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La crise politique libanaise :

Dans le collimateur de Condoleeza Rice

Source : Al Faraby - Aloufok

vendredi 15 décembre 2006

Par Marie NASSIF-DEBS

La crise politique aiguë au Liban a passé, aujourd’hui, le cap des deux semaines, sans que les solutions préconisées, notamment par le Parti Communiste et d’autres forces politiques libanaises, aient pu arriver à lancer le dialogue sur les voies menant à l’assainissement de la situation et aux réformes nécessaires. Et, plus le temps passe, plus la crise échappe aux forces politiques libanaises pour tomber sous la coupe des grandes puissances et des puissances régionales qui transforment le Liban, depuis des années, en une arène politique où elles tentent de résoudre leurs différends qui ont augmenté depuis la mise au point du projet du « Grand Moyen Orient » dont le point de départ fut la guerre des Bush contre l’Irak...

Et, si les dernières quarante-huit heures furent marquées par l’initiative du secrétaire général de la Ligue arabe, Amro Moussa, ce matin, le Libanais ont eu la déception de voir le Premier ministre Fouad Sanioura quitter le Liban pour un voyage en Russie ; déception que le départ nocturne d’Amro Moussa a augmenté, surtout que ce dernier, aux dires de certains journalistes (dont ceux de G. Menayyar à la télévision) qui l’avaient vu quelques minutes avant sa conférence de presse, avait expliqué son échec par la phrase suivante : « j’ai été floué par les Américains »... Ce qui veut dire que Condoleeza Rice -disent les journalistes- l’a induit en erreur sur les intentions de l’administration Bush concernant le plan élaboré par lui pour intervenir dans la crise.

Que contenait l’initiative de Moussa ?

Elle parlait de deux étapes.

La première concernait la constitution d’une commission de six membres (deux appartenant aux forces du gouvernement, deux aux forces de l’opposition et deux juges acceptés par les deux parties) afin de mettre au point tout ce qui concernera le tribunal international qui devra se former à propos de l’assassinat de l’ex Premier ministre Rafic Hariri. A cela s’ajoute la formation d’un gouvernement de 30 personnes constitué de 19 ministres appartenant aux forces dites « du 14 mars », en plus de 10 ministres aux forces du « 8 mars » et de Michel Aoun et d’un ministre qui sera choisi par les second groupe et entériné par le premier.

Cette première étape, à laquelle Moussa a ajouté la « nécessité d’étudier la tenue de la conférence de Paris 3 », sera suivie par une deuxième qui commencera au début du mois de février 2007 et qui devra décider de l’élection d’un nouveau président de la République puis d’une nouvelle loi électorale et de l’entente sur des élections législatives anticipées.

Cette initiative rappelle, sur certains plans, celle déjà présentée par les Communistes, avec une différence notoire concernant la formation d’un gouvernement provisoire constitué de ministres n’appartenant à aucun des deux parties en présence, afin de faciliter sa tâche concernant la loi électorale et les élections anticipées.

De toute manière, l’échec d’Amro Moussa ne présage rien de bon, surtout avec les interventions internationales et régionales, si peu camouflées, visant à résoudre les deux crises irakienne et palestinienne à partir du Liban, mais aussi à redonner au gouvernement israélien d’Ehoud Olmert un peu de la confiance en soi qu’il avait perdue à cause de l’échec de son agression de juillet 2006, à partir des nouvelles pressions contre le Hezbollah, d’une part, et de la guerre civile qui se profile en Palestine sur un fond de blocus financier et économique, d’autre part.

Il faut dire que les pressions contre le Hezbollah au Liban prennent de plus en plus une tournure de mobilisation confessionnelle qui s’exprime par l’organisation de « délégations » amenées des régions à majorité « sunnite » pour clamer leur appui au gouvernement, mais aussi par les « discours » confessionnels quotidiens qui exacerbent la situation et rendent encore plus difficile toute tentative de solution dans l’immédiat... Sans oublier qu’une telle mobilisation pourra, à un moment ou un autre, échapper à tout contrôle.

Marie NASSIF-DEBS
Beyrouth, le 14 décembre 2006