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l’arbre qui cache la forêt par l’Union des Progressistes Juifs de Belgique

mardi 8 novembre 2005

Désengagement de Gaza :
publié le mardi 8 novembre 2005

Soulignons enfin que notre démarche s’inscrit dans le droit fil des demandes insistantes adressées à l’Union Européenne par nos amis de la gauche militante israélienne en faveur d’une paix juste : “Sanctionnez-nous avant que nous ne commettions l’irréparable”

publié le lundi 7 novembre 2005.

"Contrairement à ce que certains ont affirmé... ce n’est pas le recours à des sanctions contre l’occupation qui renverrait aux calendes grecques tout espoir de paix juste et de coexistence pacifique entre les peuples israélien et palestinien, c’est la liberté laissée à Ariel Sharon d’imposer sa “doctrine” expansionniste."

Carte blanche de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB)

Après trente-huit ans de régime de haute sécurité généralement réservé aux grands criminels, les Gazaouis peuvent enfin circuler librement sur l’ensemble de leur territoire, les étudiants et les travailleurs arriver à l’heure à leurs cours ou à leur travail et à l’heure à la maison, les enfants voir enfin à quoi ressemble la mer... Rien de plus légitime donc à ce qu’ils aient laissé éclater leur joie dès le départ du dernier soldat israélien. Et nous nous réjouissons avec eux. Mais le simple fait de leur avoir rendu leur liberté de mouvement à l’intérieur, et à l’intérieur seulement, de leur territoire justifie-t-il pour autant le torrent de louanges déversé depuis des semaines sur Ariel Sharon par la Communauté internationale ?

Au risque de casser l’ambiance, nous sommes loin d’en être convaincus.

Quelques chiffres devraient en effet être de nature à tempérer l’enthousiasme consensuel ambiant : Avec le désengagement de Gaza ce sont 360 km2 qui ont été “libérés” ; la Cisjordanie toujours, et même de plus en plus, occupée en compte 5.760... 8.475 colons ont été rapatriés dans les frontières d’Israël d’avant le 5 juin 1967, il en reste 435.000 (245.000 en Cisjordanie et 190.000 à Jérusalem-Est) établis dans 131 colonies (101 en Cisjordanie et 30 à Jérusalem-Est) !

Oui mais, entend-on dire un peu partout, le désengagement de Gaza ne constitue qu’un premier pas, Ariel Sharon ayant lui-même répété lors de la dernière Assemblée générale des Nations Unies qu’il était prêt à des “concessions douloureuses” pour faire la paix avec ses voisins palestiniens... En ce qui concerne Israël, la Communauté internationale n’en finit décidément pas de recourir à la méthode Coué. Car pour qui a été attentif aux multiples déclarations d’Ariel Sharon, et de ses proches conseillers, depuis son accession au pouvoir en février 2001, ses intentions réelles ne devraient faire aucun doute... En fait de concessions douloureuses, il a tout simplement renoncé au concept du Grand Israël, un Israël établi sur la totalité de la Palestine mandataire, pour lui substituer celui d’un Israël aussi grand que possible. C’est ce concept qu’il concrétise aujourd’hui avec la construction du mur de séparation qui en dessine, en toute impunité, le futur contour...

Dans un article daté du 29 avril dernier déjà et publié par le Jerusalem Post sous le titre “La doctrine Sharon”, Naomi Hazan, ex-députée travailliste et signataire de l’“Initiative de Genève”, prédisait comme inéluctable l’annexion pure et simple des blocs de colonies de Cisjordanie et la mise en place d’un “Etat” constitué d’enclaves disséminées à travers ce qui resterait du territoire palestinien : “Le soutien fort dont bénéficie l’initiative de Gaza lui offre [à Sharon] un créneau de six mois pour mettre son plan sur les rails. Il existe un réel danger qu’au moment où la doctrine Sharon se révélera dans toute sa dimension, il sera trop tard pour en changer la trajectoire. Une fois de plus (...) la communauté internationale, devant un autre fait accompli de Sharon, n’aura plus qu’à décrier ce qu’elle aurait pu éviter.”

Cette prédiction de Naomi Hazan est aujourd’hui corroborée par le Rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, John Dugard... “la focalisation [de la Communauté internationale] sur Gaza a permis à Israël de poursuivre, sans la moindre critique, la construction du mur en territoire palestinien, l’expansion des colonies et la dé-palestinisation de Jérusalem”.

Or, il y a un peu plus d’un an, le 9 juillet 2004, la Cour Internationale de Justice rendait un avis disant que “l’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est est contraire au droit international”, et demandait le démantèlement immédiat de l’ouvrage situé dans ce territoire. Elle jugeait en outre que “tous les Etats sont dans l’obligation de ne pas reconnaître la situation illicite découlant de la construction du mur et de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la situation créée par cette construction”. Moins de deux semaines plus tard, le 20 juillet, l’Assemblée générale des Nations unies prenait acte de cet avis, qu’elle avait d’ailleurs elle-même sollicité, et exigeait d’Israël qu’il s’acquitte de ses obligations telles qu’elles y étaient énoncées. Le gouvernement israélien avait d’emblée fait savoir qu’il n’en ferait rien ; il a tenu parole.

Si notre pays, si l’Union Européenne, si le Quartet estiment que le tracé du mur, la colonisation d’une grande partie de la Cisjordanie et la dé-palestinisation de Jérusalem constituent des actes contraires au droit international et aux droits de l’homme, il ne tient qu’à eux de ne pas se mettre en situation de devoir prochainement “décrier ce qu’ils auraient pu éviter”.

Chaque fois que nous nous sommes adressés à nos responsables politiques ainsi qu’à des responsables européens pour leur demander comment ils comptaient s’y prendre pour faire prévaloir le droit international, ils nous ont répondu qu’il fallait avant tout privilégier la diplomatie. Force est pourtant de constater que ni les rappels à l’ordre, ni les pressions diplomatiques n’ont jamais impressionné les dirigeants israéliens, Ariel Sharon moins que d’autres. Peut-être serait-il enfin temps de lui agiter le bâton des sanctions politiques et économiques.

Contrairement à ce que certains ont affirmé dans ces colonnes, nous estimons que ce n’est pas le recours à des sanctions contre l’occupation qui renverrait aux calendes grecques tout espoir de paix juste et de coexistence pacifique entre les peuples israélien et palestinien, c’est la liberté laissée à Ariel Sharon d’imposer sa “doctrine” expansionniste.

Soulignons enfin que notre démarche s’inscrit dans le droit fil des demandes insistantes adressées à l’Union Européenne par nos amis de la gauche militante israélienne en faveur d’une paix juste : “Sanctionnez-nous avant que nous ne commettions l’irréparable”

publié le lundi 7 novembre 2005.

Union des Progressistes Juifs de Belgique publiée dans "Le Soir" du mercredi 2 novembre http://www.lesoir.be/archives/index

source : http://www.protection-palestine.org