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Accueil > NAKBA > Le District de Baysan (n° 2 de notre série de 14 districts) > District de Baysan : al Tira.

Et si on parlait de la Nakba : deuxième volet !

District de Baysan : al Tira.

Mercredi 5 octobre 2011 - 10 h 08

mercredi 5 octobre 2011

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al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

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Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

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Les districts de la Palestine avant 1948

Le district de BAYSAN

Les villages détruits du district de Baysan

‘Arab al-‘Arida (330 habitants) ; ‘Arab al-Bawati (520) ;‘Arab al-Safa (650)
al-Ashrafiyya (230) ; al-Bira (260) ; Danna (190) ; Farwana (330)
al-Fatur 110)
al-Ghazzawiyya (1.640)
al-Hamidiyya (320)
al-Hamra (730)
Jabbul (420)
Kafra (430)
Kawkab al-Hawa (300)
al-Khunayzir (260)
Masil al-Jizl (100)
al-Murassas (460)
Qumya (440)
al-Sakhina (820)
al-Samiriyya (250)
Sirin (810)
Tall al-Shawk 120)
al-Taqa, Khirbat (?)
al-Tira (200)
Umm ‘Ajra (260)
Umm Sabuna, Khirbat (?)
Yubla (210)
Zab’a (170)
al-Zawiya, Khirbat (?)

Le village d’ al-Tira

Le village s’élevait sur une colline en pente douce et dominait les versants escarpés
du Wadi al-Bira (gorge d’al-Bira) au nord et au nord-est, et des terrains plats à l’ouest et au
sud-ouest. Une route secondaire le reliait à une grande route menant à Samakh vers le nord

et à Baysan vers le sud. Des routes similaires et des pistes de boue le liaient également aux
villages voisins, ainsi qu’à la source de ‘Ayn al-Bayda qui était la source d’eau principale
de ses habitants. Le tombeau (maqam) d’un saint du lieu, Shaykh Dhiyab, se trouvait au
sud du village. Les habitants de al-Tira étaient musulmans, et vivaient principalement de
l’agriculture. En 1944/45, 4.326 dunums (1 dunum = 919 m²) étaient dévolus aux céréales ; 56
dunums étaient irrigués et constitués de vergers. Khirbat al-Tira se situait au sud du village, et
lorsqu’il fut fouillé, il révéla des ruines anciennes, comprenant des grottes et des citernes.

Occupation et nettoyage ethnique

Le Fonds National Juif (FNJ) décida d’expulser la population de al-Tira dès le 26 mars
1948, en même temps qu’il organisait une série d’expulsions dans le pays dans les semaines
qui précédaient les principales opérations militaires. Benny Morris décrit une rencontre
des membres du FNJ lors de laquelle le directeur du Département des terres, Yosef Weitz,
avança que les habitants de al-Tira et de la voisine Qumya « devaient être forcés de partir »
parce que « ils ne prenaient pas sur eux-mêmes la responsabilité d’empêcher l’infiltration
d’irréguliers (i. e. la guerilla palestinienne) ». Mais la décision ne fut pas appliquée avant
presque trois semaines. Le 15 avril le village fut évacué « après avoir reçu un conseil amical
de la Haganah », selon Morris. (Morris écrit également, de manière inconsistante, que les
villageois « ont reçu l’ordre de partir des troupes arabes irrégulières » plus d’un mois plus
tard, le 20 mai.)

Implantations israéliennes sur les terres du village

La colonie de Irgun Borokhov, fondée en 1943, était proche du site du village. Le 10
septembre 1948, elle fut remplacée par une organisation de colons différente, et renommée
Kibbutz Gazit, et, à la fin de 1948, elle absorba le village de al-Tira. Gazit se trouve à 1,5
km au sud-ouest du site du village, sur les terres du village. Une autre colonie, Kefar Qish,
avait été fondée en 1946 sur les terres de Ma’dhar, dans le district de Tiberias. Elle se situe à
environ 1 km au nord-ouest du site de al-Tira.

Le village aujourd’hui

Les ruines de maisons de pierre, recouvertes d’herbe et de ronces, sont tout ce qui
reste de al-Tira.

Le site est clôturé et sert de pâturage pour les fermiers israéliens.Des cyprès
poussent sur les terrains environants.


Pour en savoir plus : english
arabic, sur le site palestineremebered

Images : Palestineremembered.com

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