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L’Humanité : éditorial par Michel Guilloux

« L’heure sonne  »

Mardi, 7 août 2012 - 19h32

mardi 7 août 2012

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Les exactions 
de colons d’extrême droite s’effectuent sous la protection de militaires 
et à l’ombre de décrets d’expulsion.

Mohammed Nawaja a soixante-six ans. « Le jour qui est passé 
est meilleur que celui qui vient  », 
lance-t-il à notre envoyé spécial 
en Cisjordanie, Pierre Barbancey, 
qui témoigne de la menace imminente sur leurs maigres biens avec avis de démolition de leurs tentes, mais aussi de leur clinique, d’un jardin d’enfants, d’un bâtiment d’énergie solaire et jusqu’aux sanitaires. Et il paraît que ce hameau de Susiya est lieu d’implantation «  illégale  » de colonies, manière de reconnaître, comme le souligne notre grand reporter sur place, que les «  colonies  » en dur construites sur le territoire palestinien, auxquelles s’ajoute l’annexion rampante de Jérusalem-Est seraient «  légales  » 
– aux seuls yeux des dirigeants israéliens, faut-il 
le rappeler. Ces derniers n’hésitent pas à pratiquer un deux poids, deux mesures des plus cyniques  : dans les endroits comme Susiya, les exactions de colons d’extrême droite s’effectuent sous la protection de militaires et à l’ombre 
de décrets d’expulsion, tandis que le gouvernement de 
Tel-Aviv obtient de la Cour suprême du pays un nouveau délai de trois semaines, jusqu’au 21 août, pour l’évacuation de la colonie de Miron, que celle-là avait pourtant ordonnée.

La fuite en avant dans la provocation, l’humiliation et la négation des droits d’un peuple a son revers intérieur. L’économie de guerre, qui ne bénéficie qu’à quelques profiteurs, a mené les différents gouvernements à pratiquer une politique ultralibérale de plus en plus dure avec les mêmes recettes qu’ailleurs  : privatisations, dégradation des services publics, baisse drastique 
du pouvoir d’achat, pour, au final, voir les inégalités sociales exploser. Et la colère, qui s’est exprimée massivement dans 
la rue l’été dernier, en écho aux Indignés d’Europe comme à l’espoir soulevé par les printemps arabes. Hier encore, plusieurs milliers d’Israéliens se sont retrouvés à Tel-Aviv pour protester contre le nouveau train de mesures austéritaires décidées fin juillet. Symptôme 
du divorce entre la rue et le pouvoir, le faucon Netanyahou atteint des records d’impopularité, à 60 % d’opinions défavorables, selon un dernier sondage rendu public vendredi.

L’heure sonne de voir enfin reconnu le droit du peuple palestinien à disposer d’un État aux frontières sûres et respectées, au même titre que le peuple israélien. La responsabilité du «  quartet  » (ONU, Union européenne, Russie et États-Unis) est pleinement engagée et, pour 
ce qui concerne l’UE, celle des gouvernements qui 
la composent, singulièrement celui de la France. Alors que Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité et eurodéputé, interpellait la Commission européenne sur la répression féroce qui substituait à la libération des 477 prisonniers politiques palestiniens à l’automne dernier un nombre identique d’arrestations, dont celles de 70 enfants, 
11 femmes et 6 députés élus du Conseil législatif 
(le Parlement palestinien), Catherine Ashton déclarait l’impuissance de Bruxelles, en renvoyant la balle aux États membres. Impuissance univoque puisqu’il y a quelques jours à peine la Commission européenne annonçait l’extension 
de la coopération économique avec Israël dans 15 domaines.

En septembre, l’Autorité palestinienne va de nouveau réclamer à l’ONU un dû historique pour son peuple 
avec la reconnaissance du statut d’État membre. La Fête 
de l’Humanité ne manquera pas de résonner du soutien 
à ce droit. De même, le deuxième week-end de septembre 
sera l’occasion de fêter Salah Hamouri libre, mais aussi 
de réclamer la libération de ces prisonniers politiques, 
dont celle du dirigeant palestinien Marwan Barghouti, embastillé depuis dix ans.

Michel Guilloux