Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > SALVADOR ALLENDE, l’homme de conviction, le juste, le (...)

En mémoire d’un grand résistant tué par le fascisme international le 11 septembre 1973 (ndlr) :

SALVADOR ALLENDE, l’homme de conviction, le juste, le gêneur.(ndlr)

Pour qu’un 11 septembre n’en cache pas un autre (ndlr)

jeudi 11 septembre 2008

Les ancêtres des Allende sont basques[2]. Ils sont arrivés au Chili durant le XVIIe siècle, et se distinguent des autres familles aristocratiques dès la première moitié du XIXe siècle. Le membre le plus important de la famille est son grand père Ramón Allende Padín, surnommé « El Rojo », un radical et grand maître de la franc-maçonnerie chilienne.

Son fils Salvador Allende pedro est aussi un radical et maçonnique. Il travaille comme fonctionnaire et comme notaire au port de Valparaíso. Il est connu pour son génie, dotes poéticas (comme son père), et sa passion pour la chilenisation de Tacna et Arica[3]. Il se maria avec Laura Gossens, femme d’une grande beauté et intelligence, fille d’un immigrant belge ayant vécu à Concepción.

Les frères et sœurs Allende Gossens sont au nombre de six : Alfredo, Inés, Salvador et Laura, (ces deux derniers morts en bas âge) ainsi que Salvador et Laura.

La famille Allende est bourgeoise. En raison des différentes fonctions qu’il a dû assumer dans la fonction publique, son père est amené à déménager régulièrement avec toute sa famille à travers tout le pays. Ainsi, les huit premières années d’Allende se passent à Tacna, qui est à l’époque chilienne. Le jeune Salvador arrive dans cette ville alors qu’il est âgé de seulement quelques semaines.

Salvador Allende Castro doit assumer les fonctions d’avocat de la Corte de Apelaciones et de secrétaire de l’Intendance régionale. Il s’installe avec sa famille dans une propriété louée située rue San Martín au numéro 238.

Allende commence ses études à la section préparatoire du lycée de Tacna, dirigée par le professeur Julio Angulo. Il est considéré comme un enfant intelligent et énergique, selon Zoila Rosa Ovalle, la « mamá Rosa »[4], la personne qui garde Allende durant son enfance et son adolescence, et qui l’a vu devenir président. Elle l’appelle « Chichito », car le petit Allende ne peut pas prononcer son diminutif correspondant, Salvadorcito. De là vient son surnom, le « Chicho Allende ».

Après huit années passées à Tacna, la famille reste quelque temps à Iquique, en 1918. Valdivia sera sa prochaine ville d’accueil. Son père devient avocat du Conseil de défense de l’État, en 1919. Allende continue ses études au lycée de Valdivia, où ses camarades le surnomment « pije » et « pollo fino », à cause de son haut rang social et de son intérêt vestimentaire, en comparaison avec ses camarades de classe.

Il retourne à Valparaíso en 1921, quand son père devient avocat à la Corte de Apelaciones de la dite ville. Allende poursuit ses études au lycée Eduardo de la Barra, où il rencontre Juan Demarchi, vieux cordonnier anarchiste qui, selon les confidences d’Allende, aura sur lui une importance fondamentale[5]. Durant de longues conversations, il découvre l’importance des luttes sociales. Cependant, certains estiment que cette relation a été embellie et que l’influence du cordonnier sur Allende n’a pas été aussi importante.

Allende termine ses études secondaires en 1924, puis effectue son service militaire d’une durée d’un an au régiment de Lanceros de Tacna[6].

Il intègre l’université du Chili où il étudie la médecine, après avoir longtemps hésité à s’orienter vers le Droit. Il vit d’abord avec sa tante paternelle, Anita, puis dans différentes chambres étudiantes, tout en faisant de petits travaux afin de pouvoir subvenir à ses besoins. Après cette relative précarité, le « pije » termine ses études avec une moyenne générale de cinq sur sept[7]. Sa thèse doctorale de 1933, Higiene mental y delincuencia, a été publiée en 2005 par Editorial CESOC de Santiago du Chili. En 1940, il se marie avec Hortensia Bussi dont il aura trois filles.

Vie politique

C’est en 1929 qu’il entre dans la vie politique en soutenant le groupe Avance. Il devient vice président de la FECh en 1930. Toutefois, l’opposition qu’il exprime à certaines idées du groupe au cours des mois qui précèdent la chute du dictateur Carlos Ibáñez del Campo le font exclure du groupe[8]. Après cela il devient un leader étudiant, ce qui le mène souvent en détention. Alors qu’il est enfermé, il apprend que son père est mourant à cause de l’état avancé de son diabète. En raison de l’état de santé de son père, il sera autorisé à quitter la prison ce qui lui permettra de le voir durant ses derniers instants.

Après ce dramatique évènement, Allende termine sa thèse nommée Higiene mental y delincuencia (hygiène mentale et délinquance) et trouve un travail stable, bien qu’il le contraigne à passer beaucoup de temps à aller d’hôpital en hôpital, jusqu’à ce qu’il devienne adjoint en pathologie anatomique de hôpital Van Buren.

En 1933, il participe à la fondation du Parti socialiste du Chili dont il organise la section de sa ville natale. Il restera durant toute sa vie membre de ce parti politique. Deux ans plus tard, il adhère à la franc-maçonnerie. La vie politique d’Allende ne s’arrêtera pas avant le 11 septembre 1973. Parallèlement à sa vie politique, il est directeur de l’association médicale du Chili à Valparaíso. Il est aussi membre du directoire national de cette organisation, qui devient en 1935 Boletín Médico de Chile et organisateur de la Revista de Medicina Social de Valparaíso[9].

Il s’engage beaucoup auprès du Front Populaire, et intègre les socialistes au pacte grâce à un Congrès général réalisé en 1936. Allende devient rapidement président du Frente Popular à Valparaíso. Dans son parti il devient chef régional (1933), secrétaire de section (1934) et secrétaire du comité régional de Valparaíso (1937-39).

Son parti le nomme candidat au sixième regroupement départemental de Quillota et Valparaíso, élisant ainsi deux autres socialistes. Sa vie parlementaire commence avec la pétition adressée à la présidente de la Chambre par laquelle les dix-sept députés socialistes promettent et ne jurent pas, pétition qui a été acceptée[10]. Comme député, il participe principalement à la réalisation de différents projets de lois relatifs aux problèmes sociaux.

Durant la campagne présidentielle de Pedro Aguirre Cerda, Allende est désigné pour diriger la campagne à Valparaíso. Il abandonne ses fonctions de parlementaire pour rejoindre à trente et un ans le gouvernement d’Aguirre Cerda comme ministre de la Santé, d’octobre 1939[11]. La même année il publie un texte nommé La realidad médico social, qui montre l’importance de la médecine sociale. Il y montre clairement que le niveau de santé d’une population donnée dépend de son niveau socio-économique. Alors qu’il commence sa carrière ministérielle il se marie en 1940 avec Hortensia Bussi Soto[12].

Parmi les succès qui peuvent lui être imputés en tant que ministre de la Santé, selon son rapport de 1940 au Congrès, on peut citer la mise en place de la production et la distribution de médicaments contre les maladies vénériennes, la réduction du nombre de morts liés au typhus, l’allocation de deux millions de pesos aux centres d’hygiène publique, extension du service dentaire dans les écoles et mise en place de restaurants universitaires pour les étudiants[13]. Quelques mois après que le parti socialiste ait quitté le Front Populaire , Allende se retire du ministère, et assume le poste de vice-président de la Caja de Seguro Obrero Obligatorio.

En 1943 il obtient le poste de secrétaire général du parti socialiste. Il occupe ce poste à partir de juin 1944. En 1945 il est élu sénateur de Valdivia, Llanquihue, Chiloé,située dans la région Aisén et la région de Magallanes. En 1953, il devient sénateur de Tarapacá et Antofagasta. En 1961, d’Aconcagua et Valparaíso. En 1969, il redevient sénateur de Chiloé, Aisén et Magallanes[14].

Allende devient connu et populaire au Chili. En 1961, ses ennemis dans le parti, ont tenté de l’éliminer de la vie politique en l’envoyant dans les circonscriptions de Valparaíso et Aconcagua, où il est impossible qu’il puisse gagner en théorie. En effet les votes de la gauche sont contrôlés par Jaime Barros, communiste et médecin des pauvres, qui garde soigneusement sa place. Allende gagne le poste avec un compagnon de campagne. Ils ont suffisamment de votes pour que les deux soient élus. Ses adversaires étant jaloux, Allende doit en 1969 affronter le « matadero electoral » : Chiloé, Aisén et Magallanes, où personne ne pense qu’il sera élu. Mais il gagne facilement les élections[15].

Allende représente le symbole du socialisme modéré, en arrivant en 1966 à être nommé président du Sénat. Même le journal El Mercurio, de tendance conservatrice lui rend hommage.

Pendant les années où il est parlementaire, il se présentera par trois fois comme candidat à l’élection présidentielle. Il se présente pour la première fois à l’élection présidentielle en 1952, en obtenant 5,45% des suffrages en raison d’une division des socialistes. Cela a permis à Carlos Ibáñez del Campo d’être élu président de la république. Il interdit le communisme[16].

En 1958, Allende se présente une nouvelle fois comme candidat à l’élection présidentielle de l’alliance socialiste-communiste FRAP (Frente de Acción Popular), obtenant 28,5% des votes. Cette fois on attribue la déroute d’Allende à la participation d’un candidat populiste, Antonio Zamorano, qui lui coûté une partie des votes des secteurs populaires[17].

En 1964, il est pour la troisième fois candidat à l’élection présidentielle où il représente le FRAP. Il devient très vite clair que l’élection va se résumer à une course entre Allende et le démocrate-chrétien Eduardo Frei Montalva. Par crainte du triomphe d’Allende, l’électorat de droite qui soutenait en principe le membre du parti radical Julio Durán va reporter son vote sur Frei qui est considéré comme le moins sulfureux des deux favoris. Confronté à deux des trois partis principaux de l’éventail politique chilien, Allende perd les élections avec 38,6% des votes contre 55,6% pour Frei[18].

L’élection présidentielle de 1970 [
Article détaillé : Élection présidentielle du Chili de 1970.

Le contexte économique et politique du Chili en 1970
La situation économique du Chili est alors problématique, avec une inflation qui atteint 35%.

La droite est divisée.

Le gouvernement sortant d’Eduardo Frei, partisan de la « révolution dans la liberté », a mené à bien un programme clairement réformiste qui inclut la légalisation des syndicats paysans et une augmentation du budget de l’éducation. Eduardo Frei, qui aurait pu être un rival de poids, ne peut constitutionnellement se présenter pour un second mandat.
Les démocrates-chrétiens voient en Radomiro Tomic, ancien ambassadeur à Washington, leur candidat idéal. Celui-ci est partisan d’une politique plus orientée à gauche encore que celle de Frei — Allende va même jusqu’à dire que certains points du programme de Frei vont plus loin que le sien — et la droite ne montre aucun désir de l’appuyer.
À dix mois des élections, le Parti national choisit comme candidat Jorge Alessandri, un ancien président qui avait déjà vaincu Allende auparavant.
La gauche est initialement divisée en plusieurs partis allant du parti socialiste de Salvador Allende à cinq autres partis parmi lesquels se trouve le Parti communiste du Chili. Pour ce dernier, le programme d’Allende — réforme agraire, nationalisation de l’industrie du cuivre et amélioration de la santé — ne va pas plus loin que celui présenté par Radomiro Tomic. Salvador Allende, conscient que les possibilités de victoire sont à ce moment plus fortes que jamais, pèse de tout son poids pour forger une coalition des gauches qui puisse défaire les droites divisées. Ainsi naît l’Unité populaire (UP) avec Salvador Allende comme tête de liste.

Allende a éprouvé des difficultés à se faire reconnaître comme le candidat de l’Unidad Popular (nouvelle alliance socialiste-communiste, ainsi que d’autres partis de gauches de moindre importance). Ses trois échecs précédents ne plaident pas en sa faveur et ont souvent été mis en avant par ses adversaires au sein du parti. Il y a des doutes quant à sa « vía chilena al socialismo » (voie chilienne vers le socialisme). Il arrive néanmoins à gagner les élections internes, principalement en raison d’un grand nombre d’indécis et de votes blancs et grâce à l’appui du parti communiste (qui a plus soutenu Allende que son propre parti).

Il est toutefois contraint de signer un pacte de gouvernement qui précise qu’au cas où il remporterait les élections présidentielles, l’administration du Chili serait partagée entre Allende et les partis de l’Unidad Popular, représentés par un comité comprenant un représentant de chaque parti signataire. Ceci impliquait qu’Allende renonçait de facto à certaines prérogatives du président de la République, puisqu’il ne pouvait agir sans l’accord d’un comité dont les décisions ne se prenaient qu’à l’unanimité.

La campagne électorale et l’élection
La campagne présidentielle de 1970 a été difficile mais sans violence majeure. Les premiers sondages donnent vainqueur avec la majorité absolue Jorge Alessandri Rodríguez, candidat de la droite. Mais sa campagne s’est peu à peu détériorée, principalement en raison de son grand âge et ses maladies. On l’accuse de sénilité et de souffrir de la maladie de Parkinson. Son propre directeur de campagne décide de ne pas mettre en place de réunions d’importance, sauf en fin de campagne, afin de ne pas montrer l’âge du candidat.

Certains de la victoire d’Alessandri, ses partisans ont réagi violemment lorsque dans une interview de El Mercurio on a demandé au commandant général de l’armée, René Schneider quelle serait l’attitude de l’armée si aucun candidat n’obtenait la majorité absolue. Schneider a affirmé qu’il se soumettrait au congrès, selon ce qui est établi dans la Constitution et que l’armée suivrait à la lettre le texte de loi (ce sera la base de "la doctrine Schneider)[19]. Les "alessandristes" ont accueilli cette déclaration avec colère parce que la tradition était de choisir comme président celui qui avait la majorité relative.

Le candidat du parti démocrate chrétien, Radomiro Tomic, se situait plutôt sur la gauche de son parti, ce qui lui avait fait perdre les votes des électeurs de centre-droit qui avaient donné la victoire à Frei en 1964.

Les États-Unis n’ont pas trouvé utile de soutenir activement un candidat anti-Allende, essentiellement parce que selon leurs informations, Alessandri allait remporter les élections de septembre. Bien que des moyens financiers soient alloués indirectement pour soutenir Alessandri par le truchement de la compagnie ITT (International Telephone & Telegraph) (environ 350 000 USD), il n’y a pas de comparaison possible avec les sommes qui furent données durant la campagne de Frei, quand il existait une assistance électorale[20].

Candidat Votes %
Allende 1,075,616 36.3%
Alessandri 1,036,278 34.9%
Tomic 824,849 27.9%
Total 2 936 743 Source : El Mercurio, 5 septembre 1970

Le 4 septembre 1970, à sa quatrième tentative, le candidat de l’Unité populaire, Salvador Allende, arrive en tête de l’élection présidentielle avec 36,3% des suffrages et devance le conservateur Jorge Alessandri (34,9%) et le démocrate chrétien Radomiro Tomic (27,9%)[21]. Les alessandristes ont peur du gouvernement socialiste, alors que les allendistes et les démocrates-chrétiens expriment leur joie dans la rue.

Ce score électoral ne signifie toutefois pas encore qu’Allende devient le nouveau Président Chilien. En effet, si aucun candidat n’obtient de majorité absolue, il est d’usage que celui qui arrive en tête du scrutin soit confirmé par le Congrès alors dominé par les démocrates-chrétiens et les conservateurs.

Plans américains

À Washington, Richard Nixon est mis hors de lui par la perspective inattendue de la victoire d’Allende, que les services américains avait mal appréciée. Il ordonne alors d’éviter qu’Allende devienne président. La CIA met en place un plan pour empêcher qu’Allende prenne ses fonctions grâce au vote du Congrès, prévu pour le 24 octobre), plan parfois connu comme le Track One. Parallèlement Nixon gère la crise à travers une autre procédure en cercle restreint, pour éviter de passer par la CIA qu’il estime incompétente, c’est le Track Two :

Le Track One[22] (aussi connu sous le nom de « gambito Frei ») a pour objectif de faire élire Alessandri par le Congrès. Une fois élu, ce dernier renoncerait à sa charge et de nouvelles élections où la droite soutiendrait alors Eduardo Frei seraient organisées. Cependant, ce plan n’a pas fonctionné. La DC et l’UP sont arrivées à une entente après la victoire d’Allende et l’on révèle l’existence d’un pacte secret entre les deux candidats de gauche (Tomic et Allende). Dans ce pacte chacun renonce à la victoire de l’autre si les différences de votes sont supérieures à 5 000, et celle d’Alessandri seulement si elle est supérieure à 100 000 votes. Finalement, pour accorder son support lors du vote du Congrès, la démocratie chrétienne exige la promesse qu’Allende respectera la constitution et les libertés fondamentales. Le Track One n’ayant pu fonctionner, il restait à se rabattre sur le Track Two :
Le Track Two[23] consistait à créer une instabilité politique telle que les forces armées chiliennes interviennent et annulent les élections. Le général Roberto Viaux devait mettre en place ce plan. La sédition au sein de l’armée chilienne fut favorisée en coordination avec le mouvement d’extrême-droite Patrie et Liberté. Les Etats-Unis avaient renoncé à mettre en œuvre ce plan quand le 22 octobre 1970 Roberto Viaux tente quelque chose : le chef d’état-major Schneider, susceptible de s’opposer à un coup d’État est grièvement blessé par les éléments séditieux menés par le général Roberto Viaux, lors d’une tentative d’enlèvement[24],[25]. Bien que son chauffeur l’ait amené dans un hôpital militaire, il allait mourir le 25 octobre. Les circonstances de sa mort entrainent une large condamnation de la population et éloignent la possibilité d’un putsch.

La veille, le 24 octobre, à 10h39, le Congrès commence à voter. Le président du sénat est Tomás Pablo. Il y a 195 parlementaires. À la fin du vote le porte-parole du sénat, Pelagio Figueroa, annonce : Salvador Allende Gossens, 153 votes ; Jorge Alessandri Rodríguez, 35 votes ; 7 votes blancs.

Tomás Pablo ferme la session en déclarant ceci : « Selon les articles 64 et 65 de la Constitution Politique, le Congrès proclame président de la République du Chili pour la période comprise entre le 3 novembre 1970 et le 3 novembre 1976 le citoyen Salvador Allende Gossens. La session se termine »[26].

Présidence
La première année
Le 3 novembre Allende prend ses fonctions de président de la République suite au vote du Congrès National. Ensuite il va à la cathédrale al Te Deum œcuménique pour célébrer par toutes les églises du pays[27].

Ce jour-ci (le 3 novembre), Allende nomme ses premiers ministres, qui occupent les fonctions suivantes :

Intérieur : José Tohá, PS (Partie socialiste)
Affaire étrangère : Clodomiro Almeyda, PS
Économie : Pedro Vuskovic, indépendant
Propriété : Américo Zorrilla Rojas, PC (Parti Communiste)
Education : Mario Astorga, PR (Parti radical)
Justice : Lisandro Ponce, API (Action Populaire Indépendant)
Défense : Alejandro Ríos, PR
Œuvre publique : Pascual Barraza, PC
Agriculture : Jacques Chonchol, MAPU (Mouvement d’Action populaire Unitaire)
Terres et colonisation : Humberto Martones, PSD (Parti social-démocrate)
Travail : José Oyarce, PC
Santé : Oscar Jiménez, PSD
Mineraie : Orlando Cantuarias, PR
Habitat et urbanisme : Carlos Cortes, PS
Secrétaire général : Jaime Suárez, PS
Devenu le premier président élu démocratiquement sur un programme socialiste[28], Allende ne dispose cependant pas de la majorité parlementaire. Il décide alors de gouverner par décret, ce qui lui évite de passer par le Parlement.

De multiples entreprises et sociétés sont réquisitionnées ou nationalisées, dont neuf banques sur dix et les mines de cuivre qui représentent les trois quarts des exportations. La politique économique est qualifiée de « socialiste » ou de « keynésienne », suivant les sources[28][29]. La réforme agraire, commencée en 1967, se poursuit[28].

Le divorce est légalisé, la sécurité sociale est étendue[30].

Soutenus par les États-Unis, l’opposition conservatrice et les démocrates chrétiens sont incapables d’enrayer les réformes d’Allende malgré leur domination commune au sein du parlement.

Manifestation soutenant le gouvernement d’Allende.En 1972 commencent les marches des casseroles vides par lesquelles les ménagères expriment qu’elles n’ont plus rien à cuire. Des manifestations de soutien au gouvernement sont également organisées.

Le prix du cuivre - principale exportation chilienne- chute d’environ 1/3 de 1970 à 1972 alors que les mines de cuivre étaient nationalisées sans indemnisations, aliénant le gouvernement des Etats-Unis et faisant fuir les investisseurs[28]. Cette variation des cours est attribuée aux États-Unis par les partisans d’Allende. La valeur des exportations chiliennes diminue, tandis que celles des importations augmente (+ 26%). Si dans un premier temps l’inflation a baissé, passant de 34,9% à 22,1% la première année[31], par la suite la politique économique mène à une forte inflation. En particulier le gouvernement procède décrète des hausses des salaires, des gels de prix et pour financer ses nationalisations, imprime une grande quantité de monnaie La société chilienne est en crise, le régime d’Allende grandement fragilisé et le Parlement en franche et irréversible opposition au président.
Pourtant, la popularité du gouvernement s’accroît[puisque les élections municipales d’avril 1971 lui donnent une courte victoire avec 51% des suffrages [32]. Les élections législatives de 1973 lui apportent 43% des voix contre 57% à l’opposition unie, en-dessous des 60% qui lui aurait permis de destituer légalement le président Allende comme elle l’avait annoncé.

Selon Peter Kornbluh, la CIA a pour mission de déstabiliser le régime chilien afin « d’alimenter un climat propice au coup d’État ». William Colby, directeur de la CIA de 1973 à 1976, affirme dans ses mémoires[33], que sept millions de dollars ont été dépensés par la centrale de renseignement américaine dans ce but. Le mouvement de la grève des camionneurs qui paralyse le pays en octobre 1972 est soutenu financièrement par la centrale. Réagissant aux nationalisations effectuées par le gouvernement d’Allende, plusieurs firmes américaines dont ITT apportent leur concours à cette stratégie[34].

Même si de sérieux doutes sont exprimés, il n’existe aucun élément permettant d’affirmer que les États-Unis ont directement participé au coup d’État proprement dit du 11 septembre 1973. Si l’administration Nixon fut enchantée du coup de 1973, le rapport de la Commission Church, en 1976, a conclu que les États-Unis n’avaient pas eu de rôle direct dans l’événement. Kissinger affirme par ailleurs que les manœuvres américaines étaient terminées dès 1970.

En mars 1973, les démocrates chrétiens et les conservateurs obtiennent ensemble 57% des voix aux élections législatives alors que l’Unité populaire d’Allende obtient son meilleur score, le mettant à l’abri d’une destitution si l’opposition avait obtenu 60% des voix et des sièges.

Durant l’été 1973, de multiples grèves et des insurrections menacent la stabilité du pays alors que Allende déclare : « Si la révolution ne peut passer en souplesse, elle passera en force. » Le 23 août 1973, le président Salvador Allende, nomme Augusto Pinochet général en chef des armées à la suite de la démission de Carlos Prats[35].

Le plan gouvernemental

Timbre commémoratif émis par la République démocratique allemande.Ce plan est l’œuvre de Pedro Vuskovic, qui met en place une politique dont le but est d’aller vers le socialisme. Ce projet est prévu par l’Unidad Popular pour arriver au « socialisme à la chilienne » qui consiste en ces points suivants[36] :

Tout d’abord l’État nationalise les éléments clefs de l’économie du pays (c’est-à-dire le cuivre, l’industrie agroalimentaire, la compagnie aérienne nationale et l’industrie sylvicultrice). Ensuite, il souhaite accélérer les réformes agraires, geler les prix des produits de grande consommation.

On souhaite aussi augmenter de 40 à 60% les salaires de tous les travailleurs, en les payant avec des billets spéciaux.

Enfin, on veut établir une nouvelle constitution et mettre en place une seule chambre représentant le peuple.

Après son élection, Salvador Allende, surnommé « le camarade président » (« El compañero presidente »), se lance sur la voie chilienne vers le socialisme (« La via chilena al socialismo ») avec :

l’augmentation des salaires de 40 à 60%
la nationalisation à grande échelle de certaines industries (notamment le cuivre, principale exportation du Chili),
la réforme du système de santé,
le blocage des prix,
la réforme du système d’éducation, poursuivant les réformes entreprises par son prédécesseur Eduardo Frei Montalva,
des mesures diverses telles qu’un programme de lait gratuit pour des enfants (à raison d’un demi litre de lait par jour et par bébé),
une tentative de réforme agraire,
un nouvel « impôt sur les bénéfices » est créé,
un moratoire sur les remboursements de la dette extérieure et la cessation du paiement des dettes auprès des créanciers internationaux et les gouvernements étrangers.
Certaines des décisions prises par Salvador Allende visent à favoriser les classes populaires, ce qui entraîne des craintes chez les classes plus riches.

Durant tout son mandat, Salvador Allende s’affronte politiquement avec le congrès chilien, le Parti démocrate chrétien et le Parti national. Les démocrates chrétiens ont fait campagne sur une plate-forme de centre-gauche aux élections de 1970, mais ils évoluent de plus en plus vers la droite pendant la présidence de Salvador Allende, formant par la suite une coalition avec le Parti national (de droite). Ils craignent que Salvador Allende mène le Chili vers une dictature de type cubaine et s’opposent à ses réformes les plus radicales.

En effet, dès l’avènement de Salvador Allende au pouvoir, les services secrets cubains (la Dirección General de Inteligencia ou DGI) interviennent en force pour consolider la position d’Allende (comme ils le firent plus tard pour la Grenade ou les Sandinistes). Les agents de la DGI étaient en charge de la sécurité d’Allende. Le chef de station cubain de la DGI Luis de Ona even se marie avec la propre fille de Salvador Allende, Beatrice. Salvador Allende choisit pour gardes du corps les services spéciaux cubains.

En 1971, à la suite d’une visite d’un mois du président cubain Fidel Castro, avec qui il entretient une amitié étroite, Salvador Allende annonce le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, en dépit d’une convention précédemment établie par l’Organisation des États Américains précisant qu’aucune nation dans l’hémisphère occidental ne le ferait (la seule exception étant le Mexique, qui a refusé d’adopter cette convention).

Salvador Allende et ses adversaires au Congrès s’accusent mutuellement à plusieurs reprises de miner la Constitution chilienne et d’agir de manière antidémocratique.

Les États-Unis sont farouchement opposés à la politique menée par Allende. L’administration Nixon commence à exercer des pressions économiques sur le Chili par l’intermédiaire d’organismes multilatéraux et continue de soutenir les adversaires d’Allende au congrès chilien. Dès 1971, les États-Unis cessent leur aide au Chili et découragent les investissements internationaux. Les États-Unis soutiennent l’opposition et vont jusqu’à financer des grèves de camionneurs chiliens, afin de paralyser les transports internes du pays.

Division de la société chilienne

Radomiro Tomic et son parti la Democratie Chrétienne, soutiennent dans un premier temps le gouvernement de l’Unidad Popular. Cependant, dès 1971, elle se rapproche de son adversaire du parti national dans l’opposition. Ce ralliement s’effectue notamment après qu’un commando d’extrême-gauche nommé Vanguardia Organizada del Pueblo assassine l’ancien vice-président et ministre démocrate-chrétien Pérez Zujovic en juin 1971. Cet assassinat accélère le passage de la DC vers une opposition frontale au gouvernement d’Allende et prive ce dernier de toute majorité au Congrès [37],[38]. La Démocratie chrétienne se rapproche donc du PN (Partido Nacional, de droite). Leurs premiers actes communs concernent l’élection de députés à Valparaíso, où le candidat démocrate chrétien gagne avec l’appui du PN.

Rapidement se met en place une accusation constitutionnelle contre le ministre de l’Intérieur José Tohá accusé d’être responsable dans les nombreux actes de violences touchant le pays. Ces accusations sont mises en place par le PN contre les ministres ; la DC finit par se joindre aux accusations du PN.

Allende transfère Tohá du ministère de l’Intérieur vers le ministère de la Défense. Cet acte est considéré comme de la provocation pour le Congrès, mais légal et inobjectable[39]. L’alliance DC-PN se met en place contre l’Unidad Popular. Il y a de nombreuses manifestations contre la politique du gouvernement, qui donne lieu à de véritables batailles lors des élections entre les manifestants et groupes de gauche.

Du point de vue du Droit, la DC et la droite approuvent une réforme constitutionnelle (projet Hamilton-Fuentealba), qui définit les trois points clefs de l’économie et met en place "trabas al plan estatizador de l’Unidad Popular, dejando sin efecto las estatizaciones y requisiciones efectuadas con anterioridad al filo de la ley". Le président est contre ce projet, et l’insistance de la chambre pour l’approuver crée un conflit légal de grande ampleur qui se déroule durant le gouvernement d’Allende.

La violence politique s’étend. Le Movimiento de Izquierda Revolucionaria (MIR) intensifie ses activités violentes, et le PS (Parti socialiste du Chili) prend la décision d’un socialisme radical, dirigé par le sénateur Carlos Altamirano.

Des travailleurs commencent à s’organiser, donnant naissance aux « cordones industriales », des structures ouvrières indépendantes des syndicats, des partis, et de l’État.

Le même gouvernement se voit pris dans une affaire d’importation illégale d’armes depuis Cuba. En arrivant à l’aéroport de Santiago, un avion cubain non prévu se dirigea immédiatement vers la demeure présidentielle de Tomás Moro, avec des armes venant du GAP (Grupo de Amigos del Presidente).[40]

En se qui concerne le droite, le groupe fasciste Patria y Libertad, dont le leader est Pablo Rodríguez, intensifie ses actes de terrorismes. Des manifestations pour ou contre le gouvernement ont souvent lieu, conduisant souvent à des affrontement violents entre les deux partis. Les brigades terroristes ont commencé à mettre en place un climat d’intolérance. Les groupes Ramona Parra (communiste) et Elmo Catalán (socialiste), affrontent Rolando Matus (du Parti National). Ces groupes s’affrontent entre militants, de préférence, entre jeunes extrémistes.

En ce qui concerne l’économie, la croissance a cessé d’augmenter. Une émission excessive de billets installe l’inflation. Le pays entre en récession économique, les salaires réels baissent, le déficit arrive à 25% du PGB (Produit général brut) et la dette extérieure augmente à 253 millions de dollars américains.

L’augmentation des prix crée un marché noir, où se met en place la vente de produits dont le prix est parfois dix fois le prix officiel. Ce marché noir et la mauvaise situation économique provoquent la disparition de produits de consommations alimentaires de base. L’inflation crée la pénurie et de longues files d’attentes pour obtenir des produits avec tickets de rationnements.

Pour faire face à ces épreuves, le gouvernement socialiste met en place le desabastecimiento, en créant les JAP (Juntas de Abastecimiento y Precios),[41] qui seraient un point de discordance entre « los momios » (adjectif appliqué aux membres de la droite) et « los upelientos » (adjectif appliqué à ceux qui soutiennent la gouvernement). On a accusé la JAP de favoriser les affaires gouvernementales et ainsi de s’opposer à la droite.

La résistance de la droite à été plus dure, avec l’appui de la presse d’opposition. Les journaux El Mercurio, La Segunda, La Tercera de la Hora, Las Últimas Noticias, La Prensa, La Tarde et La Tribuna ont sans cesse attaqué le gouvernement. Ce dernier journal (appartenant à des militants du Partido Nacional), par des titres méprisant le gouvernement socialiste : « MIRicones atacaron a mujeres » ; « ¡Allendista ! Asesinó a otro camionero » ; « Nunca antes un presidente contó con tanto fervor popular unido en un solo grito : ¡Que se vaya ! », etc.

Pour sa part la presse de gauche ne se laisse pas faire, et profite de toutes les occasions pour discréditer les adversaires (par exemple, en écrivant Pe-Ene pénis en espagnol au lieu de PN). Des journaux comme La Nación (journaux gouvernementaux), Las Noticias de Última Hora (du parti socialiste), El Siglo (du parti communiste), El Clarín et Puro Chile (soutenu par le parti communiste ). Des titres comme : « Frei, espía de los EE.UU. » ; « ¡Chúpense esta, momios ! » ; « Senado ampara a ladrones de alimento », etc.[42]

Les opposants et les entrepreneurs se sont levés contre la Papelera, entreprise distributrice de papier. Avec cette nationalisation, l’opposition a peur que le gouvernement puisse contrôler la presse de droite et empêcher de dire ses revendications.

Les camionneurs ont envoyé leurs demandes en un mouvement qui sera connu comme « pliego de Chile », où ils demandent la fin des fermetures radicales des commerces, de la banque unique, le retour au service des imprimeries et autres demandes similaires.

Le chômage se maintient avec la mise en place des membres des Fuerzas Armadas aux ministères : le commandant en chef de l’Armée, Carlos Prats, de l’Intérieur ; le contre amiral Ismael Huerta aux Œuvres publiques, et le général de Brigade Claudio Sepúlveda dirigent les Mines[43]. Ce cabinet dure jusque les élections parlementaires de mars 1973.

Crise
Après 3 ans de gouvernement socialiste, les clivages politiques se radicalisent. Une violente campagne de déstabilisation du gouvernement menée par l’opposition appelle la petite, mais cependant influente, classe moyenne à « vaincre le communisme destructeur de la civilisation chrétienne en terre chilienne ».

Les denrées les plus élémentaires viennent à manquer. Le PIB progresse de 8,3% en 1971 et de 2,1% en 1972, mais baisse de 4,1% en 1973[44]. L’inflation est très importante (500% en septembre 1973). Les rétorsions économiques des États-Unis aggravent l’effondrement économique du Chili. Les commerces sont désapprovisionnés et face à la pénurie et aux contraintes réglementaires, le marché noir fleurit.

Une partie de la population, notamment des jeunes et des ouvriers, descend dans la rue et réaffirme son soutien à l’Unité populaire. Les élections de mars 1973 sont une victoire pour l’opposition qui recueille 55% des voix mais c’est insuffisant pour permettre de voter la destitution de Salvador Allende dont le parti obtient 43,4% des voix, son meilleur score historique.

Le 29 juin, le régiment blindé N°2 sous les ordres du colonel Roberto Souper se soulève et essaye sans succès de prendre le palais présidentiel. On relève 20 victimes, dont 18 civils.

Le 23 août 1973, dans une résolution approuvée à 81 voix contre 47, le parlement demande aux autorités et aux forces armées de mettre fin immédiatement à la situation chaotique dans laquelle se trouve le pays.

En réponse, Salvador Allende nomme le général Augusto Pinochet au poste de commandant en chef des forces armées et décide d’appeler le peuple à un plébiscite pour décider de son sort. Il obtiendrait ainsi à l’arraché l’accord de son parti le 10 septembre.

Le Coup d’État du 11 septembre 1973

Le 11 septembre 1973, à 9 heures du matin, le palais présidentiel est assiégé par l’armée sous le commandement du général Augusto Pinochet. Le palais présidentiel est bombardé par l’aviation. Pendant le coup d’État, Allende s’adresse une dernière fois aux chiliens à la radio où il remercie ses partisans et annonce son intention de se battre jusqu’à la mort[45].

C’est dans le palais que Salvador Allende meurt finalement d’un tir d’AK47 dans le menton. Une anecdote précise que l’arme qui a servi à son suicide avait été offerte par Fidel Castro, et portait une plaque dorée sur laquelle on pouvait lire : « À mon bon ami Salvador, de la part de Fidel, qui essaye par des moyens différents d’atteindre les mêmes buts ».[46]

La thèse officielle qui sera reconnue par la famille après avoir eu accès aux archives de l’État est celle du suicide. Cette version[47] a été confirmée par le témoignage oculaire d’un de ses médecins[48].
Beaucoup de marxistes, dans le feu des déclarations immédiates de Fidel Castro, ont accusé les assiégeants d’avoir tué Salvador Allende. Plus récemment, certains auteurs[49], se basant sur documents déclassifiés par la CIA, ont mis en question cette version et privilégient maintenant l’hypothèse d’un assassinat, notamment depuis la publication d’un rapport du Sénat Américain[50] pour lequel, selon une communication interne envoyée depuis le siège de la CIA à ses agents à Santiago, l’instruction d’envisager la possibilité d’un assassinat suivie d’une histoire de suicide pour le masquer aurait été envisagée.

Selon une version anecdotique, il aurait été assassiné par ses gardes du corps cubains alors qu’il s’apprêtait à se rendre. Cet assassinat aurait été ordonné par Fidel Castro[51].

Une dictature militaire s’installe alors, dirigée par Augusto Pinochet. La répression commence pour les partisans d’Allende ou suspectés tels : le stade national sert de prison à ciel ouvert pour 40 000 personnes, 27 500 personnes seront torturées et au moins 2 279 assassinées ou portées disparues ou exécutées sommairement[52] (Selon le rapport Rettig de 1991, le nombre de victimes de la junte militaire est de 2 279 victimes dont 641 morts « dans des conditions non élucidées » et 957 disparus[53]. La Commission chilienne sur la prison politique et la torture dans le rapport Valech de 2004 comptabilise 33 221 arrestations arbitraires et cas de tortures entre 1973 et 1990, dont 27 255 pour des raisons politiques. Enfin, environ 200 000 personnes se sont exilées).

Source Wilkipedia que nous remerçions.