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Le silence n’est pas une option, et les gens de conscience peuvent faire la différence

Les Palestiniens « non reconnus »

Par Stephen Lendman

mardi 25 septembre 2007

Stephen Lendman vit à Chicago. Son blog : ww.sjlendman.blogspot.com

Aujourd’hui, la population d’Israël est d’environ 7.150.000 habitants. Environ 5,4 millions sont Juifs (76%), plus 400.000 colons juifs dans plus de 200 colonies en expansion sur la terre palestinienne occupée en Cisjordanie, qui inclut Jérusalem Est palestinienne. Ils sont les élus parés de tous les droits et privilèges, selon les lois de l’Etat juif pour Juifs seulement.

C’est une tout autre histoire pour les Arabes palestiniens.

Leur population est d’environ 5,3 millions de personnes (plus 6 millions, ou plus, dans la diaspora palestinienne). Environ 3,9 millions d’entre eux vivent à Gaza et en Cisjordanie occupée, et 1,4 million sont citoyens arabes d’Israël (20% de la population), y compris environ 260.000 catégorisés comme déplacés de l’intérieur.

Les Palestiniens n’ont pas les droits accordés aux Juifs, même si ceux de l’intérieur d’Israël sont citoyens de l’Etat juif, ont des passeports et des cartes d’identité, et peuvent voter aux élections de la Knesset, si tant est que cela leur serve à quelque chose. Ils sont constamment soumis aux abus et aux négligences, sont confinés sur 2% de la terre et 1% de plus pour l’agriculture, et sont traités avec dédain comme des non personnes.

Les citoyens arabes israéliens vivent principalement dans des villes et villages arabes, dans trois centres – la Galilée au nord ; ce qui est appelé le « Petit triangle » au centre, le long du côté israélien de la Ligne Verte qui sépare Israël de la Cisjordanie ; et la région du désert du Néguev, au sud du pays.

Ces communautés ne sont pas regroupées d’un point de vue géographique et elles sont encerclées par des communautés juives hostiles à leurs voisins arabes qui bénéficient du soutien de la toute puissance de l’armée israélienne. Une minorité de Palestiniens vit aussi difficilement dans des villes mixtes juives-arabes comme Tel Aviv, Jaffa, Haifa, Acre, Jérusalem en Cisjordanie et d’autres.

La situation critique des non personnes palestiniennes dans les « villages non reconnus »

Le terme est orwellien dans sa pire acception. Comment quelque chose de réel peut-il ne pas avoir d’existence officielle ?

Environ 150.000 ou plus (les chiffres exacts sont difficiles à établir) Palestiniens arabes vivent dans plus de 100 soi-disant « villages non reconnus », en Galilée et dans le Désert du Néguev. Ils sont non reconnus parce que leurs habitants sont considérés comme des réfugiés de l’intérieur qui ont été forcés de fuir leurs demeures pendant la « Guerre d’Indépendance » d’Israël en 1948, et qu’on les a empêchés d’y revenir lorsqu’elle s’est terminée.

Ces villages ont été délégitimés par la Loi israélienne de Planification et de Construction de 1965, qui a établi le cadre réglementaire et le plan national de futur développement.

Elle a réparti la terre en zones à usages résidentiel, agricole et industriel, a interdit les constructions non autorisées, les a interdites sur les terres agricoles et a stipulé où les Juifs israéliens et les Palestiniens pouvaient vivre. C’est de cette manière que l’apartheid a fonctionné en Afrique du Sud.

Les communautés existantes sont circonscrites sur une carte, entourées de lignes bleues. Les zones à l’intérieur des lignes peuvent être développées. Celles en dehors non.

Une grande latitude est laissée aux communautés juives qui veulent s’étendre, on ajoute de nouvelles communautés.

Les secteurs palestiniens sont au contraire sévèrement contraints, et ne laissent aucune place à l’expansion. Leur terre a été reclassée comme terre agricole, ce qui veut dire qu’aucune nouvelle construction n’est autorisée.

C’est ainsi que des communautés entières se sont retrouvées « non reconnues » et toutes les maisons et bâtiments y ont été déclarés illégaux, y compris les 95% d’entre eux qui avaient été construits avant la promulgation de la loi de 1965. Ils sont soumis à la démolition et les habitants au déplacement selon le bon vouloir des officiels israéliens. Ils veulent de nouvelles terres pour les Juifs et les prennent sans vergogne à leurs propriétaires arabes, qui ne peuvent les empêcher.

La totalité de la terre publique israélienne est administrée par l’Autorité de la Terre d’Israël (Israël Land Authority – ILA), qui a obligation légale de traiter équitablement tous ses citoyens. Au lieu de cela, et en toute impunité, elle ne sert que les intérêts juifs en usant de méthodes variées pour ce faire.

Elle restreint et empêche le développement de la terre palestinienne :

• en prenant le contrôle de grandes zones arabes par la création de conseils régionaux ;

• en décidant les restrictions de zone mentionnées ci-dessus ;

• en transférant la terre publique adjacente aux communautés arabes au Fonds National Juif ;

• en liant le coût de location de la terre au service militaire, ce qui discrimine les Palestiniens qui ne sont pas appelés à le faire, et presque aucun ne l’est ;

• en déclarant que les zones urbaines nationales des grandes villes sont réservées aux Juifs ;

• en retardant, restreignant et interdisant le développement local des communautés arabes ;

• en ignorant les besoins arabes dans les plans régionaux et nationaux ;

• en ne permettant qu’une faible, voire aucune représentation des Palestiniens dans les commissions de planification nationale ;

• en mettant en œuvre une politique d’évictions forcées et de démolitions des bâtiments qui ne possèdent pas les permis requis.

Dans les « villages non reconnus », aucun permis n’est délivré aux Palestiniens sur leur propre terre. C’est ainsi que des villages entiers font l’objet de poursuites judiciaires et perdent leurs maisons, leur terre et leurs possessions par une politique étatique de vol légal.

Il y a pire. La création de nouvelles communautés palestiniennes n’est pas autorisée, et les « villages non reconnus » existants se voient refuser les services municipaux essentiels comme l’eau potable, l’électricité, les routes, les transports, le système sanitaire, l’éducation, les services de santé, les services postaux et de téléphone, l’enlèvement des ordures ménagères, etc. parce que selon la Loi de Planification et de Construction, ils sont illégaux.

L’impact sur les personnes est terrible :

• il n’y a d’eau potable nulle part, à moins que les gens aient accès à l’eau des puits,

• les quelques services de santé disponibles sont insuffisants,

• beaucoup de maisons n’ont pas de salle d’eau, et aucun permis n’est accordé pour en construire,

• seuls les villages possédant un générateur ont de l’électricité, et seulement pour l’éclairage,

• aucun village n’est relié au réseau routier principal,

• quelques villages sont entourés de clôtures, ce qui empêche les habitants d’aller sur leurs terres traditionnelles,

• au nord, il ne reste qu’une école ouverte et les enfants doivent faire de 10 à 15 kilomètres pour se rendre dans une autre ; en conséquence, les niveaux de réussite sont bas, et les taux d’abandon des études élevé.

Et c’est encore pire lorsque les ordres de démolition des maisons sont lancés. Ils peuvent stipuler que les Palestiniens doivent les démolir eux-mêmes, ou bien avoir une amende pour outrage au tribunal et risquer jusqu’à une année de prison. Ils peuvent également avoir à payer les frais lorsque les bulldozers israéliens le font, selon un système de justice compliqué pénalisant les Palestiniens deux fois.

La loi israélienne discriminatoire

Israël est signataire du Pacte International de 1966 relatif aux Droits Civils et Politiques qui déclare dans son préambule « l’obligation pour les Etats signataires, selon la Charte des Nations Unies, de promouvoir le respect universel et effectif des droits et des libertés de l’homme ».

Le Pacte décline ensuite ce que les Etats doivent observer, par 53 articles qui stipulent ce qui suit :

• Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel. (Première partie, Article premier, 1.)

• Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent Pacte, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. (Deuxième partie, Article premier, 1.)

• Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie. (Troisième partie, Article 6, 1.)

• Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (…). (Troisième partie, Article 7)

• Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n’est pour des motifs, et conformément à la procédure prévus par la loi. (Troisième partie, Article 9)

• Quiconque se trouve légalement sur le territoire d’un Etat a le droit d’y circuler librement et d’y choisir librement sa résidence. (Troisième partie, Article 12, 1.)

• Toute personne est libre de quitter n’importe quel pays, y compris le sien. (Troisième partie, Article 12, 2.)

• Nul ne peut être arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays. (Troisième partie, Article 12, 4.)

• Tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. (Troisième partie, Article 14, 1.)

• Chacun a droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique. (Troisième partie, Article 16).

• Toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit sans discrimination à une égale protection de la loi. A cet égard, la loi doit interdire toute discrimination et garantir à toutes les personnes une protection égale et efficace contre toute discrimination, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique et de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. (Troisième partie, Article 26).

• Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d’avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d’employer leur propre langue. (Troisième partie, Article 27).

En Israël, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques est quasiment fichu d’avance. Il ne s’applique qu’aux Juifs, pas aux Arabes et autres non Juifs.

Les lois israéliennes permettent cette non application des règles du Pacte en soumettant les non Juifs, et en particulier les Arabes, à trois types de discrimination :

• discrimination légale directe garantissant aux seuls Juifs le droit d’immigrer et de devenir citoyens ; elles accordent aussi aux diverses organisations juives du pays un quasi statut gouvernemental au bénéfice des seuls Juifs.

• discrimination indirecte au travers de lois « neutres » et de critères s’appliquant principalement aux Palestiniens ; des privilèges et des avantages gouvernementaux sont fondés sur le service militaire antérieur, service que la plupart des Palestiniens ne font pas ; la catégorisation du pays en zones préférentielles pour Juifs offrent à ces derniers des privilèges et des avantages refusés aux Palestiniens.

• discrimination institutionnelle au travers d’un cadre législatif garantissant un ensemble de privilèges réservés aux Juifs ; des budgets et des ressources sont alloués selon un traitement préférentiel pour les Juifs et une discrimination contre les Palestiniens ; les tribunaux israéliens renforcent ce parti pris en refusant de traiter les affaires où les Palestiniens déclarent que leurs droits ont été niés.

• même lorsque les tribunaux acceptent de traiter leurs affaires et statuent en leur faveur, les Palestiniens n’obtiennent que des miettes ; on en veut pour exemple la décision prise début septembre par la Cour Suprême, à savoir qu’Israël doit modifier le tracé du mur illégal d’apartheid à Bil’in et rendre une petite portion de la terre volée aux villageois ; le problème le plus important du dossier a été ignoré en autorisant que la colonie illégale Modiin Illit, construite sur la terre de Bil’in, reste intacte ; pour l’association contre l’occupation Gush Shalom, le message de la décision de la Cour aux colons est qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent, construire à toute vitesse et attendre, rétrospectivement, l’approbation de la Cour.

Israël prétend être une démocratie. Mais ce n’en est pas une, selon n’importe quel standard raisonnable. Il se définit comme Etat juif, ce qui est en contradiction avec ses références démocratiques proclamées. Il garantit un régime préférentiel aux Juifs et leur donne droit à une considération spéciale niée aux non Juifs, qui sont discriminés et traités comme des citoyens de deuxième classe, et à qui sont niés des droits comparables.

Israël n’a pas de constitution formelle et est régi par ses Lois Fondamentales qui, avant 1992, ne garantissaient pas de droits de base. Cette année là, la Loi Fondamentale « Dignité humaine et Liberté » a été promulguée, autorisant la Knesset à rejeter les lois contraires au droit à la dignité, à la vie, à la liberté, à la vie privée, le droit à entrer dans et à quitter le pays.

La loi stipule : « Il n’y aura pas de violation de la vie, du corps ou de la dignité des individus. Tout individu a droit à la protection » de ces droits, et « Il n’y aura pas de privation ou de restriction de la liberté d’une personne par emprisonnement, arrestation, extradition ou autre. »

Pour une nation engagée dans la violence, il est particulièrement ironique et irritant de voir qu’une section de la Loi Fondamentale parle aussi du « droit à sa vie et à ses membres dans la loi israélienne ».

Elle établit que « la loi israélienne a aboli la peine de mort pour meurtre (et les châtiments corporels) ». Elle note que cette peine existe en principe, mais seulement dans des circonstances limitées comme la trahison en temps de guerre et selon la Loi pour la Prévention et la Punition du Génocide.

Elle indique plus loin que la Loi du Bon Samaritain de 1998 dit qu’aide et assistance sont dues dans des situations « de danger immédiat et grave ».

La Loi Fondamentale omet le droit à l’égalité, donc tous les droits qu’elle indique ne s’appliquent qu’aux Juifs.

Les Palestiniens arabes n’en ont aucun, encore qu’ils peuvent se présenter à la Knesset. Certains le font, peu d’entre eux sont élus mais n’ont aucun pouvoir, si ce n’est une scène publique où exposer leurs idées et être conspués ou ignorés. Ils sont aussi contraints par la Loi de 1992 sur les Partis Politiques et la section 7A (1) de la Loi Fondamentale, qui interdit aux candidats à une élection de nier « l’existence de l’Etat d’Israël comme Etat du peuple juif. » Aucun candidat ne peut protester contre le caractère fondamental juif de l’Etat ou demander l’égalité des droits, des privilèges et de la justice selon la loi pour les Arabes et les Juifs.

L’identité sioniste par essence est inviolable, la règle de la loi n’est faite que pour les Juifs, et tous les droits des Palestiniens, le traitement égalitaire et la justice sont niés selon le système légal pour Juifs qui discrimine les Arabes musulmans.

En Afrique du Sud, cela s’appelait l’apartheid.

La situation critique actuelle des citoyens palestiniens israéliens dans le Néguev

Environ la moitié des 160.000 bédouins arabes sont menacés aujourd’hui de déplacement forcé dans le Néguev. Pourquoi ? Parce qu’ils vivent dans des douzaines de « villages non reconnus », et que, selon la loi israélienne, leurs maisons sont illégales. Ils s’exposent à l’emprisonnement et à des amendes s’ils refusent de partir de manière à ce que leur terre puisse être évacuée, leurs maisons démolies et le secteur judaïsé pour le plan de développement du Néguev. Il est décrit comme « Un miracle dans le désert », et il vise à peupler la zone avec un demi million de nouveaux habitants juifs au cours de la prochaine décennie.

Les projets prévoient 25 nouvelles communautés et 100.000 maisons sur les terres débarrassées des Bédouins. Pendant les deux dernières années, Israël a procédé au nettoyage ethnique du Néguev et à l’effacement des villages bédouins pour rendre ce projet possible.

Tous les Bédouins arabes des « villages non reconnus » sont exposés à ceux qu’ont enduré ceux de Tawil Abu Jarwal en janvier dernier. Le village tout entier a été détruit lorsque l’armée israélienne, un gros contingent de policiers et de forces spéciales, un hélicoptère et des bulldozers sont arrivés le 9 janvier. Ils ont démoli les 21 maisons du village, constitué de baraques, de pièces en brique et de tentes.

La destruction faisait suite à une attaque qui avait eu lieu le mois précédent, lorsque 17 autres maisons ont été démolies et leurs habitants déplacés par la force. Les gens se sont retrouvés sans logis, et en janvier, 63 d’entre eux étaient des enfants.

En 2006, le Ministre de l’Intérieur israélien, Roni Bar-On, avait annoncé son intention de détruire les 42.000 « structures illégales » du Néguev, lors d’une déclaration infâme de nettoyage ethnique forcé et planifié contre un peuple impuissant à l’empêcher.

C’est en train d’arriver à Al-Sadir, Tel-Arad, Amara-Tarabin et, le 25 juin dernier, aux familles bédouines dans les petits villages de Um al-Hiran et Atir, où vivent près de 1.000 personnes.

Des centaines de policiers et de forces de sécurité israéliennes ont détruit plus de 20 de leurs maisons pour faire de la place pour une communauté juive nommée Hiran. Les gens ont tout perdu puisqu’on ne leur laissé aucune chance d’enlever leurs affaires.

Haaretz a rapporté que les villageois d’Atir vivaient là depuis 51 ans, après avoir été transférés à cet endroit en 1956, par la loi martiale.

L’article dit ensuite que le Conseil régional israélien des « Villages non reconnus » déplacera les familles vers un camp de réfugiés dans le centre de Jérusalem (où les Bédouins ne veulent pas aller) « comme partie du projet de réimplantation » (nettoyage ethnique forcé) pour faire « fleurir le désert » pour de nouvelles communautés exclusivement juives.

Voici ce à quoi sont exposés tous les Bédouins arabes du Néguev, à moins que quelque chose ne l’empêche. Nombre d’entre eux ont participé, début août, à une conférence de protestation. Elle a été organisée par des Palestiniens qui ont appelé les pays arabes et les autres à soutenir leur droit de rester dans leurs maisons et ont dénoncé les lois d’Israël, racistes et d’apartheid.

Talab Al Sane, membre arabe de la Knesset, a parlé en leur nom. Et également Hussein Al Rafay’a, chef du conseil régional des « villages non reconnus », qui a dit qu’Israël voulait que les Palestiniens deviennent des réfugiés sur leurs propres terres et qu’il les poussait vers ce statut par une politique de démolition de maisons et de déplacement sans fin.

Les Arabes ont possédé jusqu’à 5.5 millions de dunams de terre (550.000 hectares) dans le Néguev, a-t-il dit. Ils en possèdent maintenant moins de 200.000 (20.000 hectares) et sont menacés de les perdre. « Il est du ressort du Conseil de Sécurité et de la Cour Internationale (à La Haye) d’assurer aux habitants et à leurs terre la protection nécessaire ».

Avec un veto US assuré au Conseil de Sécurité et les antécédents israéliens de non respect des résolutions de l’ONU et des décisions de la Cour Internationale, il y a peu de chances de succès et il est plus que vraisemblable que tous les citoyens arabes israéliens continueront à être déplacés sur leur propre terre.

Plaidoyer pour les Palestiniens arabes des « villages non reconnus »

Israël nie leurs droits fondamentaux de tous les Palestiniens. Toutefois, ceux qui vivent dans les soi-disant « villages non reconnus » font face à un traitement spécial : la démolition de leurs maisons, la perte de leur terre et de leurs biens et le déplacement effrayant qui fera d’eux des réfugiés, avec des millions d’autres, sur leur propre terre.

Peu d’associations plaident en leur nom, mais un groupe qui le fait se nomme l’ Association des 40. C’est une ONG basée en Israël, engagée dans la promotion de la justice sociale pour les Arabes israéliens et l’obtention de la reconnaissance officielle de leurs « villages non reconnus ».

Elle a été créée en décembre 1988 par des habitants arabes et juifs de plusieurs villages touchés, ainsi que d’autres secteurs. Aujourd’hui, elle « représente les habitants des ’villages non reconnus’ et leurs problèmes, et elle encourage le soutien local et international » en leurs noms. Elle lutte pour la reconnaissance officielle des villages, une amélioration de leurs conditions de vie et les « pleins droits et l’égalité pour les citoyens arabes de l’Etat » d’Israël.

Son travail consiste à initier « la préparation et de la mise en œuvre de projets actifs à l’intérieur de ces villages, comme des routes pavées, l’entretien des routes existantes et l’aide des résidants pour obtenir leurs droits, connecter leurs villages au réseau d’eau, d’électricité et de téléphone, installer et gérer des jardins d’enfants et des cliniques pour les soins aux mères et aux enfants, et obtenir des activités éducatives pour les écoliers… ».

Elle publie un mensuel, « Sawt Al-Oura », organise des expositions de photos, des projections de films et documentaires sur la situation difficile des villages. Elle organise également des journées d’étude, des conférences locales et internationales et participe à des conférences internationales.

La lutte continue des Palestiniens pour la liberté et la justice

Les Palestiniens vivent aujourd’hui dans des conditions affreuses. Selon n’importe quelles normes, ces conditions sont épouvantables, répressives et en violation des principes fondamentaux des droits humains, selon la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui stipule :

- Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits (…).

- Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

- Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

- Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.

- Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi (…).

- Toute personne, aussi bien seule qu’en collectivité, a droit à la propriété. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.

Israël ne garantit ces droits qu’aux Juifs. Il les nie aux Palestiniens arabes musulmans, en violation de sa propre Loi Fondamentale, qui professe que « Les droits humains fondamentaux… fondés sur la reconnaissance de la valeur de l’être humain, la sainteté de la vie humaine, et le principe que tous les individus sont libres ».

Elle continue en déclarant que la Loi fondamentale d’Israël « protège la dignité humaine et la liberté (…) », « Il n’y aura aucune violation de la propriété d’un individu ». « Tous les individus ont droit à la protection de leur vie, de leur corps et de leur dignité (…) ». « Toutes les autorités gouvernementales doivent respecter les droits stipulés par la Loi Fondamentale. »

La Loi fondamentale établit aussi qu’Israël est un Etat juif, et le message est clair. Tout droit, avantage, privilège et protection sont destinés aux seuls Juifs. Tous les autres sont malvenus, non désirés, non protégés, et non égaux selon la loi. Pour eux, la justice non reconnue est un déni de justice, et pour les Palestiniens, c’est délibérément et méchamment.

Ils sont constamment confrontés au harcèlement, aux abus et aux attaques en Cisjordanie et à un traitement encore pire dans la prison de Gaza. Leur gouvernement démocratiquement élu a été évincé par un coup d’Etat orchestré en juin par les USA et Israël, sous les applaudissements honteux des dirigeants occidentaux et le silence des dirigeants arabes. Ils sont maintenant isolés, encerclés et menacés d’un désastre humanitaire qui affecte 1,4 million de personnes.

Ce n’est guère mieux pour les citoyens palestiniens d’Israël. Ils sont des non personnes sur leur propre terre, traités comme des intrus, sans droits, confrontés au harcèlement et aux mauvais traitements constants, sans justice, menacés de la perte imminente de leurs maisons, de leur terre, de leur liberté et de leurs vies chaque fois que les autorités israéliennes décident d’agir contre eux.

Pourtant ils persistent et tiennent bon, comme le font leurs frères dans les Territoires Occupés. Ils tendent la main vers la communauté internationale, soutiennent leur cause, et une délégation venant de Palestine occupée l’a exposée au Forum Social Mondial, à Nairobi, au Kénya, en janvier dernier.

Ce fut un appel à action et à l’aide pour « la liberté, la justice et une paix durable » et la fin de six décennies de répression.

Ce fut un appel pour une « campagne globale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël jusqu’à ce qu’il en finisse avec son régime de discrimination semblable à l’apartheid, l’occupation et la colonisation, et respecte le droit au retour des réfugiés palestiniens et des personnes déplacées en interne. »

Ce fut un appel pour le « Boycott des produits israéliens par les consommateurs ; le boycott des universités israéliennes, des manifestations sportives et culturelles et des institutions complices des violations des Droits de l’Homme ; le désinvestissement des compagnies israéliennes et internationales impliquées dans la perpétuation de l’injustice, et la pression sur les gouvernements pour imposer des sanctions sur Israël (…) ».

Le silence n’est pas une option, et les gens de conscience peuvent faire la différence.

Le réalisateur et auteur renommé John Pilger croit que « quelque chose est en train de changer », et il l’a décelé récemment dans une pleine page de publicité dans le New York Times qui avait « l’odeur caractéristique de la panique ».

Elle appelait au boycott d’Israël, et Pilger sent que « la houle grossit inexorablement, comme si une étape importante avait été franchie, et cela évoque les boycotts qui ont mené aux sanctions contre l’Afrique du Sud de l’apartheid (…) lorsque les voix dispersées ont pris une dimension mondiale », note Pilger ; Israël a été pris au dépourvu et cela peut être le signe d’un changement.

Mais cela ne sera ni facile ni rapide, ou cela n’arrivera peut-être même pas du tout, à moins que la pression globale ne se transforme en un scandale public de masse parce que les gens de conscience, où qu’ils soient, ne pourront plus tolérer pareille injustice.

A lire également « Lois d’Apartheid en Israel »

Source : Wa3ad  Traduction : MR pour ISM