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Un bien inaliénable, n’en déplaise aux occupants (provisoires) (ndlr)

Le patrimoine palestinien entre deux feux

Jeudi, 15 mars 2012 - 7h11 AM

jeudi 15 mars 2012

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un site archéologique à Gaza. (DR)

Ce territoire regorge de vestiges archéologiques difficiles à préserver en raison du conflit. Un séminaire à Paris, ouvert au public, présente les différentes actions menées actuellement.
Par LOUISE VIGNAUD
Véritables mines d’or archéologiques, les territoires palestiniens font l’objet d’une attention particulière des chercheurs français qui luttent depuis deux décennies pour la préservation et la mise en valeur des sites et des métiers du patrimoine dans la région.

Naplouse, Gaza, Hébron ou encore Bethléem, autant de cités regorgeant de vestiges qui peinent aujourd’hui à préserver leurs sites, en raison des tensions dans la région. Pendant deux jours, le séminaire international pour la mise en valeur du patrimoine de Palestine organisé par l’Ecole Normale Supérieure de Paris, propose au public un éclairage sur les initiatives de coopération patrimoniale, notamment archéologique, entreprises par les différents intervenants français et palestiniens.

Au Proche-Orient, les questions de patrimoine culturel servent souvent de justification à une partie ou l’autre pour peser dans le rapport de force. Ainsi, en octobre, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas obtenait une victoire diplomatique en parvenant à faire entrer la Palestine à l’Unesco, puis en proposant d’inscrire Bethléem, haut lieu du christianisme, à la liste du patrimoine mondial.

Alors que la décision de l’organisation devrait être rendue en juillet, l’archéologue René Elter, organisateur du séminaire, se défend de faire de la politique : « Au-delà d’un classement ou d’une reconnaissance, nous avons surtout besoin de soutiens. » Car des moyens, il en faut pour cet universitaire lorrain associé à l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem qui, depuis 2001, s’attache à préserver le site de Tell Umm el-’Amr, à Gaza, qui abrite le monastère de Saint Hilarion, père du monachisme palestinien. Vestige byzantin du 4e siècle, couvrant une surface d’environ 15 000 m2, le monastère dissimule la plus grande crypte du Proche-Orient.

René Elter organise des programmes de formation archéologique en partenariat avec l’Université islamique de Gaza afin « de former des ouvriers et des étudiants palestiniens en archéologie ou dans le domaine du patrimoine. C’est inédit, car en raison de la situation locale, ces élèves n’ont jamais fait de pratique ». L’objectif de cette coopération étant, à terme, de permettre aux Palestiniens de s’approprier ces savoir-faire pour préserver eux-mêmes ce patrimoine et sa mise en valeur.

Après quatre années d’interruption du projet « en raison de la situation locale et des ambiguités diplomatiques », René Elter et son équipe ont repris le dossier en 2010 et multiplie désormais les aides institutionnelles. Saint Hilarion est désormais le symbole d’une lutte pour la préservation de cet héritage commun. Depuis octobre 2011, il est sur la liste du World Monuments Fund, qui recense les 100 sites les plus menacés dans le monde.

Mais l’obstination de René Elter n’est pas isolée. Afin de promouvoir les actions moins visibles menées dans le reste des territoires, la rue d’Ulm présentera entre autres le projet du musée à Bethléem de Marylène Barret, les travaux de Vincent Michel pour la restauration du site de Taybeh, ou encore les actions de l’association Riwaq, spécialisée dans la restauration et la formation d’artisans. La coopération universitaire est également mise à l’honneur, illustrée notamment par la présentation des travaux de doctorants palestiniens et français entre les universités de Bir Zeit et de Paris 1.

Pour clore cette rencontre, les collections de Palestine du Louvre seront présentées en présence de Nicolas Bel, conservateur du département des Antiquités Orientales. Organisée en partenariat avec les Ministères des Affaires Etrangères, de la Culture et de la Communication mais aussi l’Institut Français du Proche-Orient et le CNRS, cette rencontre est pour René Elter « l’occasion de montrer les résultats des travaux qui sont fait sur le terrain à tous les publics et pas seulement à des professionnels des métiers du patrimoine ».