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« En matière de crime : complicité vaut acte » (ndlr)

LETTRE OUVERTE AU DIRECTEUR DU THÉÂTRE DU GYMNASE

par l’UJFP (Union juive française pour la paix)

mercredi 28 mai 2008

Paris, le 28 mai 2008

Théâtre du Gymnase
Bureau du Directeur
38, boul. Bonne Nouvelle
75010 PARIS
OBJET : Participer à l’effort de guerre israélien ?

Monsieur le Directeur,

Le Théâtre du Gymnase récidive. De nouveau, votre établissement invite l’armée israélienne dans ses murs, cette fois-ci à l’occasion du 60ème anniversaire de l’État d’Israël. Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai, car votre théâtre a déjà organisé des soirées de galas au profit de cette même armée. En 2005, une telle soirée a valu une manifestation hostile sous vos fenêtres, encadrée par un impressionnant déploiement policier. Le 1er juin, vous prévoyez de tenir un concert avec la troupe musicale de l’armée israélienne, sur l’invitation de LIBI France, une association de la droite sioniste qui OEuvre << au bien-être du soldat israélien >>.

Il ne s’agit pas là d’un événement culturel, mais d’une opération politique illégitime. En effet inviter la troupe musicale d’une armée étrangère en campagne de répression et de pacification de territoires occupés, hors tout respect du droit international, pose problème : il n’est pas dans les traditions françaises d’accueillir sur notre sol des forces belligérantes étrangères. Cette armée est engagée dans une guerre d’occupation contre ses voisins palestiniens, infligeant tous les jours la répression et la destruction, chaque jour se soldant par des blessés et des morts. Les incursions quotidiennes dans les villes et camps de réfugiés de Cisjordanie et de Gaza provoquent de nombreuses victimes civiles. Les tristement célèbre barrages militaires qui sillonnent la Cisjordanie (plus de 600), sont devenus le principal instrument des humiliations infligées à la population civile. Les nombreuses violations des droits humains et du droit international commis par cette armée d’occupation sont bien documentées par des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi que par des organismes israéliens reconnus comme Betselem (le Centre d’information israélien sur les droits humains dans les territoires occupés).

Dans ces circonstances, l’Union juive française pour la paix (UJFP) estime qu’inviter une unité de cette armée d’occupation de type colonial et glorifier ses méfaits n’est pas un geste de paix, mais participe à l’effort de guerre israélien sur le territoire français. Un geste de paix serait d’inviter par exemple des musiciens israéliens, juifs et arabes, engagés pour une paix juste dans la région, en s’inspirant du travail du chef d’orchestre Daniel Barenboïm, et en y associant des représentants de la société civile qui OEuvrent pour une réconciliation desdeux peuples sur la base de la justice et du respect du droit. Les exemples ne manquent pas : Coalition des femmes pour la paix, Rabbins pour les droits humains, Ta’ayush (<< Vivre Ensemble >>) et les Médecins pour les droits humains, pour en mentionner quelques uns.

Il y a même des figures militaires qui peuvent représenter cette sensibilité dans la société israélienne. Outre des associations comme << Briser le Silence >>, Yesh Gvul (<< Il y a une limite >>) et << Nouveau Profil >> (qui regroupent des officiers critiques, des soldats réfractaires, des objecteurs de conscience et leurs familles) de nombreux militaires, prêts à défendre leur pays à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, refusent de prêter leur concours à une force d’occupation dans les territoires palestiniens. Mais ce n’est pas votre choix : vous préférez la violence du rapport de force contre le droit. Vous choisissez, sous prétexte de célébrer les soixante ans d’Israël, de célébrer la guerre !

Ainsi, nous vous demandons d’annuler le concert programmé avec la troupe musicale de l’armée israélienne. En tant qu’association juive française, l’UJFP exprime sa plus grande indignation devant ce genre de manifestation, qui fait l’apologie d’une armée d’occupation et de la violence. Si Israël veut vivre en État de droit il doit se retirer des territoires palestiniens occupés, revenir aux frontières reconnues par la communauté internationale, respecter les résolutions de l’ONU et faire la paix avec ses voisins sans rapport de domination d’un peuple sur un autre. Sans la justice et le respect des droits humains fondamentaux, il n’y a aucun espoir d’une paix juste et durable dans la région.

En vous remerciant de votre attention, nous vous assurons, Monsieur le Directeur, de nos sentiments dévoués à la paix.

Pour l’UJFP Ile-de-France :
Richard WAGMAN

Président d’honneur