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Etats- Unis : la chaudière du rouleau compresseur serait-elle en cours d’échauffement, lentement mais sûrement ? (ndlr)

54 membres de la Chambre des représentants risquent leur carrière pour soutenir Gaza

par par James M.Wall - Jeudi, 4 février 2010 - 15h05

jeudi 4 février 2010

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Cinquante quatre membres de la Chambre des Représentants des États-Unis ont adressé une lettre au Président Obama insistant pour qu’il “exerce des pressions diplomatiques pour mettre fin au blocus auquel est soumis Gaza.”

Rédigée au départ par les démocrates Keith Ellison du Minnesota et Jim McDermott de Washington, la lettre dit en particulier :

Les souffrances que continuent à endurer les civils de Gaza mettent en lumière l’urgence qu’il y a à trouver une solution au conflit israélo-palestinien, et nous vous demandons d’insister pour un soulagement immédiat des citoyens de Gaza comme un élément urgent de vos efforts de paix au Moyen-Orient… Le blocus actuel a sévèrement gêné les organismes d’aide dans leur travail pour soulager les souffrances.

Cinquante deux autres membres de la Chambre des Représentants ont rejoint Ellison et McDermott pour signer la lettre ; c’est une augmentation spectaculaire des voix du Congrès qui défient le puissant lobby pro-israélien.

L’article du “Minnesota Independent” sur la lettre des 54 membres de la chambre des représentants en donne la liste par état. Certains états se font remarquer par leur absence.

En Illinois par exemple, l’état du Président, aucun membre de l’un et l’autre parti n’a apporté son soutien à la résolution. La Californie et le Massachussetts, au contraire, ont respectivement onze et six signataires.

L’ancien représentant de l’Illinois au Congrès Paul Findley a félicité les membres de la Chambre des représentants pour leur courage. Parlant d’expérience, Findley a déclaré à Hélène Cobban , ancienne correspondante du Christian Science Monitor pour le Moyen Orient, que c’était “une démarche extraordinaire pour 54 membres de la Chambre des Représentants que de s’opposer au Lobby.”

Nous n’avons pas vu tant de membres du Congrès disposés à soutenir ensemble une résolution critique à l’égard d’Israël depuis les années 70” a déclaré Findley à Cobban, qui anime maintenant un blog du Conseil pour l’Intérêt National, une organisation à but non lucratif basée à Washington et cofondée par Findley en 1989.

Findley a perdu son siège de délégué de l’Illinois à la Chambre des Représentants en 1982, éliminé par les électeurs après 22 années au service de son district.

La défaite de Findley est survenue lorsque l’AIPAC a apporté son soutien à Dick Durbin, un jeune juriste démocrate de Springfield qui avait fait campagne contre lui après l’appel de Findley au président de l’époque, Ronald Reagan, à établir des relations avec l’Organisation de Libération de la Palestine.

En 1985, Findley a publié “Ils osent s’exprimer : la population et les institutions s’opposent au lobby d’Israël” ( They Dare to Speak Out : People and Institutions Confront Israel’s Lobby) dans lequel il décrivait ce qui est devenu un cas d’étude classique, comment AIPAC s’attaque aux membres du Congrès qui refusent d’adhérer aux orientations du Lobby d’Israël.

Des fonds de la mouvance AIPAC ont alimenté le trésor de campagne de Durbin. Élu en suite au Sénat des États-Unis, Durbin est maintenant le leader de la majorité au Sénat.

Revenant sur le rôle joué par l’AIPAC dans la perte de son siège à la Chambre des Représentants, Findley rappelle que dans les années 70, il était l’un des deux ou trois membres du Congrès prêts à parler franchement de la Palestine et d’Israël.

Que ce nombre ait atteint 54 en 2010 donne la mesure de la façon dont la perception de l’opinion publique évolue lentement. Il est aussi la preuve qu’avec le temps, la lumière viendra finalement éclairer ceux qui ne sont pas informés.

Peu de personnalités publiques ont argumenté et écrit sur cette “expérience progressive” et ce qui en découle, avec l’enthousiasme et la force de conviction de Howard Zinn, le célèbre historien radical dont le livre “A People’s History of the United States” ( Une histoire du peuple des États-Unis) a “modifié notre regard sur l’histoire aux États-Unis” (Democracy Now)

Zinn est mort subitement le mercredi 27 janvier à l’âge de 87 ans, laissant un témoignage de soutien aux peuples sans voix et opprimés dans le monde. Curieusement, Zinn a mis du temps à découvrir la question israélo-palestinienne.

Il a fait le récit de son expérience dans un court essai qu’il a écrit pour le magazine Tikkun de mai-juin 2008, édité en souvenir du 60ème anniversaire de l’Israël moderne.

Il n’y avait pas longtemps que j’avais quitté l’Armée de l’Air quand, en 1947, les Nations Unies ont décidé la partition de la Palestine et quand, en 1948, Israël, repoussant des attaques arabes, déclara son indépendance.

Bien que n’étant pas du tout un Juif religieux, en réalité hostile à toutes les religions institutionnelles, j’éprouvais un sentiment indéfinissable de satisfaction de voir que les Juifs, si longtemps victimes et errants, auraient désormais une “patrie.”

Il ne me vint pas à l’esprit – je savais si peu de choses sur le Moyen-Orient – que la création d’un état juif signifiait l’expropriation de la majorité arabe qui vivait sur cette terre.

Mon ignorance était la même, lorsqu’à l’école on me faisait voir une carte de “la progression vers l’ouest” américaine et que je considérais que les colons avançaient dans des territoires vides d’habitants. Ni dans un cas ni dans l’autre, je ne réalisais que l’avancée de la “civilisation” impliquait ce que nous appellerions aujourd’hui un “nettoyage ethnique.”

Ce n’est qu’après la “guerre des six jours” de 1967 et l’occupation par Israël des territoires conquis au cours de la guerre (la Cisjordanie, la Bande de Gaza, les Hauteurs du Golan, la péninsule du Sinaï) que je commençai a ne plus voir Israël simplement comme une petite nation assiégée et entourée d’états arabes hostiles, mais comme une puissance expansionniste.

En 1967, j’étais engagé à fond dans le mouvement contre la guerre au Vietnam. J’avais depuis longtemps compris que les expressions “sécurité nationale” et “défense nationale ”étaient employées par le gouvernement des États-Unis pour justifier une violence agressive contre d’autres pays.

Et même, il y avait un lien évident entre Israël et les États-Unis au plan de leurs politiques étrangères respectives, illustré par le soutien militaire et économique qu’apportaient les États-Unis à Israël, et par l’approbation tacite par les Israéliens de la guerre des États-Unis au Vietnam.

En vérité, l’argument de “sécurité” d’Israël, étant donnée sa situation géographique, semblait plus fondée que celui du gouvernement des États-Unis, mais il me semblait clair que l’occupation et la soumission de plusieurs millions de Palestiniens dans les territoires occupés n’améliorait pas la sécurité d’Israël mais la mettait en danger.

Zinn était professeur à l’université de Boston lorsqu’un après-midi il se trouva impliqué dans une “discussion animée sur le conflit israélo-palestinien que j’avais avec les nombreux élèves de mon cours.”
Ce qui se produisit dans ce cours fut ce dont beaucoup de simples mortels se souviennent comme d’un moment de “conversion” sur le sujet.

Un certain nombre d’étudiants juifs défendaient avec conviction l’occupation, lorsque deux jeunes femmes qui avaient gardé le silence jusque là se levèrent, l’une après l’autre, pour déclarer à peu près ceci :
“Nous sommes d’Israël. Nous avons servi dans l’armée israélienne. Nous voulons vous dire, à vous qui aimez Israël, que l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza conduira à la destruction d’Israël, si ce n’est physiquement, moralement et spirituellement.

Des paroles à méditer pour les 381 membres de la Chambre des Représentants qui ont omis de signer la lettre de McDermott-Ellison.