Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > " « Les tueurs de Hariri doivent être recherchés dans son entourage (...)

Assassinat de Rafic Hariri - Par Yves Bonnet, ancien directeur de la DST

" « Les tueurs de Hariri doivent être recherchés dans son entourage »

Dimanche, 1er août 2010 - 8h26 AM

dimanche 1er août 2010

===================================================

C’est le conseil donné par un ancien patron français de la DST, services du contre-espionnage français Yves Bonnet lequel a estimé que pour trouver les véritables assassins de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri tué en 2005, il faut aller chercher dans son entourage.

« Dans un assassinat politique, il faut toujours rechercher dans le cercle des proches de la victime, et je pense que Hariri a été assassiné par des gens qui lui sont proches », a-t-il affirmé pour le quotidien en ligne Al-Intikad.

Bonnet a mis en doute l’honnêteté et la crédibilité du Tribunal spécial pour la Liban ( TSL) chargé d’enquêter sur l’assassinat. Révélant que compte tenu des expériences passées et de sa propre expérience, il n’existe nullement de tribunal international indépendant. « Tous les tribunaux sont politisés et soumis aux pressions des états puissants exploités par les états puissants et influents ».

De surcroit, Bonnet estime que le TSL ne possède aucun indice criminel palpable qui puisse émettre des décisions et des jugements.

Et d’ajouter : « en tant qu’homme de sécurité, je considère qu’il est impossible de savoir qui a tué Hariri du fait que les enquêteurs de la commission d’enquête internationale étaient absents les quatre premiers jours après l’assassinat. Les enquêteurs internationaux sont arrivés sur la scène du crime plusieurs semaines après, ce qui leur ôte la possibilité d’acquérir des indices criminels formels sur la scène du crime.

Du point de vue sécuritaire et criminel, ce tribunal ne possède aucun indice et il agit sur une base politique, sans plus ».

Concernant les enregistrements des communications téléphoniques, Bonnet a tenu à souligner qu’elles n’ont aucune valeur « ni pénalement, ni juridiquement », se demandant où étaient elles lorsque la Syrie était accusée.

Toujours selon le point de vue de Bonnet, « Il s’agit d’exécuter une nouvelle politique américaine dans la région qui s’appuie sur les guerres civiles internes au lieu de guerres.

Israël et les Etats-Unis considèrent que le Hezbollah est le premier obstacle à l’extension de leurs influences, c’est pourquoi la question des enregistrements téléphoniques a été actuellement suscitée » en allusion selon lui à l’infiltration israélienne dans le réseau libanais des communications.

S’agissant de la partie à qui le crime a profité, Bonnet révèle avoir confié à des membres de la coalition du 14 mars, sans avoir été écouté, que la Syrie est la première à subir les préjudices de l’assassinat de Hariri.
« Après que les événements sont venus confirmer notre point de vue et aujourd’hui je dis que ce qui s’applique à la Syrie s’applique au Hezbollah », enchaine-t-il et d’interroger : « Pourquoi le Hezbollah tuerait-il Hariri ? Pour se mettre la société libanaise sur le dos ? Ou donner au monde un motif pour le combattre ?

De plus, Rafic Hariri, aussi important et influent politiquement qu’il était, ne constituait pas de menace pour le Hezbollah sur la scène libanaise. »

Bonnet s’interroge sur les raisons pour lesquelles la piste israélienne est exclue, pourtant assure-t-il, Israël « possède une longue expérience et une histoire ancrée dans les assassinats politiques, et de plus, les Israéliens possèdent certainement les capacités techniques et les renseignements pour mener cette opération ».

Interrogé sur les procédés à suivre aujourd’hui, cinq années après le crime, Bonnet conseille en l’absence de tout indice de « reprendre l’interrogatoire de Siddiq et des autres témoins dont il s’est avéré qu’ils mentaient, et de chercher la partie qui a un intérêt véritable dans l’assassinat de Rafic Hariri dans les circonstances vécues par la région en 2005 ».