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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Jeudi, 19 juillet 2007

jeudi 19 juillet 2007

ombre d’entrées : 9

Envoyé le 18/07/07

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29801

Les forces d’occupation arrêtent 16 personnes en Cisjordanie

Les forces coloniales ont arrêté 16 Palestiniens en Cisjordanie mercredi 18/07/07 dans la matinée, en déclarant qu’ils sont « recherchés ».

Des sources sionistes ont déclaré que les arrestations ont eu lieu à Ramallah, Bethlehem et Hébron, et confirmé que les personnes enlevées ont été conduites dans des centres d’interrogatoire.

Bethlehm - Ma’an - 18 / 07 / 2007 - 09:21

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=24049

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29802

Les forces coloniales prises pour cible à Naplouse

Les forces sionistes opérant à Naplouse ont été la cible de coups de feu mercredi 18/07/07 au matin.

Selon des sources sionistes, des Palestiniens armés ont lancé un « engin explosif » sur les soldats et ont tirés sur eux en différents endroits à Naplouse. On ne fait pas état de victimes.

Bethlehem - Ma’an - 18 / 07 / 2007 - 09:34

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=24050

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29803

Une malade du cancer meurt bloqué à Rafah. Erekat dément qu’Abbas ait souhaité que le terminal reste fermé.

Une Palestinienne atteinte d’un cancer est morte dans la soirée de mardi 17/07/07 alors qu’elle était bloquée au point de passage de Rafah, selon des sources médicales égyptiennes. Il s’agit de Sanaa Ahmad Shannan, 27 ans, une habitante du camp de réfugiés de Jabalia dans la Bande de Gaza, mère de 2 enfants.

Par ailleurs, selon le quotidien Ha’aretz, le président Palestinien Abbas a demandé à l’administration sioniste de garder le passage de Rafah fermé, car son ouverture permettrait au Hamas de faire passer sans supervision ses hommes dans la Bande de Gaza. Cependant, le Dr Saeb Erekat a démenti aujourd’hui ce rapport et déclaré que l’Autorité Palestinienne a demandé l’ouverture du passage de Rafah « à de nombreuses reprises. »

Sanaa Ahmad Shannan était revenue récemment du Caire où elle avait reçu un traitement médical, mais sa santé a continué à se détériorer au cours de l’attente au point de passage. Des sources Palestiniennes ont déclaré que Sanaa Shannan avait été en Egypte depuis que l’établissement sioniste avait fermé le point de passage au début du mois de juin, et n’avait pas pu regagner Gaza.

Le nombre de morts parmi les Palestiniens échoués à Rafah s’élève maintenant à 29 depuis la fermeture du point de passage dan la première semaine de juin.

Alors que le Hamas et d’autres groupes Palestiniens ont demandé l’ouverture du point de passade, les autorités d’occupation préfèreraient l’utilisation du point de passage de « Keren Shalom », placé sous leur supervision directe. Le Hamas souligne que l’emploi de « Kerem Shalom » serait une restriction à la souveraineté Palestinienne.

Gaza - Ma’an - 18 / 07 / 2007 - 10:20

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=24054

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29804

Naplouse : l’enfer aux checkpoints

250.000 personnes environ vivent à Naplouse, en Cisjordanie, et son université et sa situation en font un point central pour l’enseignement et le commerce. C’est un endroit qui attire les travailleurs et les étudiants, qui viennent des cités et villages environnants. Naplouse est entourée de 35 villages, en plus des colonies illégales d’ « Itamar », « Berakah », « Alon Moreh » et « Yitzhar ».

Toutes les routes qui vont et partent de Naplouse sont contrôlées par les forces d’occupation, qui arrêtent quiconque entre et sort. Les checkpoints d’ Huwwarra vers le sud, Beit Iba au nord-est et Badan à l’est sont tous utilisés comme punition collective.

Le checkpoint Badan en particulier est connu pour la conduite arrogante et dure des forces d’occupation vis-à-vis des Palestiniens. Attentes interminables sous le soleil et les fortes températures, sans possibilité ni d’en sortir, ni de repartir, ni de se mettre à l’ombre.

Le 12 juillet, deux équipes ISM sont allées à Huwwarra et à Badan pour surveiller les actions des soldats, témoigner par écrit de toutes violations des droits de l’homme et aider les Palestiniens aux checkpoints.

A 7h30, Badan était complètement bouclé et 10 minutes après, il a soudainement ouvert, permettant aux voitures palestiniennes de passer lentement. L’équipe ISM est intervenue lorsque les forces d’occupation ont forcé 4 des Palestiniens qui attendaient à porter d’énormes blocs de pierre destinés à renforcer le checkpoint et à empêcher les voitures d’approcher les soldats sur plus qu’une file.

Les soldats ont empêché que les gens à pied passent le checkpoint, ce qui a causé beaucoup de problèmes à ceux qui étaient arrivés à pied et pour les travailleurs et les étudiants qui devaient attendre près des voitures déjà pleines. Des femmes et des enfants ont dû rester, en plein soleil, pendant des heures, beaucoup ont attendu 3 heures avant de pouvoir traverser le checkpoint. Une des Palestiniennes, Huda, a attendu au soleil avec ses 5 enfants, entre 9 ans et 7 mois.

Vers 8h, il y avait environ 50 voitures attendant de chaque côté du checkpoint, et beaucoup plus de Palestiniens se tenant debout près des voitures, espérant avoir l’opportunité d’exposer leurs raisons de passer à des soldats arrogants. Vers 8h30, un autobus est arrivé et tous les hommes, une vingtaine, ont dû en sortir et se mettre en ligne à côté du bus, face à la vallée en dessous, tournant le dos à la route.

Un moment après, les femmes et les enfants aussi ont été obligés de sortir du bus, et tous leurs bagages ont été fouillés. Les soldats ont mis à l’écart deux des hommes de la rangée et les ont obligés à s’asseoir en plein soleil. Puis ils les ont menottés et ils ont obligé l’un d’entre eux à mettre son propre t-shirt sur sa tête pendant qu’ils aveuglaient l’autre avec un morceau de tissu. Les menottes en plastique étaient très serrées et les soldats ont refusé de les lâcher, malgré les plaintes et les demandes. Un quart d’heure après, l’un des détenus a été libéré et a pu revenir à l’autobus.

Après 40 minutes en plein soleil, l’autre homme aussi a pu revenir au bus. Cependant, épuisé, il a dû être emmené dans une cabane en métal, où il s’est assis sur un bloc de pierre, dans une position très pénible.

L’équipe ISM a réussi à s’approcher de lui, et il leur a murmuré son nom et son numéro d’identité, pour pouvoir faire connaître son identité et l’empêcher de "disparaître" dans l’administration des forces d’occupation. Nous avons également pu avoir le numéro de téléphone de ses parents et mettre Machsom Watch et Hamoked en lien avec la DCO. Il était alors évident que le jeune homme ne serait pas libéré rapidement. Les soldats ont prétendu qu’il était sur leur liste de 167 personnes recherchées.

Le temps passant, la chaleur et la position ont affaibli le jeune homme qui par moments, perdait conscience. Les activistes ont été autorisés à lui donner de l’eau, mais pas de nourriture ni échange de paroles. Deux heures et demi après, son état empirait mais les soldats continuaient à répéter qu’il était dangereux, et qu’il n’était pas l’étudiant de 18 ans qu’il est en réalité, et ont refusé de faire quoi que ce soit.

Après quatre heures de ce traitement, les soldats ont commencé à se montrer très nerveux de la présence des internationaux et de leurs rappels incessants des violations des droits de l’homme qu’ils commettaient ; les internationaux ont dû partir pour éviter une escalade de la violence. Une heure après, l’homme a été emmené, toujours sous arrestation.

ISM - Naplouse - 16-07-2007

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7106&type=temoignage≤sujet=Check-point

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29805

Le précaire gouvernement Fayyad

Salam Fayyad est-il un amateur en politique ? On pourrait le penser vu son comportement des trois dernières semaines.

Effectivement, depuis le « coup » de Gaza du 14 juin, qui a entraîné un autre « coup » à Ramallah quelques jours plus tard, Fayyad, premier ministre nommé du gouvernement basé à Ramallah, a cherché à plaire à tout le monde, sauf au Hamas bien entendu. Il a dit aux sionistes qu’il « changera la réalité » de la Rive Occidentale, éradiquera la « terreur » et « combattra le Hamas » comme jamais auparavant.
Dans le même temps, il a dit aux Américains qu’il est leur homme en Palestine et qu’il s’efforcera de mettre en œuvre la peu sincère idée de deux Etats vivant côte à côte et en paix, entité sioniste et Palestine (peu sincère car Bush a assuré à l’entité sioniste qu’il pouvait garder la plus grande partie des colonies juives sur la Rive Occidentale, rendant l’idée de deux Etats irréalisable.
De plus Fayyad a cherché à se faire apprécier par les Européens en disant à leurs émissaires qu’il est le dernier prototype du dirigeant palestinien.
Et enfin, il a expliqué aux Arabes - qui n’ont bénéficié que d’une attention secondaire vu leur soutien moins qu’enthousiaste pour son gouvernement - que le Hamas est leur « ennemi commun ».
En fait, il a fait passer aux Egyptiens et aux Jordaniens - dont la sécurité nationale dépend dans une très large mesure de la résolution du conflit palestinien - le message qu’il n’y aura aucune chance de paix aussi longtemps que le Hamas occupera un statut dominant sur la scène politique palestinienne.
Bien sûr, si en apparence, l’évaluation par Fayyad du Hamas peut être superficiellement rationnelle, son idée est essentiellement fausse. Après tout, l’entité sioniste et l’OLP négocient depuis près de quinze ans en l’absence du Hamas, et tout ce que les Palestiniens ont obtenu est une augmentation du nombre des colonies juives sur leur terre occupée, la multiplication des barrages routiers et des postes de contrôle, un odieux mur d’apartheid construit dans le cœur de la Rive Occidentale et l’estompement des chances de paix.
Sur le plan intérieur, en dépit des centaines de millions de dollars versés ou promis par l’entité sioniste et l’Occident, le gouvernement Fayyad semble pâtir des même défauts que le gouvernement d’union nationale et de son prédécesseur, le gouvernement dirigé par le Hamas.
Cette semaine, le gouvernement a promis de verser à tous les fonctionnaires leur salaire « intégral ». Toutefois, quand les employés de la fonction publique se sont précipités vers les banques, on leur a dit que leurs salaires ne seraient pas intégralement payés à cause de l’embargo économique.
En outre, 19.000 autres employés n’ont pas été payés du tout parce qu’ils avaient été recrutés par le gouvernement précédent que Fayyad et Abbas considèrent comme « illégal ». Cette mesure draconienne a exaspéré le Hamas qui a exigé que la fonction publique ne soit pas mêlée aux manœuvres entre les factions.
Sur le plan de la sécurité, en dépit de fermes déclarations, le gouvernement Fayyad n’est arrivé à rien, ou presque. Il n’est pas arrivé à maîtriser les milices, dont la plupart sont affiliées au Fatah et qui continuent à se comporter comme des cow-boys de l’Ouest américain sauvage des premiers temps.
Au début de la semaine, certains dirigeants des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa ont fustigé Fayyad pour avoir exigé leur démantèlement et ont pressé Abbas de renvoyer. Fayyad, qui est un indépendant et n’a pas de base de soutien parmi les Palestiniens, essaie de jouer au dur, principalement pour plaire à l’Occident et à l’entité sioniste et apaiser ces derniers. Toutefois, sa capacité à changer quoi que ce soit sur le terrain est très limitée.
En réalité, personne ne sape plus sa capacité à amener le changement que les Israéliens eux-mêmes. L’armée d’occupation continue à mener quotidiennement ses incursions, ses raids et ses assassinats en visant principalement des militants du Fatah et du Djihad islamique sur la Rive Occidentale. Le public palestinien conscient des réalités politiques a l’impression que le gouvernement Fayyad est plus ou moins un gouvernement de collaborateurs.
En outre, les colons, qui agissent comme un Etat dans l’Etat, ont incendié des champs palestiniens de la Rive Occidentale, détruisant ainsi les moyens de subsistance des gens ainsi que leur source de revenus, et cela sous les yeux de soldats sionistes amusés.
Pendant sa réunion avec le ministre sioniste de la défense, Ehud Barak, et plus tard avec la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, Fayyad leur a demandé de cesser de viser quotidiennement des militants palestiniens ne fût-ce que pour renforcer son gouvernement aux yeux des Palestiniens. Ils lui ont répondu de façon favorable et ont fait son éloge, mais sans suite. L’aide accordée par l’entité sioniste jusqu’ici s’est limitée à promettre la libération de 250 prisonniers du Fatah, mesure pas très utile dans le sens qu’elle ne concerne que le mouvement du Fatah.
Un dirigeant du Fatah, cité par le journal Ha’aretz, a dit que « la libération des prisonniers donne l’impression que l’entité sioniste récompense le Fatah de sa collaboration avec les sionistes et l’Amérique...ce qui n’aidera pas Abbas ».
Un autre problème qui est en train de cerner Fayyad et son gouvernement est celui de sa légalité et de sa légitimité. Cette semaine, les avocats et les juristes qui ont rédigé la constitution palestinienne intérimaire ont dit qu’Abbas a outrepassé ses pouvoirs quand il a nommé un nouveau cabinet d’urgence.
Anis Al-Qassem et Eugene Cotran, qui ont commencé à rédiger la Loi fondamentale il y a plus de dix ans, ont dit que « celle-ci donnait le pouvoir à Abbas de renvoyer Haniya, mais non pas de nommer un nouveau gouvernement sans l’approbation du parlement ».
Al-Qasem et Cotran ont expliqué que la Loi fondamentale dit clairement que le cabinet d’unité de Haniya devrait rester l’administration provisoire jusqu’à ce qu’Abbas obtienne l’approbation du parlement pour constituer un nouveau gouvernement.
Ahmed El-Khaldi, professeur de droit qui a aussi travaillé sur les projets de texte de la Loi fondamentale s’est dit préoccupé de ce que la démocratie palestinienne « batte en retraite ». Il y a quinze jours, El-Khaldi a été brièvement enlevé par des miliciens armés loyaux au Fatah. Néanmoins, il est peu probable qu’Abbas, Fayyad et consorts soient disposés à respecter la règle du droit à cet égard puisqu’ils se fondent avant tout sur la force du fait accompli.
Le 9 juillet, Abbas a demandé au Conseil législatif, à présent marginalisé, de se réunir la semaine suivante pour approuver rétroactivement le gouvernement Fayyad. Toutefois, Ahmed Bahr, le vice-président du parlement, a rejeté cet appel en disant que la séance serait illégale.
La semaine dernière, le conseil législatif a tenu une séance pour examiner la crise actuelle. Toutefois, les membres du Fatah ont décidé de la boycotter, compromettant ainsi cet effort. Comme le Hamas la boycotte à présent aussi, on peut prévoir la répétition de cette farce. Cette situation difficile, dont la cause est l’arrestation en masse par Israël de 40 pour cent des législateurs palestiniens, pourrait inciter un Abbas de plus en plus lunatique à dissoudre le conseil législatif (ce qui est illégal) et à convoquer de nouvelles élections générales.
Toutefois, de nouvelles élections générales, si elles étaient vraiment justes et démocratiques, poseraient des problèmes tant pour Abbas que pour Fayyad.
D’après un sondage en ligne réalisé par l’organisation de presse quasi-indépendante Ma’an de Bethlehem, sur 72.000 votants, 42 pour cent voteraient pour Ismail Haniyeh si de nouvelles élections devaient se ternir aujourd’hui. Environ 33 pour cent voteraient pour Abbas. Lors d’un sondage similaire effectué par le journal semi indépendant Al-Quds, sur 30.000 électeurs potentiels, 15,2 pour cent ont répondu qu’ils voteraient pour Haniyeh et 13,7 pour cent seulement pour Abbas.
Bien que les deux sondages ne soient pas scientifiques, leurs résultats semblent indiquer, qu’à moins d’être truquées, les élections générales seraient un autre coup mortel pour Abbas et le Fatah.

Du même auteur :
 Faux-fuyants à Ramallah
 Cauchemar au poste frontière de Rafah
 Le nouveau président israélien : un criminel de guerre par excellence

13 juillet 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à : http://www.amin.org/look/amin/en.tpl ?IdLanguage=1&IdPublication=7&NrArticle=41381&NrIssue=1&NrSection=3#b
http://weekly.ahram.org.eg/2007/853...
Traduction : amg/mcc

Info Palestine et Khaled Amayreh - Al Ahram Weekly - mercredi 18 juillet 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2254

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29806

« L’entité sioniste veut détruire la société civile palestinienne »

Déléguée de la Palestine auprès de l’Union Européenne (UE), Leila Shahid analyse l’impact des divisions interpalestiniennes et évalue la politique européenne vis-à-vis des Palestiniens.

Al-Ahram Hebdo : Comment l’Union européenne a-t-elle réagi au coup de force du Hamas dans la bande de Gaza ? Et comment analyse-t-elle la situation actuelle des Palestiniens ?
Leila Shahid : D’abord, il faut dire qu’au sein de l’UE on n’a pas exactement la même manière de voir les choses lorsqu’on est au Conseil des ministres, à la Commission ou au Parlement européen. Mais il faut dire que l’organe qui affecte le plus l’élaboration de la politique extérieure de l’UE est le Conseil des ministres, c’est-à-dire les représentants de 27 Etats.

Ceux-ci ont beaucoup de mal à avoir une position unie à l’égard de la Palestine, car le système de décision politique se fait par consensus, il n’y a pas de vote. Alors, lorsque vous avez des positions aussi différentes que celles de la Hollande et de l’Espagne, qui sont très éloignées sur toutes les questions de politique étrangère, pour pouvoir adopter une position commune, il faut descendre au plus petit dénominateur commun.
C’est pour cette raison qu’ils ont toujours des positions très peu ambitieuses. Et puis il y a une partie qui n’est pas assise à la table du Conseil des ministres mais qui a le plus de poids : les Etats-Unis d’Amérique. L’ombre de cet Etat plane sur toutes les décisions politiques, surtout en ce qui concerne la Palestine et l’entité sioniste.
Al-Ahram Hebdo : Mais comment l’Europe voit-elle finalement l’actuel état de division dans les territoires palestiniens ?
Leila Shahid : L’Europe est très inquiète, parce que d’une part, elle considère qu’il faut rester dans le cadre de l’Etat de droit. Ainsi, les Européens savent-ils bien qu’on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu d’élections législatives qui ont donné la victoire au Hamas.
En même temps, ils considèrent que le Hamas ne reconnaît pas l’« Etat d’Israël » et ne rejette pas l’action militaire. Pour eux, le Hamas doit donc être mis sur la liste des organisations terroristes et, de ce fait, ils ne peuvent pas traiter avec ce mouvement. Par ailleurs, ils reconnaissent au président Mahmoud Abbas le droit de former un gouvernement d’urgence, mais ils réalisent très bien que sur le terrain, ce gouvernement d’urgence n’a pas prise sur la réalité d’un million et demi d’habitants dans la bande de Gaza.
Et donc, ils sont naturellement perturbés parce qu’ils ne savent pas comment traiter cette situation. Ils ne considèrent pas qu’il y a un gouvernement du Hamas à Gaza. Ils ont reconnu le gouvernement de Mahmoud Abbass, ils ont beaucoup d’estime pour le premier ministre Salam Fayad, mais en même temps ils sont inquiets pour la population à Gaza. Donc, ils ont déjà annoncé qu’ils vont aider la population à Gaza mais en passant par le gouvernement de Salam Fayad et pas en traitant avec le mouvement du Hamas.
Al-Ahram Hebdo : Comment voyez-vous l’impact de la division actuelle des Palestiniens sur la réalisation de leurs aspirations légitimes de fonder un Etat ?
Leila Shahid : L’actuelle situation est très difficile et très grave. Le plus grave est qu’il s’agit d’un affrontement entre Palestiniens. Notre population a déjà été disséminée lors de la nakba en 1948 avec une partie qui est restée en Israël, une partie qui s’est exilée et une autre qui a vécu sous l’occupation militaire dans les territoires conquis en 1967.
Donc, nous sommes un corps qui est déjà disloqué, nous n’habitons pas tous au même lieu, nous ne sommes pas unis par un espace ou un territoire. Donc, nous n’avons pas les moyens d’une guerre civile. Mais ce qui s’est passé à Gaza n’a pas d’autre nom, sinon le début d’une guerre civile. Ce n’est pas seulement un responsable du Hamas qui a tiré sur un responsable du Fatah, il y a eu des affrontements entre civils qui se sont entretués de part et d’autre.
Malheureusement, rien ne garantit que cela n’aura pas lieu aussi en Cisjordanie ou dans les camps de réfugiés, parce qu’il y a des gens qui nourrissent la guerre civile.
Les Américains ont une stratégie de guerre civile, non seulement en Palestine, mais aussi au Liban ou en Iraq. Les Américains et les sionistes pensent que le meilleur moyen d’affaiblir les Palestiniens c’est d’encourager le déclenchement d’une guerre civile. Et cela vaut pour les Iraqiens et les Libanais. Ils n’ont pas de scrupules à faire cela. C’est pour cette raison que la situation demande un grand sens de responsabilité de la part des responsables du Hamas et du Fatah, qui sont les deux parties majeures, mais aussi de la société civile palestinienne, afin de mettre fin à cette situation.
Al-Ahram Hebdo : Quel est le véritable état de la situation humanitaire à Gaza ?
Leila Shahid : La situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique. Les Palestiniens y vivent comme dans une grande prison. Tous les espaces sont fermés devant eux. Et même ceux qui ont du travail comme par exemple les agriculteurs, ils ne peuvent ni importer ni exporter. Les gens ne peuvent pas voyager. Cela rend impossible toute amélioration dans leurs conditions de vie.
Ainsi, les 2/3 de la population à Gaza vivent-ils en dessous du seuil de pauvreté et 70 % de la population sont au chômage. Les Israéliens ont choisi pour détruire la société palestinienne de l’étouffer, de la fragmenter, de l’atomiser. Ils pensent que s’ils font tout cela, les Palestiniens vont finir par partir.
Al-Ahram Hebdo : Cette politique a-t-elle finalement contribué à la montée du Hamas ?
Leila Shahid : La chose la plus importante qui a contribué à la montée du Hamas c’est l’échec du Fatah. Car depuis l’entrée de celui-ci en Palestine en 1994 avec Arafat, le mouvement a promis aux gens de mettre fin à l’occupation militaire, de faire marcher l’économie, d’être partenaire de l’UE. Il leur a dit que tout irait mieux. Mais par la suite, les gens se sont rendu compte que c’était exactement le contraire qui était en train d’avoir lieu. Ils ont vu que les bombardements ont redoublé, les colonies se sont multipliées, le mur qui n’existait pas a été construit.
L’étouffement est encore plus grand qu’avant d’autant plus que toutes les promesses de paix n’ont pas abouti et que personne n’a jamais fait quoi que ce soit contre l’entité sioniste, ni les Européens, ni les Américains. En plus, cela fait quatre ans qu’ils entendent parler d’un Quartette qui ne fait rien, ou plutôt ne fait rien d’autre que de soutenir l’entité sioniste, pendant que celui-ci viole toutes les règles du droit international. Alors à cause de cet échec du Fatah à tenir ses promesses, les gens se sont tournés vers le Hamas, en disant que peut-être que la force aura gain de cause plus que la diplomatie du Fatah.
Al-Ahram Hebdo : Mais pourquoi la rivalité entre le Fatah et le Hamas a-t-elle abouti à ce que vous appelez guerre civile ?
Leila Shahid : Les Palestiniens ont voté oui pour le Hamas, pour que celui-ci négocie avec l’entité sioniste. Ils n’ont pas voté pour le Hamas parce que celui-ci a par exemple un programme islamiste. Ils se sont dit qu’ils voulaient juste un parti politique plus responsable. Malheureusement, les Américains, les Européens et même les Etats arabes ont dit qu’ils ne pouvaient pas traiter avec le Hamas.
Donc Mahmoud Abbas a ouvert un dialogue avec le Hamas pour le convaincre de former un gouvernement de coalition. Après un an de discussions, le 8 février, ils se sont mis d’accord pour former ce gouvernement avec un programme très raisonnable qui répond à toutes les demandes, reconnaît les résolutions précédentes de l’OLP, celles des sommets arabes et qui permet à Mahmoud Abbass de négocier avec Israël mais lui demande de soumettre, par la suite, un éventuel accord à un référendum populaire. Bref, c’était un programme génial.
Malgré cela, les Américains ont dit qu’il ne fallait pas traiter avec ce gouvernement. Lorsqu’on refuse de cette manière de parler aux gens, qu’est-ce qu’on leur laisse à part la violence ? Et comme il y a déjà la pauvreté, la misère et que les gens ont tellement vécu sous l’emprise de la violence, ils ont fini par l’incorporer. On ne peut que s’attendre à ce comportement d’une génération qui n’a connu que la violence et l’humiliation.
Al-Ahram Hebdo : Comment voyez-vous la sortie de cette situation ? Les Palestiniens resteront à jamais divisés en deux entités, l’une à Gaza et l’autre en Cisjordanie ?
Leila Shahid : Non, les Palestiniens ont une très grande responsabilité pour faire en sorte qu’il n’y ait pas deux Palestines. Moi, je refuse de dire une chose pareille. Et la preuve que ceci n’aura pas lieu, c’est que l’idée de la nation palestinienne a survécu pendant 60 ans même si 60 % de sa population est réfugiée à l’extérieur et seulement 40 % vit sur les territoires palestiniens.
La majorité des Palestiniens étaient de la diaspora et on a toujours dit qu’il y a une seule Palestine, nous avions une adresse nationale, nous pouvons être différents dans nos sensibilités idéologiques, mais nous avons tous un but qui est de retrouver une terre natale, notre Etat palestinien, et cela ne pourra pas se faire si l’on fait deux ou trois Palestines. Ils sont nombreux à vouloir nous pousser dans cette direction, et les sionistes sont les premiers à le vouloir. Ils savent bien que c’est le meilleur moyen pour qu’il n’y ait jamais d’Etat palestinien.
Alors cela dépend de nous ressaisir et de dire que ce qui s’est passé est une crise grave, mais que chacun doit apprendre la leçon, chacun doit faire son autocritique et repartir sur des nouvelles bases. Et ceci parce que je continue à penser que la société civile palestinienne est une société de gens très mûrs, politisés et qui ont beaucoup souffert et qu’ils peuvent mettre à profit toute cette expérience pour forcer leurs dirigeants à être responsables et à rebâtir un dialogue national nous conduisant vers le droit chemin de la construction de notre Etat.

Propos recueillis par Randa Achmawi

17 juillet 2007 - Al Ahram Hebdo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahra...

Info Palestine et Leïla Shahid - Al Ahram Weekly - mercredi 18 juillet 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2262

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29807

Tirer les leçons du sang versé à Gaza

Les Etasuniens se sont chargés d’assurer l’échec et l’effondrement du gouvernement d’union et la totale corruption au sein des cercles de la sécurité du Fatah a rendu obsolètes les meilleures intentions.

L’affrontement entre le Hamas et le Fatah qui a trouvé son point culminant dans une mini-guerre civile ces dernières semaines est à la fois quelque chose d’ancien et de nouveau, et pendant que certains de ses éléments sont strictement palestiniens, la plupart d’entre eux ont été fabriqués sur demande des services américano-sionistes et de leurs gouvernements.
Les tensions entre Hamas et Fatah sont vieilles de plusieurs décennies. Le Fatah a - de la fin des années 60 à aujourd’hui - revendiqué une position supérieure, si ce n’est exclusive, à la barre de la politique palestinienne. A l’époque il semblait y avoir fort peu de marge pour tout autre organisation - fut-elle laïque, socialiste ou religieuse - désireuse de partager une plate-forme avec le mouvement de Yasser Arafat.
Au fil des années, le Fatah prit en charge les intérêts des Palestiniens dans leur propre combat. Il est important, pour cette raison, que le Fatah ne soit pas perçu comme un corps monolithique. Le chef de la sécurité du Fatah, Mohammed Dahlan, et ses pareils, ont terni la réputation du Fatah pour toujours, mais il ne faut pas réduire le mouvement et son combat sur des décennies à ces individus. Le Fatah ayant été, du fait de son hégémonie au sein de l’organisation de Libération de la Palestine (OLP), si longtemps le « seul représentant légitime du peuple palestinien », l’émergence du Hamas n’a jamais été acceptée comme part du bercail.
On peut voir le second soulèvement palestinien de 2000 comme une révolte contre Israël et l’occupation, mais aussi contre ceux qui en firent leurs choux gras parmi les Palestiniens - la « légion de la honte » des Palestiniens dont la richesse s’éleva à des niveaux jamais atteints alors que la grande majorité s’enfonçait dans la pauvreté.
Un tel manque de pudeur encouragea les Palestiniens ordinaires à soutenir le Hamas, et en janvier 2006, ce dernier remporta les élections, à sa propre surprise et à celle de beaucoup ! Les élites et la minorité « friquée » avaient fait leur une société gouvernée par la brutalité, le népotisme et le favoritisme, gérée sans honte aucune avec l’aide d’Israël. Le Hamas était la seule alternative crédible : ses déclarations contre la corruption et le combat tenace qu’il poursuivait contre Israël le rendaient apte à assumer ses responsabilités du point de vue de l’homme de la rue.
Bien que les Palestiniens aient été prêts à donner sa chance au Hamas, le gouvernement américain, Israël, divers régimes arabes et le Fatah n’y étaient pas disposés. Au cours des dernières semaines à Gaza, la tragédie des assassinats et de la brutalité là-bas, tout atteste de ce dont le gouvernement américain et Israël sont capables pour tenir le Hamas écarté du pouvoir.
Ce qui s’est passé à Gaza est une tragédie, mais la question reste posée : étant donné les circonstances du moment, le Hamas et le Fatah avaient-ils d’autres options qui leur auraient permis d’atteindre leurs objectifs de façon pacifique ?
Je pense que les deux parties étaient suffisamment déterminées à prévenir une guerre civile à tout prix, l’Accord de La Mecque en fait foi. Cependant, les officiels américains se chargèrent d’assurer l’échec et l’effondrement du gouvernement d’union et la totale corruption au sein des cercles - qui ne servaient que leur propre intérêt - de la sécurité du Fatah rendit obsolètes les meilleures intentions.
C’était une violence à briser le coeur, surtout quand on lit certains détails : des gens jetés du haut de grands immeubles, des exécutions sommaires. Les palestiniens ont été pris dans bien des épisodes violents dans le passé, mais celui-ci est le plus tragique, puisqu’il se produisit sous le regard attentif d’Israël, qui continuait à tuer sans merci des Palestiniens, jeunes et vieux, au moment même où les Palestiniens s’entretuaient.
Maintenant que la tragédie s’est produite, on ne peut qu’espérer que le bon sens et la santé mentale reviennent aux palestiniens, pour qu’ils redécouvrent, une fois de plus, qu’ils sont toujours une nation vivant sous occupation, qui n’a aucune souveraineté politique digne de ce nom.
Malheureusement, le gouvernement américain et Israël restent les plus « efficaces » en ce qui concerne la détermination du cours des événements en Palestine et, naturellement, ils continuent à causer beaucoup de malheur. Israël doit à présent planifier la restitution de l’argent volé aux Palestiniens, sous la forme de taxes prélevées pour leur compte, à Mahmoud Abbas en Cisjordanie, tout en réaffirmant son intention de renforcer le blocus d’une Gaza déjà assiégée et réduite à la misère.
Même les transferts personnels d’argent, par Western Union et ses semblables, seront interrompus pour assurer l’étouffement total de Gaza. Les Etats-Unis vont déverser des dizaines de millions de dollars entre les mains de Mahmoud Abbas, et les seigneurs de la guerre du Fatah - qui se déchaînent contre les institutions du Hamas dans les territoires occupés - vont aussi obtenir bien plus que leur part normale des fonds et des armes. Il est très simple de comprendre l’intérêt sous-jacent d’une telle générosité au bout d’un an et demi d’embargo, ou d’imaginer l’horrible scénario résultant du renforcement d’un régime corrompu et assoiffé de vengeance.
Israël s’arrange pour être sûre que le conflit entre les Palestiniens va également détruire leur projet national en Cisjordanie. On ne laissera pas le Fatah réaliser ce qu’Israël a échoué à faire pendant six décennies d’occupation.
En dépit de la nature douloureuse de ce conflit, on ne peut qu’espérer que quelques précieuses leçons en soient tirées, pas seulement par les Palestiniens mais par d’autres qui subissent avec eux l’intervention des superpuissances et dont la démocratie est une cible constante.
Tout d’abord, Gaza a fait éclater au grand jour, comme aucune autre « expérience » dans l’histoire moderne, l’hypocrisie de la comédie démocratique du gouvernement américain ; si les Etats-Unis avaient une pratique vraiment démocratique, ils auraient reconnu la volonté collective du peuple palestinien et encouragé le dialogue avec leurs représentants, au lieu d’affamer, de faire le blocus et de couvrir des opérations destinées à faire tomber le gouvernement.
En second lieu, la corruption, bien que temporairement fructueuse, ne dure jamais, et bien que capables de pardon et de patience, un temps, les gens ont la capacité à résister à l’oppression, à faire prévaloir et provoquer le changement, même s’il faut user de violence.
Enfin, la politique par procuration est la plus nocive, en Palestine comme ailleurs. Les leaders palestiniens doivent apprendre que le fait de vendre leur volonté politique à des états étrangers pour sauvegarder argent, pouvoir ou justification de leur politique est quelque chose d’impardonnable aux yeux du palestinien ordinaire. Après tout, ce sont ces gens « ordinaires » qui se sont soulevés et ont affronté la puissance imposante de l’entité sioniste, des Américains et la corruption et la brutalité de certains des leurs pendant des décennies. Ils continueront à le faire, si élevé que puisse en être le prix à payer. Pour les Palestiniens, la liberté est plus précieuse que le pain, aussi irrationnel que cela puisse paraître.
Gaza peut bien avoir sombré dans le chaos pour quelques semaines ou quelques mois, mais il en est de même pour le programme dont les vestiges de la clique néo-conservatrice dans l’administration Bush se sont faits les champions, programme qui échoue à opérer en dehors des paramètres d’une doctrine de violence, secret, conspiration et coups militaires.
Ils refusent de reconnaître que ce ne sont pas des armes dont veulent les Palestiniens : simplement, la liberté.

[ndt : confiance, il y a encore des hommes, et lucides !]

* Ramzy Baroud est un écrivain palestino-américain et l’éditeur de PalestineChronicle.com ; son dernier ouvrage est consacré à la Deuxième Intifada et s’intitule « The Second Intifida : A chronicle of a People’s Struggle » (Pluto Press, Londres).

Site Internet :
www.ramzybaroud.net
Du même auteur :
 La gauche palestinienne : une occasion manquée
 Palestine : défaite de la démocratie
 Combattre la peur

28 juin 2007 - Ramzy Baroud - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.ramzybaroud.net/articles...
Traduction : Michel Zurbach

Info Palestine et Ramzy Baroud - Al Ahram Weekly - mardi 17 juillet 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2241

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29808

"La mentalité sioniste de ghetto"

Devant un public conquis, le poète critique la « mentalité sioniste de ghetto ». À Haïfa, Mahmoud Darwich raconte, avec amertume, la division de son peuple.

Lorsque le célèbre poète palestinien Mahmoud Darwich raconte la « victoire » du Hamas à Gaza, lors d’un récital donné à Haïfa, pour la première fois en zone sioniste depuis son exil en 1970, l’ironie se mêle à l’amertume. « Nous nous sommes réveillés du coma pour voir un drapeau monocolore (vert, du Hamas) supprimer un drapeau quadricolore, celui de la Palestine », a lancé dimanche soir le poète national palestinien devant les 2 000 personnes qui avaient réussi à décrocher des billets.

La voix chaude, sobrement vêtu d’un costume anthracite, Darwich captive une audience qui lui est largement acquise et déclame des vers où se côtoient combattants du Hamas et membres de services de sécurité fidèles au Fateh. Les premiers escortent les seconds après leur reddition à Gaza à la mi-juin. Il évoque des « prisonniers en tenue militaire conduisant d’autres prisonniers, nus, vers les caméras filmant la victoire ». « Nous avons triomphé. Gaza a gagné son indépendance de la Cisjordanie. Un seul peuple a désormais deux États, deux prisons qui ne se saluent pas. Nous sommes des victimes habillés en bourreaux », ajoute-t-il. « Nous avons réalisé que nous avons plus d’un père, non pas parce que nous sommes des bâtards, mais parce que nous avons été aveuglés par nos ego surdimensionnés. Nous avons triomphé en sachant que c’est l’occupant (sioniste) qui a réellement triomphé », poursuit le poète de 66 ans. Très applaudi, son récital a été suivi par des milliers de personnes sur des écrans géants dressés à Haïfa et d’autres localités et retransmis en direct par la chaîne arabe al-Jazira. La plupart des députés arabes au Parlement israélien étaient présents, préférant assister au récital de Mahmoud Darwich qu’à la cérémonie d’investiture du nouveau président sioniste Shimon Peres.
Le poète a également critiqué la « mentalité sioniste de ghetto » et la politique sioniste qui empêche la création d’un État palestinien viable. L’intransigeance sioniste affaiblit les « modérés » dans le camp palestinien et renforce les plus radicaux, affirme-t-il. « Les modérés sont poussés à faire des concessions jusqu’à ce qu’ils apparaissent comme des traîtres, et les extrémistes se transforment aux yeux des frustrés en héros capables d’apporter la solution », a-t-il expliqué. Il a accusé Israël d’avoir semé les germes des luttes interpalestiniennes. « À cause de la colonisation (juive), la création d’un État palestinien sera une des merveilles du monde. C’est l’occupant, et personne d’autre, qui a contribué à accumuler chez ces gens assiégés et frustrés une charge de violence qui a fini par exploser au sein de la même famille », a-t-il dit.

Estimant que « la seule réussite » des Palestiniens après 40 ans de lutte contre l’occupation israélienne était de « ne pas mourir », il a prédit que « ce peuple, dont les ennemis n’ont pas réussi à l’exterminer politiquement, saura comment mettre fin à la folie des siens ».
Ce récital de Mahmoud Darwich, une figure de la cause palestinienne et ancien membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), était son premier à Haïfa depuis 37 ans. Considéré comme un des principaux poètes arabes de sa génération, Mahmoud Darwich est né en 1942 à al-Baroua en Galilée, alors en Palestine sous mandat britannique et aujourd’hui dans la zone sioniste. Il a grandi en zone sioniste et a choisi l’exil en 1970.
Après des années à l’étranger, notamment à Paris, le poète s’était rendu en 1995 à Gaza après l’avènement de l’Autorité palestinienne avant de s’installer à Ramallah. Il a été autorisé à fouler le sol de la zone sioniste pour la première fois depuis son exil en mai 1996 afin d’assister aux funérailles de l’écrivain arabe « israélien » Émile Habibi.

Du même auteur :
 « Palestiniens, le peuple de l’absurde » - Interview de Mahmoud Darwish, 30 mai 2007,
 « Je ne suis pas le porte-parole officiel du peuple palestinien. », 17 mai 2007

L’Orient-le-Jour, 17 juillet 2007

Info Palestine et Mahmoud Darwish - L’Orient-le-Jour - mardi 17 juillet 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2255

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La coopérative Al Sanabel pour le développement et la production agricole

Le mot « Al Sanabel » signifie « les épis », quand l’épi meurt, ses blés donnent la vie à des milliers de nouveaux épis.

La coopérative Al Sanabel est née pour résoudre les problèmes de commercialisation du raisin dans la région de Hébron, aider les agriculteurs à résister chez eux, organiser les paysans pour pouvoir se défendre et se développer.
L’entité sioniste, depuis sa création, oblige les Palestiniens à quitter leurs foyers et leurs terres et puis leurs pays. Elle utilise tous les moyens possibles pour expulser le peuple palestinien, les massacres, les colonies, le mur d’apartheid, la guerre économique font partie de sa politique de nettoyage ethnique. Les agriculteurs connaissent depuis longtemps des problèmes dus à cette politique et les sionistes savent bien que 40% des Palestiniens vivent grâce á l’agriculture.
Les producteurs du raisin dans la région de Hébron se trouvent chaque année obliger à jeter une quantité très importante de leur raisin :
 sur les barrages quand l’armée sioniste bloque les routes devant les camions pendant longtemps avant de les laisser continuer le chemin et la plupart de temps le raisin ou bien les fruits pourrissent en attendant les ordres militaires.
 En laissant les grappes sans les ramasser car les agriculteurs ne peuvent pas financer la vendange.
 Et même s’ils les vendent, les prix sont très bas et ne couvrent pas les charges, et c’est exactement comme si la vente n’a pas eu lieu, évidemment les commerçants sioniste décident tout le temps du prix de vente.
La coopérative a bien pensé aux solutions, elle a trouvé que la meilleure façon pour résoudre le problème de l’écoulement des fruits est de les transformer en jus, en confiture, en fruits secs, etc. Si l’armée Israélienne bloque les camions, ces produits résistent. La coopérative a fait l’appel à tous les amis qui voulaient aider les Palestiniens d’une façon pratique et qui souhaitaient faire face à la politique coloniale de l’établissement sioniste et de ses amis. Nos amis et qui sont d’ailleurs très nombreux, ont financé une partie du projet en achetant une unité de transformation de raisin en jus.
Nous allons cette année commencer par le raisin, nous allons produire le Debs "jus de raisin cuit" le raisin sec, le jus de raisin cuit avec de la semoule et évidemment le jus de raisin pasteurisé.
Cela sera la première étape du projet pour pouvoir étudier bien le marché, avoir l’expérience et se préparer pour la deuxième étape sur laquelle nous comptons pour être pratiques et francs quand la coopérative propose des solutions à tous les agriculteurs.
Un tel projet présente la solidarité réelle, la solidarité qui touche le cœur de la souffrance du peuple Palestinien. Plusieurs centaines de paysans palestiniens en bénéficieront.
Le conseil administratif de la coopérative Al Sanabel n’a qu’à remercier tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce projet.
En particulier.
 Ouest France Solidarité.
 La ville de Rennes.
 France Palestine solidarité Rennes.
 France Palestine solidarité Quimper/Douarnenez.
 France Palestine solidarité Champigny.
 France Palestine solidarité Nantes.
 Le labo du conseil général de Nantes
 Tech-dev
 Tous les militants qui pensent á nous
Halhul, Palestine le 18 juillet
Le conseil administratif de la coopérative Al Sanabel.

Info Palestine et Raëd Abuyussef - Hébron - mercredi 18 juillet 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2269

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