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VERS UNE NOUVELLE CARTE DU MOYEN-ORIENT ET DE L’AFRIQUE ?

Mardi, 23 octobre 2012 - 6h34 AM

mardi 23 octobre 2012

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MARIE DEBS, JEAN BRICMONT ET NORMAN FINKELSTEIN PARLENT DU MOYEN-ORIENT

L’ingérence étrangère au Moyen-Orient génère des conflits qui dureront des générations. Tel est l’avis de Marie Debs, du Parti communiste du Liban, et de Jean Bricmont, auteur du livre L’impérialisme humanitaire.

Lors du débat d’intal à ManiFiesta, ce 22 septembre, Marie Debs et Jean Bricmont ont traité des interventions occidentales au Moyen-Orient. La Syrie est principalement dans la ligne de mire. « Des stratèges américains comme Zbigniew Brzezinski sont très clairs sur l’importance géostratégique de la Syrie, analyse Marie Debs. Ce pays ouvre la voie à un nouveau Moyen-Orient. L’Otan ne veut pas seulement mettre la main sur la région, mais aussi sur l’Afrique du Nord, d’où il pense pouvoir reprendre le contrôle sur le reste de l’Afrique. Ce que veulent les pays impérialistes, c’est redessiner la carte de la région pour se redistribuer entre eux les marchés et les ressources naturelles. En outre, à cause de l’ingérence étrangère, le pays menace d’être scindé selon des lignes de partage religieuses, tout comme cela s’est passé auparavant en Irak et au Liban. Ce serait une catastrophe qui engendrerait des conflits pour plusieurs générations »

Jean Bricmont enchaîne sur « l’idéologie de l’ingérence », « cette idéologie qui appelle, au nom des droits de l’homme, à intervenir en Afghanistan, en Yougoslavie, en Libye ou aujourd’hui en Syrie ». Mais, pour Bricmont, les interventions américaines sont justement le problème, pas la solution : « Comparez le nombre de morts dans la guerre civile en Lybie avec le nombre de victimes des guerres américaines au Vietnam, en Amérique centrale, en Irak. Depuis 1945, les interventions militaires des États-Unis ont fait des millions de victimes. »

La Tunisie et l’Egypte

L’ingérence ne se limite toutefois pas à la Syrie. Selon Marie Debs, les pays impérialistes veulent prendre le contrôle des révoltes de la région. « Le terme “Printemps arabe” n’a rien de scientifique, précise-t-elle. Les révolutions en Tunisie et en Egypte ne sont pas tombées du ciel. Le chemin avait été déblayé par des centaines de grèves dans les centres industriels tunisiens et égyptiens et par de nombreux mouvements sociaux dans tout le monde arabe. Les révolutions avaient un programme politique très clair, avec trois exigences : du pain, la liberté et la justice sociale. »

Mary Debs met également l’accent sur le danger que représente la volonté des pays impérialistes de prendre le contrôle de ces révoltes. C’est l’intervention de l’étranger qui a porté un coup dur à l’Egypte : « Les Frères musulmans ont gagné les élections en Egypte grâce à l’argent de l’Arabie saoudite et du Qatar. C’est un retour en arrière. Le plus important est toutefois que le mouvement s’accroche à son programme et poursuive, dans une coalition des forces démocratiques et de gauche, son combat contre ceux qui sont désormais au pouvoir. »

Les nouveaux concurrents d’Israël

L’Américain Norman Finkelstein, expert en sciences politiques et auteur de L’Industrie de l’Holocauste, se montre prudemment optimiste quant à l’impact des changements au Moyen-Orient sur Israël et la question palestinienne. Israël fait certes tout ce qui est en son pouvoir pour dominer la région, mais cela ne lui réussit plus aussi bien ces derniers temps.

« Il y a maintenant trois puissances régionales au Moyen-Orient qui sont en compétition avec Israël pour le contrôle de la région, a-t-il expliqué. A côté de l’Iran, qui est déjà un concurrent de longue date, il faut compter depuis quelques années avec la Turquie et, depuis le Printemps arabe, l’Egypte. » D’après le célèbre critique de la politique israélienne, on peut observer un important changement par rapport à il y a cinq ans. Et de citer un exemple : « Un crime comme l’attaque de Gaza par Israël en 2008-2009 a été seulement possible par la complicité de l’Egypte, qui avait fermé sa frontière avec Gaza. Une telle chose est aujourd’hui devenue impossible. »

Finkelstein a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il faut être réaliste dans ses attentes. « L’Egypte ou la Turquie ne vont pas soudainement faire des sacrifices pour libérer la Palestine, prévient-il. Il ne faut pas se bercer d’illusions. L’Egypte ne va pas mettre un terme à ses accords de paix avec Israël. Et la Turquie continuera à collaborer avec Israël, comme elle le fait vraisemblablement en ce moment pour chasser Assad de la Syrie. »

Finkelstein a cependant pointé quelques développements qui donnent de l’espoir. Par exemple : « Vu leurs intérêts tant internes qu’externes, les pouvoirs égyptien et turc ne vont plus continuer à permettre à Israël de se comporter aussi impunément qu’auparavant. Israël perd ainsi une partie de son pouvoir. »