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DNA du 12 mars 2010

Lueur de clairvoyance dans la presse régionale

Vendredi, 12 mars 2010 - 7h52

vendredi 12 mars 2010

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Dernières nouvelles d’Alsace du 12/03/2010

Plus qu’une bévue, un affront

Annoncer, pendant la visite du vice-président américain Joe Biden, la construction de 1 600 logements à Jérusalem-est n’est pas seulement une bévue qui fragilise le gouvernement Nétanyahou. C’est carrément un affront pour les Etats-Unis, malgré la volonté de part et d’autre de minimiser l’« incident ».

Dire que Washington venait tout juste d’arracher à Mahmoud Abbas la reprise de « négociations indirectes » plus que jamais compromises par la montée en puissance de la politique de colonisation israélienne ! Non seulement en Cisjordanie - déjà une véritable mosaïque entre les implantations « autorisées » ou non et les agglomérations palestiniennes - mais aussi à Jérusalem-est, la partie de la ville sainte encore essentiellement arabe et, selon le droit international, sous régime d’occupation militaire. Donc en aucun cas annexée.
Toute la politique américaine au Proche-Orient est fragilisée. En effet, comment rester crédible chez les autres protagonistes de la région - Égypte, Syrie, Liban, Jordanie et Péninsule arabe - lorsque son principal allié subventionné en aide militaire à hauteur de 2 à 3 milliards de dollars par an fait fi des décisions prises à Washington, notamment le gel de cette colonisation devenue le principal obstacle au dialogue avec les dirigeants modérés de Ramallah ? Comment faire pression sur Téhéran et ses aventures nucléaires quand on n’est même pas suivi dans son propre camp ?

Qu’il l’ait voulu ou non, le gouvernement Nétanyahou remet d’actualité la vieille formule maoïste du « tigre en papier » en l’appliquant à Barack Obama. Et c’est préjudiciable pour l’ensemble de la politique étrangère américaine, partout où existent des tensions, qu’elles soient commerciales, diplomatiques ou avec des intentions belliqueuses déclarées (par exemple en Corée du Nord).

Reste l’éternel et insoluble problème du Proche-Orient. Avec sa coalition hétéroclite alliant extrême droite et travaillistes, Benjamin Nétanyahou est incapable de la moindre avancée en direction d’un Etat palestinien viable. Son futur successeur aura lui aussi les pieds et les mains liés, du moins tant qu’une foule de petits partis, représentés à la Knesset bien que sans grande audience électorale, jouera les faiseurs de roi.

Or, à l’immobilisme israélien répond toujours l’extrémisme palestinien, et vice-versa. Avec un autre énorme risque à la clé, celui de rendre les modérés palestiniens impopulaires car n’obtenant rien... et de refaire très vite le lit du Hamas en Cisjordanie. En « fabriquant » un autre « Gaza », en plus grand, en plus dangereux encore dans une guérilla et des souffrances sans fin.

Édition du Ven 12 mars 2010