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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Jeudi, 24 janvier 2008

jeudi 24 janvier 2008

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Envoyé le 23/01/08

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44301

Les forces d’occupation tuent 2 Palestiniens au cours de deux incursions parallèles à Gaza

Les forces coloniales ont abattu un Palestinien de 50 ans nommé Isma’il Al-Attar, mercredi 23/01/08, dans le nord de la Bande de Gaza.

Les sources médicales Palestiniennes ont déclaré qu’Al Attar e tenait devant sa maison dans la région d’Ad-Da’ur à Beit Lahiya lorsque les forces d’occupation ont commencé à tirer en direction des maisons.

Dans un action distincte, un militant affilié à la branche armée du Hamas, les Brigades Al Qassam, a été tué mercredi 23/01/08 au cours d’affrontements qui ont eu lieu près du point de passage de Sufa dans le sud de la Bande de Gaza entre des combattants de la résistance Palestinienne et une unité sioniste camouflée.

Les sources médicales Palestiniennes ont identifié le défunt comme Yahya Al-Biyuk. Des combats acharnés se poursuivent près du point de passage de Sufa.

Des unités sionistes camouflées ont également pénétré dans la Bande de Gaza dans la région d’Al-Fukhkhari, dans le sud de la Bande de Gaza ; elles ont été détectées et accrochées par des combattants de la résistance Palestinienne.

Gaza – Ma’an – 23 / 01 / 2008 - 12:10

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44302

Barak : l’Egypte peut satisfaire les besoins humanitaires de Gaza

Le ministre sioniste de la « défense », Ehud Barak, a déclaré mercredi 23/01/08 qu’à partir de maintenant, l’Egypte peut fournir les besoins humanitaires du peuple de la Bande de Gaza.

Barak a pris la parole à Paris, à la suite d’une rencontre avec le président français Nicolas Sarkozy.

Ses commentaires sont venus après que des dizaines de milliers de Palestiniens se soient rués à travers la mur qui marque la frontière entre la Bande de Gaza et l’Egypte et aient fait provision de nourriture et de carburant avant de rentrer chez eux.

Le Président Egyptien Hosni Moubarak a déclaré mercredi qu’il avait donné des ordres aux forces de sécurité pour permettre l’entrée des Palestiniens depuis la Bande de Gaza.

« Je leur ai dit de les laisser entrer, acheter de la nourriture et s’en retourner chez eux, tant qu’ils ne portent pas d’armes », a déclaré Moubarak à des journalistes au Caire.

Le gouvernement de fait de la Bande de Gaza a fait part de sa disponibilité pour rencontrer immédiatement la direction Egyptienne afin d’étudier des arrangements pour le fonctionnement du point de passage de Rafah, et déclaré qu’il était prêt à prendre la responsabilité de la gestion de ce point de passage.

[commentaires : il va y en avoir des masses, de commentaires, dans les prochains jours, alors je préfère me taire. On doit bien cependant constater que, volens nolens, les sionistes sont bien obligés de mettre pas mal d’eau dans le vin de la politique de punition collective. On est donc bien obligé de demander s’il ne serait pas sage, une fois pour toutes, de se mettre d’accord sur un schéma capable de conduire à la paix tout simplement par la mise en oeuvre du droit des gens. ]

Bethlehem – Ma’an – 23 / 01 / 2008 - 20:50

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44303

Des Gazaouis blessés au cours de la dernière vague de violence sioniste vont être soignés au Caire

Le ministre Egyptien de la Santé, Hatem Al-Jabali, a annoncé mercredi 23/01/08 qu’il avait été décidé de traiter certains des Palestiniens qui ont été blessés au cours de la dernière phase d’incursions sionistes à l’Institut Nasse en Egypte.

Le ministre a déclaré dans un communiqué que le traitement serait gratuit et se ferait en coordination avec le ministère Egyptien des Affaires Etrangères.

Cette dernière décision est un élément des efforts déployés par l’Egypte pour soutenir le peuple Palestinien et alléger ses souffrances

Cairo – Ma’an - 23 / 01 / 2008 - 20:18

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=27389

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44304

Les Brigades Al Aqsa tirent sur un bureau de liaison sioniste à Tulkarem

Les Brigades Al Aqsa, la branche armée du Fatah, ont revendiqué, mercredi 23/01/08, la responsabilité de tirs sur le bureau de liaison militaire sioniste proche de la ville de Tulkarem.

Elles ont déclaré dans un communiqué qu’un groupe de leurs combattants avait tiré sur le bâtiment puis s’était retiré « après avoir fait des victimes chez l’ennemi ».

Le communiqué ajoute que les Brigades Al Aqsa continueront à opérer contre les forces d’occupation en réplique à l’agression sioniste persistante et le siège de la Bande de Gaza.

Tulkarem – Ma’an – 23 / 01 / 2008 - 14:20

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=27383

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44305

Le président du sénat des Etudiants de l’Université Bir Zeït appréhendé par les forces coloniales

Les forces d’occupation se sont emparées d’Abdullah Awis, président du Sénat Etudiant de l’Université Bir Zeït, au checkpoint d’Atarah, au nord de Ramallah, ont déclaré des témoins.

Les soldats sionistes ont fait descendre Awis de voiture, l’ont menotté, lui ont bandé les yeux et l’ont enlevé.

Awis avait pris la tête de l’union des étudiants après l’arrestation du précédent président, Fadi Hamad, par les forces coloniales à fin Novembre.

Le bloc islamique du Sénat des Etudiants à condamné cette arrestation et réaffirmé son intention de « porter le drapeau de la résistance » et de travailler à mettre en assurer les droits des Palestiniens

Ramallah – Ma’an - 23 / 01 / 2008 - 17:02

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=27385

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44306

La justice sioniste approuve les punitions collectives

Le gouvernement sioniste a fait savoir à la Haute Cour sioniste que « tout allait bien » dans la bande de Gaza.

Immédiatement après le rejet de la Haute Cour de Justice d’une requête déposée le 3 janvier 2008 par un groupe de 10 organisations des Droits de l’Homme israéliennes et palestiniennes pour empêcher le deuxième round des coupures de carburant à Gaza décidé par le gouvernement de Tel Aviv, les pétitionnaires ont présenté de nouveau un référé pour une nouvelle injonction.

Selon Sari Bashi, directeur exécutif de GISHA et qui a joué un rôle prépondérant dans cette affaire, la nouvelle requête porte sur le déficit persistant dans la livraison du diesel industriel utilisé pour faire fonctionner la principale centrale électrique de Gaza.

Cette centrale électrique fournit actuellement le tiers environ de l’électricité de Gaza contre près des deux tiers avant les frappes aériennes de juin 2006 qui ont détruit les six transformateurs. Il a fallu des mois de travaux de réparation et beaucoup de négociation avec les différents représentants du Gouvernement sioniste pour obtenir le matériel nécessaire. Malgré tous ces efforts, seule la moitié de la capacité de l’usine avant les frappes a été restaurée.

Les organisations de droits de l’Homme qui se sont rendues à la Haute Cour avait été informées qu’une deuxième série de coupures de combustible (Phase II) devait commencer le 30 décembre suite à une décision militaire de réduire de 35-43 % environ (encore faut-il s’interroger sur la base de calcul) la quantité d’essence fourni actuellement à Gaza.

Selon Bashi, il est apparu clairement que la phase II est entrée en vigueur au cours de la semaine précédente, même si ses mesures ne sont pas appliquées à la lettre comme l’État l’a laissé supposer au tribunal.

Le Jerusalem Post a annoncé, après la décision du tribunal que seulement 230.000 litres d’essence, utilisés principalement par les automobiles, seront désormais livrés par semaine à Gaza.
L’examen des quantités effectivement livrées la semaine dernière montre cependant que les réductions touchant les livraisons d’essence ont été plus profondes que prévu ainsi au lieu de 230.000 litres, à peine 190.000 à 200.000 litres ont été effectivement fournis.

La Phase II des coupures ordonnées par le ministère sioniste de la « défense » est aussi supposée inclure une restauration temporaire pour des niveaux avant coupure en ce qui concerne le diesel.
Le diesel fourni servirait de carburant à la principale centrale électrique de Gaza et aux générateurs de secours, qui sont des moyens vitaux pour faire fonctionner les services essentiels pendant les fréquentes coupures de courant à Gaza. De nombreuses institutions publiques et certains services hospitaliers sont également tributaires de ce diesel y compris les services de blanchisserie et d’assainissement de l’Hôpital Ash-Shifa d’une part, certaines automobiles et autres véhicules utilisent aussi ce diesel comme carburant d’autre part.

Selon Bashi, le gouvernement israélien a fait savoir à la Haute Cour que « tout allait bien » dans la bande de Gaza. La Cour a rejeté alors la demande des pétitionnaires suite à l’assurance que lui a donné le gouvernement sioniste d’éviter une crise humanitaire en distribuant sélectivement les quantités de carburant vitales dans la bande de Gaza bouclée et totalement isolée du monde.

Le Jerusalem Post a annoncé, après la décision du tribunal que "le gouvernement israélien a annoncé que suite à une étude sur le plan humanitaire qu’il avait effectué, il a décidé de fournir le diesel au niveau des quantités qui a précédé les coupures ». GISHA et les autres pétitionnaires soutiennent cependant que le gouvernement israélien n’a pas les moyens d’étudier ou de contrôler en réalité la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

Bashi a déclaré qu’après la phase I, des coupures de combustible ont été ordonnées et la quantité de carburant fournie à Gaza est passée de 1,4 millions de litres par semaine à 1,2 millions de litres et celle du diesel industriel de 2,2 millions de litres par semaine à 1,75 millions de litres.
L’examen des quantités fournies montre cependant que pendant que les fournitures de carburant ordinaire revenaient au niveau avant coupures, celles du diesel industriel sont restées au niveau de la phase I soit 1.75 millions de litres ce qui met la centrale électrique en difficulté.
Les coupures de carburant de la Phase I ont entraîné l’épuisement de toutes les réserves de la centrale électrique de Gaza. Rafiq Maliha, directeur adjoint de Gaza Power and Generating Company, a confirmé par téléphone que dès samedi les réserves de carburant avaient atteint « une ligne rouge » et sont pratiquement nulles, et qu’une nouvelle réduction drastique était déjà en vigueur ces derniers 24 heures : « Hier, à partir de 14 heures, nous avons réduit notre production de 30-35 % en raison du manque de carburant. » Cela signifie que Gaza sera privée d’électricité 8 heures par jour « dans le meilleur des cas » et en cas de panne, la situation ne fera que s’aggraver.

Maliha a déclaré : « on nous a demandé de gérer la situation sans stopper l’une ou l’autre turbine actuellement en fonction ». Il explique que « si les deux turbines tombent en panne, la production de la centrale électrique de Gaza sera réduite de 50% aussi il tente de préserver les deux turbines en opération actuellement tout en demandant à la société de distribution de réduire les livraisons d’énergie mais cela doit être fait manuellement, et le processus n’est pas facile ». Il ajoute : « Et nous n’avons pas la capacité de contrôler la situation afin de savoir si cela fonctionne. »

Maliha est maintenant impliqué dans les efforts de GISHA pour convaincre la Haute Cour d’empêcher l’armée d’occupation de faire des coupures de carburant. Dans sa déclaration fournie à la Cour, Maliha dit que seulement environ 45 MW d’électricité sont en train d’être produites au lieu des 65 MW d’environ et que cela ne fera qu’augmenter les difficultés à Gaza, où les techniciens et les ingénieurs ont bataillé dur pour faire face au déficit de 20 % en fournitures électriques depuis le rétablissement partiel de la centrale électrique de Gaza détruite en 2006. Ses craintes sont que le déficit en électricité ne devienne ingérable car La décision des militaires de faire des coupures supplémentaires à Gaza est toujours en suspens, et le tribunal a fixé une date d’audience pour le 3 Février.

GISHA dit que Gaza n’est pas un Etat ennemi, en dépit de sa désignation en tant que telle par le gouvernement israélien le 19 septembre suite à la poursuite des attaques à la roquette sur le territoire israélien dans le Neguev occidental. Gaza est plutôt un territoire occupé et toutes ces coupures selon Bashi « sont totalement illégales. »

Bien que l’Etat et la Cour semblent penser que les coupures d’essence utilisé principalement par les automobiles ne met pas en danger des vies humaines, Bashi pense le contraire : « Les travailleurs de la santé ne peuvent pas utiliser actuellement leurs véhicules parce qu’il n’ y a pas assez de carburant. Si l’embargo ne renforce pas la sécurité d’Israël, il compromet par contre la vie de 1,5 millions de personnes qui sont poussées à l’extrême ».

Avocats israéliens et Organisations de droits de l’Homme déplorent de plus en plus le manque de soutien des droits des Palestiniens par le système judiciaire sioniste. Miri Weingarten, coordinatrice des projets de santé dans le territoire palestinien occupé de l’organisation Médecins pour les Droits de l’Homme, a dit dans une interview à Ramallah à la radio RAMFM (appartenant à l’Afrique du Sud mais travaillant aussi en zone sioniste) que le taux de succès devant les tribunaux est en train de chuter rapidement : « Malheureusement, la Haute Cour de justice sioniste prend le parti de la politique du gouvernement » a-t-elle déclaré.
Weingarten a ajouté que « le gouverment sioniste entend punir l’ensemble de la population de Gaza, et ne le cache pas, en fait, il le dit clairement. » Les Médecins pour les Droits de l’Homme ont essayé d’aider les patients très malades de la bande de Gaza qui ont besoin d’une permission de sortie pour soins médicaux à l’extérieur, que ce soit en Cisjordanie, en Jordanie, en Israël ou ailleurs dans le monde mais depuis que le Hamas a évincé le Fatah mi-juin dernier, dit-elle, les difficultés sont devenues immenses.

Très tôt sur la même émission de radio, le Dr Ahmed Abu Tawahineh, directeur adjoint du Gaza Community Mental Health Programme, a déclaré que depuis juin dernier, une centaine seulement de patients ont eu le droit de sortir de la bande de Gaza pour se faire soigner soit moins de 10% sur plus de 1000 demandes.

Quelle est la situation en fait ? dit Weingarten. Quand « les patients qui rencontrent des difficultés viennent à nous appeler, nous envoyons leurs dossiers à nos médecins volontaires qui essaient d’intervenir auprès des forces de sécurité au point de passage d’Erez. Si les demandes sont refusées et des raisons de sécurité avancées, nous devons nous adresser à la Haute Cour de Justice, entre temps, la situation des patients se détériore malheureusement et certains viennent à mourir. »

« Nous avions 133 demandes qui nous ont été adressées depuis la mi-juin, » dit Weingarten « mais la plupart n’ont pas eu de réponse du tout et que nous ne pouvions même pas faire un appel auprès de la Cour. » De ce nombre, a-t-elle ajouté, seuls cinq ont été autorisés directement et sept autres ont été agrées après l’intervention des tribunaux.
Mais, dit-elle, « la mise en avant des préoccupations sécuritaires semble parfois ridicule. Nous avons eu des patients qui étaient inconscients, aveugles, sourds, ou même en train de mourir d’un cancer que les militaires ont traité de risques pour la sécurité. »

Weingarten note qu’il y a eu une nouvelle politique en place depuis le mois de septembre, date à laquelle Gaza avait été désignée comme territoire ennemi ou entité hostile. La première est que même les cas en danger de mort ne sont pas autorisés à passer, et le second est que les services généraux de sécurité israéliens, ou Shabak, amènent les patients en sous-sol au point de passage d’Erez pour les interroger sur d’autres personnes et en cas de refus de leur refuser des permis.
Weingarten déclare que « cette forme de chantage médical doit être condamné. En fait, nous croyons que c’est un fait de torture délibérée de refuser des soins médicaux pour des raisons non médicales ».
Elle ajoute que « seules des presssions sur le gouvernement israélien peuvent désormais changer sa politique d’isolement total de la bande de Gaza ».

Physicians for Human Rights (Les Médecins pour les Droits de l’Homme) étaient la semaine dernière devant la Cour avec une liste de quelques 17 cas, et « tous ces cas sont extrêmement urgents et en danger de mort, mais le gouvernement israélien a dit qu’il y avait beaucoup de cas à discuter et a demandé de choisir les plus urgents. Nous avons répondu, nous ne pouvions pas faire cette sélection. »

18 janvier 2008 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/879...
Traduit de l’anglais par D. HACHILIF

Info-Palestine et Marian Houk - Al Ahram Weekly – mardi 22 janvier 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3634

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44307

Pourquoi devrions-nous soutenir l’Autorité palestinienne ?

Le moment est venu de qualifier la situation par son véritable nom : une domination néocoloniale via une administration autochtone mandatée de collaborateurs...

Le samedi 12 janvier, les forces de police palestiniennes agressaient violemment les manifestants qui protestaient pacifiquement contre la venue du président US, George W. Bush, à Ramallah. Parmi les manifestations qui furent molestés, il y eut plusieurs membres importants de l’OLP (organisation de libération de la Palestine). Le fait que le président américain n’ait pas été bien accueilli par la société palestinienne ne devrait pas surprendre : depuis des années, Bush se comporte en ennemi, soutenant les initiatives israéliennes les plus agressives et s’opposant ouvertement à l’application du droit international concernant l’illégitimité de l’occupation et de la colonisation israéliennes. Pour Bush, la Palestine appartient à l’axe du mal et doit être traitée en conséquence.

L’incident de Ramallah ne constitue pas la première réaction violente contre les manifestants pacifiques contestant la politique de leur direction, mais il révèle un tournant qualitatif dans la position politique de l’Autorité palestinienne (AP).

Depuis les accords d’Oslo, l’AP, sous la direction de Yasser Arafat, a combiné la poursuite du combat de libération nationale avec une politique de compromis avec l’occupation israélienne. Ces compromis ont souvent soulevé une opposition populaire mais n’ont jamais été perçus comme une trahison à l’égard du combat national. Les initiatives diplomatiques de la direction de l’OLP n’ont pas toujours reçu un soutien unanime, mais elles étaient considérées comme s’inscrivant dans l’aspiration nationale à la liberté et à un Etat. A l’instar de la direction politique de l’AP, les forces de police palestiniennes étaient composées d’anciens combattants de la libération et considéraient leur mission comme le prolongement du combat pour libérer le peuple palestinien de l’occupation israélienne.

La mort suspecte de Yasser Arafat et son remplacement par Mahmoud Abbas (Abu Mazen) marquent la fin de tout un chapitre de l’histoire du mouvement de libération palestinien et une autonomisation de l’Autorité palestinenne par rapport à l’OLP. Depuis le limogeage du gouvernement d’unité nationale palestinien et la séparation forcée de la Cisjordanie et de la bande de Gaza - les deux menés sous les encouragements américains - l’Autorité palestinienne n’est plus l’expression ni de l’OLP, ni du choix démocratique de la population palestinienne.

Aussi dur que cela puisse paraître, le gouvernement et l’administration palestiniens sont aujourd’hui des outils américano-israéliens, dépourvus de toute légitimité palestinienne - sauf Mahmoud Abbas qui est un président élu -, un évènement qui ne se reproduira plus.

Ce changement qualitatif affecte chaque niveau de l’Autorité palestinienne : le Premier ministre, Salam Fayyad, a été imposé par l’administration US, directement depuis le Fonds monétaire internationale (FMI) ; il n’a jamais été membre du Fatah et son premier geste a été de licencier des milliers de militants de l’OLP de l’administration de l’AP, les remplaçant par des technocrates qui n’avaient aucun passé dans le mouvement national. Sous la direction du général US, Keith Dayton, qui est devenu le gouverneur américain de Ramallah, sa première mission consiste à « reconstruire » une police palestinienne forte, après avoir obligé la vieille garde à démissionner.

Ces nouvelles forces de police ont été formées en Egypte et n’ont aucun lien avec les vieilles organisations nationales de guérilla ; elles sont composées de mercenaires sans conscience ni tradition nationales, prêts à exécuter n’importe quel ordre venant de leurs supérieurs.

Il y a quelques semaines, la télévision israélienne a diffusé un reportage sur les nouvelles forces de police palestiniennes. Dans la première partie, on montrait des stagiaires en train d’apprendre... l’hébreu (« pour pouvoir communiquer avec leurs collèges israéliens », nous a expliqué l’un d’entre eux) ; dans la seconde partie, on les montrait en action, s’en prenant violemment à un membre supposé du Hamas, gérant d’une librairie ; dans la troisième, on voyait l’ « interrogatoire » du vieux libraire, imitation pathétique d’un interrogatoire de l’ISS (services de sécurité israéliens). Pas étonnant qu’avec un tel programme, le journaliste israélien se soit montré très complaisant avec la police palestinienne rénovée.

Le moment est venu de qualifier la situation par son véritable nom : une domination néocoloniale via une administration autochtone mandatée de collaborateurs, qui reçoit ses ordres et son armement de Washington et de Tel Aviv.

Quand le regretté Edward Saïd a appelé Yasser Arafat, « Pétain », et l’Autorité palestinienne, des « collaborateurs », j’ai eu un long entretien avec lui, et je pense l’avoir convaincu que ces définitions n’étaient pas pertinentes. Le refus d’Arafat de se plier au diktat de Barak à Camp David et son emprisonnement dans la Moquata ont confirmé qu’il n’était pas un Pétain. Malheureusement, ce qui n’était pas vrai pour Yasser Arafat l’est aujourd’hui pour la nouvelle direction palestinienne, devenue un instrument au service de l’occupation/colonisation israéliennes, n’ayant plus aucun compte à rendre au peuple palestinien et à ses organisations nationales.

C’est en effet un tournant capital et cela devrait être une préoccupation majeure de la société civile palestinienne et des mouvements nationaux. Les stratégies d’hier ne sont plus pertinentes : la situation politique ressemble de moins en moins à celle de l’ « Algérie » et de plus en plus à celle de l’ « Afrique du Sud », et pour les années à venir, le principal défi va être d’adapter les objectifs politiques et le calendrier à cette nouvelle réalité.

Michel Warschawski est journaliste et écrivain. Fondateur du Centre d’information alternative (AIC) en Israël, il est l’un des représentants du courant radical antisioniste en Israël. Parmi ses livres : Sur la frontière (Stock - 2002), A tombeau ouvert - la crise de la société israélienne (La Fabrique - 2003), A contre chœur (Textuel - 2003).

Du même auteur :
 "Des esclaves liés au maître : les Israéliens et la venue du président Bush" - 14 janvier 2008 - AIC.
 "Nationalité, sionisme et séparation de la religion et de l’Etat" - 2 janvier 2008 - AIC.

20 janvier 2008 - Alternative Information Center - traduction : JPP

Info-Palestine et Michel Warschawski - AIC – mercredi 23 janvier 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3644