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Source : ISM

Tulkarem lutte

Contre le mur, les colonies et les usines chimiques sionistes

samedi 18 août 2007

Le secteur de Tulkarem couvre la ville de Tulkarem et 31 villages. Sur le secteur, vivent environ 180.000 palestiniens. Environ 45.000 dans la ville elle-même, 18.000 dans le camp de réfugiés le plus grand et 8.000 dans le plus petit.
Tulkarem n’est qu’à 13 kms de la Mer Méditerranée, à côté de la ville sioniste de Netanya, mais depuis 1990, les habitants n’ont plus accès à la plage.

Les gens de la région souffrent de divers problèmes qui sont les conséquences directes de l’occupation.
Le problème principal vient de la présence du mur illégal d’apartheid.

42 kms de mur ont été construits autour de la zone ; les résidents gardent l’accès à 48.000 arbres du village, et les 180.0000 autres leur sont inaccessibles, de l’autre côté du mur. Les gens ont l’impression que le mur touche chaque élément de leurs vies.

Un exemple en est le village de Baqa.

Baqa a été divisé en deux en 1948 : Baqa Ouest en zone sioniste et Baqa Est en Cisjordanie. Des familles et des amis ont été brutalement séparés les uns des autres, et n’ont pu renouer les relations qu’après que le régime sioniste ait pris le contrôle total des deux territoires en 1967.

Lorsque quelqu’un de Baqa Ouest, détenteur de papiers d’identité sionistes, se marie avec quelqu’un de Baqa Est, et qu’ils ont des enfants, ces enfants ont eux aussi une carte d’identité sioniste et peuvent fréquenter les écoles sionistes. C’est ainsi que 121 enfants de Baqa Est allaient à l’école à Baqa Ouest.

Des relations et des vies se sont créées, mais en 2003, le mur a séparé les deux parties du village qui étaient reliées auparavant par une rue de 3m de large.

Les enfants qui, avant la construction du mur, mettaient 5 minutes pour aller à l’école, doivent maintenant faire 13 kms par le nord ou le sud pour passer le checkpoint, et ensuite encore 13 kms du côté israélien pour aller à l’école.

Après une période d’un peu moins d’un an au cours de laquelle ils ont supporté ces obstacles, les enfants ont quitté leur école et ont commencé à suivre les cours dans l’école locale palestinienne. Ceci a brisé des amitiés et des liens sociaux et, de plus, a obligé les étudiants à s’adapter à un nouveau système scolaire.

Les enseignants, qui pouvaient auparavant se déplacer librement de Basa Est à Baqa Ouest, attendent maintenant des heures aux checkpoints pour pouvoir passer, rendant leur trajet pour aller travailler encore plus difficile et compromettant la sécurité d’emploi car ils sont souvent retardés et arrivent en retard.

Qaffin est un autre exemple des conséquences de l’occupation.

Avant 1948, le village de Qaffin possédait 30.000 dunums* de terre. Après la Nakba, 20.000 dunums ont été confisqués par le régime sioniste.

Sur les 10.000 dunums laissés au village, le régime sioniste a pris 5.500 dunums pour le mur et 500 pour la colonie Hermesh.

En conséquence, il ne reste que 4.000 dunums aux 11.000 habitants de Qaffin pour bâtir leurs maisons, construire leurs routes et cultiver leurs terres. Avec l’augmentation de la population, la situation va être aggravée dans les prochaines années.

A Nazlat’Isa, il y avait un grand marché, avec 221 boutiques, mais 25 bulldozers et une centaines de soldats sionistes sont arrivés et l’ont démoli.

De plus, les villageois ont l’interdiction d’utiliser leurs véhicules et d’accéder à leurs terres. 203 Palestiniens ont des terres de l’autre côté du mur. Leur accès est limité et ils n’ont pas le droit de se servir de véhicules.

En conséquence, ils doivent transporter leurs produits à la main, dans des paniers, et attendre le passage du checkpoint avant d’être en mesure d’aller à leurs marchés.

Les restrictions de travail sur les terres qui leur appartiennent légitimement signifient que les fruits et les légumes ne sont pas ramassés ni emmenés au marché, et les fruits pourrissent sur les arbres, à cause de la totale impossibilité de s’occuper correctement des terres.

L’impact économique sur les Palestiniens locaux est très lourd, et ils sont de plus en plus pauvres. De même, c’est toute la viabilité économique de la région qui est menacée.

A l’intérieur du village, le mur a également détruit les liens sociaux et la communauté, puisque 6 maisons, dans lesquelles vivent 63 Palestiniens, ont été séparées par le mur d’apartheid ; ils ne peuvent plus recevoir leurs familles et amis et ont un accès restreint à la Cisjordanie.

Les checkpoints sont un autre problème majeur.

Il y a deux checkpoints permanents : Jawara et Anabta, qui empêchent une circulation fluide entre Ramallah et Naplouse et ce secteur.

Il y a également de nombreux checkpoints volants, car le triangle formé par Jénine, Tulkarem et Naplouse est considéré par les forces d’occupation comme point de sécurité très important, à cause du puissant mouvement de résistance dans la région.

Les checkpoints obligent les gens à attendre dans leurs véhicules, sous le soleil, quelquefois pendant trois ou quatre heures, peu importe qu’ils aient des enfants petits, des personnes âgées ou des bébés dans les voitures. Même les malades ou les ambulances sont obligés d’attendre, quelquefois longtemps.

Beaucoup de Palestiniens sans papiers d’identité ou qui sont sur liste noire, souvent pour avoir des amis ou des gens de la famille au Hamas, ne peuvent pas sortir de Tulkarem parce qu’ils pourraient être arrêtés aux checkpoints.

Il y a trois colonies illégales sur le secteur de Tulkarem : Hermesh (près de Qaffin), Enav et Avne Hefez, près de Shufa.

Souvent les colons brûlent ou coupent les oliviers palestiniens, bloquent les routes et sont agressifs avec la population locale. Les colonies illégales sont construites sur des terres volées aux Palestiniens.

De nouveaux murs et grilles, à l’intérieur des territoires palestiniens, volent la terre et, par exemple à Shufa, les habitants ont l’interdiction d’utiliser leur propre route, qui relie Shufa à Tulkarem.

Le trajet, qui prendrait normalement 5 minutes, les force maintenant à faire un long détour pour se rendre dans un des centres commerciaux du secteur.

Les soldats de l’occupation ont l’habitude de harceler la population en entrant dans la ville et en encerclant les villages de jour comme de nuit, utilisant quelquefois les cités et villages comme camps d’entraînement, entrant avec leurs lourds véhicules, lançant des bombes assourdissantes, tirant et effrayant les gens, en particulier les enfants qui font souvent des cauchemars.

D’autres fois, l’armée envoie des agents secrets, en tenues civiles, pour arrêter ou tuer quelqu’un.
Les soldats ennemis ont même visé des enfants de 14 et 15 ans.

Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui encore dans les prisons coloniales, avec leur liberté et leurs droits humains niés, et leurs familles ont d’énormes difficultés pour leur rendre visite.

Lorsque les soldats viennent prendre quelqu’un, ils ne se contentent pas d’emmener la personne ; ils entrent dans les maisons, détruisent le contenu et les affaires de la famille, et la plupart du temps, ils font de même chez les voisins.

Les forces sionistes sont également entrées et ont démoli arbitrairement les maisons qui se trouvaient être proches du mur d’apartheid. Il y a 3 mois, à Far’un, 10 maisons qui étaient à plus de 100m du mur ont été démolies.

Il faut noter que ces propriétés n’ont pas été construites près de la grille mais plutôt que lorsque le régime sioniste a construit cette monstruosité, il l’a bâtie sur les terres palestiniennes et près des maisons.

Des mesures « de sécurité » draconiennes sont souvent prises et, il y a 5 mois, une fille de 13 ans qui marchait avec une amie près de leur village et près du mur ont été toutes les deux visées par des tireurs sionistes.

Une des filles est morte et l’autre a été blessée. Il est impossible de concevoir comment une gamine de 13 ans peut être une menace à la sécurité, en particulier lorsqu’un mur électrifié la sépare de la Palestine 48.

Près de la ville de Tulkarem elle-même se trouvent 10 usines sionistes.

Ces usines ont reçu l’interdiction de continuer à fonctionner en zone sioniste cause des problèmes de santé et d’environnement qu’elles causaient à la population.

En conséquence, elles ont été déménagées en Palestine occupée dans les années 1984. Les autorités coloniales, en dépit de leur responsabilité dans ce déplacement, ont déclaré qu’elles ne pouvaient plus rien faire pour ces usines puisqu’elles n’étaient plus sur le territoire de l’entité sioniste.

Cependant, les soldats sionistes en assurent toujours la protection et rien n’a été fait contre elle, même lorsque des sionistes ont porté plainte, depuis les villages sionistes de l’autre côté du mur.

Le vent souffle habituellement d’Ouest en Est, de sorte que la pollution, les gaz, la poussière et la fumée expulsés des usines, tout va en direction de la Palestine et passe au-dessus de Tulkarem.

Les usines contaminent l’eau et la terre de substances nocives, et bien qu’elles lui appartiennent, le régime sioniste s’en lave les mains et déclare que c’est aux Palestiniens de s’en occuper.

Des échantillons d’eau et de terre ont été pris, mais les tribunaux israéliens ne font rien contre ceci.

La pollution a un impact direct sur la communauté locale. L’asthme augmente à un taux alarmant parmi les enfants de Tulkarem et l’incidence du cancer est le plus élevé dans tous les territoires occupés.

Le régime sioniste choisit quand et comment il veut exercer son pouvoir.

Il contrôle et monopolise 75% de l’eau en provenance des puits de la région, la volant pour le bénéfice des colonies illégales environnantes et pour les habitants du côté sioniste du mur.

Pour aggraver encore ces restrictions et ces obstacles, depuis 1967, les Palestiniens n’ont pas été autorisés à creuser de puit sans permission de l’administration coloniale.

Ils ne peuvent pas non plus produire leur propre électricité. A une époque, le gouvernement allemand était prêt à donner aux Palestiniens les machines et équipements leur permettant de produire de l’électricité mais les containers dans lesquels cet outillage était transporté ont été retenus dans le port de Haifa par les autorités sionistes et n’ont pas reçu l’autorisation de déchargement.

Le régime sioniste a gardé l’équipement pendant 7 mois et finalement, les containers ont été renvoyés en Allemagne. Les Palestiniens ont, pour eux-mêmes, un accès limité à l’électricité et souvent, en plein été, lorsqu’ils en ont un grand besoin, le régime sioniste coupe la connexion pendant des heures.

Dans des villages comme Shufa, la ligne électrique passe à environ 100m du village, et cependant les autorités israéliennes refusent de les autoriser à se connecter au réseau. Les habitants du village dépendent donc d’un générateur pour la fourniture de cette ressource de base.

Environ 65% de la population de Tulkarem est au chômage.

Avant la Deuxième Intifada, environ 300.000 personnes travaillaient en zone sioniste. La plupart d’entre eux ont vu leur permission supprimée et n’ont aucun moyen de survie économique.

Ce qui entraîne une spirale descendante dans la région, les gens n’ont aucun moyen de générer un revenu et ont donc moins d’argent à dépenser ; en conséquence, les affaires et les magasins locaux sont touchés au fur et à mesure que le nombre de consommateurs disponibles chute, et leurs revenus sont affectés eux aussi.

Les retraits de permis de travail en zone sioniste n’affectent pas que les individus et leurs familles, leurs conséquences atteignent la société palestinienne toute entière.

* 1 dunum = 1/10è d’hectare = 1000 m²

Source : ISM  Traduction : MR pour ISM