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Source : Ma’an (en français puis en anglais)

Les implantations juives et la question de la paix

par Walid M. Awad

vendredi 14 mars 2008

Il y a quelque jours, le Secrétaire d’Etat étasunien Condoleezza Rice est venue pour la 13 ième fois dans notre région. Le but de sa visite n’était pas très clair, et il ne l’est pas davantage aujourd’hui. En se fondant sur ce qui en est sorti, on peut supposer que ce 13 ième voyage n’était pas très différent des douze précédents. Au début des années 1990, chaque fois que le Secrétaire d’Etat James Baker arrivait à Tel Aviv, il était accueilli par l’annonce de la construction d’une nouvelle implantation juive. Maintenant les choses sont un peu différentes. Chaque fois que la Secrétaire d’Etat quitte Tel Aviv, Israël annonce la construction d’une nouvelle implantation juive. Voilà ce qui distingue Shamir et Olmert.

Au cours des derniers mois, malgré l’engagement pris par Israël à Annapolis de geler la construction des implantations, comme il avait été déclaré clairement et sans équivoque dans la première phase du plan de paix de la feuille de route, Israël a annoncé ouvertement, maladroitement et sans vergogne la construction d’implantations juives de plus en plus nombreuses en Cisjordanie et à dans la ville arabe de Jérusalem Est en particulier.

Cette semaine, avec la bénédiction évidente du premier ministre Ehud Olmert, le ministre israélien du logement et des officiels de la municipalité de Jérusalem Ouest ont annoncé l’extension et la construction de plus de 1 000 unités d’habitation dans les implantations de « Givat Zeev », et de « Neve Yacoov », toutes deux construites illégalement sur des terres arabes occupées à Jérusalem Est arabe.

Quiconque prend la peine d’observer et d’examiner soigneusement cette dernière annonce israélienne s’apercevra que l’une des nouvelles implantations sera construite du côté est du Mur d’Annexion de 8 mètre de béton, et constituera une liaison entre « Neve Yacoov » et l’implantation juive de « Adam ». Les observateurs réalisent également que cette implantation fait partie du plan E1, jusqu’ici mis en sommeil, qui vise à relier « Maale Adoumim » à Jérusalem. Elle isolera la ville Palestinienne de Jaba’a, et encerclera le village de Hamza, deux kilomètres plus au sud. En oputre, elle coupera physiquement la route reliant la zone de Ramallah à Azayreh, et Abou Dis se trouve au centre. Les implications de la construction de cette nouvelle implantation, comme de toutes les autres, sur le peuple Palestinien, seront extrêmement dangereuses.

Cette implantation et les nombreuses autres prévues ou en cours de construction à Ras El Amoud, Silwan, Jabal Abou Ghniem, Jabal Al Moukaber, « Givat Zeev » et d’autres endroits à Jérusalem sont tout simplement pires qu’un poignard planté dans le coeur de la paix.

En réponse à l’annonce des implantations israéliennes, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a publié, lundi 10/03/08, un communiqué appelant le gouvernement israélien à arrêter l’extension des implantations, et à remplir ses obligations au titre de la feuille de route. Le même jour, le principal « responsable »de la politique étrangère de l’Union Européenne, Javier Solana, a déploré la décision israélienne et déclaré que « cela pouvait mettre en péril le processus de paix. »

Pour sa part, un porte parole du ministère anglais des Affaires Etrangères a également publié une réponse le même lundi 10/03/08, déclarant « Nous sommes préoccupés par des rapports selon lesquels Israël prévoit de construire dans l’implantation de « Givat Ze’ev ». Nous considérons que cette décision serait regrettable, tout particulièrement au moment où israéliens et palestiniens devraient se concentrer sur la pleine mise en oeuvre de leurs obligations au titre de la première phase de la Feuille de route, qui comporte le gel de toues les activités d’implantation, y compris la croissance naturelle. »

L’administration Bush, ne voulant apparemment pas être en reste, a publié, toujours lundi 10/03, une déclaration selon laquelle le projet israélien d’extension des logements juifs à Jérusalem Est ne contribue pas à « aider » la progression des discussions de paix. En outre, la secrétaire d’état étasunienne Condoleezza Rice, qui avait rencontré son homologue israélienne Tzipi Livni à Washington le célèbre lundi, a déclaré à des journalistes que la politiques des Etats Unis quant à l’extension des implantations dans les « zones disputées » [quelle zone n’est pas « disputée » en Palestine ?] est bien connue, et qu’il est important de maintenir une atmosphère positive [re : et son atmosfaire, c’est Tzipi...]. Il aurait été trop dur de donner un coup sur les doigts à Israël.

Comme chacun peut le voir, l’ONU, l’Union Européenne, et le Quatuor ne manquent pas d’exprimer leur déplaisir devant les politiques illégales d’Israël de construction d’implantations. Les positions citées plus haut ne contiennent rien de nouveau, elles ont été énoncées bien souvent auparavant, et cependant Israël continue comme si de rien n’était sa politique de construction d’implantations. Ceci, en fait, nous dit qu’Israël se soucie de l’opinion mondiale comme d’une guigne, et ne prend pas au sérieux les critiques des pays occidentaux, et que par conséquent elles sont sans effet.

La conclusion est que les déclarations européennes, étasuniennes, et onusiennes, qui déplorent ou condamnent la politique israélienne d’implantations ne sont absolument pas suffisantes, et ne sauveront pas le processus de paix. Si les Etats Unis, l’Union Européenne, et l’ONU le voulaient vraiment, ils ont la possibilité de contraindre Israël à stopper, arrêter, et geler r toutes les constructions d’implantations juives dans les territoires occupés, et par là de sauver le processus de paix d’un effondrement imminent.

S’ils ne s’engagent pas dans cette voie, et très vite, l’Europe, les Etats Unis, et l’ONU feraient mieux de dire au revoir à toute idée d’établir la paix dans notre région, et, pire encore, ils doivent se préparer à davantage de violence féroce et d’instabilité dans cette partie cruciale du monde.

NDLR :

Il est bien évident que si on s’attache à une perspective à deux états, la présence des implantations est le problème n°1, et ce d’autant que pour nombre d’entre elles, l’entité sioniste les a rattaché à la zone qu’elle contrôle par des circonvolutions incroyables du tracé du fameux Mur d’Annexion, illégal mais qui persiste à bien se porter. Il n’y a que deux solutions raisonnables. Ou bien elles sont, toutes, sans exception, démantelées. Ou bien elles sont conservées sur place, mais sous contrôle de l’Etat Palestinien, et leurs habitants ont un statut de résidents étrangers, sans aucun droit particulier.

Tout indique que la partie sioniste n’est prête à accepter aucune de ces solutions, et donc que la résolution du problème de la « peau de léopard » n’est pas pour demain. Et donc la paix non plus.

Si les pays occidentaux étaient à la hauteur du rôle éminent auquel ils prétendent dans le maintien de la décence dans les affaires du monde, on pourrait leur suggérer de trouver l’énergie de dire aux sionistes : « retirez-vous sur la Ligne Verte, et très vite, sinon c’est le plan de partage de l’ONU de 1949 et rien d’autre » ?

Mais non, c’est, depuis des décennies et des décennies, le même robinet d’eau tiède. Dans nos souvenirs scolaires, nous avons tous le souvenir d’un vieux pion ou d’un vieux prof assez ridicule, incapable de se faire respecter : « attention, je vais me fâcher ! ».

Notre fermeté est celle d’une vieille chaussette.

Les palinodies qui doivent bien faire rire à Tel Aviv envoient en fait un message clair, et si le peuple et si les dirigeants sionistes font semblant de ne pas le comprendre, les peuples arabes, eux, n’en perdent pas une syllabe : l’entité sioniste peut faire ce qu’elle veut, jamais les pays occidentaux ne lèveront le petit doigt pour le contraindre à respecter la loi, la décence, ou ses propres engagements

En fait, il y aurait bien un moyen de se faire entendre des pays occidentaux : que, chaque mois qui passe sans que rien soit fait (non annoncé, mais fait, effectivement, sur le terrain), la production d’hydrocarbures baisse de 1%...Voilà qui les rendrait éloquents. Bien sûr, les pays arabes seraient obligés de faire monter le prix du barril pour pouvoir installer des pistes de ski dans le Golfe. ]


original en anglais :

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Ma’an

Jewish settlements and the question of peace - By Walid M. Awad

Date : 12 / 03 / 2008 Time : 16:40

Earlier this month, U.S. Secretary of State Condoleezza Rice, paid her 13th visit to our region. The purpose of her visit was and still is unclear, from what emerged so far, her 13th apparently was not much different from the previous twelve. In the early 1990’s, whenever U.S. Secretary of State James Baker arrived in Tel Aviv, he was greeted in Israel by the announcement of construction of a new Jewish settlement. Now it is slightly different, every time the Secretary of State leaves Tel Aviv, Israel announces the construction of a new Jewish settlement, thus the difference between Shamir and Olmert.

Over the last few months, and despite Israel’s commitment in Annapolis to freeze settlement construction, as was clearly and unequivocally stated in the first phase of the roadmap peace plan, Israel openly, awkwardly and unashamedly announced the construction of more and more Jewish settlements in the West Bank and in Arab East Jerusalem in particular.

This week, with the open blessings of Israel’s Prime Minister, Ehud Olmert, Israel’s minister of housing, and officials of the West Jerusalem municipality announced the expansion and construction of more than one thousand building units in "Givat Zeev, and Neve Yacoov settlements, both of which are illegally built on occupied Palestinian land in Arab East Jerusalem.

Anyone who cares to observe and carefully examine this latest Israeli announcement will find that one of the new settlements will be built on the eastern side of the 8 meter high apartheid concrete wall, and will link Neve Yacoov with the Jewish settlement of Adam. Observers will also realize that this settlement is part of the so-far dormant (E1) settlement plan designed to link Maale Adumin with Jerusalem. It will isolate the Palestinian town of Jaba’a, and encircle Hizma village one mile away to its south. Furthermore it will physically cut the road connecting the Ramallah area from Azareyeh and Abu Dis in the center. The implications of building this new settlement, as of all the others, on the Palestinian people will be extremely dangerous.

This settlement and the many others planned or under construction in Ras El Amod, Silwan, Jabal Abu Ghniem, Jabal Al Mukaber, ’Givat Zeev’ and other locations in Jerusalem are simply worse than a dagger stabbed into the heart of peace.

In response to the Israeli settlement announcement, UN Secretary General, Ban Ki-Moon, issued a statement Monday calling on the Israeli government to halt settlement expansion, and to fulfill its roadmap peace plan obligations. Also on Monday, EU foreign policy chief adviser Javier Solana deplored Israel’s decision stating that, "It may put the peace process in jeopardy."

For their part, a British Foreign Office spokesperson also issued a response Monday, saying, "We are concerned by reports that Israel plans to build in the settlement of Givat Ze’ev ? we see this as unhelpful - particularly when Israelis and Palestinians should be focusing on full implementation of their obligations under phase one of the Roadmap, which includes freezing all settlement activity, including natural growth."

The Bush administration apparently did not want to be left behind and issued a statement Monday stating that Israel’s plan for expanded Jewish housing in East Jerusalem does not ’help’ the progress of peace talks. In addition to that, U.S. Secretary of State Condoleezza Rice, who met her Israeli counterpart Tzipi Livni in Washington Monday, told reporters that U.S. policy on expansion of settlements in ’disputed areas’ is well-known, and it is important to keep the atmosphere positive. It would have been harsher to slap Israel on its wrist.

As everyone can see, the UN, the EU, and the Quartet are vocally expressing their displeasure with Israel’s illegal settlement policies. The positions stated above are not new, they were said many times before, yet Israel continues unabatedly with its settlement construction. This in fact tells us that Israel does not give a hoot for world opinion, and does not take Western criticism seriously, and therefore she is not deterred by them.

The conclusion is that European, American, and UN statements, deploring or condemning Israeli settlement policies are not by any means enough, and will not save the peace process. What is really needed is much more than statements and talks. Israel must be deterred. The U.S, the EU, and the UN should they really wish, can make Israel halt, stop, and freeze all Jewish settlement construction in the occupied Palestinian territories, thus saving the peace process from an imminent collapse.

If they do not do this soon, Europe, the U.S. and the UN had better say goodbye to any notion of peace making in our region, worse still, they are advised to brace themselves for more ferocious violence and instability in this crucial part of the world.