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Source : Mediapart - Pierre Puchot

En Israêl, les fissures internes tournent à la faille et « au bazar » (sic) (ndlr)

Jeudi, 10 juin 2010 - 7h48 AM

jeudi 10 juin 2010

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C’est un élément avec lequel le gouvernement de Benjamin Nétanyahou n’avait pas compté : l’opinion publique israélienne

Habitué à une cohésion nationale sans faille, le premier ministre avait certainement en tête les sondages qui montraient des Israéliens massivement fidèles à leur armée (à 95%, selon plusieurs enquêtes israéliennes et américaines) lors de l’opération Plomb durci contre Gaza en 2009.

Pas de mobilisation massive comme il y a dix ans, pour le retour au pouvoir du parti travailliste d’Ehoud Barak, l’actuel ministre de la défense, qui succédait alors à l’actuel premier ministre du Likoud, Benjamin Nétanyahou. Mais tout de même : près d’une semaine après l’assaut meurtrier d’Israël contre une « flottille de la liberté », plusieurs milliers d’Israéliens, Juifs et Arabes, ont manifesté samedi 5 et dimanche 6 juin à Tel-Aviv et Jérusalem, épousant ainsi le mouvement international de solidarité avec les habitants de la bande de Gaza qui s’exprimait massivement dans plus de trente pays.

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Pierre Puchot :

Samedi, dans le centre de Tel-Aviv, près de 10.000 manifestants ont défilé à l’appel d’organisations de gauche contre la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens, dénonçant un « gouvernement qui coule Israël au lieu de naviguer vers la paix ».

Une affluence que l’on n’avait pas vue depuis l’opération « Rempart », menée par Ariel Sharon en 2002 contre les Palestiniens de Cisjordanie.

Arborant des drapeaux israéliens et palestiniens, les manifestants scandaient : « Israël, Palestine, deux Etats pour deux peuples » ou « Nous aimons notre pays mais avons honte de son gouvernement ». Protégée par un service d’ordre imposant, la manifestation était organisée par un collectif de mouvements anti-occupation de gauche et d’extrême gauche, notamment le parti sioniste de gauche Meretz, les marxistes de Hadash et le mouvement anti-colonisation, la Paix maintenant.

Signe de la tension révélée par l’affaire de la flottille : samedi, des incidents se sont produits avec un groupe de quelques dizaines de contre-manifestants d’extrême droite, et l’ex-député Uri Avnery notamment a été violemment pris à partie.

Face à ce mouvement présent dans les rues depuis lundi 31 mai, les autorités patinent. L’armée et le gouvernement se rejettent mutuellement la responsabilité de la « bavure », comme on appelle désormais dans les hautes sphères israéliennes ce nouveau « fait d’armes » de l’armée.

Cette polémique internationale est d’ailleurs le nouveau terrain d’affrontement entre Ehoud Barak et le premier ministre Benjamin Nétanyahou.

Mercredi 2 juin, alors que la communauté internationale condamnait massivement le raid meurtrier israélien, le ministre de la défense prenait les devants et saluait le « succès » de la mission du commando, expliquant qu’au Proche-Orient, il n’y avait « pas de pitié pour les faibles ».

Pris de court, Benjamin Nétanyahou se trouvait contraint de faire corps avec son ministre.

Mais si l’attitude de Ehoud Barak a profondément agacé l’état-major du chef du Likoud, c’est aussi parce Benjamin Nétanyahou apparaît aujourd’hui en Israël comme une personnalité indécise et peu efficace, « capable de gagner les élections, mais pas de sortir Israël du pétrin », sous-entendu où l’ont plongé l’arrogance du Likoud et le manque d’anticipation dont a fait preuve le premier ministre. « Le gouvernement Begin, peut-on lire, lundi 7 juin, dans le quotidien israélien centriste Yédiot Aharonot, qui nous a extirpé d’un conflit de trente ans avec le Liban, comprenait un ministre d’expérience qui se nommait David Levy, qui osait à l’occasion émettre un avis divergent. (...)

Ces ministres n’avaient certes jamais dirigé une opération, n’avait jamais vécu une embuscade, n’étaient pas entrés dans nos commandos d’élite, mais faisaient preuve de bon sens quand il s’agissait de la sécurité de l’Etat. »

« C’est sûr, dans la gestion de l’après-crise, on s’est plantés, confiait lundi, un militant likoudnik proche du cabinet du premier minitstre et joint par Mediapart. Et c’est un peu le bazar en ce moment. Mais une cellule a été mise en place, on va rectifier le tir. »