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Chronique palestinienne (texte en anglais en 2è partie de l’article)

Le Droit à « Aucun Droit » à Gaza

par Natalie Abou Shakra - Mercredi, 4 mars 2009 - 7h02AM

mercredi 4 mars 2009

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« Pouvons-nous supporter encore plus de massacres ? Répondez-moi ! Le pouvons-nous ? » demandait Fadi, un étudiant de 18 ans à l’Université de Palestine à Gaza. L’amphi était plein d’étudiants venus assister à un séminaire intitulé « Encore en vie », organisé par les comités d’étudiants. Beaucoup d’étudiants ont pris la parole à tour de rôle et ont raconté ce qu’ils ont vécu, chacun à sa façon subjective, parlant de ce qui s’est passé depuis le tout premier jour, comparant leurs confrontations avec les massacres d’être humains, la peur du déplacement, les bombardements, la destruction et le chaos incompréhensible.

Mazen, l’un des intervenants, a exprimé le dégoût que inspirent les méthodes des forces d’occupation sionistes dans la zone Azbet Abed Rabbo. Les soldats emprisonnaient toutes les familles d’un des familles d’un ou plusieurs appartement dans une seule pièce. Ils demandaient alors à l’un des pères de famille de choisir parmi ses fils un garçon, afin qu’il soit abattu, étant entendu que s’il s’y refusait, ils allaient massacrer toute la famille en n’épargnant qu’un fils. « Comment pouvons nous exprimer la douleur, la souffrance, les morts et les blessures que nous avons vécu ? »

Des diapositives reprenaient les « voeux de nouvel an » répétés, « Happy New Year ? No ! Happy New Fear ! », au milieu des photos et des courts documentaires préparés par les étudiants à partir de ce qu’ils avaient pu recueillir, au cours des attaques, de documents audios, photos, vidéos, et de déclarations des une et des autres.

Malgré le manque de ressources, malgré le choc psychologique et le profond traumatisme, malgré la colère, les frustrations et le désespoir, ils ont réussi à construire des présentations solides, convaincantes, et émouvantes, qui ont touché le coeur du reste des participants.

Maha, une étudiante qui a obtenu ses diplômes et qui était heureuses d’avoir trouvé un emploi avant le 27 décembre 2008, qu’elle a maintenant perdu, s’est écriée : « Je suis en colère, c’est cela mon nouveau travail ! ». Elle était mal à l’aise en évoquant le meurtre de sa camarade, en chemin pour aller passer un examen le premier jour des frappes.

Certains ont montré des photos de ce qu’étaient devenues leurs maisons lorsqu’ils ont allaient été les voir au cours des périodes de « cessez-le-feu ». « Nous avons beaucoup de fenêtres maintenant ! »plaisante une jeune femme en montrant des images de sa chambre éventrée, tout comme sa cuisine et son salon, les murs percés des trous des roquettes des Apaches.

« Cela me met en colère d’entendre les média employer le mot ’guerre’. C’était un génocide ! Pendant une guerre au moins, il y a une sorte d’équilibre militaire, mais ici il n’y avait rien de tel ! » crie un jeune homme. Un étudiant qui a accompagné les ambulances déclare qu’il a vu des gens qui avaient brûlé pendant qu’ils faisaient leurs prières, avec le tapis qui était attaché à leur front. « parfois, je ne pouvais pas d’ire s’il s’agissait du corps d’un homme ou d’une femme... les corps étaient complètement carbonisés. »

Les diapos montrant des images des bombardement au phosphore blanc, qui transformaient les nuits sans sommeil de Gaza en jours terribles étaient intitulées « Bonne année 2009 : Célébrations Internationalement Prohibées » ; Malgré la peine et la colère, il y avait un sens de l’humour et du sarcasme pour aborder la réalité tragique, la ténacité contre toutes les déceptions et toutes les cruautés.

Alors, dans de telles circonstances, comment être encore un étudiant ? Peut-on lire un livre, peut-on préparer des examens lorsque votre maison vient d’être aplatie, votre famille massacrée, votre existence profondément bouleversée ? Les Universités et les écoles, à Gaza, ont repris les cours quelques jours seulement après que les bombardement intensifs ont commencé à baisser d’intensité, le 18 janvier 2009. Les étudiants du territoire, dans les écoles comme dans les universités, étaient en pleine session d’examens lorsque les bombardements ont commencé ; Certains étaient en route pour la salle d’examen, et d’autres rentraient de l’école où les épreuves avaient eu lieu.

Avant les 22 jours de l’attaque, il y avait eu un siège de 3 ans ; un emprisonnement collectif et une punition collective imposés à la population. Avec à peine la lieur d’une bougie, les étudiants avaient passé leurs nuits au travail, et certains avaient choisi leurs sessions d’examens en fonction des périodes où ils pouvaient espérer de l’électricité dans leur secteur. Avec la crise du pétrole, beaucoup n’ont plus été en mesure de suivre leurs cours à l’école ou à l’université.

« Je n’ai pas pu faire passer d’examen à mes étudiants. Comment aurais-je pu affronter leur chagrin en face d’un examen ? Je ne suis pas même en mesure de rédiger un sujet d’examen avec ma propre peine personnelle... » reconnaît un professeur. Les étudiants qui veulent poursuivre des études supérieures à l’étranger doivent effacer ce souhait de la liste de leurs rêves. Encore un droit humain essentiel violé, dans le domaine de la production de droits de l’homme en perpétuelle violation. Chacun des droits qui relève de la production culturelle est bafoué devant nos yeux.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le Droit Humanitaire International, et nombre d’autres conventions semblables, de traités, de listes, de déclarations, ont certes une jolie tournure, mais semblent bien être réservés à un usage partout sauf à Gaza, partout sauf en Palestine. Les palestiniens sont dépouillés du droit d’avoir des droits

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et voici le texte en anglais :

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16:41 03/02/2009

The Right to No Right in Gaza

"Can we take more massacres ? Answer me ! Can we ?" demanded Fadi, an 18 year old student at Palestine University in Gaza. The hall was packed with students in a two-hour seminar entitled "Still Alive" organized by student committees. Many pupils consecutively took the stage and narrated the events in their own subjective way, speaking about their realities from day one, aligning their confrontations with the human slaughtering, displacement, apprehension, shelling, destruction and incomprehensible chaos.

Mazen, one of the speakers, expressed his disgust at the Israeli Occupation Forces’ doings at the Azbet Abed Rabbu area, where the soldiers would imprison families of a single neighbourhood in one house. They would then ask one of the fathers to choose a boy amongst his sons for them to shoot, and if he doesn’t, they would slaughter the whole family keeping only the boy alive. “How can we express this hurt, this pain, the deaths and wounds that we have lived ?”
Slides from a projector repeated statements of “Happy New Year ? No ! Happy New Fear !” amongst photographs and amateur brief documentaries that the students prepared from what they collected during the attacks of photos, videos, audios, and statements. Despite the lack of resources, despite the psychological aftermath of the perpetual traumas, anger, shocks, frustrations and despair, they managed to build sturdy, influential and moving presentations to the rest of the audience.

Maha, a graduate, who was happy to have found employment before December 27th, 2009, after losing it now, exclaimed : “I am angry - that’s my new job !” She grew uneasy as she mentioned the killing of her colleague on the way to undertake an examination session on the first day of the strikes. Some revealed photos of what their homes looked like after they visited them during the supposed ‘ceasefire’ periods. “We have many windows now !” joked a young lady as she unveiled images of her bombed bedroom, kitchen and living room, leaving them pierced with holes from Apache rockets.

“I am angry when the media uses the term ‘war.’ This was genocide ! At least you would have a military balance during ‘war’, but there was none !” a young man cried. A student who had accompanied the ambulances said he had seen people burnt as they prayed, with the carpet remains still on their foreheads. “At times, I couldn’t tell if the person’s body was a man or a woman’s… they were thoroughly burnt.” The slides showing images of the white phosphorous turning the sleepless nights of Gaza into fearsome days were entitled “Happy New 2009 : Internationally Prohibited Celebrations.” Despite the grief and frustration, there was a sense of humour and sarcasm that dealt with the tragic reality, resilience in the face of all disappointments and cruelties.

How could one be a student under such circumstances ? Can you read a book, or undertake examinations when your house has just been leveled down, your family slaughtered, your existence utterly shaken and disturbed ? Universities and schools in Gaza resumed classes a few days after the extensive bombing and shelling declined on January 18th, 2009. The students in the strip, whether at school or university, were completing final term tests when the shelling began. Some were on their way to the exams, and little ones were heading back from schools after their tests were taken.

Before the 22 day attack, there was a three year siege ; a collective imprisonment and punishment imposed on the population. On mere candlelight, students were spending their nights and some scheduled their study sessions according to periods where electricity was on in their areas. With the petrol crisis in the strip, many could not make it to school and university.

“I couldn’t give my students exams. How could I face their grief with an examination ? I cannot even write an examination paper with my own grief…” a professor admits. Students who want to pursue graduate degrees abroad erase this wish off their dream list. Another right offended in the era of human rights production and perpetual violation.

Every right produced in the culture of human rights is infringed upon in front of our eyes. The Universal Declaration of Human Rights, International Humanitarian Law, and other similar conventions, treaties, lists, and statements sound “pretty”, but seem to be implemented elsewhere, but not in Gaza, not in Palestine. Palestinians are stripped off the right to have rights