Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Archives > Actualités Israël-Palestine > Pas coupable, le capitaine qui a tiré 17 fois sur une écolière (...)

Voilà où mène l’état d’urgence

Pas coupable, le capitaine qui a tiré 17 fois sur une écolière palestinienne

La justice d’une soi-disant démocratie

dimanche 20 novembre 2005

Pas coupable, le capitaine qui a tiré 17 balles dans le corps d’une écolière palestinienne...
http://www.miftah.org/Display.cfm?DocId=8899&CategoryId=5

Chris McGreal - Miftah

publié le jeudi 17 novembre 2005

Pas coupable, le capitaine qui a tiré 17 fois sur une écolière palestinienne... L’officier avait ignoré les avertissements selon lesquels la fillette était terrifiée. La défense a déclaré : « confirmer la mort » est une pratique usuelle.

Un officier israélien qui a vidé en entier le chargeur de son fusil automatique sur une fillette palestinienne de 13 ans et qui a fait savoir qu’il aurait fait la même chose même si elle avait eu trois ans, a été entièrement acquitté par une cour militaire hier. Le soldat, qui a été seulement identifié en tant que « capitaine R », avait été accusé de fautes relativement mineures pour le meurtre d’Iman al-Hams, après qu’il lui ait tiré 17 fois dessus alors qu’elle passait à proximité d’un poste militaire israélien près du camp de réfugié de Rafah dans Gaza il y a de cela un an.

La façon dont s’est déroulé le meurtre d’Iman, et la révélation d’un enregistrement dans lequel le capitaine est averti qu’il ne s’agissait que d’une enfant qui « était terrifiée », a fait de ce crime un des plus controversés depuis l’éclatement du soulèvement palestinien [Intifada] il y a maintenant cinq ans, bien que des centaines d’autres enfants aient été également tués.

Après le verdict, le père d’Iman, Samir al-Hams, a déclaré que l’armée n’avait jamais eu l’intention de demander des comptes au soldat.

« Ils ne l’ont pas mis en accusation pour le meurtre d’Iman, mais seulement pour des fautes mineures, et maintenant ils disent qu’il est innocent alors qu’il a tiré sur ma fille tant de fois », a-t-il dit. « C’était de sang-froid le meurtre d’une fillette. Le soldat l’a assassinée et la cour l’a assassinée une nouvelle fois. Quel est le message ? Ils signifient à leurs soldats qu’ils peuvent tuer les enfants palestiniens. » La cour militaire a blanchi le soldat d’avoir utilisé illégalement son arme et de conduite inconvenante de la part d’un officier voulant fausser le cours de la justice en demandant aux soldats sous son commandement de modifier leurs comptes-rendus de ce qui s’est passé. Les avocats du capitaine « R » ont fait valoir que « confirmer la mort » après que l’on ait tiré sur un suspect était un comportement habituel pour les militaires israéliens afin d’éliminer les menaces terroristes.

D’après le verdict de la cour, le capitaine « R » a fondu en larmes, puis s’est tourné vers le public en disant : « Je vous le dis, j’étais innocent ».

Le compte-rendu officiel de l’armée a indiqué qu’Iman avait été abattue pour s’être trouvée dans une zone dite de sécurité et que les soldats craignaient que son sac d’école ne contienne une bombe. On ne sait toujours pas pourquoi la fillette a osé s’aventurer dans ce secteur mais un témoin l’a signalée comme étant à environ 100 mètres du poste militaire qui était de toute façon très protégé.

Un enregistrement des échanges radio entre le capitaine "R" et ses soldats et obtenu par la télévision israélienne révèle que depuis le début les soldats savaient qu’Iman était une enfant. D’après l’enregistrement, un soldat dans la tour de guet avait tenu informé un autre soldat dans la salle des opérations du poste militaire et décrit Iman en tant que « petite fille » qui « était terrifiée ». Après que les soldats aient ouvert la première fois le feu, elle a laissé tomber son sac d’école qui avait alors été frappé par plusieurs balles, prouvant ainsi qu’il ne contenait pas d’explosif. À ce moment-là elle ne portait plus de sac et, selon l’enregistrement, elle s’éloignait du poste militaire lorsqu’elle a été abattue. Bien que les militaires aient speculé sur le fait qu’Iman pouvait avoir essayé « de tromper » les soldats en les amenant hors de leur poste pour être ensuite attaqués par des complices, le capitaine R a pris la décision de faire sortir certains de ses soldats à découvert. Peu après on peut l’entendre dans la bande d’enregistrement disant qu’il a tiré sur la fillette et, la supposant morte, avait « confirmé la mise à mort ».

« Moi-même et un autre soldat ... nous approchnons un peu plus, pour confimer la mort ... Recevez notre point sur la situation ... Nous avons tiré sur elle et nous l’avons tuée... Over », at-il encore dit. Les témoins palestiniens ont dit avoir vu le capitaine tirer deux fois à la tête, puis s’éloigner, puis revenir sur ses pas et tirer une rafale dans le corps étendu.

Sur la bande son, le capitaine "R" a alors « expliqué » aux soldats sous son commandement pourquoi il avait tué Iman : « C’était une nécessité. Quelqu’un qui est mobile, qui se déplace dans [ la zone de sécurité ], même s’il âgé de trois ans, doit être tué. »

A aucun moment les soldats israéliens n’avaient été attaqués. L’accusation a été mise à mal quand un soldat qui avait initialement dit avoir vu le capitaine « R » diriger son arme vers le corps de la fillette puis ouvert le feu a ensuite indiqué à la cour qu’il avait inventé l’histoire.

Le capitaine « R » a affirmé n’avoir pas tiré sur la fillette mais à côté d’elle. Cependant, le docteur Mohammed al-Hams qui a inspecté le corps de l’enfant à l’hôpital de Rafah, a compté de nombreuses blessures. « Elle a au moins 17 balles dans plusieurs parties du corps, dans la poitrine, les mains, les bras, les jambes, » at-il déclaré au [quotidien britannique] The Guardian peu après. « Les impacts étaient grands et provoqués par des tirs à courte distance. Les blessures les plus sérieuses étaient à la tête. Elle a eu trois balles dans la tête. Une balle a été tirée sur le côté droit du visage près de l’oreille. Elle a eu une grande blessure sur tout le visage. »

L’enquête préliminaire de l’armée a conclu que le capitaine « n’avait pas agi de façon non éthique ». Mais après que certains des soldats sous son commandement aient donné à la presse une version différente, la police militaire a lancé une enquête séparée, suite à laquelle « R » a été mis en accusation.Le capitaine en question a accusé les soldats sous sont commandements de s’en prendre à lui car ils étaient juifs alors que lui était druze.

La transcription

Ci-dessous la transcription d’une conversation à trois entre un soldat dans la tour de guet, un soldat dans la salle de contrôle du poste militaire, et le captaine « R », lequel a tué la fillette.

Depuis la tour de guet :

« C’est une fillette. Elle court pour se mettre à l’abri vers l’est »
« Est-ce que nous parlons d’une fille de moins de 10 ans ? »
« Une fille d’environ 10 ans, elle est derrière le remblai. Elle a peur de mourir. »
« Je pense que quelqu’un la eue. » « Moi-même et un autre soldat ... allons voir plus près, vers l’avant, pour confirmer la mort ... Recevez un point de la situation. Nous avons tiré et nous l’avons tuée... Je confirme également la mort. Over. »

Le capitaine « R » a alors expliqué pourquoi il avait tué Iman. « C’était une nécessité. Quelqu’un qui est mobile, qui se déplace dans [ la zone de sécurité ], même s’il âgé de trois ans, doit être tué. »

Chris McGreal - Miftah

16 novembre 2005 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction : Claude Zurbach