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Procés Finkelkraut : Pour le parquet, les propos de Finkielkraut se situent dans « le registre du débat intellectuel malgré leur caractère outrancier ».

mercredi 31 mai 2006

Sans commentaires !

Finkielkraut, un philosophe au tribunal
Il était jugé pour diffamation envers un cinéaste israélien.

par Christophe AYAD
QUOTIDIEN : mercredi 24 mai 2006

http://www.liberation.fr/page.php?Article=384520

Il trépigne sur son banc, se mord la main, lève les yeux au ciel. Alain Finkielkraut est au tribunal comme dans la vie : agité, tourmenté. Il veut répondre, contredire. Mais ce n’est pas une émission. Le philosophe était poursuivi, hier devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, par le cinéaste israélien Eyal Sivan. L’affaire remonte au 30 novembre 2003. Après la diffusion sur Arte de Route 181, le documentaire dont Sivan est coauteur avec le Palestinien Michel Khleifi, Finkielkraut lui reproche, sur Radio Communauté juive (RCJ), d’être « l’un des acteurs[...] de l’antisémitisme juif ». « Il s’agit de les [les Juifs] tuer, de les liquider, de les faire disparaître », ajoute-t-il.

Sivan, qui a reçu à son domicile une balle accompagnée d’un bristol « la prochaine n’arrivera pas par la Poste », porte plainte. Hier, Finkielkraut, qui a provoqué l’hilarité générale en expliquant qu’il était « propalestinien », a développé son argumentation : le film, tellement « insoutenable » qu’il ne l’a pas vu jusqu’au bout, établit une « analogie » entre les Palestiniens en 1947 et les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette « nazification » d’Israël légitime les attentats suicides, la destruction d’Israël et donc des Juifs. CQFD. Il en veut pour preuve la scène où un barbier palestinien raconte le massacre de Lod en 1948, calquée sur celle du coiffeur de Treblinka dans Shoah de Claude Lanzmann. Lanzmann, cité comme témoin, dit tout le mal qu’il pense de Route 181. « Je ne vois pas pourquoi cet homme s’indigne d’être traité d’antisémite, il l’est ! » jette-t-il à la salle, médusée. L’ex-ambassadeur israélien à Paris, Elie Barnavi, témoigne aussi en faveur de Finkielkraut. Eyal Sivan, lui, voit en Finkielkraut un « pompier pyromane », cherchant « à l’assassiner politiquement et intellectuellement ». Il rappelle qu’Yitzhak Rabin a été tué après avoir été traité de « nazi » et d’« antisémite ». Le cinéaste fait citer François Maspero et deux professeurs israéliens. Il a été question de Hannah Arendt, Truffaut, Zola, Dickens, Buñuel, ou encore de Slobodan Milosevic... Pour le parquet, les propos de Finkielkraut se situent dans « le registre du débat intellectuel malgré leur caractère outrancier ». Délibéré le 27 juin.