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Terrorisme (ndlr)

Pakistan, Yémen, Somalie... :Les drones, de plus en plus contestés, sèment la terreur

Lundi, 4 novembre 2013 - 9h13 AM

lundi 4 novembre 2013

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Publication de rapports accablants par des organisations internationales, témoignages au Congrès américain... La terreur d’être pris pour cible par des drones a un impact psychologique grandissant dans certaines zones du Pakistan, du Yémen, de la Somalie, sans oublier l’Afghanistan. Ce moyen technique d’assassinat extra-juridique, utilisé arbitrairement par les États-Unis, est de plus en plus sur la sellette.

Nabila, petite fille de 9 ans, a témoigné il y a quelques jours au Congrès américain. Venue du Pakistan avec son père et son frère, elle est en passe de marquer l’Amérique en devenant l’une des premières victimes de la “guerre des drones” à témoigner aux États-Unis de ses effets sur la population.

Le drone, véhicule aérien de combat sans pilote devenu l’arme de prédilection des États-Unis, est en effet de plus en plus contesté. Utilisés comme une technologie de guerre dans la lutte contre le terrorisme en dehors du territoire américain, ils permettent l’exécution de cibles présumées menaçantes et transforment la guerre en chasse à l’homme, décidée dans des bureaux à huis-clos, en dehors de tout cadre légal ou contrôle.

Les impacts juridiques et éthiques de la “guerre des drones”, devenue l’emblème de la présidence Obama, interpellent les ONG et les médias.

Opacité totale

Le droit des conflits armés impose de distinguer entre civils et combattants. Les partisans du drone disent que c’est une arme plus “éthique” car elle permet de mieux respecter ce principe, en permettant de voir et de surveiller...

“Dans un conflit armé, seuls les combattants et les personnes qui participent directement aux hostilités peuvent être directement visés”, note Amnesty International dans un rapport sur les drones, paru la semaine dernière.

Mais comment est-il possible, vu du ciel, d’établir une distinction entre combattants et non-combattants ? Telle est l’énorme contradiction que porte cette méthode de “défense”, où le problème principal est la détection de l’ennemi, et dont l’usage est accompagné d’une opacité totale d’informations.

Du fait de cette opacité et du manque de sources indépendantes, les chiffres sont difficiles à établir. Impossible de savoir quand, où et combien d’attaques de drones ont été menées.

3.000

Le Bureau for investigative journalism, à Londres, recense environ 3.000 morts rien que pour le Pakistan. Avec, en 2010 par exemple, une frappe de drone tous les quatre jours !

Les civils terrorisés

Deux rapports publiés en octobre par les ONG Amnesty International et Human Rights Watch rappellent les conséquences sur le moral des populations des zones concernées par l’usage des drones armés.

Les habitants des zones tribales, à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, témoignent de plus en plus dans les médias de leur terreur d’être pris pour cible par des drones.

18%

Dans un rapport publié fin octobre, le rapporteur de l’ONU Ben Emmerson a écrit que le Pakistan lui avait dit que 400 des 2.200 victimes des drones américains au Pakistan depuis dix ans, soit 18%, étaient des civils.

Si en mai dernier, sous la pression d’une partie de la classe politique américaine, le président Obama promettait plus de transparence sur l’utilisation de drones militaires par les Etats-Unis, cinq mois plus tard, Amnesty International dénonce dans son rapport intitulé “Will I be next ?” (est-ce que je serais le suivant ?) que ces frappes ont fait de nombreuses victimes civiles.

De plus, il est déjà arrivé qu’aucune trace d’installation militaire ou de groupe armé n’ait été retrouvée sur les lieux d’une attaque de drone, alors que les tirs ont normalement pour but d’éliminer les ennemis des Etats-Unis.

Pire, Amnesty International alerte également sur les tirs qui surviennent très rapidement après une première attaque, visant directement les unités de secours...

Si Amnesty International a appelé les États-Unis à lever le secret sur le dossier des drones et à traduire en justice les responsables de ces frappes, la transparence ne semble pas à l’ordre du jour.

Témoignages sur l’impact psychologique des drones

“Comment savoir si un missile ne va pas frapper notre maison ? Ça peut frapper n’importe où”, témoigne un habitant du Nord Waziristan, cité dans le rapport d’Amnesty International.

Face aux congressistes américains, le 29 octobre, la jeune Nabila Rehman a raconté la mort de sa grand mère, 67 ans, qui a “explosé” sous un missile envoyé par un drone alors qu’elle récoltait des légumes dans son jardin.

“Certains médias ont raconté que l’attaque visait une voiture, mais il n’y a pas de route près de chez ma mère. D’autres ont dit qu’elle visait une maison, mais les missiles ont touché un champ, pas une maison”, explique le fils de la victime dans le Telegraph.
Zubair, le frère de Nabila commente dans des propos rapportés par The Independant : “Je préfère les jours gris. Quand le ciel devient bleu et brillant, ils reviennent, et la peur revient avec eux. Les enfants ne jouent plus beaucoup et ont arrêté d’aller à l’école. L’éducation n’est plus possible tant que les drones rôdent au-dessus de nos têtes”.

"aufait" avec agences