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Commentaires superflus, tout est dit (ndlr)

Lettre de Danielle Bleitrach au président du CRIF

Vendredi, 6 janvier 2012 - 12h02

vendredi 6 janvier 2012

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" Personne n’hérite des victimes … "

Monsieur le Président du CRIF,

je me permets de me présenter, je m’appelle Danielle Bleitrach et je suis un professeur d’université à la retraite. Je suis née en 1938 et ma petite enfance a été marquée par la peur, la fuite devant le nazisme. J’en ai conservé une répulsion face à l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, dix huit membres de ma famille ont été déportés, une seule d’entre eux est revenu et encore est-ce parce que sa mère à l’appel de son nom pour la chambre à gaz s’est jeté en avant à sa place.

Donc si mon choix n’a jamais été le sionisme pour des raisons qu’il serait trop long de vous expliquer je n’accepterai jamais que quiconque soit inquiété, traqué, humilié parce qu’il est né dans une famille juive, musulmane ou chrétienne. je suis capable croyez le bien de la pire des réactions devant un antisémite ou un négationniste.

Mais comme le disait Einstein je regrette que certains juifs n’aient tiré aucune leçon humaine de deux mille ans de martyre et de l’horreur de la Shoah. dois-je vous rappeler la suite des paroles d’Einstein : “Si les juifs ne se souvenaient pas des leçons de 2000 ans de martyre, ils mériteraient ce qu’il adviendrait d’eux”. Tous les jours je crains que la folie, le bellicisme d’israêl débouche sur une issue fatale et tous les jours j’espère en une autre issue de paix. Parce que c’est là le destin que la haine de l’autre prépare pour les juifs israéliens et à cette seule idée je revis les cauchemars de ma petite enfance. Il faut absolument aboutir à ce que le peuple israélien, juifs et arabes aient une patrie et que le peuple palestinien jouisse lui aussi d’une patrie viable.

Attiser la haine c’est vouer au malheur alors que nous avons tous un rôle à jouer, et vous plus que quiconque dans la recherche de la paix dans la justice. Un juif sait que sans justice il n’y a pas de paix pour personne et les prophètes du peuple juif n’ont cessé de proclamer cette nécessité de la justice. La survie de beaucoup d’entre nous a dépendu de justes qui refusaient l’iniquité des leurs.

Votre fonction vous oblige à vous souvenir de cette leçon qu’Einstein demandait de ne jamais oublier, c’est la survie et l’honneur de ce peuple qui se joue entre israéliens et palestiniens et les juifs doivent aider à ce que triomphe la paix et la justice pas d’attiser de l’extérieur des souffrances qui n’ont que trop duré.

Et je tiens à l’honneur de mon peuple parce que j’appartiens à ce peuple juif, c’est Hitler qui m’a définie dans cette appartenance comme j’appartiens à la nation française, c’est donc à ce double titre que j’exige de vous la dignité de ceux que vous reprpésentez et que vous vous conformiez au rôle de pacificateur que l’immense majorité des juifs français attend de vous.

Je pense monsieur le président que vos récentes interventions, la manière dont vous avez tronqué les propos de Salah hamouri sont un déshonneur pour le peuple juif et pour les citoyens français et cela témoigne d’une volonté d’attiser les haines.

Comment vous monsieur le Président du CRIF non content d’encourager au bellicisme, de refuser la sagesse de l’apaisement vous vous permettez de prendre en otage les juifs français dans des combats misérables ? Non content d’avoir tout fait pour qu’il y ait le silence sur l’enfermement pendant sept ans un jeune homme français dont rien ne démontre la culpabilité et dont la victime supposée est bel et bien en vie, non content d’avoir encouragé cet acte inique contre un de nos concitoyen, vous mentez sur ses propos, pour développer autour de lui dès son retour la haine, voir le crime.

L’insulte est grande et elle exige réparation.

Monsieur nous sommes dans la période de Hannouka, la fête des lumières, celle de l’identité juive confirmée retrouvée et vous osez vous mal conduire à ce point, vous devez envoyer une lettre officielle, publique à Salah hammouri dans laquelle vous demanderez qu’il vous pardonne après sept ans de prison de l’avoir sali, cela vous honorera, nous honorera tous.

J’attends votre réponse et je suis certaine que vous aurez à coeur de vous montrer à la hauteur de votre fonction, de ceux que vous représentez et des lumières du judaïsme qui veille sur l’humanité., sur toute l’humanité, pas seulement sur les juifs, c’est cela son élection cette universalité.

Danielle Bleitrach

(1)« Si nous nous révélons incapables de parvenir à une cohabitation et à des accords honnêtes avec les arabes, alors nous n’aurons strictement rien appris pendant nos deux mille années de souffrances et mériterons tout ce qui nous arrivera. » (Albert Einstein, lettre à Weismann, le 25 novembre 1929)