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Rubrique quotidienne "les prisonniers

Femmes palestiniennes face aux instructeurs de la Shabak

Rapport de Nadi al-asir al-Filistini

vendredi 16 décembre 2005

Samar, Arij, Shifa’, femmes palestiniennes face aux instructeurs de la Shabak
Rapport de Nadi al-asir al-Filistini,
14 décembre 2005

L’avocat de Nadi al-asir, Hanane al-Khatib, a pu récemment rencontré plusieurs femmes palestiniennes détenues dans la prison de Hasharon. Les prisonnières ont réussi à témoigner des traitements inhumains et humiliants subis dans les centres israéliens d’interrogatoire.

1 - Samar Ibrahim Subayh, est de Tulkarm, originaire de Gaza, 22 ans. Elle a été arrêtée le 29 septembre 2005, trois mois après son mariage. Elle est enceinte de deux mois.
Samar raconte qu’elle est venue de Gaza le 25 mai 2005 à Tulkarm, pour se marier. Le 29 septembre, les forces de l’occupation ont investi sa maison. Elles ont obligé tous les habitants de la maison de sortir de la maison. Elles ont obligé les hommes à se déshabiller entièrement, devant les femmes et les enfants, puis leur ont apporté des vêtements de rechange blancs, le but étant de les humilier devant les membres de leurs familles.
Elle ajoute : les soldats m’ont ordonnée de me mettre de côté, et m’ont obligée à entrer dans une sorte de cabine mobile où se trouvent des caméras. Il y avait un soldat qui m’a ordonné de me dévêtir, ce que j’ai refusé, mais il m’a ensuite menacé de me tuer. Ensuite, ils m’ont passée une longue robe blanche que je devais porter, à la place de mes vêtements. Ils m’ont interrogé de suite, pendant une demi-heure, et j’ai été emmenée au centre de détention d’al-Moskobiyya, à al-Quds.
Ils m’ont attachée les mains, les pieds et les yeux. J’étais gardée par une soldate israélienne, et lorsque je suis arrivée à al-Moskibiyya, plusieurs soldates se sont mises à me fouiller, toute nue. Je leur ai dit que j’étais enceonte, mais elles ne voulaient pas me croire, elles m’ont emmenée à l’hôpital pour s’en assurer, et lorsqu’elles s’en sont assurées, elles m’ont ramenée à al-Moskobiyya, et m’ont fait entrer dans la pièce des interrogatoires.
J’ai été interrogée pendant deux mois, et chaque séance durait entre 3 et 4 heures, tous les jours. J’étais alors attachée à une chaise, les pieds et les mains liées. Du 10/11/ 2005 jusqu’au 15 novembre, la pression des interrogatoires s’est accélérée, les séances se déroulaient de 6 heures du matin jusqu’à minuit, et j’étais tout le temps en position de shabeh, sur la chaise. Ils n’ont pas pris en considération mon état. Les instructeurs se reposaient, se remplaçaient, mais moi, j’étais tout le temps, assise, subissant leurs pressions.
Les instructeurs l’ont menacée à plusieurs reprises de démolition de la maison, de la faire avorter, de l’arrestation de ses soeurs et de sa mère, et l’insultaient constamment.
L’un des moyens de torture psychologique utilisés est de faire venir son mari dans les cellules d’al-Moskobiyya. Les instructeurs lui demandaient de jeter un coup d’oeil sur une cellule d’interrogatoire. Elle y a vu son mari, les yeux bandés, les mains et les pieds attachés. Ils ont plusieurs fois utilisé ce moyen au cours de l’interrogatoire.
15 instructeurs se sont relayés pour l’interroger, la plus terrible étant l’instructrice dénommée capitaine Noura.
A propos des cellules d’al-Moskobiyya, Samar a expliqué que les cellules étaient extrêmement froides, obscures, humides, sans aucune aération, ni fenêtre, les murs sont peints en gris sombre, avec un trou dans le sol pour les besoins. La lumière feutrée fait mal aux yeux, le matelas et les couvertures sont sales. Concernant l’alimentation, elle n’a pas eu droit à un verre de lait qu’elle a réclamée, ni à une nourriture équilibrée, étant donné son état.
Le 15 novembre, Samar est emmenée à la prison de Telmond, section 12.
Il faut signaler que le mari de Samar a été arrêté le lendemain, le 30 septembre, et est en détention administrative pour six mois.

2 - Arij Mustafa Muhammad Arouq, de Jénine, 25 ans. Arrêtée le 27 juillet 2003 et condamnée à quatre ans de prison. Elle a été arrêtée au barrage de Huwwara. Elle était restée qautre heures sur le barrage, les mains attachées et les yeux bandés. Elle fut ensuite emmenée au centre de détention de Huwwara, où elle passa deux jours dans des conditions très éprouvantes : dans une pièce avec des engins de construction, du sable, de la poussière, et un simple matelas pour dormir.
Elle fut ensuite emmenée au centre d’interrogatoire d’al-Jalame, où elle est restée un mois. Elle a été fouillée à nue, et les trois premiers jours de l’interrogatoire furent en continu, sans une minute pour dormir.
Les instructeurs l’ont installée sur une chaise, les mains et les pieds attachés, et également attachés à la chaise, clouée au sol. Au cours de l’interrogatoire, elle fut menacée d’arrestation de ses frères et soeurs, de démolition de la maison familiale, de détention pour une longue période, et même de faire circuler des mensonges à son propos. L’instructeur Abu Munir la giflait en permanence. Arij dit : « il est certain qu’ils voulaient arracher des aveux, ils criaient, insultaient, menaçaient. A un moment, ils étaient 7 instructeurs cherchant ensemble à me faire avouer ». Concernant les cellules d’al-Jalame, elles ressemblent à celles d’al-Moskobiyya, froides, obscures, humides, et sales.
Arij a été transférée le 18 janvier 2005 à la prison de Telmond. La représentante des prisonnières, Amina Mouna a transmis par son intermédiaire un message à l’avocat Hanane el-Khatib, disant :
Depuis 9 jours, les prisonnières sont extrêmement inquiètes, elles ne sortent plus à la promenade, car elles craignent des agressions de la part des gêoliers et geôlières. Ces derniers ont des comportements anormaux ces derniers temps, ils sont tendus, crient sans cesse, refusent de s’adresser à la représentante Amina Mouna pour la gestion quotidienne.
Arij Arouq décrit la prison de Telmond disant que la situation y est terrible, les fouilles sont constantes, les insultes, les punitions pleuvent pour n’importe quel prétexte, les prisonnières sont privées des visites, des lettres, elles sont mises en isolement et privées de promenade.

3 - Shifa’ Adnane Amine al-Qudsi, de Tulkarm, 29 ans, arrêtée le 10 avril 2002. Elle est mariée et mère d’une fille. Condamnée à 6 ans de prison. Elle a témoigné avoir été arrêtée dans sa maison. Une impostante force de l’armée a investi le lieu, elle a été utilisée comme bouclier humain au cours de son arrestation. L’armée avait ordonné aux hommes de sortir de la maison, les ont obligés à se dévêtir devant tout le monde, pendant que les insultes et grossièretés pleuvaient sur tous. Ensuite, les femmes furent ordonnées de sortir, et à peine est-elle arrivée près des soldats, qu’ils se sont mis à la rouer de coups. "Ils m’ont frappée avec des bâtons, les crosses des fusils, m’ont donnée des coups de pied. J’avais l’épaule droite en sang, à cause de leurs coups.
Près de dix soldats se trouvaient avec moi dans la voiture militaire, ils n’ont pas cessé de me frapper tout le long du trajet, et du fait de ces coups subis lors de mon arrestation, je souffre toujours de l’épaule droite, et surtout en temps de froid.
Elle fut ensuite emmenée au centre de « liaison civile » à Tulkarm, où elle a encore été frappée, puis au centre de la police de Natanya, et ensuite au centre d’al-Jalame.
Au centre al-Jalame, elle fut auscultée par un médecin qui a découvert une blessure à l’estomac.
"Les quatre premiers jours, l’interrogatoire était permanent. J’ai été interrogée par l’instructeur Segal. J’ai été mise en position de shabeh, pendant quatre jours de suite, les mains et les pieds attachés, sur une chaise. A plusieurs reprises, les instructeurs ne me disaient rien, l’un manipulait un ordinateur, pendant que l’autre était occupé, mais c’est surtout une forme de pression psychologique pour arracher des aveux. L’un des instructeurs m’insultait par des mots très grossiers, il essayait de me provoquer. Ils m’ont passé, au cours de l’interrogatoire, près d’une dizaine de fois à un appareil pour détecter les mensonges.
Shifa’ passa près de 48 jours dnas les cellules d’al-Jalame, dont 16 en isolement. Elle ne peut prendre sa douche que 15 jours après son arrestation.
Pendant ma détention à al-Jalame, une prisonnière de droit commun m’a brûlée l’oeil avec sa cigarette. J’ai eu des problèmes pendant une quarantaine de jours, j’ai porté plainte au tribunal, mais sans aucun résultat.
Après avoir passé deux ans dans la prison de Ramleh, elle a été transférée à la prison de Telmond. Elle s’est plaint des insectes et bêtes qui pullulent dans les cellules, surtout qu’elle a été récemment piquée par une araignée, en plein sommeil. Et elle réclame, pour elle et ses co-détenues, des couvertures, pour l’hiver

Traduit par
Centre d’Information sur la Résistance en Palestine