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Source : http://www.haaretz.com/

Est-ce que la prospère industrie de haute technologie israélienne est une branche du Mossad ?

Par Yossi Melman

dimanche 19 octobre 2008

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En 2006, Check Point Software Technologies, une entreprise qui est spécialisé dans la protection des systèmes informatiques contre les hackers et le vol de données, a voulu acquérir une société américaine appelée Sourcefire, qui travaille dans le même domaine. Le grand avantage de Sourcefire, c’est que parmi ses clients, on compte le Département américain de la Défense et de l’Agence de Sécurité Nationale (NSA). Toutefois, l’administration américaine, à travers la Commission sur les Investissements Etrangers aux États-Unis, n’a pas approuvé l’acquisition.

La Commission a rendu sa décision en se basant sur un avis du Bureau Fédéral d’Enquête et des agents de sécurité du NSA. Les deux organisations ont peur que Check Point, qui a été fondée par Gil Shwed et d’autres diplômés de l’Unité 8200, l’unité des renseignements de pointe des Forces de Défense Israéliennes ait accès à des informations ultraconfidentielles qui pourraient être transmises aux services de renseignements israéliens.

La crainte et la suspicion concernent actuellement non seulement Check Point, mais aussi d’autres entreprises israéliennes de haute technologie comme Verint, Comverse, NICE Systems et PerSay Voice Biometrics, dont certaines travaillent dans l’extraction de données et participent au développement de logiciels pour les écoutes sur les téléphones, les télécopieurs, le courrier électronique et les communications informatiques.

Les questions qui précèdent proviennent du journaliste et écrivain James Bamford, dont le nouveau livre, « The Shadow Factory : L’ultrasecrète NSA du 11 Septembre à l’Espionnage de l’Amérique » (Doubleday), est sorti cette semaine aux États-Unis.

Bamford, un ancien producteur de la chaine de télévision ABC, a passé les 30 dernières années à écrire sur la NSA - l’une des plus importantes et moins connues des agences de renseignement aux États-Unis, mais le plus souvent dans l’ombre de la Central Intelligence Agency (CIA).

La NSA est responsable des écoutes sur les téléphones, les télécopieurs et les ordinateurs ; de l’interception des communications et des signaux électromagnétiques des radars, des avions, des missiles, des navires et des sous-marins ; du décodage des transmissions et du décryptage des codes. Elle a énormément contribué aux services de renseignements américains et à la sécurité nationale.

À cet égard, les États-Unis ressemblent à Israël : Les succès attribués au Mossad doivent souvent être portés au crédit des autres unités des services de renseignements - d’abord et avant tout à l’unité 8200, l’équivalent israélien de la NSA.

Il s’agit du troisième livre de Bamford et il offre un regard sur les labyrinthes de la NSA. En 1982, le Ministère de la Justice avait menacé de le poursuivre en justice pour avoir révélé des secrets de l’agence dans son premier livre, « The Puzzle Palace : Inside the National Security Agency, America’s Most Secret Intelligence Organization. »

Dans son deuxième livre, « Body of Secrets : Anatomy of the Ultra-Secret National Security Agency, » il a décrit la NSA avec beaucoup d’enthousiasme, ce qui a fait de lui le héros du jour de l’organisation. La NSA a même organisé une fête en son honneur dans son quartier général de Fort Meade, au Maryland. Son nouveau livre, qui est critique à l’égard de la NSA, l’a renvoyé à son point de départ.

La thèse principale de Bamford est qu’avant le 11 Septembre 2001, l’agence a échoué ainsi que d’autres agences de renseignements à comprendre la menace Al-Qaida, même si elle avait intercepté les appels téléphoniques et les e-mails des membres. Cela résulte en partie d’un excès de prudence pour faire respecter les lois et le respect de la vie privée des citoyens.

En avril 2000, le directeur général de l’époque de la NSA, Michael Hayden (actuellement directeur de la CIA), décrivait de façon frappante à une Commission du Congrès comment, si au moment où Osama Ben Laden devait mettre les pieds sur le pont de la Paix aux Chutes du Niagara et entrer aux États-Unis, « mon peuple devait respecter ses droits. »

Après les attentats du 11 Septembre contre le World Trade Center et le Pentagone, l’organisation est passée à l’autre extrême. Selon Bamford, depuis le 11 Septembre, la NSA n’a pas eu de scrupules à violer la Constitution et a mis sur écoutes des citoyens américains.

L’un des exemples remarquables dans le livre, qui a été bien couvert par les médias américains, c’est le fait que la NSA a écouté des conversations de journalistes, de militaires et des fonctionnaires affectés en Irak. La NSA peut écouter et intercepter des transmissions à l’extérieur des États-Unis, mais ne peut pas le faire à des citoyens américains sans une ordonnance du tribunal.

Une autre importante affirmation de Bamford, qui concerne également Israël, c’est que la plus grande entreprise de téléphonie et de communications aux États-Unis - en fait, toutes à l’exception de QWEST - ont coopéré avec la NSA, en lui permettant d’écouter leurs lignes et leurs fibres optiques.

Les entreprises israéliennes mentionnées ci-dessus et d’autres sont d’importants fournisseurs de logiciels et de technologies non seulement pour les entreprises de téléphonie américaines, mais pour la NSA elle-même. Bamford affirme que 80% de l’ensemble des transmissions téléphoniques américaines sont effectuées au moyen de la technologie, du savoir-faire et de l’accessibilité des entreprises israéliennes. Ainsi, estime Bamford, les services de renseignements américains sont eux-mêmes exposés au risque que les entreprises israéliennes aient accès à la plupart de ses secrets et de ses informations numériques sensibles.

Bamford ne fournit pas de soutien à cette thèse, il fait seulement état d’une relation circonstancielle. Les entreprises israéliennes ont été largement établies par des diplômés de 8200, et, par conséquent, il dit qu’elles sont reliées par leur cordon ombilical aux renseignements israéliens, et que leurs PDG et conseils d’administration sont composés de hauts responsables du Shin Bet comme Arik Nir ou de l’ancien chef du Mossad Ephraim Halevy (Nir est le PDG d’Athlone Global Security, une société d’investissements qui a investi, entre autres, dans PerSay Voice Biometrics, et Ephraim Halevy est un membre du Conseil d’administration d’Athlone).

Le moins que l’on puisse dire est que Bamford n’est pas éperdument amoureux d’Israël. Dans ses articles, il publie des affirmations d’officiers de la Marine américaine qui croient qu’Israël a attaqué avec préméditation le navire espion américain Liberty au cours de guerre des Six Jours de 1967.

Il soutient que l’attaque du 11 Septembre ne vient pas d’une haine de l’Amérique de l’Islam radical mais plutôt de sa colère contre le soutien à Israël des États-Unis. Il appelle les 19 terroristes du 11 Septembre des « soldats » et les décrit avec beaucoup de sympathie : les David qui ont « seulement » démoli quatre avions du Goliath américain.

Dans ce contexte, et apparemment en raison de sa profonde hostilité, Bamford affirme que, compte tenu du passé problématique d’Israël, qui n’a pas hésité à espionner les Etats-Unis sur le sol américain, les entreprises israéliennes ne doivent pas recevoir les clés des secrets du royaume de l’Amérique.

Son attitude envers Israël semble l’amener à une conscience plus aigüe des problèmes liés à des réalités nouvelles et son livre mentionne à peine l’étroite coopération entre les services de renseignements des deux pays, principalement dans la guerre contre le terrorisme jihadiste international ou dans la surveillance de l’Iran.

Source : http://www.haaretz.com/