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Palestine occupée

Chronique de l’occupation

Mardi, 8 septembre 2009 - 6h58 AM

mardi 8 septembre 2009

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Numéro : 145

nombre d’entrées : 5

001

Uri Avnery normalise la dépossession des Palestiniens

Récemment, Uri Avnery, dirigeant du Gush Shalom (Bloc de la Paix, ndt) et « coqueluche » des sionistes de gauche, a écrit plus qu’à son habitude des articles demandant à ses lecteurs de renoncer au « rêve » sioniste et il a décidé d’ajouter son grain de sel à l’appel palestinien au boycott de l’entité sioniste, pour dénoncer fermement ledit boycott. Jeff Blankfort, écrivain, journaliste et animateur radio, l’interpelle, pour la énième fois.

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Hello Uri,

Je viens de lire ta réaction à certaines critiques soulevées par ton opposition au boycottage du régime sioniste. Ayant pris conscience il y a bien longtemps des limites de ton militantisme et de ta vision du monde, cela ne m’a nullement étonné. Tu as manifestement investi trop de temps et trop d’énergie, depuis tant d’années, dans la normalisation de la dépossession des Palestiniens de leur patrie par l’entité sioniste pour reconnaître l’injustice qui fut non seulement inhérente à la création de l’établissement sioniste, mais qui lui fut même nécessaire.

Le passage du temps n’efface en rien cette injustice et peu importe le nombre de fois où toi et d’autres vous invoquerez l’Holocauste nazi. Le dé de la création d’un Etat juif en chassant les Palestiniens de leurs maisons et de leurs villages avait déjà été jeté bien des années avant qu’Hitler ne parvînt au pouvoir, si bien que la question de l’hitlérisme ne saurait trouver de place dans ce débat.

Les arguments contre la création d’un Etat juif en Palestine, soulevées par des juifs antisionistes et non sionistes, remontant aux premières années du siècle dernier, étaient bien connus, et tous ont apporté la preuve de leur exactitude. Il n’est donc nullement étonnant que la légitimité de l’établissement sioniste n’ait été reconnue ni par les Palestiniens ni par les autres peuples du Moyen-Orient.

De fait, les sionistes en avaient fait la publicité dans le monde entier, avec fierté, le présentant comme une entreprise de colonisation de peuplement… jusqu’à ce qu’une telle terminologie soit passée de mode. Le fait que l’établissement sioniste ait été créé en des temps où le reste du monde était engagé dans une période de décolonisation fut une garantie supplémentaire, s’il en était besoin, de son rejet. Sans l’influence de ses groopies aux Etats-Unis et en Europe, et sans les armes qui s’y déversèrent afin de le soutenir, le régime sioniste, à l’instar de l’Algérie française, n’aurait été rien d’autre qu’un bref épisode aberrant de l’Histoire (il convient de noter, à cet égard, que c’est le soutien du régime sioniste au régime colonialiste français contre la Résistance algérienne qui amena la France à être le principal fournisseur d’armes des sionistes, jusqu’à un certain joli mois de mai 1967…)

Tu sais aussi pertinemment qu’afin de maintenir le régime sioniste en tant que Sparte du Moyen-Orient, le « lobby pro-sioniste » tient depuis longtemps le Congrès des Etats-Unis par les c.uilles, étranglant le peu de ce qui restait de la démocratie américaine. Tu ne te rappelles pas d’avoir décrit la manière dont un président américain après l’autre a tenté de résoudre le conflit palestino-sioniste et dont chacun d’entre eux fut contraint, par Le Lobby, de se retirer du champ de bataille, la queue entre les jambes ? Et qu’après chacune de leurs défaites, le vol de la terre palestinienne et la croissance des colonies continuaient ? Qui en a payé le prix, à ton avis ?

Comme tu l’as sans doute deviné, je suis contre l’existence de l’établissement sioniste ou de tout Etat juif, quel qu’en fût le nom, fondé sur la notion qu’un juif originaire de n’importe où dans le monde a plus que le droit de vivre dans ce que l’immense majorité du monde connaissait et reconnaissait comme étant la Palestine qu’un Arabe palestinien né dans ce pays ou que les membres de sa famille pouvaient légitimement appeler leur patrie. Si la situation actuelle n’est ni immorale, ni raciste, alors nous devons trouver à ces adjectifs une nouvelle définition. Mais toi, apparemment, tu ne le penses pas ; tu rejettes les opinions de ceux qui sont de cet avis. (La notion selon laquelle l’établissement sioniste ou n’importe quel pays puisse être la patrie d’une personne qui n’y est pas née et qui ne connaît aucun proche qui y soit né n’est qu’un exemple supplémentaire d’à quel point les sionistes ont déformé le langage afin de tenter de justifier l’injustifiable). Ton échec à trouver un argument allant à l’encontre de l’idée d’un Etat unique devient patent, quand tu écris que les Français et les Allemands ne se sont pas mis d’accord pour vivre ensemble. Tu crois vraiment que l’on puisse faire la moindre comparaison entre les deux situations ? Les Français seraient donc en train d’occuper l’Allemagne ? Ou vice-versa ? Et l’on ne m’aurait rien dit ??

Je ne cesserai sans doute jamais d’être scié par tes efforts irréfragables visant à séparer les colons de ceux des juifs qui vivent à l’intérieur de la Ligne Verte, comme si la majorité des habitants de la zone sioniste proprement dit n’étaient pas responsables de l’élection d’une série de tueurs professionnels en tant que leurs Premiers ministres, année après année, qui ont, tous, augmenté et agrandi les colonies. Il n’y a eu aucun sondage d’opinion des sionistes (je les ai tous consultés) depuis 1988, au début de la première Intifada, dont la moitié des répondants n’aient pas appelé à l’épuration ethnique des Palestiniens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il y avait beaucoup de colons, en 1988 ? Soyons sérieux…

Dans ta belle démocratie, tout juif ou toute juive valide, à l’exception des hassidim, a joué le rôle d’un occupant en Cisjordanie ou à Gaza tout au long des quarante-deux années écoulées. Ce sont des innocents ? Hier, j’ai regardé, sur Al-Jazeera, des soldats sionistes en train de tirer des grenades lacrymogènes et un liquide vert nauséabond contre des Palestiniens non-violents qui manifestaient contre le mur d’acier qui coupe leur terres à Ni’ilin, après quoi ces soldats ont pris pour cible le reporter d’Al-Jazeera. Attend-on de nous que nous soutenions ces jeunes malfrats en uniforme israélien ? Ceux qui les haïssent devraient être condamnés, et non pas les malfrats et ceux qui envoient ces types là-bas ?

Tu utilises le mot « paix » à tout bout de champ, mais chez toi, le mot « justice » ne risque pas de s’user ! C’est ce qui vous distingue, toi et tes potes sionistes, des Palestiniens et de ceux qui les soutiennent sincèrement. L’occupation dérange ta conscience, ton sentiment d’identité, en ta qualité de sioniste, mais jusqu’à quelle point affecte-t-elle ta vie ? Mettre un terme à l’occupation, de quelque façon que ce soit, t’apportera la tranquillité de l’esprit et le temps de finir tes mémoires. Eh bien, là, maintenant, essaie, si tu le peux, d’imaginer que tu es dans la peau d’un Palestinien, qui a été soumis à l’arbitraire d’un squatter sioniste toute sa vie. Rechercherais-tu simplement la paix, l’absence de ce squatter sioniste, ou rechercherais-tu et exigerais-tu que justice soit faite ?

Ta conclusion ne fait que traduire ta confusion. Tu écris que tu veux que « l’établissement sioniste soit un Etat appartenant à tous ses citoyens, sans distinction d’origine ethnique, de sexe, de religion ou de langue ; avec des droits entièrement égaux pour tous », et pourtant tu supposes qu’il y aura « une majorité hébraïsante », qui permettra à ses « citoyens arabophones… de chérir leurs liens étroits avec leurs frères et leurs sœurs palestiniens… ». S’il n’y a plus de distinction entre un citoyen et un autre, entre un juif et un Arabe, alors comment peux-tu imaginer que la majorité continuera à être hébraïsante ?

Ou bien alors, peut-être envisages-tu la possibilité que la population arabe palestinienne de la zone sioniste, qui est d’ores et déjà largement bilingue arabe-hébreu deviendra la majorité, ce qui ferait que « Israël », dès lors, ne serait plus un Etat juif ?

Si tel est le bien cas, il y a peut-être encore un peu d’espoir, en ce qui te concerne ?

Source : Palestine Think Tank Traduction : Marcel Charbonnier

[ commentaires : il est en effet certainement bien difficile pour un sioniste qui cherche la justice d’aller jusqu’au bout de son analyse, qui amène implacablement à la conclusion que l’établissement sioniste doit disparaître tôt ou tard. Nous avons été témoins de contradictions du même ordre lorsqu’Albert Camus, ou d’autres, avaient été confrontés, sans échappatoire possible, à la réalité de l’émergence, en pleine lumière, du peuple algérien. Nous pouvons comprendre que les choses sont, pour eux, douloureuses. Mais nous ne pouvons pas trahir l’exigence de justice envers le peuple Palestinien. ]

ISM et Jeff Blankfort - Palestine - 07-09-2009

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=12639&type=analyse≤sujet=Sionisme

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002

Une action en justice demande l’application des conditions sur les Droits de l’Homme de l’Accord d’Association UE-Israël

Le député Clare Short et la Campagne Européenne pour la levée du Siège de Gaza ont lancé une action en justice pour exiger de l’Union Européenne qu’elle respecte les conditions sur les droits de l’homme de l’Accord d’Association UE-« Israël ».

L’action en justice a été annoncée dans une lettre adressée au président Barroso et à Javier Solana, le Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, qui explique la manière dont les conditions du Traité sont violées et sur la façon dont est appliqué le droit international.

La plainte a été déposée au nom des plaignants par Public Interest Lawyers, 8, Rue Hylton, Birmingham.

La Commission a 28 jours pour répondre aux arguments décrits dans une lettre de 15 pages qui explique le fait qu’en vertu de l’Accord d’Association UE-« Israël », l’UE a des obligations claires en cas de violations par le régime sioniste des droits de l’homme internationaux et du droit humanitaire dans les Territoires Palestiniens Occupés. La plainte est basée sur le fait que l’UE n’applique pas ces obligations.

Dans la lettre, il est affirmé que « les organisations de défense des droits de l’homme palestiniennes, israéliennes et internationales ont conclu dans de nombreux rapports et études que les actions sionistes lors de l’opération Plomb Durci méprisaient et violaient intentionnellement et systématiquement aussi bien le droit humanitaire international que les droits de l’homme ».

Par ailleurs, « les rapports fournis à l’ONU, y compris celui de Richard Falk, chargé d’enquêter sur la situation des droits de l’homme en Palestine, ont constaté plusieurs violations du droit lors de l’opération Plomb Durci. Le Rapporteur spécial sur la Pauvreté a commenté des rapports montrant que, pendant l’intervention militaire, Israël a délibérément entravé le travail du personnel humanitaire, laissant les pauvres sans nourriture et sans médicaments de base et autres services, en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme »

Les arguments présentés soulignent la position de la Cour internationale de Justice et de l’ONU à l’égard des innombrables violations, parmi lesquelles l’acquisition de territoires par la force, l’obstruction à l’autodétermination du peuple palestinien et de nombreuses autres normes péremptoires.

En soulignant l’obligation de l’UE face à autant de rapports et de déclarations émanant de la plus haute autorité en droit international, la lettre indique que « selon la Convention de Genève, l’UE ne doit pas que garantir sont propre respect des droits de l’homme : il lui faut aussi baser ses relations avec le régime sioniste sur le respect mutuel des droits de l’homme. Ainsi, lorsque Israël viole constamment les droits de l’homme et que l’UE ne prend pas les mesures appropriées contre le régime sioniste, elle viole l’article 2 de la Convention de Genève ".

Le maintien d’un statu quo dans l’Accord d’association entre l’UE et le régime sioniste, qui fait du régime sioniste le plus important partenaire commercial de l’UE est déplacé et plus important encore, il est condamnable par la justice. La lettre indique des mesures spécifiques que la Communauté européenne doit prendre dans le cadre de l’accord lorsqu’Israël viole l’article 2 de la Convention de Genève.

En reconnaissance de ses obligations, la lettre demande à la Commissaire de respecter ses obligations et de fournir une description détaillée de ses actions prises dans l’exécution de ses obligations.

Clare Short a déclaré aujourd’hui : « Moi et beaucoup d’autres avons essayé, à travers nos parlements, d’exiger de nos gouvernements qu’ils se conforment au droit international, sans succès. Nous espérons maintenant qu’une action en justice exigera ce respect. C’est ma ferme conviction que la seule façon d’arriver à la paix est d’obliger le régime sioniste à se conformer au droit international et que cela est dans l’intérêt de toutes les parties. La Commission européenne et les États membres manquent à leur devoir de faire respecter les conditions de notre propre traité avec le régime sioniste et d’utiliser ces exigences pour obtenir une paix à long terme et la justice ».

Une copie complète de la lettre est disponible à ce lien :
Lettre au conseil des Ministres

http://nlp.prc.org.uk/

Traduction : MG pour ISM

[ commentaires : un coup d’épée dans l’eau ? Très vraisemblablement. A ceux qui continueraient à refuser de voir la réalité en face, la récente nomination d’une militante de l’internationale sioniste, Valérie Hoffenberg, à une responsabilité dans la participation de notre pays au prétendu processus de paix en Palestine devrait ouvrir les yeux : il n’y a pas que les Etats Unis où les réseaux organisés autour de ce genre de personnages aient fait en sorte de placer leurs gens aux plus éminentes positions de responsabilité. Faut-il se mettre à trembler ? En tout cas, pas de crainte. De rage, peut-être. En tous cas, il faut se lever et agir. Bravo, Madame Clare Short. ]

ISM et Campagne Européenne pour Briser le Siège de Gaza > info@savegaza.eu - Europe - 04-09-2009

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=12623&type=communique≤sujet=Poursuites%20judiciaires

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003

« Le sens du devoir » – entretien avec un journaliste de Bil’in

Jody McIntyre est une journaliste du Royaume Uni et elle vit actuellement à Bil’in, en Cisjordanie occupée. Jody a une infirmité motrice cérébrale et elle voyage en fauteuil électrique. Elle écrit sur son blog, « Life on Wheels ».

Haitham al-Katib est journaliste, il vit à Bil’in, village de Cisjordanie occupée. Au cours des derniers mois, les villageois ont été victimes d’invasions nocturnes constantes de l’armée coloniale. Le but de ces raids est d’écraser la campagne de résistance non violente menée par le village contre la confiscation de ses terres. Al-Katib filme les raids, ainsi que les manifestations non violentes hebdomadaires contre le mur, et il est devenu une personnalité bien connue pour ses reportages courageux sur la lutte. Jody McIntyre, qui écrit pour The Electronic Intifada, et qui est basée à Bil’in, l’a interviewé sur son travail.

Jody McIntyre : Quelle est votre vie de tous les jours, actuellement ?

Haitham al-Katib : A cause des raids, la nuit, je ne dors pas, je parcours le village avec des amis et des militants internationaux, pour surveiller les soldats. Ils arrivent masqués, avec des chiens, et pénètrent en force dans les maisons sans frapper aux portes, la plupart du temps entre 2 et 4h du matin, alors maintenant nos enfants sont terrifiés à l’idée que leur maison sera la prochaine. A 15 ans, j’ai été moi-même emprisonné, alors je sais ce que l’on ressent. Je n’étais qu’un gosse, et j’avais vraiment peur, alors aujourd’hui, je ressens la responsabilité d’essayer de mettre fin à ce qui se passe pour la prochaine génération.

Les vendredis, je filme les manifestations non violentes contre le mur. Les forces d’occupation ont volé plus de la moitié de nos terres pour construire les colonies et le mur, alors nous protestons. Cette année, lors d’une de ces manifestations, ils ont tué un ami proche, Bassem Abu Rahme. Il avait les mains en l’air et il leur disait de ne pas tirer parce qu’ils avaient blessé une Israélienne, et ils l’ont assassiné là. J’étais photographe, mais après cet incident, j’ai réalisé combien les vidéos sont importantes pour montrer la vérité ; l’armée coloniale a prétendu plus tard que Bassem leur lançait des pierres lorsqu’il a été tué. Je photographiais Bassem à ce moment là, et j’ai cru qu’il n’était que blessé, mais lorsque j’ai réalisé que quelque chose n’allait pas, le choc m’a fait lâcher mon appareil.

JM : Quel est l’impact des raids nocturnes sur votre vie de famille ?

HK : J’ai perdu mon boulot d’électricien depuis que les raids nocturnes ont commencé, ma famille et moi sommes donc maintenant dans une situation financière très difficile. Pas seulement ma famille, mais tous dans le village dorment habillés, craignant d’être la prochaine personne à être tiré du lit avec une arme automatique pointée sur le visage. Je ne dors plus chez moi, parce que je sais qu’il peut y avoir une autre invasion, et je veux que mes enfants dorment.

Mon plus jeune fils, Karme, a 2 ans ; on a diagnostiqué une leucémie lorsqu’il n’avait que 8 mois. Je l’emmenais à l’hôpital tous les jours à Jérusalem, mais depuis récemment, je rencontre de plus en plus de difficultés pour obtenir le permis nécessaire des autorités sioniste, alors c’est ma femme qui y va. L’autorité palestinienne payait pour les soins de santé de Karme, mais on ne peut pas compter sur son soutien – au début de cet année, ils ont cessé de payer pendant un mois, et j’ai du trouver 20 000 NIS (env. 3 800 €) pour les frais médicaux. Ma famille ne peut pas se permettre de tels frais hospitaliers.

JM : Pourquoi filmez-vous les attaques nocturnes ?

HK : Parce que j’ai l’impression qu’il est de mon devoir de montrer au monde la réalité de ce qui se passe à Bil’in. Et également parce que je pense que si ma caméra n’était pas là, les soldats coloniaux seraient encore plus brutaux, et resteraient dans le village plus longtemps pendant les raids. Nous sortons aussi dans l’intention de stopper les arrestations violentes de nos enfants, même si cela s’avère impossible.

JM : Avez-vous été blessé pendant que vous filmiez ?

HK : Oui, plusieurs fois ! Lors d’une récente attaque nocturne, les soldats ont essayé de m’empoigner mais je me suis mis à courir et je me suis entaillé la jambe à un morceau de métal qui dépassait d’une voiture. Les soldats m’ont laissé lorsqu’ils ont vu que j’étais étendu par terre.

En fait, ils m’attaquent souvent pendant les raids et ils essaient de casser ma caméra. Lors des raids les plus récents, ils y ont réussi – un des soldats m’a vu en train de filmer et il a attrapé l’écran de ma caméra et il l’a arraché.

J’ai aussi été blessé de nombreuses fois pendant les manifestations non violentes hebdomadaires contre le mur. Une fois, j’étais en train de prendre des photos lorsqu’un soldat m’a dit que si je n’arrêtais pas, il allait me tirer une balle dans la tête. Je ne l’ai pas cru, alors je me suis mis sur le côté et j’ai continué à prendre des photos. Il m’a tiré une balle caoutchouc-acier juste entre les deux yeux, qui m’a fracturé le crane. Alors que j’étais en soins intensifs, j’avais en tête une seule question : « Pourquoi ? » Je n’avais rien fait de mal, je prenais juste des photos, mais peut-être que les soldats ne veulent pas que le monde entier voit la vérité sur leurs actions, pendant qu’ils vantent la « démocratie » soniste dans les grands médias.

Mais il ne s’agit pas que de moi ; des centaines de gens, dont de nombreux journalistes, ont été blessés pendant les manifestations non violentes.

JM : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

HK : Je rêve d’apprendre à beaucoup de gens dans mon village comment filmer, pour que lorsque des enfants sont kidnappés, leurs mères puissent montrer les images au monde entier.

La semaine prochaine, je vais en Suisse avec Shai Pollak, un militant et réalisateur israélien, qui est un bon ami, pour montrer Bil’in, Habibi (un film qu’a fait Shai sur la campagne de résistance non violente de notre village) au Festival : Biennale libre de l’Image en Mouvement, à Genève.

J’espère que ce film servira à montrer au monde que le mur n’est pas là pour des questions de sécurité, comme le prétend Israël, mais seulement pour voler nos terres et construire des colonies illégales.

JM : Voyez-vous la fin à l’occupation ?

HK : Je pense que notre lutte pour la liberté devra continuer encore longtemps, mais je crois profondément que nous y arriverons un jour. Si toute la Palestine suit le modèle de Bil’in, nous serons libre.

Source : Electronic Initifada Traduction : MR pour ISM

[ commentaires : Respect ! ]

ISM et Jody McIntyre > jody.mcintyre@gmail.com - Bilin - 05-09-2009

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=12632&type=temoignage≤sujet=Interviews

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004

Mashal met en garde contre une « normalisation gratuite » avec le régime sioniste

Khaled Mashal, chef du Bureau politique du mouvement Hamas, a mis en garde contre ce qu’il décrit comme une normalisation gratuite avec le régime sioniste, et a dit que « cette formule demandait une normalisation arabe avec le régime sioniste en échange d’un gel de la colonisation de 9 mois qui ne concerne même pas Jérusalem. »

Il a ajouté que la décision sioniste de ne pas intégrer Jérusalem dans le soi-disant gel de la colonisation était un point très grave. Il a ajouté que les pays arabes ne devait pas offrir la normalisation ni d’autres concessions au régime sioniste tant que ce dernier poursuivait ses violations, ses activités de colonisation et ses attaques contre le peuple palestinien.

Le dirigeant Hamas concluait une visite de deux jours en Egypte au cours de laquelle il a rencontré Omar Suleiman, le chef des services secrets égyptiens, et le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amro Mousa.

Ce dernier a déclaré que la Ligue Arabe n’avait pas décidé de normaliser avec le régime sioniste, et il a ajouté que le dossier devait être fermé à cause du rejet des sionistes d’arrêter totalement les activités de construction de colonies. Il a dit que la Ligue Arabe n’offrirait pas de concessions gratuites au régime sioniste.

Lors d’une conférence de presse au Caire, Mashal et Mousa ont dit que la réconciliation et l’unité interne palestinienne étaient essentielles.

Au sujet du dossier du soldat capturé Gilad Shalit, Mashal a dit que des médiateurs allemands étaient maintenant impliqués dans les pourparlers indirects sur un échange de prisonnier, et que cette médiation avait été lancée en coordination avec l’Egypte.

Source : IMEMC Traduction : MR pour ISM

ISM et Saed Bannoura (IMEMC) - Palestine - 07-09-2009

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=12637&type=communique≤sujet=normalisation

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005

Pour les Etats-Unis, un gel de la colonisation juive en Palestine n’est plus un préalable

Un haut fonctionnaire s’est exprimé, mais sous couvert d’anonymat, devant des journalistes le 27 août. « Il était plus important que l’étendue d’un gel des colonies soit acceptable pour les sionistes et les Palestiniens plutôt qu’aux Etats-Unis, » a rapporté l’agence Reuters, citant le haut fonctionnaire. Ceci signifie que les négociations de paix peuvent reprendre tandis que les tanks israéliens lacèrent la terre palestinienne, démolissent des maisons et déracinent des arbres.

Cela signifie également que le rejet sioniste de la seule et unique demande venant des Etats-Unis et qui a jusqu’ici défini le rapport du président Barack Obama au conflit du Moyen-Orient, a prévalu sur la fermeté américaine supposée. En d’autres termes, les Etats-Unis ont officiellement cédé aux pressions sionistes et pro-sionistes, à Tel Aviv et à Washington.

Ceux qui ne sont pas familiarisés avec une certaine terminologie dans ce conflit peuvent ne pas réaliser que cela signifie en réalité que les Etats-Unis n’exigeront plus un gel de la part des sionistes de la « croissance naturelle » de ses colonies, particulièrement dans la zone occupée de Jérusalem où des dizaines de milliers de Palestiniens sont exposés au nettoyage ethnique israélien.

Des familles comme les familles Hanoun et Ghawi ont été expulsées de leurs maisons et jetées à la rue avant le lever de soleil. « La police est venue pour eux à l’aube, un dimanche, fortement armée, portant des casques et des boucliers anti-émeute pendant qu’ils forçaient les portes en métal des maisons et traînaient les deux familles palestiniennes à l’extérieur à la rue, » a rapporté le « Guardian » le 24 août.

Ces événements, à briser le cœur, de personnes innocentes jetées à la rue sans avoir commis la moindre faute et seulement pour faire de la place à encore plus d’habitants juifs, ont eu lieu devant des caméras de télévision et n’ont guère mérité plus que quelques mots de timide réprobation. C’était en fait un message politique, envoyé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au gouvernement des États-Unis et à n’importe qui oserait remettre en cause la politique coloniale sioniste.

Cela s’est produit alors que l’appel d’Obama pour un gel des colonies était le plus fort. Imaginez à présent comment Israël se comportera, maintenant que l’unique demande des Etats-Unis est officiellement abandonnée. Le gouvernement sioniste d’extrême-droite accélérera probablement son programme d’extension coloniale pour saboter toute future demande de gel. Beaucoup plus de familles Hanoun et Ghawi, avec leurs enfants, se retrouveront à la rue simplement pour le fait de ne pas être juifs, même s’ils sont les légitimes propriétaires de leur terre.

La logique sioniste est cependant d’une extrême limpidité. Deux semaines avant que les expulsions aient eu lieu, Netanyahu a pris la parole devant son cabinet ministériel, disant que Jérusalem (Jérusalem-est occupé y compris) est « la capitale du peuple juif et de l’état sioniste » et que « notre souveraineté ne peut pas y être contestée. » Il a poursuivi, « nous ne pouvons pas accepter l’idée que les juifs n’aient pas le droit de vivre et d’acheter dans toutes les parties de Jérusalem. »

Malgré son communiqué exceptionnellement ferme selon lequel les expulsions étaient « profondément regrettables », la secrétaire d’état des Etats-Unis, Hillary Clinton n’a eu le pas de réponse pour les familles de jérusalémites demandant un recours en faveur de leurs maisons volées. C’est justement cela, une plus grande flexibilité américaine.

Tandis que les Palestiniens, et ceux qui les soutiennent et sympathisent avec leur lutte légitime, sont accoutumés aux violations provocatrices du régime sioniste à l’égard de la loi internationale et humanitaire, et à l’appui direct et indirect des Etats-Unis en faveur du régime sioniste, beaucoup avaient la témérité d’espérer que les choses pourraient changer sous la nouvelle présidence américaine. Le discours d’Obama au Caire, en dépit de ses nombreuses faiblesses, a été considéré comme un signe prometteur montrant que les Etats-Unis joueront un rôle plus favorable pour l’établissement d’une solution juste au conflit et à la continuelle tragédie vécue par les Palestiniens.

Certains estimaient qu’Obama voulait commencer par quelque chose d’élémentaire, en exigeant simplement un gel de l’expansion des colonies. C’était très loin d’exiger leurs pleins droits pour les Palestiniens, ou même d’exiger le ciment, la nourriture et les médicaments pour Gaza qui se meurt, mais c’était néanmoins un début.

Et tandis que les Palestiniens, les sionistes, la région entière et les médias du monde entier attendaient les résultats de la confrontation des volontés d’Obama et de Netanyahu, le régime sioniste a avancé plusieurs pions qui sont pourtant passés inaperçus.

Sur le plan extérieur, le régime sioniste a profité de la pression supposée des Etats-Unis pour exercer une contre-pression sur ces mêmes Etats-Unis pour que soient appliquées des sanctions plus graves sur l’Iran - voir plus - donnant une date limite pour la fin des efforts diplomatiques visant à diminuer la forte tension à propos du programme nucléaire iranien. C’était aussi le message que Netanyahu a transmis à la réunion avec le délégué des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, George Mitchell, à Londres la semaine dernière.

Et le régime sioniste veut toujours plus, allant jusqu’à exiger - avec la bénédiction des Etats-Unis - une normalisation avec le monde arabe en échange de sa disposition jamais appliquée à stopper temporairement l’expansion des colonies. Mitchell était également de l’opinion que « les états arabes (devraient) faire quelques gestes dans le sens d’une normalisation des relations avec le régime sioniste, » d’après Reuters.

Sur le plan intérieur, les choses sont allés dramatiquement vers le pire. Cela a commencé par le vote d’une loi à la Knesset israélienne (parlement) qui entraînera l’emprisonnement des Arabes qui commémoreront la Nakba [ou la Catastrophe] palestinienne de 1948 qui a vu l’expulsion de presque 800 000 Palestiniens de leur terre. Puis il y a eu la nouvelle loi qui impose le remplacement des dénominations arabes sur des panneaux routiers au profit de leur équivalent hébraïque, même si les lieux en question sont connus par leur nom arabe depuis des millénaires.

Ce sont ni les premières ni les dernières initiatives fascistes destinées à interdire à toute trace d’identité palestinienne (musulmane ou chrétienne) de coexister avec le caractère « exclusivement juif » de l’établissement sioniste.

C’est ceci et beaucoup d’autres choses qui se se sont produites tandis que les Palestiniens et d’autres, remplis d’espoir, retenaient leur souffle, attendant qu’Obama agisse, jusqu’à la toute récente expression de la flexibilité américaine.

A présent, les Palestiniens sont face à deux possibilités : soit continuer à souscrire à l’illusion que les Etats-Unis sont capables, ou simplement disposés - et en leur nom - à s’opposer aux transgressions sionistes de la justice et des Droits de l’Homme, soit faire le ménage des chefs égoïstes et corrompus, unifier leurs rangs et poursuivre leur lutte pour une Palestine réellement libre et indépendante.

Ramzy Baroud est écrivain et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com ». Ses écrits ont été publiés dans de nombreux journaux, magazines et anthologies dans le monde entier.

Son dernier livre est The Second Palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle (Pluto Press, London). Et son prochain : My Father Was a Freedom Fighter : Gaza’s Untold Story (Pluto Press, London).

Site Internet :
www.ramzybaroud.net
Du même auteur :
Lutter pour le droit de marcher ... - 5 septembre 2009
Les cerf-volants de Gaza - 3 août 2009
Fatah : nouveau début ou fin imminente ? - 20 août 2009
La vraie tragédie : qui a tué Arafat et pourquoi ? - 30 juillet 2009
Gaza et le langage de la force - 21 juillet 2009
Trafic humain dans un monde de famine - 17 juillet 2009
Le Hamas : entre principes et nécessité - 10 juillet 2009
31 août 2009 - Communiqué par l’auteur
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

Info Palestine et Ramzy Baroud - Lundi 07 septembre 2009

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=7239