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Le seul pays à réagir officiellement et énergiquement

La Grande-Bretagne a annoncé mardi l’expulsion d’un diplomate israélien, après l’assassinat d’un cadre du Hamas à Dubaï le 19 janvier

Jeudi, 25 mars 2010 - 17h25

jeudi 25 mars 2010

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Et pendant ce temps nous recevons, certainement en grande pompe, le Président Israélien pour inaugurer un espace Ben-Gourion à Paris !

Quelle honte !

Michel Flament
Coordinateur.

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(De Londres) Il y avait déjà les remontrances du grand allié américain sur la colonisation. Voilà qu’Israël doit également affronter la grosse colère du Royaume-Uni à propos du « Dubaïgate ».

Ce n’est pas la liquidation de Mahmoud Abou Al-Machbouh en elle-même qui émeut Londres. Non, ce qui fait scandale outre-Manche, c’est l’utilisation, qualifiée d’« intolérable », de douze vrais faux passeports britanniques dans cette opération commando digne d’un mauvais polar [1].

Cette fâcheuse affaire témoigne d’un « profond mépris pour la souveraineté britannique » s’est offusqué mardi le ministre des Affaires étrangères devant la Chambre des communes. Et que la falsification des passeports soit l’œuvre d’un « pays ami » ne fait « qu’ajouter l’insulte à l’injure » a poursuivi David Miliband, qui a décidé de ne plus se cacher derrière son petit doigt, en pointant très clairement la responsabilité d’Israël dans le « Dubaïgate » :

« Etant donné le caractère très sophistiqué de l’opération […], le gouvernement juge extrêmement probable que les contrefaçons aient été réalisées par un service de renseignement d’Etat […]. Nous en avons conclu qu’il y avait des raisons convaincantes de penser qu’Israël est responsable de l’utilisation frauduleuse des passeports britanniques. »

Si la Grande-Bretagne s’est décidée à appeler un chat un chat, c’est qu’elle a des preuves. L’agence du crime organisé (la Soca, Serious and organized crime agency) a mené l’enquête, en dépêchant ses agents en Israël. Ses conclusions sont formelles : les faux passeports (qui sont en fait des copies de documents appartenant à de vrais citoyens britanniques résidant dans l’Etat hébreu) ont été réalisés à l’aéroport Ben Gourion, l’un des lieux les plus surveillés du pays !

Non seulement Londres a décidé d’expulser un diplomate israélien, présenté comme le représentant du Mossad en Grande-Bretagne, mais le Foreign Office a également publié une mise en garde [2] à l’intention des voyageurs britanniques qui se rendent en Israël :

« En raison de l’utilisation frauduleuse de passeports britanniques impliquant Israël […], nous recommandons que vous ne remettiez votre passeport à un tiers, y compris les autorités israéliennes, qu’en cas d’absolue nécessité. »

Le cavalier seul de Londres
La Grande-Bretagne est le premier pays occidental à mettre directement en cause Israël dans l’assassinat de Mahmoud Abou Al-Machbouh, un responsable du Hamas soupçonné d’organiser l’achat d’armes à l’Iran pour le compte du groupe terroriste palestinien et retrouvé mort le 20 janvier dans sa chambre d’hôtel à Dubaï.

Jusqu’à présent, seuls les Emirats arabes unis avaient ouvertement accusé l’Etat hébreu. Le chef de la police de Dubaï, vidéo de surveillance à l’appui, se dit sûr « à 99% » de l’implication du Mossad et a déjà inculpé plusieurs dizaines de personnes. Interpol a lancé un avis de recherche [3] contre 27 suspects.

En Israël, les autorités continuent à nier officiellement toute implication dans le « Dubaïgate ». « Israël ne répond jamais, ne confirme jamais, ne dément jamais » a lâché, laconique, le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, fidèle à la « politique d’ambiguïté » de l’Etat hébreu. C’est selon cette même logique qu’Israël n’a jamais confirmé avoir la bombe atomique.

Mais l’opinion, elle, a tranché. Depuis le 19 janvier, les T-shirts à la gloire du Mossad [4] se vendent comme des petits pains. La chef de l’opposition, Tzipi Livni, elle-même ancien agent des services secrets en poste à Londres, est même presque passée aux aveux lorsqu’elle s’est ouvertement félicitée [5], le mois dernier, de la mort de Mahmoud Abou Al-Machbouh :

« Le fait qu’un terroriste soit tué, peu importe que ce soit à Gaza ou à Dubaï, est une bonne nouvelle pour ceux qui combattent le terrorisme. »

Le Mossad n’en est pas à son coup d’essai
Le rôle du Mossad dans le « Dubaïgate » est un secret de polichinelle. Et pourtant, le 22 février, l’Union européenne s’est contentée d’exprimer son « trouble » face à la falsification des passeports de plusieurs pays membres (le Royaume-Uni, mais aussi l’Allemagne, la France, l’Irlande, ainsi que l’Australie), sans jamais citer Israël.

Maintenant que la Grande-Bretagne a fait voler en éclats la fiction de l’irresponsabilité d’Israël, d’autres pays vont sans doute suivre : le parquet de Paris vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête, notamment pour faux et usage de faux (quatre passeports français ont été falsifiés). Une procédure est également en cours en Allemagne, pour « activités au profit d’un service secret étranger » et « usurpation d’identité ». L’Australie a déjà dépêché des enquêteurs en Israël.

Si Londres réagit si vigoureusement aujourd’hui, c’est que l’Etat hébreu n’en est pas à son premier trafic de passeports britanniques. En 1988, déjà, Margaret Thatcher avait fait fermer les bureaux londoniens du Mossad après la découverte de six faux documents.

Pour la Grande-Bretagne, l’affaire des faux passeports ne fait qu’envenimer des relations déjà tendues avec l’Etat hébreu sur le terrain judiciaire. Ces derniers mois, plusieurs responsables israéliens -dont Tzipi Livni en décembre- ont été contraints d’annuler des séjours à Londres pour éviter d’avoir des comptes à rendre devant la justice. Plusieurs tribunaux britanniques, saisis par des Palestiniens, ont lancé des mandats d’arrêts à l’encontre d’officiels israéliens, en vertu du principe de juridiction universelle, pour des crimes de guerre présumés pendant l’offensive contre Gaza.