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Par Dominique Vidal (Monde diplomatique) et Michel Warschawski (AIC)

« Bien pire que l’apartheid ! »

Mardi, 31 mai 2011 - 15h09

mardi 31 mai 2011

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Dans le cadre d’un reportage qu’ils effectuent pour « Le Monde démocratique », Dominique Vidal et Michel Warschawski viennent de rencontrer une des figures marquantes du combat pour les droits des Palestiniens d’Israël. Au détour de la conversation, la question de l’apartheid est venue sur la table....

« Les lois que la Knesset [le Parlement israélien] a adoptées et celles qu’elle se prépare à entériner sont extrêmement graves. Interdire la mémoire de la Nakba, menacer les droits citoyens palestiniens d’Israël, disqualifier les ONG qui ne reconnaissent pas explicitement la définition de cet Etat comme “juif et démocratique”, c’est légitimer le racisme et, le cas échéant, la violence raciste. »

Directeur général d’Adala, la principale organisation de défense juridique des « Arabes israéliens », Hassan Jabareen ne cache pas son inquiétude. La tentative de pogrom de Saint-Jean d’Accre lors de la fête de Kippour en 2008, l’agression contre la députée Haneen Zoabi à la tribune de la Knesset après son retour de la « Flottille de la liberté », les conditions d’arrestation et de détention au secret de certains dirigeants palestiniens, tout cela « pue » la fascisation.

« Et l’apartheid ? » En France, expliquons nous à Jabareen, que la presse considère comme politiquement proche du parti Balad plus que du Haddash, le Front dirigé par le Parti communiste, certains pensent que le régime israélien relève de l’apartheid. Notre interlocuteur explose littéralement : « Mais nous aimerions bien vivre sous l’apartheid ! Ici, c’est bien pire. L’apartheid, c’est le développement séparé et l’exploitation de la main d’œuvre autochtone, pas le transfert de populations. Ici, les Israéliens ont expulsé 800 000 des nôtres en 1948, encore des centaines de milliers en 1967. Et Netanyahou comme Sharon rêve de recommencer. Sans parler de Libermann qui prétend nous “transférer” en modifiant les frontières. Et, en attendant, ils essaient de nous priver de nos derniers droits civiques – que, soit dit en passant, les Noirs d’Afrique du Sud n’avaient pas... »

Soudain, Hassan Jabareen hausse le ton, entre colère et rire : « Ceux qui parlent d’apartheid à propos de l’Etat d’Israël n’ont rien compris : ici, ils ne se contentent pas d’exploiter, ils expulsent et ils tuent ! Notre ennemi à nous, c’est l’occupation, la colonisation et le transfert. »