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Source : Info Palestine

Pourquoi j’ai fait des révélations sur la Palestine

Lundi, 16 mai 2011 - 6h59 AM

lundi 16 mai 2011

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Ziyad Clot - The Guardian

L’attaque d’Israël sur Gaza et les « pourparlers de paix » désastreux m’ont forcé à révéler ce que je savais.

En Palestine, le moment de la réconciliation nationale est venu. À la veille de la 63e commémoration de la Nakba - le déracinement des Palestiniens qui a accompagné la création d’Israël en 1948 - c’est un moment longtemps attendu et porteur d’espoir. Plus tôt cette année, la publication par Al Jazeera et le Guardian de 1600 documents concernant le soi-disant processus de paix a causé une profonde consternation parmi les Palestiniens et dans le monde arabe. Couvrant plus de 10 années de pourparlers (de 1999 à 2010) entre Israël et l’OLP, les Palestine papers ont illustré les tragiques conséquences d’un processus politique inéquitable et destructeur qui avait été basé sur la supposition que les Palestiniens pouvaient négocier réellement leurs droits et parvenir à l’autodétermination tout en subissant les épreuves de l’occupation israélienne.

Mon nom a circulé comme une des sources possibles de ces fuites. Je voudrais clarifier ici l’étendue de mon implication dans ces révélations et expliquer mes motifs. J’ai toujours agi dans le meilleur intérêt du peuple palestinien pris dans son ensemble, et au mieux de mes capacités.

Ma propre expérience avec le « processus de paix » a commencé à Ramallah en janvier 2008, après que j’aie été recruté comme conseiller pour l’Unité de Soutien à la Négociation (NSU) de l’OLP, spécifiquement en charge du dossier des réfugiés palestiniens. C’était quelques semaines après qu’un objectif ait été fixé à la conférence d’Annapolis : la création de l’État palestinien avant la fin de 2008. Après seulement 11 mois dans cet emploi, en novembre de cette année-là, j’ai démissionné. Pour décembre 2008, au lieu de l’établissement d’un État en Palestine, j’étais témoin à la télévision du meurtre de plus de 1400 Palestiniens par l’armée israélienne à Gaza.

Mes fortes motivations à quitter mon poste dans la NSU et mon évaluation du « processus de paix » furent détaillées clairement aux négociateurs palestiniens dans ma lettre de démission datée du 9 novembre 2008.

Les « négociations de paix » ont été une farce trompeuse par laquelle des conditions biaisées étaient imposées unilatéralement par Israël et systématiquement approuvées par les USA et l’EU. Loin de permettre une fin négociée et équitable du conflit, la poursuite du processus d’Oslo a approfondi la politique ségrégationniste israélienne et justifié le resserrement du contrôle sécuritaire imposé sur la population palestinienne, ainsi que sa fragmentation géographique. Loin de préserver la terre sur laquelle construire un État, il a toléré l’intensification de la colonisation des territoires palestiniens. Loin de maintenir une cohésion nationale, le processus dans lequel j’ai participé, quoique brièvement, a contribué à créer et à aggraver les divisions parmi les Palestiniens. Dans ses développements les plus récents, il est devenu une entreprise cruelle dont les Palestiniens de Gaza ont souffert le plus. Enfin et surtout, ces négociations excluaient pour l’essentiel la grande majorité du peuple palestinien : les 7 millions de réfugiés palestiniens. Mon expérience sur ces 11 mois à Ramallah a confirmé que l’OLP, étant donnée sa structure, n’était pas en position de représenter tous les droits et intérêts des Palestiniens.

Tragiquement, les Palestiniens furent laissés dans l’ignorance du sort de leurs droits individuels et collectifs dans les négociations, et leurs dirigeants politiques divisés n’eurent pas à rendre compte de leurs décisions ou de leur inaction. Après ma démission, j’ai cru avoir un devoir d’informer le public. Peu après la guerre de Gaza, j’ai commencé à écrire sur mon expérience à Ramallah. Dans mon livre de 2010 Il n’y aura pas d’Etat Palestinien [éditions Max Milo, ndt.], je concluais : « Le processus de paix est un spectacle, une farce, joué au détriment de la réconciliation palestinienne, et au coût de la tuerie de Gaza ». En pleine conscience, et par un acte indépendant, j’ai accepté ensuite de partager certaines informations spécifiquement avec Al Jazeera à propos du sort des droits des réfugiés palestiniens dans les pourparlers de 2008. D’autres sources en firent de même, quoi que je ne connaisse pas leur identité. Porter ces développements tragiques du « processus de paix » à une audience arabe et occidentale plus large était justifié parce que c’était dans l’intérêt public du peuple palestinien. Je n’avais - je n’ai toujours - aucun doute d’avoir une obligation morale, légale et politique de procéder en conséquence.

Aujourd’hui, je suis soulagé que cette information de première main soit disponible pour les Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés, en Israël et en exil. En un sens, les droits des Palestiniens sont revenus en possession de leurs détenteurs et le peuple est maintenant dans en situation de prendre des décisions éclairées sur le futur de sa lutte. Je suis aussi heureux que les parties prenantes du conflit israélo-palestinien puissent accéder à ces documents. Le monde ne peut plus négliger que tandis que le fort engagement des Palestiniens à la paix est réel, la poursuite stérile du « processus de paix », encadré selon les conditions exclusives de la puissance occupante, mène à des compromis qui seraient inacceptables dans toute autre région du globe.

Finalement, je me sens rassuré que le peuple de Palestine réalise de façon écrasante que la réconciliation entre tous ses constituants doit être le premier pas vers la libération nationale. Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, les Palestiniens en Israël et les Palestiniens vivant en exil ont un avenir commun. Le chemin vers l’autodétermination palestinienne exigera la participation de tous dans la cadre d’une plate-forme politique renouvelée