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Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N° 11)

Aujourd’hui : Les cartes de Washington au Moyen-Orient

Notre rubrique géopolitique

dimanche 24 décembre 2006

Strasbourg, le 24 décembre 2006

Même battue, l’équipe de G.W.Bush ne sait faire que la guerre

La carte sunnite}

1978 : l’Union soviétique, (Empire qui disparaîtra en 1991), envahit l’Afghanistan. La résistance s’organise aussitôt sur tout le territoire, du Nord et au Sud de l’Afghanistan. L’Occident prend part à la résistance.

Les Etats-Unis sortent leur « carte sunnite » et une machine à trois têtes se met en marche.

Sur son territoire, à la frontière afghane, le Pakistan (sunnite) ouvre des dizaines d’écoles coraniques, financées par l’Arabie saoudite (sunnites, adeptes d’un islam rigoriste). On y forme à la chaîne des soldats fanatisés appelés talibans.

Les Etats-Unis fournissent des armes. Ben laden, Saoudien et agent de la CIA, devient agent de liaison.

On connaît la suite. Une guerre impitoyable oppose l’Union soviétique à la résistance afghane dont font partie les talibans, « éduqués », financés et bien armés.

L’Union soviétique perd la guerre et laisse à la résistance un pays dévasté par une dizaine d’années de guerre. Tout reste à reconstruire alors que la résistance arrive au pouvoir, plus que jamais divisée. La corruption et l’incurie des hommes au pouvoir à Kabul ouvre un boulevard aux talibans rigoristes qui, soutenus par les services secrets pakistanais, conquièrent l’Afghanistan, en y installant un régime obscurantiste et moyenâgeux.

Les Etats-Unis ont applaudi à l’installation du nouveau pouvoir en Afghanistan, espérant pouvoir l’utiliser comme un nouveau corridor pour acheminer le pétrole de l’Asie centrale vers l’Océan indien. C’était sans imaginer la « trahison » desdits talibans et de leur mentor Ben Laden qui se sont retournés contre l’oncle Sam, leurs maîtres.

La carte chiite

L’attentat suicide du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du « World Trade Center », a définitivement scellé l’animosité entre les « anciens amis ».

Cet attentat a offert l’occasion aux Etats-Unis d’en découdre avec ses ex-protégés. Ce d’autant plus qu’un plan d’invasion de l’Irak était déjà prêt dans les tiroirs du Département d’Etat américain. C’était la fin de la « carte sunnite » et le début d’une autre « carte », chiite cette fois.

En effet déclencher une guerre nécessite de chercher des alliés. Il n’y a pas mieux que les chiites qui ont tant souffert des rigoristes sunnites en Afghanistan et de la dictature de Saddam Hussein ! Les contacts ont été établis avec l’Iran qui voyait d’un bon œil le démantèlement des régimes taliban et irakien. Lors de la campagne militaire américaine en Afghanistan et en Irak, les chiites, à l’écoute de l’Iran, ont observé une attitude neutre, ce qui a facilité le renversement des régimes ennemis de l’Iran.

Contrairement à la « carte sunnite », docile et obéissante, la « carte chiite » est un allié de circonstance.

Après avoir facilité le renversement des régimes afghan et irakien par les Etats-Unis, l’Iran attend patiemment que les Américains acceptent leur défaite en Irak et qu’ils décident de quitter ce pays.

Mais des rumeurs circulent en vue d’une augmentation « provisoire » des forces américaines, permettant un « nettoyage » de Bagdad, alors que le dernier « nettoyage » en date a tourné au fiasco.

En juin 2006, lors de l’opération « En avant tous ensemble » quelque « 60000 hommes, dont un tiers de soldats américains, se sont déployés dans les rues de Bagdad pour « nettoyer » la capitale des insurgés sunnites qui s’y activent en toute impunité. Les deux phases successives de l’opération ont été un échec retentissant. » (Le Monde du 01/12/06). L’envoi éventuel de troupes supplémentaires exacerbera les tensions en Irak et dans la région.

Il est à souligner que les alliances à la « carte » des Etats-Unis ont, avant tout, un caractère politique et n’excluent pas des alliances croisées. Sur la scène irakienne, une alliance entre Chiites et Kurdes (sunnites) combat les insurgés sunnites. De même, à l’échelle du Moyen-Orient, une grandes alliance régionale et multiconfessionnelle, Chiites, Sunnites (le Hamas palestinien) et Maronites libanais, s’est formée contre les Etats-Unis et son allié israélien.

L’administration etatsunienne sait pas faire la paix. Actuellement, suite à l’impasse de l’« unilatéralisme » de G.W.Bush sur tous les plans, c’est l’impasse et l’attente en Irak, au Liban et en Palestine.

Cette dernière, à la place d’un Etat promis en 2005, n’a eu que des « promesses » de la « communauté internationale ». La montée en puissance du Hamas résulte de l’impasse dans laquelle se trouve la Palestine. A cet égard, l’éditorial du Monde du 19/12/06 est éloquent, lorsqu’il parle de Mahmoud Abbas, président de l’autorité palestinienne : « M.Abbas est incapable de présenter le moindre bilan (...) Il est le jouet de l’unilatéralisme israélien soutenu par Washington. »

Cette situation ne peut pas durer éternellement. Suite à la défaite cuisante américaine en Irak, l’année 2007 s’annonce prometteuse pour les forces anti-impérialistes du Moyen-Orient. Elles ont le vent en poupe. La montée en puissance de l’Iran, perçu comme « une menace majeure » par les pro-américains, avait incité l’Arabie saoudite à brandir un moment la menace de « soutien aux sunnites irakiens ». Ceux là même qui combattent activement la présence américaine en Irak.

Après les « cartes » sunnites et chiites, quelle carte va jouer l’administration de G.W.Bush ?

Le comité de rédaction