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Source : « Convergence des causes »

La dernière chose dont nous ayons besoin

par Robert Gates

vendredi 2 mai 2008

Shaoul Mofaz, ancien Ministre de la ‘Défense’ d’Ariel Sharon et ancien chef d’État-major de l’armée sioniste restera célèbre dans l’histoire pour avoir échoué sa guerre contre le Liban l’été 2006 et pour avoir revendu son avoir en titres boursiers juste avant de lancer son aviation dans une agression criminelle et sans gloire. Il a tiré bénéfice d’un délit d’initié caractérisé avant que l’attaque ne soit officialisée, il a escompté sur une chute des cours à la Bourse de Tel Aviv (1).

Sa déclaration lors d’une intervention faite ce mercredi à l’université de Yale concernant le programme nucléaire iranien ne passera pas en revanche à la postérité. L’Iran disposerait avant la fin de l’année de la technologie de fabrication de la bombe nucléaire. Parlant le lendemain à la radio de l’armée israélienne, il a insisté sur le fait qu’Israël devait se tenir prêt à une telle éventualité.

Or l’actuel Premier Ministre du régime sioniste Lihudi Olmert vient d’accorder toute une série d’entretiens à la veille de la dernière fête religieuse juive dans lesquels il affirmait tout à fait le contraire. « Je veux dire aux citoyens d’Israël : L’Iran ne va pas disposer d’une capacité nucléaire », voilà ce qui fut publié de l’une de ses interviews au quotidien Ha’aretz. Olmert voulait souligner la réussite de la ‘communauté internationale’ dans son effort d’empêcher l’Iran à acquérir une telle technologie.

Même si des rodomontades comme celles du ministre de l’Infrastructure Benyamin Beneliezer, indiquant qu’en cas d’attaque iranienne, ce à quoi personne de censé ne croit, la réponse d’Israël sera la destruction de la nation iranienne, continuent à être lancées, la musique martiale israélienne contre l’Iran a changé de tonalité.

Robert Gates a commenté ce 30 avril à Mexico l’arrivée du porte-avions Abraham Lincoln dans le Golfe arabo-persique. il n’y voit pas le signe d’une escalade mais d’un rappel de la présence militaire étasunienne dans la région.

Le porte-parole de l’US Navy, Jeff Davis, est encore plus explicite dans le ton conciliant, le Lincoln est venu remplacer le Harry Truman, dans un cycle de rotation routinier des porte-avions.
Interrogé sur l’imminence d’une frappe contre l’Iran, le Secrétaire d’État à la défense a répondu : « No »

Il y a donc cette option affichée de non-intervention militaire directe en Iran par le plus haut responsable du Pentagone.

Pourtant, le chef du commandement militaire en Irak, le Général David Petraeus attribue les échecs de l’armée étasunienne et irakienne contre la résistance de la milice de Mouqdata Sadr à une complicité logistique iranienne.

Depuis deux ans maintenant, la communication étasunienne flotte dans ses accusations contre l’Iran. Cet État décrété Axe du Mal dès le lendemain du 11 septembre en compagnie de la Syrie est tantôt accusé d’organiser la Résistance irakienne tantôt soupçonné de disposer presque déjà de l’armement nucléaire. Cette indécision dans les griefs, jointe à la récente publication de l’enquête des services secrets étasuniens qui affirment la cessation par l’Iran de tout programme militaire nucléaire depuis 2003, rend la posture ouvertement belliqueuse des US(a) inconfortable.

Mais tous ces bavardages des uns et des autres doivent être rapprochés de cette réalité dépeinte par Robert Gates le 21 avril dans un discours tenu à l’académie militaire de West Point et interprétés selon elle.

« Une autre guerre au Moyen-Orient est bien la dernière chose dont nous ayons besoin. Je crois qu’elle serait un désastre à de très nombreux niveaux ».

La capacité militaire des US(a) a été mise à nu depuis qu’ils se sont lancés dans leur insensée guerre contre un terrorisme tout droit sorti de leurs think tank.

La flotte aérienne est vieillissante et les innombrables retards mis à construire de nouveaux avions de combat, le fameux Joint Strike Fighter sans compter les dépassements de budget prévus repoussent son renouvellement à des horizons lointains.

La flotte navale, jusque-là épargnée d’un diagnostic de mauvaise santé, est désormais estimée dans un état critique. Deux bateaux de combat le destroyer Stout et le croiseur Chosin l’un basé à Norfolk l’autre à Pearl Harbor après inspection ont été jugés inaptes à livrer un combat.
Les commandants des forces navales de la flotte atlantique ont ordonné une ‘pause stratégique’ pour révision des bateaux et inspection des équipages.

Mais l’aveu de Gates ne vaut pas acte de franche humilité ni d’impuissance.

L’Empire déclinant qui entretient des guerres exécutées par des mercenaires et financées par des emprunts contractés par un État insolvable ne peut venir à bout de l’Irak et de l’Afghanistan, même s’il y est aidé par une Coalition et le machin qui se fait appeler l’Otan.
L’Empire échoue lamentablement en Afrique, en Somalie comme au Soudan.

Il échoue dans son intention de placer des radars et un système anti-missiles en Tchéquie, le projet a été enterré cette semaine par la diplomatie tchèque.

Il a échoué dans son jeu au Pakistan, et qu’importe pour lui que la star qu’il a promue Benazir Bhutto l’ait payé de sa vie.

Il échoue au Venezuela et nous espérons qu’il échouera en Bolivie.
S’il ne peut plus faire des occupations militaires ouvertes, il espère encore user de sa capacité de nuisance à diviser et fragmenter comme en Bolivie et au Liban.

Dans les quelques années ou mois qui avaient précédé l’effondrement de l’URSS, nul n’a été capable de croire en la mort de ce qui était devenu un monstre de bureaucratie.

Nous n’avons pas à être surpris par la stupidité des questions débattues par les élus au Congrès étasunien, alors que la débâcle économique des crédits hypothécaires met des millions de personnes à la rue, que le chômage et l’inflation commencent à affamer une fausse classe moyenne criblée de dettes. Pas non plus à être médusés par les débats de la piètre campagne des présidentielles si éloignés des préoccupations des électeurs. Tant il est vrai que les campagnes électorales sont financées par des lobbies qui portent au pouvoir une administration qui n’est mise en place que pour servir leurs intérêts.
Comme pour l’ex-URSS, de dictature du prolétariat, il ne fallait retenir que l’entité dictature, de la démocratie étasunienne et occidentale en général, il ne sera retenu que ‘démocratie pour les maîtres du Capital’.

(1)Il a été discrètement remercié et envoyé aux US(a) pour entreprendre officiellement un cursus en économie dans une université étasunienne. Les anciens officiers de l’armée sioniste ne se soustraient en réalité jamais à des fonctions soit de ‘conseillers’ spéciaux militaires pour qui veut bien d’eux dans le respect d’une géopolitique congruente avec les intérêts d’Israël, soit de relais pour le marché des armes dit libre dont les transactions ne sont pas ouvertement interétatiques.

Convergence des Causes