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Source : Ma’an - original en anglais en 2è partie d’article.

La mendicité contre la volonté d’exister

par Nadia W. Awad

jeudi 16 octobre 2008

Le régime sioniste vient de rentrer à la maison après avoir fait ses courses. Pour le commun des mortels, sa liste d’achats n’était pas très excitante, avec seulement un produit à acheter : des armes.

Pourquoi faire ? Pour faire face à ces casse-pieds de Palestiniens qui n’arrêtent pas de parler de je ne sais quelle occupation qui soi-disant leur rendrait a vie impossible.

Et bien entendu, il est nécessaire de défendre le puissant état nucléaire sioniste contre l’état, peut-être (peut-être, peut-être pas...) nucléaire d’Iran.

Le régime sioniste vient donc de dépenser 15,2 milliards de dollars pour acheter 25 bombardiers F-35, dont chacun coûte de 70 à 80 millions de dollars.

[ Attendez, là, il y a un petit problème : 25 joujoux à 80 millions de dollars pièce, ça ne fait jamais que ..... 2 milliards de dollars ! A quoi servent les 13,2 milliards qui manquent ? - NdT ]

A l’autre extrémité de l’échelle, ils ont aussi investi dans la mise au point d’une nouvelle arme : le gaz à merde. Ce gaz à merde le bien nommé est une composition d’ingrédients organiques absolument répugnants qui produit un liquide inoffensif mais d’une odeur infecte, que l’on répand sur les contrevenants (la plupart du temps, ces casse-pieds de Palestiniens une fois de plus).

La puanteur est telle que la plupart de ceux qui en sont arrosés vomissent et essaient de se débarrasser de leurs vêtements pour y échapper. Mais ce n’est pas possible. L’odeur colle pendant à peu près une semaine et s’incruste dans la peau, dans les vêtements, et pratiquement dans tout ce que l’on touche.

Le régime sioniste a investi dans cette invention pour avoir une alternative moins malfaisante aux balles acier-caoutchouc et aux gaz lacrymogènes. Peut-être qu’ils commencent à apprendre la leçon, même s’il commence à se faire tard. Quotidiennement accusés d’employer une violence excessive pour disperser des protestations et des manifestations, et pour faire partir des gamins qui lancent des cailloux, il est naturel que leurs pauvres soldats en aient assez de prendre ces critiques. Après tout, rien de tel qu’une accusation de violation des droits de l’homme pour vous mettre le moral à zéro.

Je me souviens lorsque les sionistes ont introduit un drôle de fusil d’assaut avec son petit moniteur video qui peut voir dans les coins, comme ça vous pouvez tirer autour d’eux sans prendre une pierre sur la tête. Ou une chaussure.

En fait, les sionistes ont de quoi être très fiers. Le société IMI, ( « Israel Military Industries Ltd »), est une manufacture d’armes sioniste de bonne réputation. C’est eux qui ont mis au point le célèbre Uzi, le petit pistolet mitrailleur qui est devenu très à la mode auprès des armées, des terroristes, des rebelles, et des révolutionnaires de tout poil dans le monde.

Ils fabriquent des armes à feu, des munitions, et des technologies militaires, principalement pour les forces armées sionistes, que les Palestiniens appellent avec affection « forces d’occupation ». Il est intéressant de noter que l’histoire d’IMI remonte à l’époque du mandat britannique sur la Palestine, lorsque la Haganah, l’organisation juive clandestine paramilitaire qui a été à l’origine de l’armée d’occupation, a commencé à fabriquer des armes illégales.

Mais voilà, avec toutes ces armes de haute technologie, et malgré tous les millions [ou milliards, ça n’a plus d’importance – NdT ]de dollars investis, le régime sioniste se retrouve confronté au même problème qu’en 1948.

Arrêtons de rire maintenant : les Palestiniens ne seront pas mis à terre par quelque arme que ce soit, physique, mentale, ou émotionnelle.

Que vous soyez d’accord ou non, que vous éprouviez ou non de la sympathie pour la position Palestinienne, cela ne fait aucune différence.

Lorsqu’un peuple est véritablement convaincu qu’il a le droit de son côté, qu’il est du bon côté du point de vue moral, rien au monde ne peut le convaincre d’abandonner sa position.

David Ben Gourion avait raison, lorsqu’il a répondu à un interview en 1956. S’exprimant avec une grande perspicacité, il a dit « Pourquoi les Arabes [Palestiniens] feraient-ils la paix ? Si j’étais un dirigeant Arabe, je ne m’entendrais jamais avec « Israël ». Et c’est bien normal : nous leur avons pris leur pays. Bien sûr que Dieu nous l’a promis, mais qu’en ont-ils à faire ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes venus d’Israël, c’est vrai, mais c’était il y a deux mille ans, et rn quoi cela compte-t-il pour eux ? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais est-ce que c’était leur faute ? Ils ne voient qu’une chose : nous sommes venus ici et nous leur avons volé leur pays. Pourquoi faudrait-il qu’ils l’acceptent ? »

Même s’il a poursuivi en déclarant que le régime sioniste devait maintenir une armée puissante, son analyse initiale était correcte [ A un « détail » près : ils ne venaient pas d’« Israël », même il y a 2 000 ans ! - NdT ]. Il regardait les choses du point de vue d’un Palestinien.

Si Ben Gourion, qui a été le premier premier ministre du régime sioniste, pouvait comprendre cela en 1956, pourquoi est-ce que le régime sioniste n’y parvient pas, 60 ans plus tard ?

Nous autres, Palestinien, nous restons attachés à l’espérance de pouvoir créer un état, peut-être rétréci à seulement 22% de nos terres d’origine.

Même si ce n’était que 1%, nous continuerions à nous battre parce que savons que c’est à nous qu’il appartient.

On ne peut tuer une conviction avec des armes faites de main d’homme, tout comme on ne peut pas intimider les gamins de Palestine qui jettent des pierres sur les chars.

Chacun de nous a son point d’ébullition. Moi aussi, et je l’ai atteint. En fait, chaque fois que je suis coincée à un checkpoint, je sens que ma rage atteint le point d’ébullition. Je me souviens de la fois où les soldats avaient installé leur checkpoint à quelques mètres de ma maison. Je rentrais de l’école à la maison, et, alors que j’avais ma maison sous les yeux, un boutonneux de 18 ans m’a pointé un fusil dans la figure et m’a déclaré que, pour ma protection, je ne pouvais pas franchir le checkpoint.

Après lui avoir expliqué pendant 5 minutes que (a) j’avais 14 ans , (b) je n’étais pas armée, et (c) ma maison était JUSTE ICI, j’ai arrêté de discuter. Je lui ai dit : c’est très bien, tire si tu veux, mais je rentre chez moi.

J’espère, comme des millions d’autres Palestiniens, que le régime sioniste finira par comprendre ce qu’il nous a fait, et nous rendra notre état. En finira avec l’occupation. Sinon, nous continuerons d’être ce fichu mal de dents qui ne veut pas s’en aller.

Amenez toutes vos armes, vos F-35, vos chars, et votre gaz à merde, ça ne vous servira à rien. Tennessee Williams a écrit dans sa pièce La chatte sur un toit brûlant « Il n’y a rien au monde de plus puissant que l’odeur de la mendicité. Vous pouvez la sentir. Elle a l’odeur de la mort. » Et il ne parlait pas du gaz à merde.

La mendicité – le mensonge, une tendance à mentir- voilà le système dans lequel nous vivons, le système qui permet que 1,5 millions de gens soient punis pour s’être exprimés de façon démocratique, le système qui permet que le régime sioniste continue d’être un membre respecté de la communauté internationale alors qu’il a violé la plupart des résolutions des Nations Unies, le système qui permet à l’apartheid d’être florissante, et qui laisse les droits de l’homme être méprisés.

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et voici l’original en anglais

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Mendacity vs. the Will to Exist - By Nadia W. Awad

Date : 14 / 10 / 2008 Time : 15:13

Israel has just come back from its latest spending spree. By the standards of your average shopper, its shopping list was quite boring, with only one item on it : weapons. What for ? To tackle those pesky Palestinians who will not stop talking about some occupation they claim to be living under.

And of course, there’s the need to defend the mighty nuclear state of Israel against the possibly nuclear (maybe, maybe not) state of Iran. Israel has just spent $15.2 billion on 25 F-35 bombers, each plane costing about $70-$80 million.

On the other end of the scale, it has also invested funds into developing a new weapon called skunk gas. The aptly named skunk gas is a concoction of organic but absolutely disgusting ingredients that results in a foul-smelling but harmless liquid which is then sprayed onto the offenders (mostly those pesky Palestinians again).

The stench is so bad that most people who are sprayed with it retch and try to rip off their clothes to get away from it. Only they can’t. The smell lingers for about a week and permeates your skin, your clothes, and pretty much everything you touch.

Israel has invested in this new invention as a less noxious alternative to rubber bullets and tear gas. Perhaps they’re learning their lesson, even if it is very late in the day. Accused on a daily basis of using excessive force to disperse protests and demonstrations and scare off rock-throwing children, clearly their poor soldiers are getting sick of shouldering the criticism. After all, there’s nothing like an accusation of human rights abuse to get you down.

I remember when Israel introduced that fancy assault rifle with its little video monitor that can see around corners so you can shoot around them without getting your head blasted off by a rock. Or a shoe.

Indeed, Israel has a great deal to be proud of. Israel Military Industries Ltd., or IMI, is an Israeli weapons manufacturer of some repute. They developed the infamous Uzi, a submachine gun that became very popular with armies, terrorists, rebels, and revolutionaries alike around the world.

They manufacture firearms, ammunition and military technologies, mainly for the IDF, more affectionately known to Palestinians as the IOF : Israeli Occupation Forces. Interestingly enough, IMI has a history that stretches back to the time of British Mandate Palestine, when the Haganah, the Jewish underground paramilitary organization which spawned the IDF, began manufacturing illegal weapons.

Yet despite all these high-tech weapons and the millions of dollars invested, Israel faces the same problem it has faced since 1948. All sarcasm aside, the Palestinians will not be beaten down by any weapon - physical, mental, or emotional.

Whether you agree or sympathize with the Palestinian position makes no difference.

When a people truly believe they have right on their side, that they have the moral high ground, nothing in this world can convince them to abandon that ground.

David Ben Gurion had the right idea when he gave an interview back in 1956. Expressing great profoundness, he said, "Why should the [Palestinian] Arabs make peace ? If I were an Arab leader I would never make terms with Israel. That is natural : we have taken their country. Sure, God promised it to us, but what does that matter to them ? Our God is not theirs. We come from Israel, it’s true, but two thousand years ago, and what is that to them ? There has been anti-Semitism, the Nazis, Hitler, Auschwitz, but was that their fault ? They only see one thing : we have come here and stolen their country. Why should they accept that ?"

While he did follow that comment up with the statement that Israel should maintain a powerful army, his initial analysis was correct. He was looking at the situation from a Palestinian point of view.

If Ben Gurion, Israel’s first Prime Minister, could understand that back in 1956, why can Israel not figure it out 60 years later ?

We Palestinians are still clinging to the hope that we can create a state, though much diminished, on just 22% of our original lands.

Even if it were one percent, we would still fight for it because we believe it belongs to us.

You can’t kill a belief with man-made weapons, just like you can’t intimidate the Palestinian youths who throw rocks at tanks.

Every person has their boiling point. I have it, and I’ve crossed it too. In fact, every time I’m stuck at a checkpoint, I feel my anger reaching the boiling point. I remember once when Israeli soldiers set up a checkpoint just yards away from my house. I was on my way home from school, and with my house directly in my view, an 18-year old, acne-covered soldier pointed a gun in my face and told me that, for my protection, I could not pass through the checkpoint.

After five minutes of arguing that : a) I was 14, b) I was unarmed, and c) my house was RIGHT THERE, I quit arguing. I said to him, fine, shoot me if you have to, but I’m going home.

I’m just hoping, along with millions of other Palestinians, that Israel will come to terms with what it has done to us, and give us our state. End the occupation. Otherwise, we’ll continue to be that nagging tooth ache that just won’t go away.

Bring on all your weapons, your F-35’s, your tanks, and your skunk gas, but it won’t do you any good. Tennessee Williams wrote in his play Cat on a Hot Tin Roof, "There ain’t nothin’ more powerful than the odor of mendacity. You can smell it. It smells like death." And he wasn’t talking about skunk gas.

Mendacity -untruthfulness ; a tendency to lie - is the system we live in, the system that allows 1.5 million people to be starved because of a democratic decision they made ; the system that allows Israel to continue on as a respected member of the international community even though it has violated the most UN resolutions on record ; the system that allows apartheid to flourish, and basic human rights to be ignored.