaction

(1) AFP, Reuter- Le Monde du 14/08/2012.
(2) Natalie Nougayrède- Le Monde du 5-6/08/2012.
(3) Christophe Ayad- Le Monde du 10/08/2012.
(4) Florence Aubenas- Le Monde du 12-13/08/2012.