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Opinion

Terrorisme israélien

Roland Pfefferkorn, in « La Marseillaise », jeudi 9 novembre 2006

vendredi 10 novembre 2006

Les nouveaux massacres - plus de 60 tués en quelques jours - commis par l’armée israélienne à Gaza avalisés par les Etats-Unis sous prétexte de lutte anti-terroriste suscitent des réactions timorées - c’est un euphémisme - de la part des Etats européens et de l’Union européenne en particulier.

Le porte-parole du ministère français des affaires étrangères se contente de faire part de sa « préoccupation », appelle « chacun à la retenue pour éviter l’escalade » et évite une fois de plus de condamner le gouvernement israélien !

Le retour au sein de ce dernier, au poste de vice-premier ministre en charge des « menaces stratégiques », d’un fasciste comme Avigdor Lieberman, dont le racisme anti-arabe s’exprime avec une violence extrême ne suscite aucune réprobation internationale, contrairement à ce qui s’était passé pour l’Autriche avec Haider.

Dans la plupart des médias, c’est toujours la lecture du pouvoir israélien qui prévaut. Alors que des dizaines de civils viennent de tomber tombés sous les balles, les bombes ou les obus, on peut à nouveau lire que les femmes ou les enfants assassinées délibérément par les soldats israéliens servaient de « boucliers humains », terme infâme utilisé par les responsables israéliens pour justifier ces assassinats.

Le bilan chiffré des victimes est terrifiant. On peut y avoir accès sur l’Internet (Electronic Intifada ou Loubnan ya Loubnan). De 2000, début de l’Intifada, à 2005, le nombre de Palestiniens tués pour chaque Israélien tué se situe entre 2,5 et 7,6. Mais sur l’année 2006 ce ratio passe à 22 et sur le troisième trimestre 2006, il passe à 71. Cette disproportion des morts (1 Israélien tué pour 71 Palestiniens tués) devrait interdire aux médias occidentaux de continuer à utiliser l’expression « conflit israélo-palestinien » qui suggère un équilibre entre deux parties en guerre. En effet, il y a clairement un agresseur (l’état israélien) et un agressé (le peuple palestinien dont on détruit la société - comme pendant cet été le peuple libanais). Il ne peut pas être question de renvoyer dos-à-dos les responsabilités.

L’ONG israélienne B’Tselem fournit un bilan détaillé des victimes. Le pourcentage de mineurs parmi les Israéliens tués est de 12 % en 2005 et 5 % en 2006, parmi les Palestiniens tués il est de 26 % en 2005 et de 22 % en 2006. Ces résultats ne sont pas surprenants quand on connaît les ordres reçus par les tireurs de Tsahal. La journaliste israélienne Amira Hass avait informé à ce sujet dès 2000. Des témoignages plus récents indiquent que les soldats ont l’ordre de tirer sur le haut du corps, de viser la poitrine, près du cœur ou la tête.

La comptabilité macabre de l’ONG déjà citée indique qu’au début de l’Intifada, parmi les Palestiniens, on compte 32 blessés pour un mort ; le trimestre suivant, 24 blessés pour un mort. Au troisième trimestre 2006, on ne compte plus que 2 blessés pour un mort. Et quand on ne prend en compte que le nombre de blessés par balle ramené au nombre de morts on remarque que pendant les premières années il y a autour de 1,5 blessé par balle pour un mort, depuis le milieu de l’année 2005, le nombre de morts est supérieur au nombre de blessés par balle. Au cours du dernier trimestre, nouvelle évolution : le nombre de blessés par balle est de 0,4 fois le nombre de tués.

Entre le 26 juin et le 27 octobre 2006, c’est-à-dire depuis l’enlèvement du caporal Gilad Shalit, les civils qui ne participaient pas aux combats ont représenté plus de la moitié des personnes tuées par l’armée israélienne à Gaza :155 personnes, dont 61 enfants, sur les 294 Palestiniens tués au cours de cette période.
Qu’attendent la France et l’Union européenne pour condamner le terrorisme israélien et prendre des mesures de rétorsion ?

NB : le n° 2 de l’excellente revue de l’Union Juive Française pour la Paix, "De l’autre côté", vient de paraître : une voix juive critique et lucide.

Roland Pfefferkorn, in "La Marseillaise", jeudi 9 novembre 2006