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Un triste matin pour une pitoyable action.

Destruction de maisons palestiniennes : “business as usual”

avec un engin Daewoo.

Saturday 3 December 2005

publié le samedi 3 décembre 2005

Alors que l’agitation des partis retenait toute l’attention des media, c’était un jour bien choisi pour la démolition de maisons palestiniennes. Les militants de l’ICAHD n’ont pu qu’y assister en témoins et prendre des photos. Cette pitoyable opération de destruction a été exécutée avec un engin Daewoo.

21/11/2005

Un triste matin pour une pitoyable action.

Hier, le Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons (ICAHD) était informé que le gouvernement israélien projetait de démolir des maisons à Anata, Beit Hanina et Silwan. La démolition de maisons palestiniennes devait cesser dans la 1ère phase de la feuille de route. Cependant Israël soutient hypocritement que nous sommes seulement dans une phase de « pré-feuille de route », alors que la feuille de route a été lancée au milieu de l’année 2003. Ceci signifie, selon l’interprétation d’Israël, que les Palestiniens doivent remplir la totalité de leurs obligations de la phase 1, et même de la phase 2 (réformer l’Autorité Palestinienne, mettre fin à la violence, etc.), tandis qu’Israël reste libre de poursuivre ses objectifs de renforcement de sa mainmise sur les Territoires Occupés, sans interférence de quiconque - en violation flagrante du principe de « réciprocité » qui est à la base du processus de la feuille de route.

Pour Israël, à vrai dire, la démolition des maisons c’est « business as usual » - les affaires continuent. La municipalité de Jérusalem dispose de 1 million et demi de shekels (250 000 euros) inutilisés sur la ligne « démolitions » de son budget annuel. Tout ce qui n’est pas consommé est perdu en début d’année. Une telle somme paie environ 70 démolitions. Aussi, la municipalité est-elle sous pression pour démolir le plus grand nombre possible de maisons dans le mois et demi à venir. Ajoutez à cela la politique qui consiste à détruire les maisons palestiniennes trop proches du tracé du Mur. Voilà une des raisons alléguées par Israël pour démolir les maisons d’Anata, bien que le Mur ne soit pas encore construit.

A 6 heures 30, ce matin froid et pluvieux (imaginez les familles palestiniennes, au milieu de la nuit, déménageant tous leurs biens sous la pluie), l’équipe de l’ICAHD, volontaires et militants, se rendit à Anata pour résister, assister en témoins aux démolitions et informer. A notre arrivée, la zone avait déjà été bouclée par la police des frontières, et il nous fut impossible de nous approcher des maisons. Après avoir stationné nos véhicules à un demi mille du site, nous fûmes arrêtés par la police des frontières près du site des démolitions. L’un des militants de notre groupe essaya de convaincre les policiers de nous autoriser à approcher, mais sans résultat. Observant à distance, nous vîmes un bulldozer Daewoo démolir méthodiquement la première maison et n’en laisser qu’un monceau de décombres à l’endroit où une famille avait vécu. Nous le vîmes ensuite se déplacer en franchissant une petite colline en direction d’une seconde maison, et se mettre à l’éventrer à son tour. Quelques minutes plus tard, le toit commençait à s’effondrer et une autre famille était laissée à la rue.

Pendant tout le temps des démolitions une pluie persistante tombait, et nous ne pouvions que nous demander ce qu’allaient faire après le départ de l’armée, des spectateurs et des militants, les familles dont les maisons venaient d’être démolies. Ceux d’entre nous qui étaient venus ici pour assister à la démolition étaient dans l’inconfort du froid et de la pluie. Mais, au moins, nous avions un lieu où nous sécher et changer de vêtements. Les gens qui venaient de perdre leurs maisons n’avaient plus ce choix. Ils étaient laissés debout sous la pluie torrentielle, se demandant comment ils allaient reconstruire leurs vies qui, comme leurs maisons, étaient maintenant en ruines.

Aujourd’hui encore, cinq maisons ont été démolies : trois à Beit Hanina, une à Isawia et une autre à A-Tur. La maison d’une autre famille a subi un sort encore plus grotesque. Selon un « compromis » avec la Cour, la famille doit démolir de ses propres mains la moitié de sa maison, tandis que l’autre moitié sera scellée dans l’attente d’un permis de construire.

Correspondance ICAHD (Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons)et Gush Shalom (le Bloc de la Paix)

Traduction de l’anglais : GB, Afps44, dimanche 27 novembre, Nantes.