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Al Ahram Weekly

Accord de principe pour un gouvernement palestinien d’unité nationale

Traduction Claude Zurbach Source CCIPPP

lundi 18 septembre 2006

Faisant chacun des compromis, le Hamas et le Fatah se sont entendus sur la formation d’un gouvernement d’union nationale pour la Palestine.
Après des semaines d’un « dialogue » rempli de contentieux, le Hamas et le Fatah ont finalement convenu de former un gouvernement d’union nationale qui devrait, selon l’attente des Palestiniens, permettre de sortir de la terrible crise issue du blocus impitoyable qui leur est imposé par Israël et les Etats-Unis.

Ces nouvelles ont été données lundi dernier, à la suite d’une série de réunions intenses à Gaza entre le Président Palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ismail Haniyeh de l’Autorité Palestinienne (AP). Le détail complet de l’accord doit encore être communiqué, mais les deux partenaires semblent optimistes.

Le futur gouvernement palestinien d’unité nationale, dont la formation a été annoncée lundi par Ismaïl Haniyeh (à droite) et Mahmoud Abbas, pourrait accentuer les divergences entre les Etats-Unis et l’Union européenne - Photo : Abd Alhalim Abu Askar

Haniya parla des « heureuses nouvelles », disant que cet accord prouvait que les organisations palestiniennes plaçaient « les intérêts nationaux au-dessus de toute autre considération ». Il appela les Palestiniens, tourmentés par la permanente campagne israélienne de terreur et de meurtres, à « entourer ce gouvernement de l’atmosphère dont il aura besoin. » Il incita aussi les employés civils à revenir à leur travail et à mettre fin à une grève qui dure depuis deux semaines et paralyse les institutions publiques dont les écoles. Il a aussi appelé la communauté internatioanle à respecter la démocratie palestinienne.

De son côté Abbas a déclaré que le nouveau gouvernement serait formé dans les jours qui viennent. « Nous avons finalisé le programme politique du gouvernement d’unité nationale et nous allons commencer à former le gouvernement d’ici 48 heures », a dit Abbas devant la télévision palestinienne.

Le nouveau gouvernement sera basé sur le « Document des Prisonniers Palestiniens pour la Réconcilaition Nationale » adopté au printemps 2006 par des prisonniers palestiniens incarcérés en Israël dont des membres du Hamas et du Fatah.

Le document implique une tacite reconnaissance de l’état israélien en échange de la création d’un état palestinien sur la totalité des territoires palestiniens occupés par Israël en 1967 dont Jérusalem-Est. Ce document revendique aussi une solution pour le problème des réfugiés palestiniens sur la base de la résolution 194 des Nations Unies qui stipule soit un retour dans les lieux d’origine soit des indemnisations.

Selon des sources palestiniennes fiables, l’accord entre le Fatah et le Hamas a été rendu possible après que les deux protagonistes aient accepté de faire certains compromis par rapport à leurs positions initiales. Le Fatah est censé avoir renoncé à demander que le Hamas reconnaisse explicitement Israël et accepte tous les les accords signés précédemment entre OLP et Israël, y compris ceux d’Oslo et ses nombreux ajouts.

Pour sa part le Hamas reconnait que l’Initiative Arabe pour la Paix lancée en 2002 soit la base d’une solution possible du conflit israélo-palestinien. Le Hamas a également accepté de reconnaître « les réalités politiques existantes », une phrase qui peut s’interpréter comme la reconnaissance tacite d’une légitimité politique (mais non morale) israélienne. Il est très probable qu’Haniyeh reste Premier ministre dans le nouveau gouvernement qui incluerait sept ministres du Hamas et au moins quatre ministres issus du Fatah. Certains portefeuilles ministériels reviendraient à une troisième composante, le Front Populaire de Libération de la Palestine.

Les accords mis au point entre Abbas et Haniyeh semblent également inclure une clause qui permettrait qu’ait lieu un échange de prisonniers entre Israël et l’Autorité Palestinienne ; le soldat israélien capturé le 25 janvier serait libéré en échange de la libération par Israël de centaines de prisonniers palestiniens, y compris les douzaines de député et les ministres récemment pris en otages par Israël.

L’aboutissement d’un tel échange a été jusqu’ici retardé suite à l’insistance israélienne qu’aucun lien direct entre la libération du soldat capturé et les prisonniers Palestiniens ne puisse être évident. La raison de cette intransigeance, selon la pression israélienne, est de permettre au gouvernement d’Olmert d’argumenter devant le public israélien, de plus en plus désabusé, que rien n’a été cédé aux « terroristes. »

Une décision prise par un juge israélien militaire ce mardi de libérer 21 officiels palestiniens, y compris trois ministres et le speaker du parlement palestinien, peut très bien être un élément facilitant une solution par échange de prisonniers. La décision de mardi renforce les arguments des Palestiniens et les organisations de défense des droits de l’homme selon quoi les détenus Palestiniens n’ont été enlevés que pour servir d’objets de marchandage.

Les longues discussions entre le Fatah et le Hamas ont fini par porter leurs fruits après qu’Abbas ait menacé de dissoudre le gouvernement d’Haniyeh et de former un cabinet d’urgence pour prévenir ce que des officiels du Fatah ont qualifié « d’implosion interne imminente ». Certains observateurs pensent que l’accord pour un gouvernement d’unité nationale a évité à la société palestinienne la perspective d’un contexte violent entre plus grande car le Hamas ne serait pas resté inactif si Abbas avait décidé de dissoudre le gouvernement démocratiquement élu.

La question qui domine maintenant est de savoir si la communauté internationale, spécialement les Etats-Unis et l’Union Européenne (UE), vont être d’accord pour lever leur boycott politique et économique draconien à l’encontre de l’Autorité Palestinienne. Les Palestiniens espèrent que la formation de ce nouveau gouvernement amènera au moins l’UE à reconsidérer sa politique de sanctions contre le gouvernement palestinien.

Le Ministre palestinien du travail, Mohamed Barghouti, a averti qu’un échec à cet égard aurait des conséquences désastreuses. « Si la communauté internationale n’est pas capable d’apporter son soutien à ce gouvernement de façon tangible, le peuple Palestinien devra reconsidérer l’existence de l’Autorité Palestinienne elle-même. » Pour leur part, les Etats-Unis disent ne pas vouloir négocier avec le gouvernement à venir, à moins qu’il ne se plie aux trois conditions mises en avant par le Quartet (US, ONU, Russie et UE). « Nous devrons voir les détails de ce nouveau gouvernement puis nous étudierons la question. Pour ce que nous savons jusqu’à maintenant, il ne répond pas à ces conditions », a fait savoir David Welch, assistant du secrétaire d’état pour les affaires du Proche-Orient.

Israël a aussi indiqué qu’il était « loin d’être impressionné » par ce qui se passait dans le camp palestinien. Tsibi Livni, ministre des affaires étrangères et connue pour être un faucon, a déclaré lundi, quelques heures après que l’accord entre le Fatah et le Hamas ait été dévoilé, qu’Israël n’aurait aucun contact avec aucun gouvernement dominé par le Hamas à moins que ce gouvernement ne cède aux trois conditions [capitulation en bonne et due forme - N.d.T] : reconnaître explicitement l’état israélien, cesser toute forme de résistance et accepter tous les accords passés.

Cependant, le refus obstiné d’Israël de négocier avec un gouvernement palestinien dans lequel le Hamas est une composante principale a en réalité très peu à voir avec la question de la violence. La vraie raison de l’intransigeance israélienne est liée à la volonté d’éviter ou de remettre au plus tard possible le moment de vérité vis-à-vis du conflit avec les Palestiniens, à savoir que l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem devra finir et que les colonies juives établies sur des territoires arabes volés devront être démantelées.

En attendant, le premier ministre britannique Tony Blair et Abbas ont eu des entretiens à Ramallah dimanche dernier dans le but avoué de remettre sur les rails le processus de paix moribond. A Jérusalem, Blair a reconnu que la question palestinienne était au centre de tous les problèmes, au Moyen-Orient et dans une grande partie du monde. Il a également expliqué au premier ministre israélien Ehud Olmert que ce qui se produisait en Palestine avait des répercussions négatives en Grande-Bretagne.

On peut imaginer qu’Olmert, qui préfère évidemment que le conflit sur la Palestine reste une « affaire locale israélienne », n’a pas vraiment apprécié ces remarques, se disant que les effets de la question palestinienne à l’extérieur pourraient faire augmenter la pression internationale sur Israël pour que soit mis fin à l’occupation vieille maintenant de 40 ans et à l’oppression de peuple de Palestine dans sa patrie.

Beaucoup de Palestiniens, dont leurs dirigeants politiques, n’ont guère pris trop au sérieux la visite de Blair, étant donnée son affiliation obséquieuse à la « guerre contre le terrorisme » de Bush, et à son support notable apporté aux israéliens même lors de leur agression récente contre le Liban et malgré leurs incursions quotidiennes et meurtrières dans la Bande de Gaza. Avant sa visite, des intellectuels Palestiniens avaient demandé à Blair de s’abstenir de venir, le déclarant persona non grata.

15 septembre 2006 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2006/812...
Traduction : Claude Zurbach