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Source : Ma’an News Agency

Des vétérans de l’armée israélienne témoignent

Jeudi, 28 juin 2012 - 16h41

jeudi 28 juin 2012

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Un groupe de vétérans de l’armée israé­lienne qui ont servi en Cis­jor­danie et à Gaza ont témoigné sur caméra de leurs expé­riences au sein de l’armée.

L’organisation israé­lienne Breaking the Silence a récolté les témoi­gnages de 800 vétérans qui ont servi en Cis­jor­danie et à Gaza. Dans le cadre d’une nou­velle cam­pagne, elle a publié 6 vidéos d’anciens soldats décrivant leurs expériences.

Amit a servi à Ramallah, à Hébron et dans le nord de la Cis­jor­danie pendant la deuxième Intifada. Il décrit un incident dans lequel un com­mandant israélien a lancé son rifle contre la joue d’un Pales­tinien pendant une situation tendue à un barrage mili­taire près de Jérusalem.

« Au-​​delà du fait que le jeune homme est tombé à terre, en sang et en criant de douleur, et que natu­rel­lement tous les autres Pales­ti­niens pré­sents étaient d’autant plus furieux, ça nous a pris beaucoup de temps pour prendre contrôle du chaos et bien sûr, on devait être plus agressifs, par exemple en armant nos fusils. »

Il explique que son témoi­gnage en per­sonne de ce qui se passe en Cis­jor­danie a ébranlé son point de vue. « Partant d’une position dans laquelle j’étais sûr que nous étions les boucs émis­saires, les vic­times qui se fai­saient tuer, j’ai vu une réalité qui pour la plupart du temps repré­sentait le contraire. »

« Je me suis vu, moi, courant der­rière les gens, je me suis vu pointant un fusil sur une petite fille de trois ans, je me suis vu avec mes amis en train de menotter des gens, de les ins­pecter, les détenir, les inter­roger, les arrêter. Dans la plupart des cas, c’était pour rien. »

Yehuda Shaul, one of the founders of Breaking the Silence, says he did eve­ry­thing he was required to as a fighter — and later a com­mander — in the Israeli army.

Yehuda Shaul, un des fon­da­teurs de Breaking the Silence, dit qu’il a fait tout ce qui était requis de sa part comme com­battant – et plus tard comme com­mandant – au sein de l’armée israélienne.

« Si la mission, tout de suite, est de garder les enfants en dehors des écoles, alors les enfants n’iront pas à l’école. Si la mission est de dis­perser un enter­rement à cause du couvre-​​feu, alors la famille… ne finira pas d’enterrer son mort. Elle laissera le corps et partira. Et si elle ne le fait pas, elle sera attaquée avec des gre­nades inca­pa­ci­tantes ou du gaz. »

« Pouvez-​​vous même ima­giner une situation d’une famille israé­lienne qui est à un enter­rement, et que la police vient disperser ? »

Yehuda dit qu’il parle de son service parce « si on ne parle pas… per­sonne ne saura ce qu’il se passé là-​​bas. »

Il dit que le moment le plus mémo­rable de son service a été de regarder des Pales­ti­niens se faire frapper par des colons à Hébron, avec l’ordre de ne pas les toucher.

Un autre soldat, Sagi, qui a servi à Hébron, se sou­vient d’une pro­cession d’enfants israé­liens brulant une effigie d’un membre de l’organisation anti-​​colonies Peace Now.

« J’ai compris que toutes les choses que je pensais – qu’il y a des limites, qu’à la fin, on fait tous partie du même bord – de mon point de vue, n’étaient plus vraies. Et de leur point de vue, je ne suis pas légitime, et s’ils connais­saient mes opi­nions poli­tiques ils pour­raient rem­placée l’effigie par moi ».

Selon Sagi, les gens pré­fèrent ne pas écouter les expé­riences de l’armée, et que ceux qui écoutent pensent que son expé­rience était un cas isolé, et que peut-​​être qu’il était un « soldat qui avait trans­gressé » et devrait être jugé.

« Peut-​​être que je devrais réel­lement être jugé. Mais si je dois être jugé, comme un des soldats qui ont servi dans les Ter­ri­toires, je suppose qu’on doit juger tous les soldats israéliens. »

« On ruine la vie des gens quotidiennement »

Yael a servi comme éclaireur à Gaza. Elle sur­veillait un flux vidéo en direct sur la fron­tière de Gaza.

« On est pétri et moulés pour voir quelque chose de suspect dans tout ce que nous voyons. Je regarde les caméras et je ne vois pas un âne, un chien ou une charrue. Je vois un véhicule qui peut trans­porter une charge, un véhicule qui peut faire passer des armes… C’est tou­jours suspect. »

Elle explique : « Il n’y a pas de routine ici, ce n’est pas quelqu’un qui sort sa pou­belle, c’est un explosif. »

Elle se remémore avoir vu un vieux berger, « un grand-​​père, un homme vraiment vieux avec ses moutons », trop près de la bar­rière. Elle l’a signalé aux forces de combat. « J’étais condi­tionnée à voir des bergers et des trou­peaux de moutons comme des éclaireurs. »

Les forces israé­liennes ont tiré dans l’air, effrayant les moutons, mais le berger n’a pas bougé. Ils ont alors tiré sur le sol près des moutons « et ils ont encore sur­sauté mais le berger était déterminé à rester là ».

Les soldats ont tiré sur un mouton.

« Le berger est allé vers le mouton et a essayé de le sou­lever, il était plein de sang et il essayait de le sou­lever pour le ramener et ils conti­nuaient à tirer. »

« Le mouton n’est pas mort mais il a dû le laisser là et courir, ils lui auraient tiré dessus ainsi que le reste des moutons. Il a couru et le mouton est resté là jusqu’à ce qu’il meure. » « Le voir de l’autre côté, c’était comme un jeu vidéo, tel­lement détaché de la réalité. Et alors, si on tire sur des animaux. »

« Pour les Pales­ti­niens, c’est le contraire… Des gens viennent et tirent sur vos animaux, votre moyen de sub­sis­tance, vous. Et tout va bien. Comme si tout va bien. »

Elle a ajouté : « On ruine la vie des gens au quotidien. »

Yael dit qu’elle témoigne parce qu’elle pense que « les gens doivent savoir ce qui se passe là-​​bas. »

« Il ne s’agit pas des Forces de défense israé­liennes qui nous défendent contre des ter­ro­ristes hor­ribles qui veulent détruire le people juif. Ce sont des per­sonnes qui vivent ici et qui vivaient ici quand on était pas là et ils essaient de vivre et nous sommes la force supé­rieure. Et on utilise cette force au maximum, sans pro­blème. Je pense que les gens devraient savoir ça. »

Dans d’autres témoi­gnages, un soldat décrit un incident au cours duquel un groupe de soldats, y compris le com­mandant, a attaqué un détenu palestinien .

Un soldat dans une unité d’élite se sou­vient d’un officier qui avait été ridi­culisé pour ne pas avoir obéi à un ordre de tirer sur un Pales­tinien malade et âgé qui était rentré chez lui pour récu­pérer ses médi­ca­ments durant un raid d’arrestation.

Les témoi­gnages peuvent être vus sur

www​.dis​co​ver​the​ter​ri​tories​.com.