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A l’ère des guerres crépusculaires. Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

vendredi 26 mai 2006

Les guerres crépusculaires sont celles du crépuscule de l’ère du pétrole, ces guerres inaugurées au Koweit et en Irak dès la fin du millénaire passé, et celles planifiée contre l’Iran ou la Syrie peu importe, pourvu que flambe l’or noir. Ces guerres qui obscurcissent le ciel sur des milliers de kilomètres de fumées sombres alimentées par les torchères géantes de puits éventrés ou celles des oléoducs barbelés de Tchétchénie ou d’Afghanistan menées au prix du sang du petit peuple pour le profit de l’empire qui agite incantatoirement le hochet inusable du rêve automobile post-mortem de James Dean.

Les guerres crépusculaires sont les guerres d’un empire de l’argent qui se fait réélire au simulacre de la démocratie en gavant à coup de crédits publics gargantuesques une machine monstrueuse à fabriquer des engins de mort devenue toute puissante et pour lesquels il faut perpétuellement trouver de nouveaux épouvantails et finalement une nouvelle gueule de métèque sur laquelle balancer ces engins, et qui la trouve immanquablement aux yeux du bon peuple puisqu’elle en a racheté tous les journaux du soir et du matin afin qu’ils lui distillent des mensonges du matin jusqu’au soir.

Bon peuple que tout cela arrange bien au fond et qui s’accommode fort bien du mensonge, du moins tant que l’enfant bombardé et défiguré est celui d’un bougnoule ou assimilé aux yeux du racisme colonial ordinaire qu’on cherche à nous faire passer pour kasher ; racisme qui est la contribution en nature et en culture que le petit peuple sait rajouter depuis des siècles à la marmite de sorcière impériale et coloniale dans laquelle il ne répugne guère à tremper sa gamelle à côté de la cuiller en argent du riche et du puissant.

Mais que faire maintenant que les guerres crépusculaires deviennent aussi les guerres du crépuscule de l’empire ? Le nouveau monde multipolaire succède à grand pas à l’empire unipolaire en voie de déroute après à peine 15 ans d’illusions de toute puissance. Si l’impérialisme économique et le néo-colonialisme restaient la pensée unique de la civilisation mondiale, par l’effet conjugué de la paralysie médiatique et de notre paresse existentielle, alors nous entrerions dans l’ère inhumaine où chacun deviendrait irrémédiablement le bougnoule de l’autre, où chacun deviendrait la gueule de métèque bonne à fendre comme une bûche pour nourrir perpétuellement les flammes de la guerre de tous contre tous au four de la locomotive de la croissance indéfinie du profit pour lui-même. Et loin de conjurer cette vision orwellienne, l’hypothèse folle mais d’autant plus crédible qu’elle serait désespérée de « frappes préemptives nucléaires tactiques de précision » contre la gueule de métèque artificiellement diabolisée du moment, ne ferait que l’inaugurer véritablement en soufflant d’un seul coup la dernière bougie de l’époque des Lumières tout en précipitant l’empire dans le chaos.
Résister à la barbarie, ça a été, c’est et ce sera de savoir comment manger sans tuer son voisin.

PB mai 2006

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