Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Archives > Actualités Israël-Palestine > Au nom du DROIT et contre une impunité garantie par la chappe du silence (...)

Au nom du DROIT et contre une impunité garantie par la chappe du silence international

lundi 13 décembre 2004

Palestiniens boucliers humains

D’autres « histoires » rivent l’armée d’occupation israélienne.
Des Palestiniens utilisés comme boucliers humains à Jenine. Et le garçon tué à Gaza : « par jeu », dit Betselem

de MAURIZIO MATTEUZZI

Israël a toujours été fier de ses mythiques citoyens soldats, pleins de courage, de patriotisme, de technologie. Et d’éthique. « La force éthique de l’armée israélienne n’est pas moins importante que sa force militaire », eut à répéter le commandant en chef, général Moshe Yaalon, en novembre quand sortirent les photos des atrocités perpétrés sur les cadavres de Palestiniens. Maintenant, en vérité depuis un bon moment, il reste le patriotisme et la technologie mais l’éthique, si jamais il y en a eu une, n’est qu’un souvenir. L’occupation de terres d’autrui, surtout si elles sont habitées par des populations autochtones considérées inférieures, rend brutal et sauvage.

Comme des « terroristes » ou pire. Après l’histoire de la gamine palestinienne de 13 ans frappée par un coup israélien et achevée après par un officier de la brigade Givati qui déchargea sur elle son chargeur tout entier et après l’histoire des photos, publiées en novembre par le quotidien Yediot Aharonot, des coupeurs de tête israéliens qui « jouaient » avec les cadavres des Palestiniens tués, voilà deux autres nouvelles. L’une rapportée par la radio publique israélienne et l’autre écrite encore par Yediot

La radio a raconté hier que l’armée israélienne reconnaît avoir utilisé des Palestiniens comme des boucliers humains pendant un raid dans la ville cisjordanienne de Jénine, bien que le tribunal suprême d’Israël ait déclaré cette pratique aberrante « illégale » (et les conventions de Genève aussi, mais cela semble importer peu aux Israéliens) et, pire, pas seulement dans le cas dénoncé mais comme une pratique habituelle. Une enquête militaire - l’enquête habituelle chaque fois qu’une histoire pareille sort au grand jour - est en cours sur les évènements de vendredi dernier, quand les hommes du Shin Bet et les commandos navals sont entrés en force dans le village de Raba, près de Jénine, officiellement pour traquer les « terroristes ». En effet, vendredi non plus la proie ne s’est pas échappée : Mahmud Kamil, 25 ans et représentant connu de la Jihad islamique avait déjà été touché et gisait par terre blessé et désarmé quand, selon des témoins, il a été achevé par un coup de grâce, bien qu’il ne représentât plus aucune menace, selon la dénonciation de Betselem, un groupe israélien pour les droits humains.

Horrible mais jusqu’ici rien d’exceptionnel par rapport à la norme des « exécutions ciblées » dont la communauté internationale ne se soucie guère. Mais la radio ajoute que les commandos navals ont dévoilé avoir pris des Palestiniens du lieu, « des membres des familles des suspects » et les avoir utilisés comme des boucliers humains, « une pratique habituelle pour éviter de mettre en danger la vie des soldats ». Les raids des commandos en Cisjordanie ont étés suspendus jusqu’à nouvel ordre et une enquête militaire a été ouverte. Qui ne mènera à rien.

Le journal conservateur Yediot Aharonot, a écrit hier qu’un groupe de la même brigade d’élite Givati en service dans la bande de Gaza a admis avoir tué un garçon palestinien de 15 ans par jeu.

Selon le quotidien l’épisode arriva en mars, quand les soldats israéliens tirèrent sur Khalid Sulaiman Mahdi tandis qu’il se trouvait avec son père et deux autres frères travaillant leur champ près de la ville de Khan Yunis. Le père a dit au journal qu’ils tirèrent et tuèrent le garçon « juste pour le goût de le faire » : le coin était absolument tranquille et bien visible. 7 coups tous à la tête. Les soldats de la Givati, interrogés par Yediot, ont pour ainsi dire revendiqué : « il n’y avait pas d’objectifs opérationnels et aucune raison pour tirer, puisque le garçon et sa famille ne menaçaient aucunement les soldats ». Un porte-parole militaire a admis que « aucune arrestation n’a été faite » mais une enquête sur l’"accident" a été ouverte. Accident ? Le tir sur les gamins palestiniens -et non seulement sur les « terroristes » adultes - est devenu un must pour les troupes israéliennes. Evidemment inspiré d’en haut.

Basim Eid, un ancien de Betselem aujourd’hui responsable du Palestinian Human Rights Monitoring Group a dit que « l’armée israélienne encourage les soldats à commettre ces actions abominables » en leur garantissant « l’immunité ». Les enquêtes annoncées ne sont que « de façade » pour que l’opinion publique internationale se tienne tranquille. Betselem aussi accuse l’armée israélienne de couvrir les crimes contre les civils palestiniens. Sans distinction d’âge.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=363