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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Mercredi, 22 octobre 2008

mercredi 22 octobre 2008

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001

Abbas ordonne de planter 7 millions d’oliviers en réponse aux attaques des colons

Mécontent des attaques des colons contre les Palestiniens au cours de la récolte d’olives de cette année, le président de l’AP Mahmoud Abbas a ordonné, lundi 20/10/08, que soient plantés 7 millions de nouveaux oliviers, un pour chaque homme, femme et enfant de Cisjordanie et de Gaza.

« L’établissement sioniste, et tout particulièrement les colons, et d’ailleurs il n’y a pas de différence puisqu’en fait les « israéliens » sont des colons, a lancé une campagne organisée contre les fermiers et les paysans, dont la principale source de revenus est constituée par les oliviers. Cela est intolérable et c’est pourquoi j’ai demandé à tous les ministères et à la police d’envoyer de jeunes volontaires pour aider ces fermiers, » a déclaré le président au cours d’un rencontre informelle avec une quinzaine de journalistes Palestiniens et d’autres responsables Palestiniens de haut niveau dans la ville de Ramallah.

Nous devons planter 50 oliviers chaque fois que les colons en déracinent un. Nous sommes les propriétaires de cette terre, et nous ne la quitterons jamais, et c’est ce qu’ils feraient bien de réaliser une fois pour toutes, » a-t-il ajouté..

« Cela [ les attaques ] est devenu intolérable et j’ai eu plusieurs contacts avec des internationaux et des sionistes pour que les attaques cessent. Ce qu’ils font contre nous est une provocation et nous devons encourager nos étudiants d’Université à organiser des volontariats pour la cueillette des olives, » a déclaré Abbas.

......
Négociations

L’essentiel de la réunion a porté sur la politique. Le président a expliqué que les négociations avaient commencé avant commencé avant la réunion d’Annapolis aux Etats Unis en 2007 [ pas vraiment une surprise, mais quel aveu ! - NdT ] et continueraient jusqu’à la fin du mandat d’Olmert. « Je dois le rencontrer le 27 octobre, malgré sa démission. », a déclaré Abbas.

Il a ajouté « Nous n’accepterons pas de solutions partielles ou intérimaires. Ou bien nous parvenons à un compromis sur tous les points, ou bien il n’y aura pas d’accord. Nous avons refusé ce que les Européens désignent par « initiative Ahmad Yousif », qui suggère un état Palestinien avec des frontières provisoires sur moins de 60% de la Cisjordanie, puis une trêve de 15 ans, et le report de l’examen des problèmes de Jérusalem et des réfugiés. »

Le président a également parlé de ses exigences dans le cadre du dialogue de réconciliation inter-Palestinien. Il a déclaré « Il devrait y avoir une participation des pays Arabes dans la restructuration des services de sécurité et la formation d’un gouvernement de coalition. Cependant, nous devons nous assurer que nous de serons pas une nouvelle fois assiégés et que nous adhérons aux accords signés par l’OLP. Le gouvernement de coalition doit gouverner le pays pendant plusieurs mois ? années ? - coupure dans le texte et préparer des élections présidentielles et légisalatives. Quoi qu’il en soit, je suis prêt à des élections à tout moment, aujourd’hui, demain, et même hier.

[ commentaires : Haha, comme c’est drôle. Sur l’essentiel, c’est-à-dire le départ d’Abbas et la formation d’un gouvernement véritablement Palestinien, rien de bien rassurant. Les détails lui importent finalement peu, l’essentiel est que le nouveau gouvernement « adhère aux accords signés par l’OLP », c’est-à-dire Oslo. Le Hamas sait très bien que s’il accepte cela, qui constitue une reconnaissance de la légitimité de l’établissement sioniste, il perd l’essentiel de sa raison d’être.

Ainsi, après avoir martelé des discours virils sur l’air de « pas un pouce des Territoires Occupés, la Ligne Vert, toute le Ligne Verte, y compris Jérusalem, les résolutions de l’ONU, le retour des réfugiés », on finit par avouer : son but, c’est de parvenir « à un compromis sur tous les points ». Je suis bien d’accord que si c’était pour refuser tout compromis, il n’était pas utile d’aller à Annapolis.

Et donc, en clair et en bon français, Abbas est en train de se mettre d’accord avec les dirigeants ennemis sur le niveaux de concessions qu’il va accepter. La guerre n’est pas terminée en Palestine. On est sans doute assez très près d’une paix, boiteuse, mais possible, Mais ce qui se prépare...

Ramallah – Ma’an – 20 / 10 / 2008 - 16:59

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32667

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002

Une centaine de colons attaquent des fermiers et des militants internationaux et détruisent leurs véhicules au cours de la récolte des olives

Plus de cent colons sionistes ont attaqué et brutalisé des fermiers Palestiniens et des volontaires étrangers qui cueillaient les olives à Jabal Obada, à la périphérie de la ville de Kafr Qaddoum, au nord est de Qalqilyia, lundi 20/10/08.

Les colons ont blessé plusieurs travailleurs et endommagé des véhicules, afin d’empêcher le groupe de faire la cueillette. Le groupe a été chassé de la zone pat une foule déchaînée. Plusieurs volontaires britanniques ont été également blessés.

Le chef du conseil municipal de la ville, Muhammad Shteiwi , a déclaré que des membres de sa propre famille avaient été roués de coups par les colons, qui ont bloqué l’accès à l’oliveraie et empêché les familles et les volontaires d’entre dans cette zone.

Shteiwi a lancé un appel aux organisations humanitaires afin qu’elles interviennent pour protéger la ville des fréquentes attaques des colons.

Le village est la cible de fréquentes attaques de la part des colons de l’implantation de « Qedoumim », qui s’est des terres confisquées par la force à des propriétaires de Kafr Qaddum.

Qalqiliya – Ma’an – 20 / 10 / 2008 - 10:58

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32660

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003

La Marine sioniste attaque actuellement Al Mina, sur littoral de Rafah

20 Octobre – 20h – Les forces navales ennemies attaquent actuellement des pêcheurs palestiniens à Al-Mina, Rafah.

La marine sioniste tire actuellement sur la plage et sur les pêcheurs, endommageant leurs filets et les forçant à battre en retraite sur la terre. Les navires sionistes tirent à balles réelles sur des pêcheurs qui se trouvent sur la plage.

Depuis Octobre 2006, la marine sioniste a imposé une limite de pêche à 6 milles nautiques, malgré les 20 milles nautiques fixés par les accords d’Oslo. Toutefois, la marine sioniste attaque régulièrement les bateaux de pêche même lorsqu’ils ne se trouvent qu’à 3 milles des côtés.

Toutefois, les attaques sionistes de ce soir contre les pêcheurs de Gaza ont lieu sur la côte de Rafah, ce qui constitue une violation grave du cessez-le-feu actuellement en vigueur.

[ commentaires : ils sont là, avec leurs forces, leur technologie, leur armement dernier cri, leurs soutiens internationaux, leurs lobbies avoués et inavoués mais que chacun connait, et en face, quelques pauvres bougres qui essaient de gagner de quoi faire manger leurs enfants. Et la Communauté Internationale, tout ce qu’elle trouve à faire,....! ]

ISM - Gaza - 20-10-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=10178&type=temoignage

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004

Le village de Shufa plongé dans le noir depuis 6 jours

Le village de Shufa près de Tulkarem s’est retrouvé sans électricité pendant six jours de suite après que les groupes électrogènes de la municipalité, qui sont la seule source d’électricité pour le village, aient grillé.

Depuis 2001, Shufa n’a pas été autorisé par les sionistes à être relié au principal réseau électrique, malgré le fait que tous les pylônes et les lignes sont installés. « Nous avons essayé à de nombreuses reprises de recevoir l’électricité de la municipalité de Tulkarem ou de la zones sioniste, mais l’occupation ne l’autorise pas » dit un résident de la localité.

Jusqu’à il y a six jours, le village était alimenté en électricité par des générateurs appartenant à la municipalité pendant six heures par jour - de 18h à minuit ; ou moins si le prix du diesel est élevé. Toutefois, le coût de l’électricité produite était très prohibitif, cinq shekels par kilowatt. Dans la ville de Tulkarem, les résidents paient moins d’un shekel le kilowatt.

Cela a contraint les habitants à utiliser le moins possible d’électricité, avec des factures mensuelles d’électricité régulièrement supérieure à 500 shekels rien que pour faire fonctionner les lumières et les réfrigérateurs pendant six heures par jour.

Un habitant de Tulkarem compare : « J’ai l’air conditionné en été, le chauffage l’hiver, une machine à laver, tout fonctionne 24 heures par jour. Et ma facture ne n’élève qu’à 250 shekels par mois".

Maintenant, les habitants n’ont plus du tout d’électricité. "Je suis désolé je ne peux vous offrir que de l’eau froide", s’excuse un habitant, Ahmad, "il n’y a pas d’électricité, donc le réfrigérateur ne fonctionne pas. Hier, ma mère a dû jeter tous les aliments. Tous les poulets et la viande qui se trouvaient dans le congélateur : tout était fichu".

On ne sait pas quand il y aura de nouveau de l’électricité, puisque la municipalité de Shufa n’a pas les moyens de faire réparer les groupes électrogènes. On estime qu’il faudrait 20.000 Shekels rien que pour transporter les générateurs chez le réparateur. « J’ai interrogé le chef du conseil local et il m’a dit qu’il ne savait vraiment pas », a indiqué Ahmad.

Alors que la mosquée du village, et quelques-uns des habitants les plus riches ont des générateurs privés, le reste du village s’est retrouvé dans le noir la nuit. « Si vous venez pendant la nuit, c’est un endroit tranquille, comme un cimetière. »

Bien que, légalement, le régime sioniste ne devrait pas avoir le droit de refuser l’électricité à Shufa, dans la pratique, les lignes électriques doivent nécessairement passer par la zone C - les zones de la Cisjordanie qui, depuis l’accord d’Oslo de 1994, sont sous le contrôle total du gouvernement sioniste.

Ce refus pose donc la question de savoir pourquoi les autorités sionistes font cela. La réponse pourrait se trouver dans la localisation stratégique du village, dont le nom « Shufa » fait référence au fait que le village occupe une importante position puisqu’il domine les secteurs environnants. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’une stratégie visant à obliger les Palestiniens à quitter le village.

Si tel est le cas, c’est une stratégie qui fonctionne. Au cours des cinq dernières années, on estime que plus de 30 familles sur les 150 familles vivant dans le village sont parties, à la recherche d’une vie meilleure ailleurs.

Avant cela, de nombreux villageois s’étaient aussi déplacés de Shufa à Izbit Shufa - la partie basse du village, séparée par une route d’un 1 km bloquée à quatre endroits par des monticules de terre - en raison de la facilité de la vie avec l’électricité et des solutions de transport viables, qui sont refusées à Shufa.

Alors que le siège qui a plongé Gaza dans les ténèbres fait les gros titres dans le monde entier, Shufa souffre en silence. Bien que les autorités sionistes fassent actuellement miroiter la promesse de relier Shufa au réseau électrique en Décembre ou Janvier, les villageois n’ont pas beaucoup d’espoir.

« Ils disent cela tout le temps », explique Ahmad. « Toujours, ils disent, peut-être dans un mois, deux mois, trois mois, vous aurez l’électricité. Il ne se passe jamais rien ». Jusqu’à ce que cela arrive, les habitants de Shufa pourraient bien continuer à passer leurs soirées aux chandelles.

ISM - Tulkarem – 19-10-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=10170&type=temoignage≤sujet=Nettoyage%20ethnique

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005

Lancement de la campagne de récolte des olives dans la région sud : “Nous n’abandonnerons jamais”

Malgré la fermeture de la route goudronnée par 2 jeeps, 50 Palestiniens, internationaux et israéliens se sont rassemblés vendredi matin 17 octobre sur les terres des villages d’Umm Salamuna et d’Al Masara, à l’appel de Stop the Wall.

Après une longue marche à travers les collines en raison du blocage de la route, et sans matériel, puisque le camion qui transportait les échelles et les bâches n avait pu passer, le groupe est arrivé sur le site du mur d’apartheid, qui, à cet endroit, prend la forme d’une longue et haute grille.

20 soldats nous attendaient, en ligne au sommet de la colline où se trouvaient les oliviers que voulaient atteindre les villageois, et dont ils n’ont pu s’occuper depuis des mois. 2 jeeps se sont approchées du le groupe, les soldats sionistes observant attentivement cette troupe d’étranges travailleurs dont les seuls outils étaient des caméras.

Ils ont vite évalué que les Palestiniens n’étaient pas seuls et en deux minutes de discussions, ils nous ont laisses passer.

Le ramassage a pu commencer dans la bonne humeur, les Palestiniens heureux d’être sur leurs terres, et leurs amis heureux d’être avec eux.

Belles discussions avec les fermiers, avec les militants grecs et les Espagnols qui avaient amené un grand drapeau demandant la libération des prisonniers cubains dans les prisons US et des prisonniers palestiniens dans celles de l’Etat sioniste.

Nous deux, militants français, commençons à discuter avec une ramasseuse d’olives qui s’avérait faire partie des Rabbins pour la Paix, selon son badge.

« Tous les problèmes viennent des activistes internationaux avec leurs caméras ! C’est à cause d’eux que les soldats sont énervés »… “D’ailleurs, si la communauté internationale laissait les sionistes et les Palestiniens régler leurs problèmes entre eux sans interférer, ca serait bien plus facile d’arriver à la paix”…

Voila, chers militants pro-palestiniens internationaux, que les choses soient claires : vous n’êtes que des fouteurs de merde et c’est de votre faute s’il n’y a pas de paix au Proche Orient.

Un autre Rabbin pour la Paix, en pamoison, les yeux à demi-fermés :

« Ah, je peux sentir et comprendre l’émotion des colons, qui veulent vivre sur une si belle terre ! »…. Ben oui coco, c’est une très belle terre, mais ce n’est pas la tienne.

Le Chef du Comité des Villages du Sud de Palestine est monté sur un rocher et nous a fait un très beau et très émouvant discours

A 4 heures, nous avions terminé la récolte sur la parcelle et les fermiers ont pu repartir avec des dizaines de lourds sacs pleins des précieuses olives

ISM et Mireille - Bethléem - 19-10-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=10174&type=temoignage≤sujet=Cueillette%20des%20olives

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006

Palestine : Ticket pour l’Apartheid

Aaron Lakoff est membre de Tadamon ! et un journaliste indépendant de Montréal qui a récemment travaillé comme volontaire pendant six semaines à l’International Middle East Media Center (IMEMC) à Bethléem, en Palestine.

Mohammed Mansour est un habitant de Biddu, un village près de Ramallah en Cisjordanie, Palestine. Ancien responsable local de l’International Solidarity Movement (ISM), il travaille maintenant comme chauffeur de taxi collectif pour faire vivre sa famille. Comme il gagne sa vie sur les routes de Cisjordanie, Mansour n’est que trop familier avec le réseau complexe de routes pour colons, que le régime sioniste a séparé unilatéralement en routes pour Palestiniens seulement et d’autres pour sionistes seulement.

Nous sommes allés avec Mohammed chez lui à Biddu après qu’il nous ait emmenés faire une longue visite des routes d’Apartheid qui encerclent le village. Mansour nous a parlé de la route 443, une nouvelle route de colons qui affecte gravement la circulation des Palestiniens dans la région, et de son opinion sur le processus de paix.

Aaron Lakoff : S’il vous plaît, commencez par vous présenter et parlez-nous de votre travail en Palestine.

Mohammed Mansour : Je suis né à Biddu en Palestine, j’ai travaillé dans la construction, puis j’ai été bénévole à l’ISM (International Solidarity Movement) pendant quatre ans, et maintenant je travaille comme chauffeur de taxi collectif pour faire vivre ma famille.

Aaron Lakoff : Dans votre travail comme chauffeur de taxi collectif, vous passez beaucoup de temps sur la route. Les routes de colons, ou routes d’Apartheid, sont un très gros problème en Palestine. Pouvez-vous nous parler des routes de colons autour de Biddu et de l’impact qu’elles ont sur le village ?

Mohammed Mansour : Elles font beaucoup souffrir les Palestiniens. Avant que le gouvernement israélien construise ces colonies autour des villages, et pas seulement à Biddu, mais dans l’ensemble de la Palestine, il a pris les principales routes des Palestiniens et a construit d’autres routes pour les Palestiniens mais dont le trajet est beaucoup plus longs.

Nous y avons été ensemble, et vous l’avez vu de vos propres yeux, nous avons été bloqués sur un checkpoint pendant quinze minutes, mais parfois nous sommes parfois pendant trois heures. Imaginez quand c’est l’hiver ou des journées chaudes comme aujourd’hui, et imaginez quand il y a des enfants ou des personnes âgées coincées dans la voiture – imaginez à quel point elles souffrent.

Les sionistes disent que c’est pour la sécurité des colons, mais ce n’est pas vrai. Ces routes sont construites pour voler nos terres et pour construire de nouvelles colonies sionistes. Ils veulent débarrasser ce territoire des Palestiniens.

Aaron Lakoff : Pouvez-vous parler de la façon dont les routes pour colons servent à contrôler la circulation en Cisjordanie et comment elles fonctionnent pour contrôler la circulation des Palestiniens ?

Mohammed Mansour : Par exemple, dans cette région au nord de Jérusalem, avec neuf villages, y compris Biddu. Vous avez vu l’énorme porte en arrivant, les sionistes ont construit cette porte avec une nouvelle route, toutefois si les sionistes veulent eut la fermer complètement, ils le peuvent et nous ne pouvons pas nous déplacer. Une porte gardée par l’armée pour plus de 60 000 Palestiniens.

Aaron Lakoff : Quand est-ce que la porte et cette route ont été terminées ?

Mohammed Mansour : Il y a juste un mois. C’est une nouvelle porte de l’armée.

Aaron Lakoff : Avant que le régime sioniste construise la porte de l’armée pour contrôler la circulation palestinienne, il y avait plus de possibilités pour les Palestiniens des villages d’entrer dans Ramallah, aussi d’autres façons pour les gens des villages voisins de rendre visite aux autres. Pouvez-vous parler de la façon dont les choses ont changé ? "

Mohammed Mansour : Avant que les colonies de Giv’at Hadash et de Giv’at Ze’ev soient construites illégalement, vous pouviez aller de ma maison (à Biddu) à Ramallah en cinq minutes. Maintenant, nous ne pouvons plus faire cela à cause de ces colonies et la principale route que nous utilisions avant (reliant Ramallah et Biddu) est désormais utilisée par les colons sionistes.

Aaron Lakoff : Est-ce que l’armée sioniste a déjà fermé la porte pour entrer dans Biddu ?

Mohammed Mansour : Oui, parfois, sans aucune raison. L’occupation n’a pas besoin de raison de fermer la porte. Juste pour nous punir.

Aaron Lakoff : A quoi ressemble les routes de colons ? Quelles sont les différences entre les routes palestiniennes et les routes des colons ?

Mohammed Mansour : Maintenant, souvenez-vous quand on circulait, je vous ai dit que si ma voiture avait des problèmes, je bloquerais la route. Maintenant, l’occupation ne nous autorise qu’à utiliser une seule voie.

La route qui était la nôtre et qui est maintenant une route sioniste, fait plus de vingt mètres de large et chaque route a au moins trois voies.
Les sionistes ont des routes éclairées alors que nous n’avons pas de lumières.

Les routes sionistes sont au-dessus, afin qu’ils puissent sentir et respirer l’air, et les nôtres sont en dessous (la route palestinien passe par un tunnel souterrain au-dessous de la route des colons). Ce sont des différences très nettes entre nos routes et les routes sionistes.

Les routes que le régime sioniste a construites sont construites sur notre terre. Le régime sioniste vole notre terre et construit des routes pour colons seulement sur nos terres historiques.

Il est clair que les sionistes ont pris nos meilleures terres en Palestine et y a construit de très grandes colonies où ils vivent une vie très luxueuses. Les colons ont accès aux bonnes routes et à toutes les routes principales et ils peuvent voyager où ils veulent et vivre leur vie comme si les Palestiniens n’existaient pas.

Toutes ces personnes qui vivent dans les colonies, sont des gens qui viennent de l’extérieur du pays : ce sont des gens d’Europe et des États-Unis qui deviennent sionistes. Comment ces personnes religieuses peuvent-elles venir en Palestine, occuper notre terre et prétendre que les Palestiniens et la Palestine n’existent pas ?

Nous sommes tous des êtres humains, nous devons vivre ensemble et dans cette optique nous ne sommes pas contre les sionistes. J’ai de nombreux amis sionistes, comme ceux qui sont impliqués dans les Anarchistes Contre le Mur, qui sont mes frères. Ce n’est pas avec les sionistes que j’ai un problème, c’est avec le gouvernement israélien.

J’aime la paix. Je voudrais ouvrir les yeux un jour et voir un nouveau matin.

Parfois, les gens dans le monde se demandent pourquoi les Palestiniens effectuent des missions-suicides. J’aimerais que vous vous posiez la question pourquoi les Palestiniens se font-ils exploser.

Si vous venez me rendre visite ici en Palestine pendant un mois, vous franchirez un paquet de checkpoints, vous verrez le Mur d’apartheid, l’immense pauvreté, et vous verrez à quel point les Palestiniens souffrent. Certaines personnes n’ont tout simplement pas la patience, ils perdent l’esprit et partent dans des missions-suicides. Certains de ceux qui ont fait ce choix avaient perdu leur famille, leur père, leur mère ou leurs sœurs ou frères.

Des femmes palestiniennes ont été obligées d’accoucher sur des checkpoints et certaines en sont mortes.

Aaron Lakoff : J’aimerais parler avec vous en particulier de la route 443, car c’est maintenant un gros problème aujourd’hui dans cette partie de la Cisjordanie. Pouvez-vous parler de cette route qui relie Tel-Aviv à Jérusalem et quel impact elle a sur le village de Biddu ?

Mohammed Mansour : La route 443 est la route principale pour une cinquantaine de villages. C’était la principale route pour 15 villages situés au nord-est de Jérusalem et 35 villages à l’ouest de Ramallah.

Avant il y avait beaucoup de villages dont les habitants pouvaient se rendre de leurs villages à Ramallah en une quinzaine de minutes, comme Nil’in, Suqba, Shibteen, Budrus, Beit Sira, Beit Liqya. Maintenant, c’est impossible, les Palestiniens sont forcés de faire tout un tour.

Au cours des trois derniers mois, nous avons organisé cinq actions contre la route 443.

Nous espérons récupérer cette route parce que c’est totalement injuste que les étudiants soient désormais toujours en retard à l’école, que les gens soient en retard au travail et que les gens meurent alors qu’ils vont se faire soigner seulement parce qu’ils sont Palestiniens.
Cette route a été construite avant le début de l’occupation israélienne, c’est une vieille route.

Aaron Lakoff : Et quand est-ce que la route 443 a été fermée aux Palestiniens ?

Mohammed Mansour : Environ huit mois. Même si c’est interdit, je trouve parfois un moyen d’aller sur la route, ce qui est un risque très dangereux, cependant on ne peut jamais capituler ou abandonner dans la lutte pour récupérer cette route et nos terres.

Aaron Lakoff : Pouvez-vous nous parler de l’impact économique et social des routes de colons autour de Biddu ? Ont-elles affecté la capacité des Palestiniens de travailler ou de voir leur famille ?

Mohammed Mansour : Biddu possédait 6 200 dunums. Puis le régime sioniste a construit un mur autour de Biddu et à l’intérieur du mur, il ne reste plus que 1 200 dunums. 600 ont été volés par le régime d’occupation pour construire le mur, puisque la largeur du mur fait soixante mètres. 4 400 dunums ont été pris par le mur auxquels nous n’avons pas accès.

Il y a 8 000 Palestiniens qui vivent dans cette zone et de nombreuses personnes ont perdu leurs terres. Vous pouvez trouver une quarantaine de personnes qui vivent ensemble dans une seule maison, parce que leurs terres ont été volées et qu’ils sont devenus des paysans sans terre.

4 400 dunums de terres agricoles se retrouvent maintenant derrière le Mur d’Apartheid . La plupart de nos puits et de nos ressources en eau se trouvent maintenant derrière le Mur sioniste.

De plus, l’endroit pour déposer nos déchets se trouvait assez loin il n’y a pas longtemps, mais maintenant, en raison du mur, il est impossible de déposer nos déchets ailleurs. Les déchets et les ordures rester à l’intérieur du village et il y a toujours une odeur nauséabonde.

Une autre problème et sujet de préoccupation important en raison du Mur, c’est qu’il y a un checkpoint qui contrôle tous nos déplacements. Beaucoup d’étudiants qui ont besoin d’arriver à l’école à 8 heures ne peuvent tout simplement pas y être en raison du Mur et il y a aussi des enseignants palestiniens et d’autres personnes qui ne peuvent pas se rendre au travail.

Il y a environ 10 000 Palestiniens qui ont besoin d’utiliser cette route, les étudiants et les ouvriers qui en ont besoin pour arriver à 8 heures et qui finissent par y arriver à midi, alors leurs employeurs disent tout simplement : « Rentrez chez vous ». Voilà comment est la vie ici.

Les négociations de paix sont des paroles vides. Les sionistes ne veulent pas la paix.

Ceux qui veulent réellement la paix en payent le prix. Les sionistes continuent de construire de nouvelles colonies, même dans les frontières de 1967. Comment sommes-nous censés croire que le régime sioniste veut la paix quand il construit ces colonies ?

Comment pouvons-nous croire quelqu’un comme George W. Bush ou le gouvernement américain puisque lors de leur invasion de l’Irak, ils ont menti à l’opinion publique américaine sur les armes de destruction massive. C’est la même réalité en Afghanistan et peut-être demain en Iran et en Syrie. Aujourd’hui, beaucoup de gens ont des armes nucléaires.

Pourquoi aujourd’hui montrons-nous du doigt l’Iran ? Je ne crois pas en Bush, je ne crois pas dans les États-Unis, je ne crois pas en Israël et je ne crois pas en Mahmoud Abbas.

Source : http://www.palsolidarity.org/main/2008/  Traduction : MG pour ISM

[ commentaires : « Je ne crois pas en Bush, je ne crois pas dans les États-Unis, je ne crois pas en Israël et je ne crois pas en Mahmoud Abbas. » tout est dit ]

ISM et Aaron Lakoff - Jérusalem - 19-10-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=10172&type=analyse≤sujet=Interviews