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Par Michel Warschwaski

SYRIE : la cacophonie israélienne

Dimanche, 21 février 2010 - 8h31 AM

dimanche 21 février 2010

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La politique immature du gouvernement israélien s’est traduite par des propos menaçants d’Avigdor Lieberman à l’encontre du président syrien. Conséquence : on reparle de menaces de guerre.

Avigdor Lieberman a réussi à faire passer son adjoint, Danny Ayalon, pour un politicien modéré et responsable.

On se souvient de l’humiliation que ledit Ayalon a récemment fait subir à l’ambassadeur de Turquie, et des excuses embarrassées qui s’en sont suivies. Mais à côté de la dernière attaque en date de Lieberman contre la Syrie, le précédent couac diplomatique ressemble à un incident négligeable …

« Les implications de cette attaque contre la Syrie sont largement plus dangereuses » estimaient les les éditorialistes du quotidien israélien Haaretz (5 février 2010) à propos des dernières déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères sur le président Bachar Al-Assad.
Tenus devant le Forum des affaires de l’université de Bar Ilan, les propos du sulfureux ministre israélo-moldave visaient en fait un collègue, Ehud Barak, qui venait de déclarer qu’il était impératif de répondre positivement aux offres de paix du président syrien. Réagissant à ces déclarations, Lieberman s’est emporté : « Nous avons entendu mes émouvants appels à la paix avec la Syrie du ministre de la Défense … Quiconque pense que des compromis territoriaux détacherons la Syrie de l’axe du mal se trompe. Notre message à Assad se doit d’être clair : Non seulement tu perdras la prochaine guerre, mais toi et ta famille vous y perdrez le pouvoir. Ni toi ni ta famille ne resterez au pouvoir. »

Au-delà de l’arrogante vulgarité du propos – qui est l’image de marque du ministre – il y a là une réelle menace de guerre et les dirigeants syriens ne manqueront pas de la prendre au sérieux. Comme nous le rappelle Alouf Ben, un autre éditorialiste du Haaretz, des menaces moins explicites ont déclenché la crise qui a mené à la guerre de juin 1967.
Dans une interview publiée par le New Yorker, le président syrien a réagi à cette cacophonie avec un humour qui ne lui est guère habituel : « Il faut un dictionnaire spécial pour comprendre les intentions d’Israël. Ce pays n’a pas de dirigeants politiques de valeur, comme l’a té par exemple Yitzhak Rabin, qui avait bien compris la signification que peut avoir chaque déclaration politique pour les différents acteurs Les Israéliens sont comme des enfants qui se chamaillent et font du tort à leur pays. Ils ne savent tout simplement pas quoi faire … Nous ne comprenons pas quelle est leur vision concernant le Moyen-Orient. »

S’il est vrai qu’il y a quelque chose d’infantile et d’immature dans la politique israélienne – ou plutôt dans a non-politique – Bachar Al-Assad ne doit pas prendre à la légère les menaces qui viennent de Tel-Aviv car c’est précisément quand le gouvernement « ne sait pas quoi faire », quand sa vision des évolutions politiques au Moyen-Orient se fait confuse, qu’il se met à aspirer à une redistribution des cartes. C’est à dire à la guerre. Car le rapprochement de Damas avec l’Europe et les Etats-Unis préoccupe le gouvernement Netanyahou et il va tout faire pour pousser à nouveau la Syrie dans les bras de l’Iran – dont elle voudrait bien se détacher – et redonner vie à ce concept de guerre qu’est « l’axe du mal ». En attendant le retour des néo-conservateurs à la Maison-Blanche.

publié par Siné Hebdo , "le journal mal élevé", hebdomadaire en vente dans les kiosques (2 euros) tous les mercredis.