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Un message de Marwan Barghouti :

« Notre libération libérera le peuple israélien des maux de l’occupation »

Merci à Al-Faraby et à Jean-Claude Lefort, député communiste français, d’avoir transmis ce message d’un résistant exemplaire.

jeudi 7 juin 2007

Quand un résistant palestinien comme Marwan Barghouti, emprisonné à vie par un Etat en marge des lois internationales, fait le constat des maux qu’apportent à l’occupant sa propre politique colonialiste, il faut rapprocher cette déclaration d’un récent article de Gidéon Levy qui, récemment, intitulait un de ses articles : « la société israélienne est dans le coma ». Article, bien entendu, totalement occulté par nos si objectifs médias dominants.
Il y a trois jours, ces mêmes médias nous apprenaient qu’un homme etait sorti d’un coma de 19 ans.................espérons ! (ndlr)

Du fond de sa prison où il a été condamné à la détention à vie, le populaire dirigeant palestinien a fait parvenir à l’Humanité (avec l’aide du député communiste français Jean-Claude Lefort) le texte suivant.
Le 4 juin 1967 est un jour sombre dans l’histoire du peuple palestinien. C’est une date qui reste dans notre conscience collective tout comme la Nabka - la « catastrophe » - l’événement qui, il y a cinquante-neuf ans, a transformé le peuple palestinien en un peuple de réfugiés, un peuple sans patrie. Je voudrais rappeler à nouveau aujourd’hui que j’ai vécu toute ma vie sous l’occupation israélienne, ma vie, ce voyage fait de frustrations et de souffrances qui ont commencé il y a quarante ans. Au cours de ces quatre décennies, comme tous les Palestiniens, j’ai dû supporter toutes les peines, les douleurs, l’emprisonnement, la torture et l’expulsion. J’ai subi les interrogatoires inhumains dans les prisons de l’occupant. J’ai été détenu arbitrairement sans procès, j’ai été assigné à résidence et j’ai échappé à plusieurs autres tentatives d’emprisonnement. Je n’étais pas là lorsque mes quatre enfants sont nés, je ne les ai pas vus grandir, je n’ai pas assisté à la distribution des prix de leurs écoles et j’ai été privé de tous ces moments de joie... comme des dizaines de milliers, des centaines de milliers d’autres Palestiniens.

J’ai toujours rêvé d’un pays libre et d’un état démocratique, d’un pays où nous pourrions vivre en paix et en sécurité avec nos voisins, avec l’État d’Israël, cet État qui a infligé tant de souffrances à mon peuple. Je rêve encore qu’un jour mon peuple sera libéré de l’esclavage que lui impose l’occupation israélienne. Je suis fier que le peuple palestinien refuse de plier sous l’humiliation et la détresse de l’occupation et continue sa résistance légale pour obtenir sa liberté, le droit de retour et lépendance... comme d’autres peuples l’ont fait dans le passé. Car les Palestiniens aujourd’hui supportent des degrés d’humiliation, de misère et de sous-alimentation pires que ceux supportés au cours des quarante années d’occupation. La brutalité et la discrimination ont atteint leur sommet.

Il est temps que tous ceux qui souhaitent que la paix, la sécurité et la stabilité règnent dans le monde réalisent que pour atteindre ce but au Moyen-Orient il faut mettre fin à l’occupation par Israël de tous les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ainsi qu’à l’occupation de toutes les terres arabes occupées. Il faut créer un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem pour capitale. Enfin, la paix, la sécurité et la stabilité ne régneront dans notre région du monde que si l’on trouve une solution équitable au problème des réfugiés palestiniens, solution basée sur la résolution 194 de l’ONU.

Les amis qui sont à nos côtés dans notre lutte juste soutiennent la justice, la liberté, l’humanité et le respect des droits de l’homme. Il est grand temps de mettre fin à la plus longue et à la plus atroce occupation de l’histoire du monde moderne. La libération de la terre et du peuple palestiniens, au-delà de la libération de notre peuple, est également une occasion de libérer le peuple israélien des maux de l’occupation, de ses crimes et des tensions qui en découlent. Notre peuple n’oubliera jamais ceux qui nous ont soutenus, les hommes, les femmes, les individus, les associations et les partis politiques, les institutions, les comités de solidarité, les États étrangers et les peuples. Nous n’oublierons jamais qu’ils ont été aux côtés du peuple palestinien dans sa lutte pour sortir de ces temps difficiles et la noblesse de leur engagement restera dans nos mémoires. Je suis porté par l’espoir que nous, peuple palestinien et tous nos amis, pourrons célébrer un jour dans les rues et sur les places de Jérusalem l’avènement de la liberté et de la paix sur notre terre de Palestine, terre de paix.