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Source : Al Oufok et Agences de presse

Quand la CIA collaborait avec le régime Kadhafi

Lundi, 5 septembre 2011 - 9h02 AM

lundi 5 septembre 2011

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Des documents découverts dans le bureau abandonné de l’ex-chef du renseignement libyen montrent que les services secrets américains et britanniques ont pris une part active à la répression de la dissidence, avant le soulèvement de février, selon Human Rights Watch (HRW). Le mouvement de défense des droits de l’homme dit avoir mis la main sur des centaines de lettres de la CIA et du MI6 adressées à Moussa Koussa, qui fut également ministre des Affaires étrangères de Muammar Kadhafi. Il vit aujourd’hui en exil à Londres.

« Cher Moussa », écrivent ses interlocuteurs de la CIA, qui signent seulement de leur prénom, précise l’organisation, selon laquelle Abdel Hakim Belhadj, militant islamiste aujourd’hui chef militaire des ex-rebelles à Tripoli, a été capturé par l’agence américaine et livré au régime de Muammar Kadhafi. « Parmi les documents que nous avons découverts au bureau de Moussa Koussa figure un fax de la CIA daté de 2004 dans lequel l’agence informe le gouvernement libyen qu’elle est sur le point de capturer et de livrer Belhadj », a déclaré à Reuters Peter Bouckaert, membre de l’équipe de HRW qui a fait cette découverte.

« L’opération a bien été menée. Il a été capturé par la CIA en Asie et embarqué à bord d’un vol secret pour la Libye, où il a été interrogé et torturé par les services de sécurité libyens », a-t-il ajouté. L’intéressé assure avoir également été torturé par des agents de la CIA avant son transfert en Libye et dit l’avoir été de nouveau à la prison Abou Salim de Tripoli.

La découverte de HRW apporte un nouvel éclairage à la pratique des « renditions », mise en oeuvre par le gouvernement de George Bush dans le cadre de « la guerre contre le terrorisme ». Après leur capture, il s’agissait de transférer les terroristes présumés dans des pays moins scrupuleux que les États-Unis en ce qui concerne les méthodes d’interrogatoire. « Notre inquiétude est que ces gens étaient torturés lorsqu’ils étaient remis aux services de sécurité libyens et que la CIA savait ce se passait quand elle envoyait des gens comme Abdel Hakim entre leurs mains », a souligné Peter Bouckaert.

Les services de renseignements occidentaux ont commencé à coopérer avec la Libye de Muammar Kadhafi en 2004, lorsque le « guide la révolution » a officiellement renoncé à ses programmes d’armement non conventionnels. Les documents découverts par HRW montrent toutefois que cette coopération a été plus importante qu’on ne l’imaginait.

« Il n’y a rien de surprenant à ce que l’Agence centrale de renseignements coopère avec des gouvernements étrangers pour protéger notre pays du terrorisme et d’autres menaces meurtrières. C’est exactement ce qu’on attend de nous », a fait valoir une porte-parole de la CIA, interrogée sur le sujet.