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Opinion (version en anglais en 2è partie de l’article)

Les plans de paix naissent et meurent. Obama pourrait être contraint de tenter une approche complètement nouvelle

Source : The Guardian et Jonathan Freedldan - Vendredi, 4 septembre 2009 - 8h58 AM

vendredi 4 septembre 2009

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Préambule

Obama pourrait bien

Nous trouvons tout à fait convaincantes les prévisions pessimistes de l’ article qui suit concernant la démarche d’Obama, du moins pour ce qu’on en constate actuellement.

En revanche, il nous semble que l’auteur fait preuve, dans la "nouvelle " démarche qu’il préconise, d’une naïveté tout à fait comparable à celle qu’il reproche aux précédentes démarches.

Il n’est guère honnête de reprendre les présentations tendancieuses des sionistes qui cherchent une justification à leur installation en Palestine dans un prétendu exil forcé, il y a deux mille ans, de ceux qu’ils appellent leurs ancêtres et qui ne le sont très vraisemblablement pas, en tous cas au sens biologiques : les Juifs de l’époque romaine.

Ajoutons que, s’ils l’étaient, cela ne donnerait pas à leur entreprise une légitimité plus respectable ; Bernanos disait « Vouloir rendre la Palestine aux Juifs, c’est comme vouloir rendre la Toscane aux Etrusques ».

Si on refuse d’envisager un nettoyage ethnique de la Palestine, dans un sens ou dans l’autre, il n’y a que deux solutions : un état unique, bien entendu démocratique et sans apartheid. Ou bien deux états strictement égaux : si l’un des deux revendique un droit, il ne peut interdire à l’autre d’en jouir également. Et cela vaut aussi dans le domaine de la défense.

Bien entendu les sionistes ne sont pas prêts à accepter quoi que ce soit de semblable.

Alors on fait quoi ?

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http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/aug/25/israel-palestinian-obama-peace-us

Les plans de paix naissent et meurent. Obama pourrait être contraint de tenter une approche complètement nouvelle

A moins que les discussions n’affrontent les questions centrales, existentielles, posée depuis 1948, l’optimisme concernant les efforts pour un nouveau Proche Orient a beaucoup de chances de se dissiper rapidement.

Les coeurs ne peuvent que se réjouir devant tout ce qui suggère et annonce même que Barack Obama va se présenter devant le monde le mois prochain, que ce soit à l’assemblée générale de l’ONU ou devant le G20 à Pittsburgh, et va lancer sa proposition personnelle pour la paix au Proche Orient. Nous nous sommes pendant si longtemps répétés qu’une solution est possible, et que tout le monde connaît les contours d’un accord final entre israéliens et Palestiniens, qu’il est devenu presque impossible de résister à l’impression qu’un tel accord est à portée de main.

Voyons, nous avons ici un président admiré par tout l’univers, alors que son prédécesseur était rejeté ; un président qui semble comprendre les nuances et les complexités de cette région profondément perturbée ; et surtout un président qui croit à la diplomatie. A coup sûr, si quelqu’un était destiné à jouer le rôle de faiseur de paix au Proche Orient, c’est bien Obama. De plus, il semble que le moment propice soit venu. Pour une fois, de grandes parties du monde Arabe ont un intérêt en commun avec Israël : l’Arabie Saoudite et d’autres craignent Téhéran plus qu’ils ne craignent Tel Aviv, et pourraient bien être prêts à oublier leurs querelles avec Israël si cela conduit à une action internationale unie contre l’Iran et ses ambitions nucléaires.

Est-il excessif d’espérer qu’Obama soit l’homme qu’il faut et septembre 2009 le moment qu’il faut pour apporter la paix au Proche Orient ?

J’ai bien peur que oui. La Terre Sainte est hantée par les fantômes des hommes qui ont cru qu’ils avaient une capacité unique pour réussir là où les autres avaient échoué. Plusieurs présidents ont estimé qu’ils pouvaient faire la différence. Ils ont échoué. Ce qui compte, ce ne sont pas les talents particuliers dont Obama peut se flatter, mais le paysage où il se place. Et au Proche Orient, cela ne conduit pas à l’espérance.

C’est ainsi qu’il semble au premier abord encourageant soit venu à Londres aujourd’hui pour une longue session d’ entretiens avec George Mitchell, l’homme qui su soigner les plaies de l’Irlande du Nord et s’est vu confier par Obama de faire de même pour les israéliens et les Palestiniens. Lors de sa conférence de presse aux côtés de Gordon Brown, hier, le premier ministre israélien est parvenu à suggérer qu’il avait réduit l’écart entre se positions et les exigences d’Obama pour un gel complet de la construction d’implantations sur les terres conquises par Israël en 1967. Oui, bien sûr, il faudrait bien qu’il y ait un peu de construction dans les implantations existantes – les colons, a expliqué Bibi, ont des enfants qui ont besoin d’écoles et de jardin d’enfants – mais il n’y aurait pas de nouvelles implantations. En employant le vocabulaire des critiques les plus sévères d’Israël, il a insisté « C’est très différent do vol de terres.. Nous n’allons pas exproprier de terres supplémentaires. »

Il peut se faire que lui et Mitchell parviennent à bâtir une formule de compromis avec ça, acceptant, par exemple, un gel d’une durée d’un an avec quelques exceptions pour la « croissance naturelle ». Mais les Palestiniens déclarent qu’ils ne participeront à aucune nouvelle discussion à moins qu’Israël ne se soumette à un gel complet. Il n’est pas impossible qu’ils cèdent tout à la fin, particulièrement si Washington insiste sur le principe d’un arrêt complet de l’activité d’implantations. Mais un tel point de départ augure mal d’un nouveau processus de paix. Dans une confrontation les yeux dans les yeux avec Israël, ce sera Obama qui clignera des yeux le premier. Il se montrera la plus faible, incapable de persuader un allié, qui a pourtant besoin de lui, de céder à sa volonté. Cela constituera une perte de face qui a besoin d’être redouté par les deux parties s’il veut parvenir à des résultats.

Supposons qu’Obama surmonte cet obstacle et que les discussions commencent. Avons nous alors des raisons d’espérer ? Un observateur aussi chevronné que Hussein Agha, qui a également participé à des négociations, n’est pas optimiste : « Quelle est au juste la différence entre ce qui vient et Camp David ou Annapolis ? » Les partisans de ce processus soulignent que cet effort impliquera trois parties, et que les Etats Unis seront un participant à part entière, alors que George Bush avait laissé les deux côtés utiliser leurs propres règles. Mais on oublie que Condoleezza Rice a fait 17 voyages dans la région en 10 mois. Et les israéliens et les Palestiniens n’ont pas manqué que les Etats Unis les prennent par la main du temps de Clinton. Et pourtant cela n’a pas fonctionné.

En vérité, il faudrait s’arrêter plus longuement sur les entretiens de Camp David en 2000. Israël était alors représenté par Ehud Barak, qui avait au moins un certain penchant idéologique pour la paix. Il avait en face de lui Yasser Arafat, un dirigeant Palestinien avec une autorité telle qu’il pouvait faire accepter n’importe quoi par son peuple. Une nouvelle initiative va mettre face à face Netanyahou, qui a fait carrière sur son opposition à la paix, et Mahmoud Abbas, dont la légitimité chez les Palestinien est très fragile. Il est bien difficile d’imaginer que ces circonstances sont plus propices au succès que celles d’il y a neuf ans.

Certains pourraient être encouragés par la rapport du Guardian qui suggère que les Etats Unis envisagent une échéance de deux ans, peut-être même une date limite. Mais il faudra leur rappeler le discours fait par Bush en 2006 qui promettait un état Palestinien avant 2005. Ou encore la promesse de Bush d’un été avant 2008. Au Proche Orient, les dates limites vont et viennent.

Il y a, il est vrai, une différence significative, cette fois-ci : Obama lui-même. Pas ses talents de négociateur, qui n’ont pas été mis à l’épreuve, mais sa stature dans le monde Arabe et Musulman. A cet égard, sans aucun doute, il est mieux placé que ses prédécesseurs (bien que la dispute persistante sur les implantations use très rapidement son crédit). Le problème est que cela coûte un certain prix : un sondage du Jerusalem Post en juin dernier montre que 6% seulement des israéliens considèrent que l’administration Obama est favorable à Israël. Cela va certainement rendre les choses beaucoup plus difficiles pour les Etats Unis lorsqu’il s’agira de persuader les israéliens de faire les concessions nécessaires pour n’importe quel accord.

Et ainsi, et ce n’est pas la première fois, une tentative de paix semble confrontée à des difficultés insurmontables. Il est triste de penser que les efforts d’Obama se placent, aux côtés d’Oslo, de Camp David, et d’Annapolis, au nombre des tentatives échouées. Que peut-on bien faire ?

La meilleure approche pourrait être de rendre le problème en apparence plus difficile. Au cours des deux dernières décennies, le partisans d’une solution à deux états ont cherché à réduire la dimension du défi, de limiter le processus de paix à l’évacuation des effets de 1967, à mettre un terme à l’occupation qui a commencé cette année là, et à permettre aux Palestiniens de gouverner la terre qu’ils ont perdue. Mais c’est là prétendre que le conflit a commencé en 1967. Ce n’est pas le cas. Il remonte, au bas mot, à la fondation d’Israël en 1948, si ce n’est à l’arrivée des premiers nouveaux venus Juifs, décidés à « reconstruire leur ancienne patrie », dans les dernières années du 19ième siècle.

Peut-être que si les efforts de paix successifs ont échoué, c’est parce qu’ils ont ignoré les questions centrales, existentielles, les problèmes de 1948. Peut-être qu’une paix véritable ne peut voir le jour qu’en affrontant les questions les plus difficiles : d’un côté, la dépossession des Palestiniens, contraints de devenir une nation de réfugiés, et de l’autre, le besoin qui a conduit à la création d’Israël, le désir des Juifs, après deux millénaires d’exil [ exil qui fut en réalité mythique – ndlr ] de vivre dans un état à eux.

Cela demandera un approche complètement nouvelle. Une approche qui ne se base pas seulement sur des formules mécaniques, des échanges de terres et des packages de compensation, mais qui s’appuie sur un engagement profond, émotionnel au besoin, envers les sources du conflit. Cela signifiera que les israéliens devront finalement reconnaître les épreuves subies par les réfugiés et créées par la naissance de l’état d’Israël, et que les Palestiniens décident finalement s’ils peuvent accepter un état Juif. Cette dernière étape devra être réalisée sans mettre en cause la place et les droits des Palestiniens qui vivent à l’intérieur d’Israël en qualité de citoyens, et sans demander aux Palestiniens de rejeter tout le récit de leur histoire récente. Mais il faudra bien que quelque chose de ce genre soit fait.

Si la paix est restée hors de portée, ce n’est pas parce que ceux qui prétendaient la faire n’ont pas essayé assez fort, ou parce que le moment n’était pas venu. La paix est peut-être restée hors d’atteinte parce que nous avons trop longtemps refusé de regarder en face les véritables causes de cette guerre.

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et voici le texte original :

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Peace plans come and go. Obama may have to try a wholly new approach

Unless talks address the core, existential issues of 1948, optimism about a new Middle East effort is likely to fade fast

Jonathan Freedland

guardian.co.uk

Tuesday 25 August 2009 20.45 BST

Surely the heart should give a cheer at the hints and signals that suggest Barack Obama will stand before the world next month, either at the UN general assembly or the G20 in Pittsburgh, and launch his own bid for Middle East peace. We have told ourselves for so long that a solution is possible – that everyone knows the contours of an eventual agreement between Israelis and Palestinians – that the urge is almost overwhelming to believe it is within reach.

After all, here is a president who is internationally admired where his predecessor was reviled ; a president apparently alive to the nuances and complexities of this deeply troubled region ; above all a president who believes in diplomacy. Surely, if anyone was destined to play the role of Middle East peacemaker, it is Obama. What’s more, the moment seems ripe. For once, large swaths of the Arab world share a common interest with Israel : Saudi Arabia and others fear Tehran more than they fear Tel Aviv, and might be prepared to bury their differences with Israel if that brings united, international action against Iran and its nuclear ambitions. Is it too much to hope that Obama is the right man and September 2009 the right time to bring peace to the Middle East ?
I fear it might be. The holy land is haunted by the ghosts of men who believed they were uniquely able to succeed where others had failed. Several presidents reckoned they could make the difference – only to fail. What matters is not the special gifts Obama can boast, but the underlying landscape on which he stands. And, in the Middle East, that does not inspire hope.
So it looks encouraging, at first glance, that Israel’s Binyamin Netanyahu is in London today for a long session of talks with George Mitchell, the man who brought balm to Northern Ireland and has been tasked by Obama with doing the same for Israelis and Palestinians. At his press conference alongside Gordon Brown yesterday, the Israeli prime minister made a good fist of suggesting he had narrowed the gap between himself and Obama’s demand for a complete freeze on settlement building in the lands Israel gained in 1967. Of course there would have to be some building in existing settlements – settlers, explained Bibi, have children who need schools and kindergartens – but there would be no new ones. Using the language of Israel’s sternest critics, he insisted : "This is very different from grabbing land ... We’re not going to expropriate additional land."
Perhaps he and Mitchell will be able to construct a compromise formula out of that – agreeing, say, to a one-year building freeze with certain exceptions for "natural growth". But the Palestinians say they will not agree to any new talks unless Israel submits to a complete freeze. They may well buckle in the end, especially if Washington insists it still believes in the principle of a complete halt to settlement activity. But such an outcome will represent an inauspicious start to a new peace process. In a staring contest with Israel, Obama will be the one who blinked. He will be exposed as weak, unable to persuade a dependent ally to bend to his will. That represents a loss of face for the man who needs both sides to fear him if he is to get results.
Let’s say Obama gets over that hump and talks begin. Do we have grounds to be hopeful then ? Veteran analyst and sometime negotiator Hussein Agha is not optimistic : "What exactly is the difference between this and Camp David or Annapolis ?" Advocates say the novelty is that this effort will be trilateral, with the US a full participant, while George Bush left the two sides to their own devices. But such a view forgets that Condoleezza Rice travelled to the region 17 times in 10 months. And Israelis and Palestinians hardly lacked for US hand-holding in the Clinton era. And it still didn’t work.
Indeed, the Camp David talks of 2000 should give further pause. Israel was represented then by Ehud Barak, who had at least some ideological commitment to peacemaking. He faced in Yasser Arafat a Palestinian leader with the authority to sell any deal to his people. A new initiative would pit Netanyahu, who has made a career out of scepticism towards peace, against Mahmoud Abbas, whose legitimacy among Palestinians is fragile. It is surely a stretch to imagine that these circumstances are more conducive to success than those of nine years ago.
Some will be encouraged by today’s Guardian report suggesting that the US envisages a two-year timeline, perhaps even a deadline. But then they will remember the speech Bush made in 2003 promising a Palestinian state by 2005. Or they will recall Bush’s promise of statehood by 2008. In the Middle East, deadlines come and go.
There is one significant difference this time : Obama himself. Not his negotiating skills, which are unproven, but his standing in the Arab and Muslim world. That is, unequivocally, better than any of his predecessors (though the settlements stand-off is denting it fast). The problem is that it has come at a price : a Jerusalem Post poll in June found that only 6% of Israelis regarded the Obama administration as pro-Israel. That will surely make it that much harder for the US to persuade Israelis to grant the concessions any agreement will need.
So, not for the first time, an attempt at peace seems to be facing impossible odds. It is a glum thought : Obama’s effort taking its place alongside Oslo, Camp David and Annapolis as attempts that failed. What can be done ?
The best approach might be to make the problem apparently harder. For the last two decades, advocates of a two-state solution have sought to reduce the scale of the challenge, to confine a peace process to reversing the effects of 1967, ending the occupation that began that year and letting Palestinians rule the lands they lost. But that is to pretend the conflict began in 1967. It did not. It goes back at least to Israel’s founding in 1948, if not to the arrival of the first Jewish newcomers, determined to rebuild their ancient homeland, in the last years of the 19th century.
Perhaps successive efforts at peace have failed because they have ducked the core, existential questions, the issues of 1948. Maybe a true peace will only come when it confronts the hardest issues : on one side, the dispossession of the Palestinians, forced to become a refugee nation ; and on the other, the urge which led to Israel’s creation, the Jews’ desire after two millennia in exile to live in a state of their own.
This will require an entirely new approach. Not a reliance solely on mechanistic formulas, land swaps and compensation packages, but a deep, even emotional engagement with the sources of the conflict. It will mean Israelis finally acknowledging the plight of the refugees created by the birth of the state of Israel, and Palestinians finally deciding whether they can accept a Jewish state. That last move will have to be done without jeopardising the place of those Palestinians who live inside Israel as citizens, or asking Palestinians to reject the entire narrative of their recent history. But something like it will have to be done.
Peace has not remained out of reach because the peacemakers did not try hard enough or because the moment was not ripe. Peace may have stayed out of reach because for too long we refused to confront the true causes of this war.