Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Israël sait bien que la paix n’est vraiment pas rentable

Par Amira Hass (version en anglais en 2è partie d’article)

Israël sait bien que la paix n’est vraiment pas rentable

Mardi, 12 mai 2009 - 17h36

mardi 12 mai 2009

===================================================

Les gouvernements israéliens qui se sont succédés depuis 1993 savaient fort bien ce qu’ils faisaient, bien sûr, et ne se hâtaient pas de faire la paix avec les Palestiniens. Bons représentants de la société israélienne, ces gouvernements comprenaient que la paix ne manquerait pas d’entraîner des pertes sérieuses pour les intérêts nationaux.

Dégâts économiques

L’industrie de la sécurité est une branche importante des exportations : les armes, les munitions, les équipements raffinés sont testés quotidiennement à Gaza et en Cisjordanie. Le processus d’Oslo – des négociations qui n’ont jamais été conçues pour parvenir à une conclusion - ont permis à Israël de se débarrasser de ses obligations de puissance occupante (tenue d’assurer le bien-être de la population occupée) et de traiter les territoires Palestiniens comme des entités indépendantes. C’est-à-dire d’employer des armes et des munitions avec une ampleur que jamais Israël n’aurait pu utiliser contre les Palestiniens après 1967. La protection des implantations exige le développement constant des mesures de sécurité, des équipements de surveillance et de dissuasion tels que les barrières, les barrages routiers, la surveillance électronique, les caméras, et les robots. C’est là ce qui donne un avantage décisif dans le monde développé, et est utilisé par les banques, les compagnies, et les quartiers résidentiels de luxe installés rout à côté de bidonvilles et d’enclaves ethniques où les rébellions doivent être écrasées.

La créativité collective israélienne dans la domaine de la sécurité est fertilisée par un état de friction permanent entre la plupart des israéliens et une population par définition hostile.

Un état de combat qui brûle en permanence sous la cendre, avec parfois des explosions brutales, fait se rencontrer toutes sortes de tempéraments israéliens : les rambos, les sorciers des ordinateurs, les gens habiles de leurs mains,les inventeurs. En cas de paix, leurs chances de se rencontrer seraient considérablement réduites.

Les dégâts aux carrières

Le maintien de l’occupation et d’un état de non-paix emploie des centaines de milliers d’israéliens. Environ 70 000 personnes travaillent pour l’industrie de la sécurité. Chaque année, des dizaines de milliers de gens sortent du service militaire avec des compétences spéciales ou avec des particularités désirables. Pour des milliers d’entre eux, cela devient leur carrière principale : des soldats professionnels, des agents d’exécution du Shin Bet, des consultants à l’étranger, des mercenaires, des trafiquant d’armes.

Par conséquent la paix met en danger les carrières et les perspectives professionnelles d’un strate importante et prestigieuse de la société israélienne, une strate qui a une influence déterminante sur le gouvernement.

Le danger pour la qualité de la vie

Un accord de paix impliquerait une égale répartition de l’eau à travers tout le pays (de la mer au Jourdain) entre les Juifs et les Palestiniens, sans tenir compte des techniques de dessalement de l’eau de mer ou d’économie de l’eau. Même maintenant, les israéliens ont bien du mal à s’habituer à économiser l’eau en cas de sécheresse.

Il n’est pas difficile d’imaginer quel traumatisme provoquerait une réduction de la consommation d’eau provoquée à une distribution égale.

Les dégâts subis par le confort

Comme les 30 dernières années l’ont montré, les implantations s’épanouissent comme les contrats de l’état du confort . Ils offrent aux gens ordinaires ce qu’ils ne pourraient jamais s’offrir avec leurs revenus dans un Israël souverain à l’intérieur des frontières de 1967 : des terrains bon marché, de grandes maisons, des profits, des subsides, de grands espaces ouverts, une belle vue, un réseau routier de première qualité et une éducation de premier ordre.

Même pour les Juifs israéliens qui ne s’y sont pas installés, les implantations illuminent leur horizon comme une option pour un rehaussement de leur niveau de vie économique et social. Voilà qui est autrement plus réel de les vagues promesses d’améliorations en cas de paix, autrement dit d’une situation inconnue.

Enfin, la paix ne manquerait pas de considérablement affaiblir, et peut-être même d’enlever toute substance aux prétextes utilisés pour discriminer contre les israéliens Palestiniens, que ce soit pour la distributions des terres, la santé, l’emploi, ou les droits civiques (comme le mariage et la citoyenneté).

Des gens qui se sont habitués à profiter des privilèges apportés par un système basé sur la discrimination ethnique considèrent son abrogation comme une menace pour leur confort

*********************
et voici le texte en anglais :

*********************

Israel knows that peace just doesn’t pay

By Amira Hass

Successive Israeli governments since 1993 certainly must have known what they were doing, being in no hurry to make peace with the Palestinians. As representatives of Israeli society, these governments understood that peace would involve serious damage to national interests.

Economic damage :

The security industry is an important export branch - weapons, ammunition and refinements that are tested daily in Gaza and the West Bank. The Oslo process - negotiations that were never meant to end - allowed Israel to shake off its status as occupying power (obligated to the welfare of the occupied people) and treat the Palestinian territories as independent entities. That is, to use weapons and ammunition at a magnitude Israel could not have otherwise used on the Palestinians after 1967. Protecting the settlements requires constant development of security, surveillance and deterrence equipment such as fences, roadblocks, electronic surveillance, cameras and robots. These are security’s cutting edge in the developed world, and serve banks, companies and luxury neighborhoods next to shantytowns and ethnic enclaves where rebellions must be suppressed.

The collective Israeli creativity in security is fertilized by a state of constant friction between most Israelis and a population defined as hostile. A state of combat over a low flame, and sometimes over a high one, brings together a variety of Israeli temperaments : rambos, computer wizards, people with gifted hands, inventors. Under peace, their chances of meeting would be greatly reduced.

Damage to careers :

Maintaining the occupation and a state of non-peace employs hundreds of thousands of Israelis. Some 70,000 people work in the security industry. Each year, tens of thousands finish their army service with special skills or a desirable sideline. For thousands it becomes their main career : professional soldiers, Shin Bet operatives, foreign consultants, mercenaries, weapons dealers. Therefore peace endangers the careers and professional futures of an important and prestigious stratum of Israelis, a stratum that has a major influence on the government.

Damage to quality of life :

A peace agreement would require equal distribution of water resources throughout the country (from the river to the sea) between Jews and Palestinians, regardless of the desalination of seawater and water-saving techniques. Even now it’s hard for Israelis to get used to saving water because of the drought. It’s not difficult to guess how traumatic a slash in water consumption to equalize distribution would be.

Damage to welfare :

As the past 30 years have shown, settlements flourish as the welfare state contracts. They offer ordinary people what their salaries would not allow them in sovereign Israel, within the borders of June 4, 1967 : cheap land, large homes, benefits, subsidies, wide-open spaces, a view, a superior road network and quality education. Even for those Israeli Jews who have not moved there, the settlements illuminate their horizon as an option for a social and economic upgrade. That option is more real than the vague promises of peacetime improvements, an unknown situation.

Peace will also reduce, if not erase entirely, the security pretext for discriminating against Palestinian Israelis - in land distribution, development resources, education, health employment and civil rights (such as marriage and citizenship). People who have gotten used to privilege under a system based on ethnic discrimination see its abrogation as a threat to their welfare.