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Version en anglais dans la deuxième partie de l’article.

La futilité de tenir des élections sous occupation militaire étrangère

Par By Khalid Amayreh en Cisjordanie

mercredi 16 juillet 2008

On dit souvent qu’un sage voit plus de choses du fond d’un puits qu’un imbécile depuis le sommet d’une montagne.

On dit aussi qu’un sage tire la leçon des erreurs d’autrui, qu’un imbécile apprend par ses propres erreurs, mais qu’un parfait crétin n’apprend ni de ses propres erreurs ni de celles des autres.

Le malheur veut que ces adages s’appliquent avec pertinence et exactitude à l’Autorité Palestinienne (AP) à Ramallah, que soutiennent les Etats Unis. Sa crétinerie va au-delà de la réalité car elle persiste à répéter les mêmes erreurs stupides, encore et encore.

Comme un ivrogne invétéré qui boit tant qu’il se prend à penser qu’il est le plus grand personnage de la terre, l’AP semble fermement convaincue qu’elle constitue un « état » ou tout au moins un état en devenir, qu’elle détient « l’autorité », et même « la souveraineté », alors qu’en fait elle n’a aucune des deux.

Combien d’actes de viol faut-il que l’armée d’occupation commette contre nos villes, où l’AP est censée exercer « l’autorité exclusive », pour que nous soyons convaincus qu’ils nous mentent, qu’on leur ment et qu’ils l’acceptent.

Hélas, des convictions aussi fantasmagoriques de notre part sont renforcées par le traitement, souvent majestueux, réservé à l’AP par les gouvernements occidentaux.

Les chefs d’état étasuniens et européens en visite à Ramallah donnent couramment l’impression qu’ils sont en visite dans un état souverain.
De la même façon, les réceptions sur tapis rouge souvent offertes au président de l’AP Mahmoud Abbas suggèrent que les Palestiniens sont enfin en train d’obtenir leur libération de l’occupation de type nazi de leur pays par les sionistes.

Cette impression serait justifiée car, après tout, les peuples qui souffrent sous une occupation militaire étrangère, d’habitude, n’ont pas de président, de gouvernement, de ministres, de forces de sécurité et d’énorme bureaucratie. Et lorsque c’est la cas, ces gouvernements et ces présidents sont d’habitude qualifiés de « collaborateurs », ou de « quislings », ou de « Judenrate ».

Israël et les Etats Unis ont toujours su, depuis le commencement, quelle était la réalité de l’Autorité Palestinienne. Et ils ont fait en sorte de mettre en place les attrape nigauds liés à la réalité d’une autorité ou même d’un état, comme d’appeler « Président » celui qui préside, non pas la Palestine, mais l’AP, d’appeler « ministres » les exécutants de l’AP, et de témoigner des honneurs militaires les plus ronflants devant les officiels de la sécurité Palestinienne, alors que beaucoup d’entre eux maîtrisent les sciences militaires à peu près comme moi le langage des Martiens

Il est intéressant d’observer que tout ceci est arrivé alors que l’AP se retrouve dans la position du suppliant vaincu, qui mendie auprès d’Israël des permis de voyage, personnels de préférence, des faveur de toutes sortes « parce que nous avons besoin d’exécuter les engagement pris aux termes des accords signés. »
Mais, bien entendu, la plupart des Palestiniens réalisent que l’AP n’a aucune autorité réelle ni aucune souveraineté puisque son existence même, et sa survie, dépendant presque complètement de l’acquiescement d’Israël.

Et voilà maintenant que cette Autorité Palestinienne presse les partis politiques de donner leur accord pour organiser des « élections présidentielles et parlementaires anticipées » dès que possible dans le but de former un gouvernement qui « fera marcher le pays ».
Sommes-nous donc devenus la risée du monde entier ? Notre stupidité, votre crétinerie vont-elles au-delà du réel ?

Je pose cette question car enfin, comment diable pouvons nous tenir des élections authentiques sous une occupation de type nazi au vu des « expériences » scandaleuses menées en 2005 et 2006, où la Gestapo juive, connue sous le nom de forces de sécurité israéliennes, ont enlevé des centaines de candidats et d’officiels élus, avant même qu’ils aient la possibilité d’atteindre leurs bureaux ?

Je demande par conséquent à messieurs Mahmoud Abbas, Salam Fayyadh, et à leurs cohortes et leurs clients s’ils ont des garanties (écrites) des Etats Unis ou de l’Europe selon lesquelles Israël permettrait à des élections libres et honnêtes de se dérouler, et dont Israel s’engagerait à respecter le résultat.

En 2005, j’ai couvert les élections municipales dans la ville de Dhahiriya, 25 km à l’ouest de Hébron. Je me souviens que, la veille de l’élection, l’armée israélienne a assailli les maisons de plusieurs candidats locaux, y compris celle du maire vraisemblable et de son adjoint, pour la simple raison qu’ils professaient « des vues non conformistes ».

Lorsque les deux hommes ont finalement été relâchés des geôles israéliennes bien des mois plus tard, ils ont raconté à des reporters comment l’armée israélienne cherchait à justifier leur arrestation, et leur disait que « vous devez savoir que la souveraineté ici appartient aux forces de défense israéliennes et non au peuple Palestinien. »

De la même façon, je me souviens qu’au cours des élections législatives de janvier 2006, l’armée sioniste arrêtait arbitrairement des membres des conseils municipaux, et même des ministres, à des barrages routiers, et les forçait à se tenir là, bien en vue, pendant plusieurs heures, afin d’être bien reconnus par les automobilistes Palestiniens. Le message était très clair.

Aujourd’hui, une grande part des maires et des conseillers municipaux Palestiniens élus, comme de membres du Conseil Législatif, continuent à se morfondre au fond des cachots et des camps de concentration israéliens, souvent sans accusation ni procès, ou encore sous des accusations bidon ou ridicules, comme « constituer une menace pour la survie du peuple Juif », ou encore de « constituer un danger mortel pour la sécurité de la région ».

Par ailleurs, imaginons ce que serait la réaction d’Israël si les élections que réclament maintenant les officiels de l’AP produisait un nouveau groupes de dirigeants que l’établissement sioniste considèrerait comme « terroriste » parce qu’il oserait refuser de s’en tenir aux demandes d’Israël.

Le plus probable est que dans ce cas Israël les embarquerait au cours d’une seule descente, et que le peuple Palestinien devrait revivre le même cauchemar que nous vivons maintenant, avant même que les gens élus la fois dernière de soient relâchés des prisons israéliennes.
Attention, je ne dis pas que nous devons complètement rejeter l’idée de tenir des élections ? Cependant, nous avons besoin de garanties sérieuses qu’Israël respectera le résultat des élections et se retiendra d’arrêter et de pourchasser les candidats et les élus.

Et s’il s’avérait que l’intransigeance israélienne rende impossible le respect de ces conditions préliminaires essentielles, eh bien il faut oublier de telles élections. Il faudrait peut-être songer à démanteler l’AP une fois pour toutes puisqu’elle est déjà devenue un fardeau dévastateur qui amoindrit la moralité de notre juste cause.
Et pour en finir, nous ne devons pas nous berner nous-mêmes encore une fois, car si nous le faisions, nous ne serions pas seulement la risée du monde entier.
Nous serions devenus nos pires ennemis.

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et voici l’original en anglais

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The futility of holding elections under a foreign military occupation

12/07/2008 - 10:28 PM

By Khalid Amayreh in the West Bank

It is often said that a wise man can see more from the bottom of a well than a fool can from a mountain top. It is also said that a wise man learns from the mistakes of other people, an imbecile learns from his own mistakes, but a fool learns neither from the mistakes of others nor from his own mistakes.
Unfortunately, these adages apply squarely and accurately to the American-backed Palestinian Authority (PA) in Ramallah. Its foolishness just transcends reality as it keeps repeating the same stupid mistakes over and over again.
Like an irredeemable drunkard who drinks so much that he begins to think that he is the greatest person on earth, the PA seems thoroughly convinced that it is a “state,” or at least a state in the making, that it has “authority,” even “sovereignty,” when in fact it has neither.
How many acts of rape the Israeli army must carry out against our towns, where the PA is supposed to exercise “exclusive responsibility,” will convince us that we are lying to ourselves and being lied to ?
Unfortunately, such fantastic convictions on our part are enforced by the often stately treatment accorded to the PA by western governments.
American and European heads of state visiting Ramallah routinely give the impression that they are paying a state visit to a sovereign state.
Similarly, the red-carpet receptions often given to PA Chairman Mahmoud Abbas in Western capitals would suggest that the Palestinians were finally obtaining their freedom from the Nazi-like Israeli occupation.
This would be a justified impression because, after all, people languishing under a foreign military occupation don’t usually have presidents, governments, and ministers and security forces and huge bureaucracies. And when they do, these governments and presidents are usually referred to as “collaborators” or “quislings” or “Judenrate”
Israel and the United States knew the reality of the PA from the very beginning. Hence, they managed to create the “trappings” of authority and even statehood, such as calling the PA chairman “president” and calling PA operatives “ministers” and bestowing the highest military honors on Palestinian security officials, many of whom are versed in military sciences as much as I am versed in the Martian language.
Interestingly, all of this happened while the PA succumbs to the status of vanquished supplicant that keeps begging Israel for travel permits or a certain, usually personal, favor…because “we must carry out our commitments under the agreements signed.”
But, of course, most Palestinians realize that the PA has no real authority or sovereignty since its very existence and survival depends almost completely on the Israeli acceptance of it.
Now, this Palestinian Authority is urging Palestinian political factions to agree to organize “presidential and parliamentary elections” as soon as possible in order to form a government that would “run the country.”
Well, have we really become the laughingstock of the world ? Have our stupidity and foolishness transcended reality ?
I am saying this because how on earth can we possibly hold genuine elections under the Nazi-like Israeli occupation in light of the scandalous “experiments” that we held in 2005 and 2006, when the Jewish Gestapo, otherwise known as Israeli security forces, abducted hundreds of candidates and elected officials, even before they had the opportunity to reach their offices.
So, I want to ask misters Mahmoud Abbas, Salam Fayyadh, and their cohorts and hangers-on if they have any guarantees from the US or Europe that Israel would allow free and fair elections to take place and that Israel would respect the outcome of such elections if they were held.
In 2005, I covered the municipal elections at the town of Dhahiriya, 25 kilometers west of Hebron. I remember that on the eve of the elections there, the Israeli army stormed the homes of several local candidates, including the would-be mayor and his deputy because they happened to hold “non-conformist views.”
When the two men were eventually freed from Israeli custody many months later, they narrated to reporters how the Israeli army sought to justify their abduction, by telling them that “you must know that sovereignty here belongs to the IDF not the Palestinian people.”
Similarly, I remember that following the parliamentary elections of January 2006, the Israeli army would deliberately stop legislative council members and even cabinet ministers at roadblocks and force them to stand for several hours in order to be seen by passing Palestinian motorists. The message was very clear.
Today, the vast bulk of these elected Palestinian mayors and municipal council members as well as legislative council members are still languishing in Israeli dungeons and concentration camps, either without charge or trial, or on concocted and flimsy charges, such as “posing a threat to the survival of the Jewish people” and “constituting a mortal danger to the security of the region.”
Besides, let us imagine how Israel would react if the elections PA officials are now calling for produced a new set of leaders the Zionist establishment would consider “terrorists” for refusing to do Israel’s bidding.
Then most probably Israel would round them up at one fell swoop, and the Palestinian people would relive the same nightmare we are living now, even before the people elected last time are released from the Israeli custody ?
I am not saying that we should entirely rule out the concept of holding elections. However, we must have solid guarantees that Israel will respect the outcome of the elections and refrain from arresting and hounding candidates and winners.
And if these essential preconditions proved to be impossible to meet due to Israeli intransigence, then we would have to forget about such elections. Then Maybe we would have to think of dismantling the PA once and for all since it has already become a devastating liability undermining the morality of our just cause.
In the final analysis, we must not fool ourselves once again, because if we did we would be more than a laughingstock of the world. We would be our own worst enemies.