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OPINION

Les Habits Vieux de l’Empereur

Par Uri Avnery - Jeudi, 7 mai 2009 - 7h44 AM

jeudi 7 mai 2009

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Tout le monde parle des cent premiers jours de Barack Obama. Et il y a beaucoup de choses à dire. Il a fait irruption dans l’arène à la manière d’un jeune taureau. Un déluge d’idées nouvelles, dans toutes les directions, un tsunami d’initiatives concrètes, dont certaines ont déjà commencé à être mises en pratique. Il est clair qu’il y avait longtemps réfléchi et qu’il avait l’intention de les mettre en oeuvre dès le début de son mandat. Il avait constitué son équipe depuis longtemps, et ses collaborateurs avaient commencé à agir avant même son entrée triomphante à la Maison Blanche.

Pendant les premiers jours, il a nommé les ministres, que pour la plupart il avait désigné longtemps auparavant ; et il semble que ce soit un cabinet effectif, dont les membres sont à la hauteur de leur mission. Tout fonctionne selon une règle qui a été formulée il y a longtemps : ce qu’un président ne fait pas dans les 100 premiers jours de son mandat, il ne le fera pas plus tard. Au début, tout est plus facile, parce que les gens sont prêts à accepter des changements.

Un israélien ne peut pas, bien sûr, s’empêcher de comparer Obama à Netanyahu, notre vieux-nouveau premier ministre, qui ne s’est pas exactement précipité en faisant irruption dans l’arène. Plutôt en rampant. On aurait pu s’attendre qu’à cet égard, Netanyahu possède un atout maître en face d’Obama. Après tout, il a déjà été là auparavant. Il y a dix ans, il était déjà assis dans le fauteuil de Premier Ministre, et accumulait de l’expérience. Et c’est à partir de l’expérience – surtout la mauvaise expérience – qu’on peut et doit apprendre.

De plus, la victoire de Netanyahu n’a pas été une grande surprise. Le seul côté inattendu des résultats de l’élection a été que son adversaire, Tzipi Livni, a gagné légèrement plus de voix que lui, mais pas assez toutefois pour l’empêcher d’atteindre – associé à ses partenaires – la majorité. Il avait donc eu amplement le temps de préparer son arrivée au pouvoir, de consulter des experts, de perfectionner ses plans à tous égards, de choisir son équipe, de penser au choix des ministres, que ce soit dans son parti ou dans les partis alliés.

Et pourtant, incroyablement, il apparaît que rien, vraiment rien de tout cela n’a été fait. Pas de plans, pas d’assistants, pas d’équipe, pas de quoi que ce soit. Jusqu’à cette minute même, Netanyahu n’a pas réussi à rassembler son équipe personnelle, ce qui est une condition préalable essentielle pour mener une action efficace. Il n’a pas de chef d’état major (ou de chef de cabinet – NdT), ce qui est un poste de toute première importance. Dans son bureau, c’est le chaos qui règne en maître suprême. Le choix des ministres a provoqué un scandale après l’autre. Il a non seulement rassemblé une équipe ridiculement gonflée ( 39 ministres et ministres délégués, dont la plupart n’ont que des titres fictifs) mais la plupart des ministères importants sont coincés avec des personnages qui ne sont en rien convenables.

En ces temps de crise économique mondiale, il a nommé au Trésor un ministre qui n’a aucune idée de ce qu’est l’économie, en pensant apparemment que c’est lui-même qui gèrerait personnellement le budget – ce qui est complètement impossible pour un homme responsable de la totalité de l’état. Le Ministère de la Santé a eu droit à un rabbin orthodoxe comme ministre délégué. Au beau milieu d’une épidémie mondiale, nous voilà sans ministre de la Santé, et, selon la loi, c’est au premier ministre qu’il revient de remplir aussi cette fonction. Dans presque tous les autres ministères – des transports au Tourisme – il y a des nouveaux ministres qui ne connaissent rien à leur domaine de responsabilité, et qui ne font pas même semblant de s’y intéresser : ils attendent seulement une occasion de changer pour quelque chose de meilleur ou de plus élevé.

Il n’est pas nécessaire de gaspiller beaucoup de mots à propos de la nomination d’Avigdor Lieberman aux Affaires Etrangères. Ce créateur de scandales professionnel provoque chaque jour un nouveau scandale dans ce domaine qui est l’un des plus sensibles du gouvernement. Le taureau dans le magasin de porcelaine a déjà réussi à transformer tous les diplomates en petits taurillons, dont chacun court en tous sens et brisant la vaisselle dans son coin. En ce moment, ils sont en train de s’attaquer aux relations entre Israël et l’Union Européenne.

Toutes ces nominations ressemblent aux efforts désespérés d’un politicien cynique qui ne s’intéresse à rien d’autre que de revenir au pouvoir, et qui, en suite assemble à la hâte un cabinet sans se soucier de sa composition, prête à payer n’importe quel prix à n’importe quel parti qui serait prêt à le rejoindre, en sacrifiant au besoin jusqu’aux intérêts les plus vitaux de l’état.

Pour ce qui est des projets, Netanyahu se distingue encore d’Obama. Il est arrivé au pouvoir sans avoir préparé de projets. On a l’impression qu’il a passé toutes ces années d’opposition avec sa tête en hibernation. Il y a une semaine, il présentait un grandiose « plan économique » pour sauver notre économie des ravages de la crise économique mondiale. Les économistes ont haussé les sourcils. Le « plan » ne comporte pas grand’chose de plus qu’un ramassis de vieux slogans et une taxe sur les cigarettes. Ses assistants, embarrassés, ont dit en bégayant que ce n’était là qu’un « aperçu général des grandes lignes », pas encore un projet, et que maintenant ils allaient se mettre eu travail sur un projet réel.

Le public ne s’est pas réellement inquiété de l’absence de projet économique. Il croit à l’improvisation, au talent merveilleux des israéliens qui compense l’incapacité de planifier quoi que ce soit.

Mais dans le domaine politique, la situation est bien pire. Car la non préparation de Netanyahu est confrontée à la préparation méticuleuse d’Obama.

Obama a un projet de restructuration di Proche Orient, et l’un des éléments de ce projet est une paix israélo-palestinienne basée sur « deux états pour deux peuples »

Netanyahu déclare qu’il n’est pas en mesure de répondre, parce qu’il n’a pas encore élaboré son plan à lui. Après tout, il ne fait qu’arriver aux affaires. Maintenant, il travaille à ce plan. Il aura un plan très bientôt, d’ici une semaine, ou un mois, ou une année, et le présentera à Obama.

En fait, Netanyahu a bien sûr un plan. Il tient en un mot, qu’il a appris de son mentor, Yitzhak Shamir : « Non ». Ou, plus précisément : NON, NON, NON. Les trois non du Khartoum israélien : Non à la paix, Non au retrait, Non aux négociations. (on se souvient que le sommet Arabe de Khartoum de 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours, avait adopté une résolution similaire) . Le « plan » auquel il travaille ne porte pas en réalité sur l’essence de cette politique, mais seulement sur son emballage. Comment présenter à Obama quelque chose qui ne sonne comme « non », mais plutôt comme « oui, mais » ; Quelque chose que tous les domestiques du lobby israélien au Congrès et dans les média peuvent avaler sans souffrir.

Comme avant-goût de ce plan, Netanyahu a déjà présenté l’un de ses ingrédients. C’est la demande que les Palestiniens et les autres Arabes doivent reconnaître Israël comme « l’Etat du Peuple Juif. ».

La plupart des média en Israël et à l’étranger ont distordu cette demande et rapporté que Netanyahu demande la reconnaissance d’Israël en tant que « Etat Juif. » Que ce soit par ignorance ou par paresse, ils ont masqué la différence importante entre les deux formules. Cette différence est énorme. Un « Etat Juif » est une chose, un « Etat du Peuple Juif » est quelques chose de radicalement différent. Un « Etat Juif » peut signifier un état où une majorité de citoyens se définissent eux mêmes comme Juifs et/ou un état dont la langue principale est l’hébreu, dont la culture principale est juive, dont le repos hebdomadaire est le samedi, qui ne sert que de la nourriture casher à la cafétéria de la Knesset, etc.

Un « Etat du Peuple Juif » est une tout autre histoire ; Cela signifie que cet état appartient non seulement à ses citoyens, mais à une chose appelée « le peuple juif », quelque chose qui existe à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Voilà qui peut avoir des conséquences à très longue portée. Par exemple, l’abrogation de la citoyenneté des non-Juifs, comme le propose Lieberman. Où le fait de conférer la citoyenneté israélienne à tous les Juifs du monde, qu’ils le veuillent ou non. La première question qui se pose est : que signifie « le Peuple Juif » ? Le terme « peuple » (« am » en hébreu, « volk » en allemand), n’a pas de définition précise universellement acceptée. En général, on l’utilise pour signifier un groupe d’êtres humains qui vivent dans un territoire spécifique et parlent une langue spécifique. Le « Peuple Juif » n’est rien de tel. Il y a deux cents ans, il était clair que les Juifs étaient une communauté religieuse dispersée à travers le monde et unie par des croyances religieuses et par des mythes (parmi lesquels la croyance à une communauté d’ancêtres).

Les Sionistes étaient décidés à changer cette perception. « Nous sommes un peuple, un peuple », écrivait, en Allemand, Theodor Hertzl, le fondateur du Sionisme, employant le mot « Volk ». L’idée de « L’Etat du Peuple Juif » est décidément anti-sioniste. Hertzl ne rêvait pas d’une situation où un Etat Juif et une Diaspora Juive vivraient en coexistence. Selon son plan, tous les Juifs qui souhaitaient rester Juifs immigreraient dans leur état. Les Juifs qui préféreraient vivre en dehors de l’état cesseraient d’être Juifs et seraient absorbés dans leurs nations hôtes, et deviendraient finalement des Allemands, des Anglais, et des Français. La vision du « Visionnaire de l’Etat » (comme il est désigné officiellement en Israël), devait, lorsqu’elle serait mise en oeuvre, amener la disparition de la Diaspora Juive, c’est à dire du peuple Juif en dehors du « Judenstaat ».David Ben-Gourion partageait cette vision. Il a déclaré qu’un Juif qui n’immigre pas en Israël n’est pas un Sioniste et qu’il ne devrait bénéficier d’aucun droit en Israël, sinon le droit d’y immigrer. Il demandait le démantèlement de l’organisation Sioniste, qui n’était pour lui que l’« échafaudage » utilisé pour la construction de l’état. Une fois l’état établi, pensait-il très justement, l’échafaudage doit être abandonné.

La demande de Netanyahu que les Palestiniens reconnaissent Israël comme « l’Etat du Peuple Juif » est ridicule, même en tant que tactique pour empêcher la venue de la paix. Un état reconnaît un état, pas son idéologie ou son régime politique. Personne ne reconnaît l’Arabie Saoudite, la patrie du Hajj, comme « l’Etat de de la Oumma Musulmane » (la communauté des croyants).

En outre, cette demande place les Juifs à travers le monde dans une situation impossible. Si les Palestiniens sont contraints de reconnaître Israël comme l’Etat du Peuple Juif », alors tous les gouvernements du monde doivent en faire autant. Les Etats Unis, par exemple ; Cela signifie que les citoyens des Etats Unis Rahm Emmanuel et David Axelrod, les plus proches conseillers d’Obama, sont officiellement représentés par le gouvernement d’Israël. Le même problème se pose pour les Juifs de Russie, du Royaume Uni, et de France. Même si Mahmoud Abbas pouvait être persuadé d’accepter cette demande, et par conséquent de mettre en doute la citoyenneté d’un million et demi d’Arabes en Israël, je serais de ceux qui s’y opposent de toutes mes forces. En vérité, je considèrerais cela comme un acte inamical.

Le caractère de l’Etat d’Israël doit être décidé par les citoyens d’Israël ( qui ont tout un spectre d’opinions très diverses sur cette question). Il y a, en cours d’examen par les tribunaux Israéliens, une demande venant d’une douzaine de patriotes Israéliens, au nombre desquels je suis, qui demandent que l’état reconnaisse la « nation Israélienne ». Nous requérons que la cour ordonne au gouvernement de nous enregistrer, dans le Registre de la Population officiel, sous l’intitulé « nation », comme Israéliens. Le gouvernement refuse obstinément et maintient que notre nation est « Juive ». Je demande à Mahmoud Abbas, à Obama, et à quiconque d’autre qui n’est pas citoyen Israélien de ne pas interférer dans ce débat domestique.

Netanyahu sait bien sûr parfaitement que personne ne prendra sa demande au sérieux.. Il s’agit de manière parfaitement évident de seulement un autre artifice pour éviter des négociations de paix sérieuse. S’il est obligé de l’abandonner, il ne lui faudra pas longtemps pour en sortir une autre.

Pour paraphraser Groucho Marx : « Ça, c’est mon prétexte. Si vous ne l’aimez pas, bon, j’en ai plein d’autres. »

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et voici l’original :

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The emperor’s old clothes - By Uri Avnery

Date : 04 / 05 / 2009 Time : 10:42

Everybody is talking about the first 100 days of Barack Obama. And there’s a lot to talk about. Like a young bull he stormed into the arena. A deluge of new ideas in every direction, a tsunami of practical initiatives, some of which have already begun to be implemented. Clearly he had been thinking about them for a long time and intended to put them into practice from his first moment in office. He put his team together long ago, and his people started to act even before his triumphal entrance to the White House.

During the first days he appointed the ministers, most of whom he had designated long before - this seems to be an effective cabinet, whose members are up to their tasks. Everything according to a rule that was laid down long ago : What a new president does not initiate in his first 100 days, he will not accomplish later on. In the beginning everything is easier, because the public is ready for change.

An Israeli cannot, of course, resist comparing Obama to Binyamin Netanyahu, our old-new prime minister, who did not exactly storm into the arena. He crawled into it. One could have expected that Netanyahu would trump even Obama in this respect. After all, he has already been there. Ten years ago he was sitting in the Prime Minister’s chair, gathering experience. And from experience – especially bad experience – one can and should learn.

Moreover, Netanyahu’s victory was no great surprise. The only unexpected part of the election results was that his opponent, Tzipi Livni, won slightly more votes than he, but not enough to prevent him from attaining - together with his partners - a majority. He had, therefore, a lot of time to prepare for his ascent to power, consult experts, perfect plans in every field, choose his team, think about the appointment of ministers from his own and allied parties.

Yet, incredibly, it appears that nothing, really nothing, of all this happened. No plans, no assistants, no team, no nothing. To this very minute, Netanyahu has not succeeded in putting together his personal team – a fundamental precondition for any effective action. He does not have a chief of staff, a most important position. In his office, chaos reigns supreme. The choice of ministers threw up one scandal after another. Not only did he put together a hideously bloated cabinet (39 ministers and deputy ministers, most of them flaunting fictitious titles) but almost all the important ministries are stuck with totally unsuited persons.

At a time of world-wide economic crisis he appointed to the Treasury a minister who has no idea about economics, apparently thinking that he himself would manage the treasury – quite impossible for a man who is responsible for the state as a whole. The Ministry of Health got an orthodox rabbi as deputy minister. In the middle of a world-wide epidemic, we have no minister of health, and according to law the prime minister has to exercise this function, too. In almost all the other ministries – from Transportation to Tourism – there are incumbents who know nothing about their fields of responsibility and don’t even pretend to be interested in them – they are just waiting for an opportunity to move on to higher and better things.

No need to waste many words on the appointment of Avigdor Lieberman to the Foreign Ministry. This professional scandalmonger provokes a daily scandal in this most sensitive area of government. The bull in the china shop has already succeeded into turning all the diplomats into small bullocks, each of which is running about and smashing the dishes in his vicinity. At the moment, they are busy messing up Israel’s relations with the EU. All these appointments look like the desperate efforts of a cynical politician who does not care about anything other than returning to power, and then quickly putting together a cabinet, whatever its composition, paying any price to any party prepared to join him, sacrificing even the most vital interests of the state.

As far as plans are concerned, Netanyahu does not resemble Obama either. He has come to power without any plans in any field. One gets the impression that he has spent his years in opposition with his head in hibernation. A week ago he presented a grandiose “economic plan” for saving our economy from the ravages of the world economic crisis. Economists raised their eyebrows. The “plan” consists of little more than a collection of tired old slogans and a tax on cigarettes. His embarrassed assistants stuttered that it was only a “general outline,” not yet a plan, and that now they would start working on a real plan. The public did not really worry about the lack of an economic plan. They have faith in improvisation, the wondrous Israeli talent that makes up for the inability to plan anything. But in the political field, the situation is even worse. Because there the unpreparedness of Netanyahu meets the overpreparedness of Obama.

Obama has a plan for the restructuring of the Middle East, and one of its elements is an Israeli-Palestinian peace based on “Two States for Two Peoples.” Netanyahu argues that he is not in a position to respond, because he has no plan of his own yet. After all, he is quite new in office. Now he is working on such a plan. Very soon, in a week, or a month, or a year, he will have a plan, a real plan, and he will present it to Obama. Of course, Netanyahu has a plan. It consists of one word, which he learned from his mentor, Yitzhak Shamir : “No.” Or, more precisely, NO NO NO - the three no’s of the Israeli Khartoum : No peace, No withdrawal, No negotiations. (It will be remembered that the 1967 Arab summit conference in Khartoum, right after the Six Day War, adopted a similar resolution.) The “plan” which he is working on does not really concern the essence of this policy, but only the packaging. How to present to Obama something that will not sound like “no,” but rather like “yes, but.” Something that all the serfs of the Israeli lobby in Congress and the media can swallow painlessly.

As a taster for the “plan,” Netanyahu has already presented one of its ingredients : The demand that the Palestinians and other Arabs must recognize Israel as “the State of the Jewish People.” Most of the media in Israel and abroad have distorted this demand and reported that Netanyahu requires the recognition of Israel as a “Jewish State.” Either from ignorance or laziness, they obliterated the important difference between the two formulas. This difference is immense. A “Jewish State” is one thing, a “State of the Jewish People” is something radically different. A “Jewish State” can mean a state with a majority of citizens who define themselves as Jews and/or a state whose main language is Hebrew, whose main culture is Jewish, whose weekly rest day is Saturday, which serves only Kosher food in the Knesset cafeteria, etc.

A “State of the Jewish People” is a completely different story. It means that the state belongs not only to its citizens, but to something that is called “the Jewish People” – something that exists both inside and outside of the country. That can have wide-ranging implications. For instance : The abrogation of the citizenship of non-Jews, as proposed by Lieberman. Or the conferring of Israeli citizenship on all the Jews in the world, whether they want it or not. The first question that arises is : What does “the Jewish People” mean ? The term “people” - “am” in Hebrew, Volk in German – has no accepted precise definition. Generally it is taken to mean a group of human beings who live in a specific territory and speak a specific language. The “Jewish People” is not like that. Two hundred years ago it was clear that the Jews were a religious community dispersed throughout the world and united by religious beliefs and myths (including the belief in a common ancestry).

The Zionists were determined to change this self-perception. “We are a people, one people,” Theodor Herzl, the founder of Zionism, wrote in German, using the word Volk. The idea of “the State of the Jewish People” is decidedly anti-Zionist. Herzl did not dream of a situation in which a Jewish State and a Jewish Diaspora would coexist. According to his plan, all the Jews who wish to remain Jews would immigrate to their state. The Jews who prefer to live outside the state would stop being Jews and be absorbed into their host nations, finally becoming real Germans, Britons and Frenchmen. The vision of the “Visionary of the State” (as he is officially designated in Israel) was supposed, when put into practice, to bring about the disappearance of the Jewish Diaspora – the Jewish people outside the “Judenstaat.” David Ben-Gurion was a partner to this vision. He stated that a Jew who does not immigrate to Israel is not a Zionist and should not enjoy any rights in Israel, except the right to immigrate there. He demanded the dismantling of the Zionist organization, seeing in it only the “scaffolding” for building the state. Once the state has been set up, he thought quite rightly, the scaffolding should be discarded.

Netanyahu’s demand that the Palestinians recognize Israel as “the State of the Jewish People” is ridiculous, even as a tactic for preventing peace. A state recognizes a state, not its ideology or political regime. Nobody recognizes Saudi Arabia, the homeland of the Hajj, as “the State of the Muslim Umma” (the community of believers.) Moreover, the demand puts the Jews all over the world in an impossible position. If the Palestinians have to recognize Israel as “the State of the Jewish People,” then all the governments in the world must do the same. The United States, for example. That means that the Jewish US citizens Rahm Emmanuel and David Axelrod, Obama’s closest advisors, are officially represented by the government of Israel. The same goes for the Jews in Russia, the UK and France. Even if Mahmoud Abbas were persuaded to accept this demand – and thereby indirectly put in doubt the citizenship of a million and a half Arabs in Israel – I would oppose this strenuously. More than that, I would consider it an unfriendly act.

The character of the State of Israel must be decided by the citizens of Israel (who hold a wide range of opinions about this matter). Pending before the Israeli courts is an application by dozens of Israeli patriots, including myself, who demand that the state recognize the “Israeli nation.” We request the court to instruct the government to register us in the official Population Registration, under the heading “nation,” as Israelis. The government refuses adamantly and insists that our nation is Jewish. I ask Mahmoud Abbas, Obama and everyone else who is not an Israeli citizen not to interfere in this domestic debate.

Netanyahu knows, of course, that nobody will take his demand seriously. It is quite obviously just another device to avoid serious peace negotiations. If he is compelled to drop it, it will not be long before he comes up with another. To paraphrase Groucho Marx : “This is my pretext. If you don’t like it, well, I have a lot of others.”