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par K.Selim - le Quotidien d’Oran

Impasse et aveuglement à Ramallah

Lundi, 5 octobre 2009 - 6h41 AM

lundi 5 octobre 2009

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Quelles que soient les gesticulations et les pressions des uns et des autres pour retarder le "traitement" du rapport Goldstone, celui-ci existe bel et bien et constitue un monument inébranlable qui tôt ou tard pèsera encore plus lourd dans l’acte d’accusation lorsque celui-ci sera lu dans les prétoires internationaux ; la frustration des plus nombreux pèsera alors trés lourd dans la balance.

Reculer pour mieux sauter ? tout dépend de ce qu’on entend par "sauter" !

Michel Flament

Coordinateur

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Les grandes démocraties, chantres depuis longtemps discrédités des valeurs universelles de l’humanité, ont réussi à mettre le rapport Goldstone sous l’éteignoir. Le rapport ne donnera pas lieu à une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU : le vote éventuel est reporté à la session prochaine, en mars 2010.

Plus que jamais soumis à la logique israélienne, les grands donneurs de leçons habituels ont le triomphe modeste. Un silence un peu gêné malgré tout, mais qui dissimule mal la satisfaction de cercles dirigeants qui considèrent que le coeur de l’Occident bat à Tel-Aviv. C’est le représentant pakistanais qui a eu le triste privilège d’annoncer que le groupe arabo-africain de ce Conseil renonçait au vote, à la demande de l’Autorité palestinienne.

Pauvre et pathétique Autorité terrifiée par la menace du fascistoïde Netanyahu, qui, entre un blindé et une ogive nucléaire, avait averti le matin même que « l’adoption du rapport Goldstone signifiait la fin du processus de paix ».

Du côté palestinien, les positions se décantent à un point tel qu’il est difficile de réprimer un sourire à l’évocation de cette organisation qui n’a d’autorité que le nom. La négociation, en position de faiblesse, ou de reptation, est une posture curieuse. Elle est depuis longtemps adoptée par un groupe de « négociateurs » qui n’a de légitimité que celle concédée par les Occidentaux. On a beau chercher une explication à ce qu’il faut bien appeler une capitulation, on n’en trouve pas.

Le fait de participer à la tentative d’enterrement du rapport Goldstone est clairement contraire aux intérêts des Palestiniens. Le seul « gain » escompté est que l’équipe des éternels négociateurs de Ramallah, si peu efficaces, aura le « bonheur », apparemment suprême, de la reconnaissance occidentale. Le groupe dirigeant de Ramallah a poussé la complaisance jusqu’à dresser tous les obstacles possibles devant une saisine de la Cour pénale internationale. Au nom d’une ligne « lucide » ou « réaliste » qui, selon les avocats de la reddition inconditionnelle, est la seule possible compte tenu du rapport de force actuel.

Ce n’est pas le point de vue de très nombreux Palestiniens qui, à chaque fois qu’ils sont consultés, optent majoritairement pour la résistance. Les responsables de l’Autorité, contre un maigre pouvoir et la rente qui l’accompagne, jouent en réalité le rôle de fusible de l’occupant. Ils ne peuvent même pas arguer que ce prétendu « réalisme » fait avancer d’un iota la cause des Palestiniens.

La question qui se pose, de concession en compromission, est de savoir combien de temps ce fusible va résister à la montée de la colère de la population. Des voix respectées, comme celle de l’intellectuel palestinien Omar Barghouti, s’élèvent pour dénoncer le comportement de l’Autorité et réclament même sa dissolution. L’attitude de l’Autorité est d’autant plus dommageable qu’elle intervient au moment où le mouvement de solidarité internationale avec le peuple palestinien monte en puissance. Les campagnes de solidarité se succèdent et mobilisent de plus en plus au sein même des puissances alliées - ou soumises - à Israël. La campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction) rencontre un écho grandissant auprès d’une opinion écoeurée par la désinformation dont elle est l’objet permanent.

Au-delà de toute considération morale ou politique, les piètres résultats engrangés depuis que l’Autorité s’est engagée sur la voie de la « négociation » n’offrent aucun argument à ses défenseurs. En acceptant de participer à la tentative d’enterrement du rapport Goldstone, l’Autorité palestinienne montre qu’elle est enfermée dans une logique d’aveuglement. Elle s’enfonce dans l’impasse