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Le rayonnement du Conservatoire national palestinien Edward Said

Samedi, 19 février 2011 - 14h45

samedi 19 février 2011

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Par Nicolas Falez

Nous partons à la découverte d’un Conservatoire de musique pas comme les autres. Le Conservatoire National Palestinien Edward Said accueille des élèves en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. C’est une école de musique et aussi la structure hébergeant plusieurs orchestres, parmi lesquels l’Orchestre National de Palestine (ONP) qui a donné ses premiers concerts il y a quelques semaines.

Bienvenue au Conservatoire national de musique Edward Said, du nom d’un intellectuel, essayiste et musicologue palestino-américain décédé en 2003. Nous sommes à Jérusalem-Est dans les locaux de cette école de musique fondée au milieu des années quatre-vingt-dix et qui accueille désormais ses élèves dans ses antennes de Ramallah, Bethléem, Naplouse et donc Jérusalem où Mohammed travaille sa partition de qanun, cet instrument traditionnel arabe, proche de la cithare.

De l’autre côté du couloir, on travaille aussi, mais un tout autre répertoire : Mozart, pour un trio piano, violon, violoncelle. « Il y a un répertoire de musique arabe qui est très bien connu par la population, les gens, les familles, à la radio et télévision » explique l’Italien Michele Cantoni. Il a commencé par enseigner le violon au Conservatoire Edward Said avant d’en devenir le directeur académique. « Ce qui est plus difficile, c’est de faire connaître et de faire apprécier un répertoire de style occidental. Mais, je crois, déjà maintenant, par rapport à il y a 15 ans, quand le Conservatoire a commencé, cela a beaucoup avancé et le répertoire est beaucoup plus apprécié, il y a beaucoup plus de jeunes qui jouent un instrument et un répertoire occidental. »

Lorsque le Conservatoire est né en 1993, une quarantaine d’élèves palestiniens y recevaient un enseignement musical. Aujourd’hui, ils sont plus de 700, encadrés par 45 professeurs, la moitié des enseignants environ sont palestiniens, les autres viennent de l’étranger.

« La route prend beaucoup plus de temps que l’enseignement »

Palestinienne, Léna Saleh est en charge de la communication et de la programmation du Conservatoire. Elle est présente au sein de l’établissement depuis le début. Elle a vu grandir ce Conservatoire, malgré l’occupation, malgré les check-points qui entravent la circulation des Palestiniens en Cisjordanie. « Il y a des professeurs qui enseignent à Bethléem et à Naplouse, raconte Lena Saleh. Vous imaginez le chemin qu’ils doivent prendre ? Pour y aller, pour enseigner deux ou trois heures et retourner ? La route prend beaucoup plus de temps que l’enseignement. »

Plusieurs orchestres sont étroitement associés à la vie du Conservatoire : l’Orchestre Palestinien de la Jeunesse, l’Orchestre Al Qods (le nom arabe de Jérusalem), et puis le dernier né, l’Orchestre National de Palestine, qui a donné ses trois concerts inauguraux fin décembre et début janvier 2011 à Ramallah, Jérusalem et Haïfa.

La création de quelque chose qui a un caractère national

L’ONP réunit des Palestiniens des Territoires, mais aussi de la diaspora. Il a fallu les faire venir, faire répéter les 44 musiciens en quelques jours. Un pari un peu fou qui a donné des sueurs froides à Tim Potter, qui encadre les orchestres au sein du conservatoire. « Le premier jour de la répétition était très difficile. Les gens n’avaient jamais travaillé ensemble. Ils ne connaissaient pas vraiment cette musique. On était tous inquiet. Mais, finalement, cela a marché. C’était presque un miracle. »

Au programme de ces trois premiers concerts : Beethoven, ou encore le compositeur palestinien Salvator Arnita (1914-84). L’hymne national palestinien a été joué en ouverture de ces soirées, dont Lena Saleh conserve un souvenir ému. « Cela a été un événement très important sur le plan national, sur le plan de l’identité palestinienne et culturelle. C’était un concert professionnel, un programme vraiment solide, parce que la Symphonie de Beethoven était assez difficile, mais ils ont très bien joué.

Quand j’ai vu les gens venir, ils ne venaient pas seulement pour un concert, mais aussi pour l’événement, la création de quelque chose qui a un caractère national. »