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La Feuille de Chou n°1114 Liban

Sur un communiqué du Parti communiste libanais

Mercredi, 14 mai 2008

mercredi 14 mai 2008

1- Il est très réducteur de prétendre que nous sommes face à un conflit sunnite-chiite, similaire ou inspiré de ce qui se passe en Irak. Les troubles les plus graves ont, dans une large mesure, été sunnites-sunnites et druzes-druzes. De nombreuses personnalités sunnites par exemple, y compris religieuses mais pas seulement, ont dénoncé tout au long du WE les agissements du gouvernement Sioniora et du clan Hariri. De même, la “société chrétienne libanaise” est profondément divisées entre des projets politiques contradictoires.

Par ailleurs, je tiens à souligner à nouveau que les milices pro-gouvernementales s’appuient sur des groupes salafistes très violents que les Hariri et l’Arabie saoudite ont sciemment contribué à armer. Je rappelle encore et à l’inverse que les partis laïques au sein duquel les sunnites sont fortement engagés (parti populaire syrien au nord, parti nassérien à Saida notamment) sont membres de l’opposition et alliés de longue date au Hezbollah.

De ce point et à nouveau, je m’interroge un peu sur cette façon que les uns et les autres, y compris au Liban, ont de reprendre à leur compte les grilles de lecture qui nous sont imposées de l’extérieur (l’opposition chrétienne-musulmane, sunnite-chiite, la reprise de l’idée d’un front chiite associant le lLban, l’Iran, l’Irak et la Syrie, etc.). Certes la dimension confessionnelle (historiquement construite) est présente et structurante, mais elle ne saurait être considérée comme indépendante de dimensions proprement politiques, fondées sur des visions opposées du modèle de société attendu. Le champ politique libanais est à deux dimensions au moins (confessionnelle et politique). Et encore, parler de la dimension confessionnelle comme le fait tout un chacun n’a de sens que si l’on prend en considération les conflits internes aux dites communautés qui n’ont rien d’essentielles, qui sont tout sauf des ensembles homogènes, qui sont floues, en constantes redéfinitions. Ce sont des espaces de luttes dans lesquels s’opposent des perceptions différentes de l’identité confessionnelle et des relations interconfessionnelles. Et ce point nous ramène au précédent : l’importance des facteurs politiques, des visions de la société, des intérêts sociaux.

Bref, à force de reprendre à son compte les grilles de lecture colonialistes, on s’interdit de comprendre le moteur fondamentalement politique et social des luttes en cours.

A nouveau, je remarque que c’est bien le Hezbollah notamment (par son discours, ses pratiques et par la nature fondamentalement plurielle de ses alliances politiques) qui rejette en permanence cette lecture confessionnelle du conflit libanais et proche-oriental. Et c’est cela même qui fait dire à certains analystes qu’il est, précisément, l’un des partis les plus séculiers du Liban, si ce n’est du Proche-Orient…. Nous devons réfléchir à ce point, il est capital : comment voir au-delà des mots et des discours dominants, la réalité structurelles des luttes.

2- Le deuxième point sur lequel je voudrai attirer votre attention, c’est que les propositions finales du texte du PC libanais rejoignent très précisément les demandes formulées par l’Opposition libanaise depuis deux ans.

- Non pas prise de pouvoir ou volonté hégémonique du Hezbollah mais formation d’un gouvernement d’union nationale, représentant l’ensemble des forces politiques.

- Ce gouvernement aura comme objectif de réformer la loi électorale (loi injuste imposée par les Syriens et que les dits “anti-syriens” d’aujourd’hui ne veulent pas modifier parce qu’ils étaient à l’époque pro-syrien et que cette loi avait été faite pour eux…) puis d’organiser des élections législatives qui permettront au peuple de trancher d’une certaine façon les projets de société qui s’opposent.

- Election d’un nouveau président (après élection de la nouvelle chambre).

- Voyez enfin ce document que personne ne lit jamais, le document d’entente entre Hezbollah et CPL (général Aoun). Les jalons pour la fondation d’un Etat social déconfessionnalisé y sont clairement posés, de même que la question des relations indépendantes avec la Syrie….

Pourquoi continuer à dire que l’opposition libanaise est communautariste, qu’elle rêve d’hégémonie chiite et de domination non démocratique, pour continuer de refuser de l’appuyer et de la soutenir, y compris dans un soutien libre et critique ?

Ceux qui poussent à la guerre civile, à la guerre intercommunautaire, à un confessionnalisme intrinséquement liés au clientélisme clanique sont clairement identifiés.

W.